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elle toutes les erreurs, et en anéantissant le Christianisme. Du reste, la vraie Religion ne consistant, selon cette étrange hypothèse, qu'en un petit nombre de dogmes communs à la plupart des sectes, et par une conséquence immédiate, ces sectes ne formant qu'un seul corps ou une seule Église, les objections des catholiques s'évanouissoient d'elles-mêmes.

Vous soutenez que la véritable Église est une ; et nous aussi, disoient les Réformés; mais cette unité résulte de la croyance des mêmes vérités fondamentales: Tout ce qu'on croit au delà étant matière d'opinion et non matière de foi, ne rompt pas l'unité nécessaire.

Vous soutenez que la véritable Église a toujours été visible; et nous aussi ; « Il est vrai qu'il y a toujours dans « le monde une Église visible; mais il est faux que cette Église soit une certaine communion distincte de toutes <«<les autres communions. L'Église est demeurée visible << durant tous les siècles dans les communions qui, malgré

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leur séparation et les anathèmes qu'elles ont mutuelle«ment prononcés les unes contre les autres, ont toujours « conservé les vérités principales 2. »>

Vous soutenez que la véritable Église est universelle; et nous aussi; ce caractère, nous nous plaisons à l'avouer, lui est essentiel3. Mais quelle plus complète universalité que celle qui n'a d'autres bornes que l'étendue, non pas d'une seule communion, mais de toutes les communions qui, dans tous les temps, ont conservé les vérités principales?

Vous soutenez que la véritable Église est apostolique ; et nous aussi; car * c'est une conséquence évidente de

La Religion des Protestants, une voie sûre au salut, chap. vi, 56. Le Vrai Système de l'Église, p. 226.

3 Accomplissement des Prophéties, par Jurieu, p. 82.

« Il faut, dit-on, recevoir le ministère des mains de cette Église,

sa perpétuelle visibilité. Mais remarquez qu'aujourd'hui nous ne vous accusons de rejeter aucune vérité fondamentale; vous êtes donc membres de l'Église ; membres infirmes, il est vrai, mais enfin membres vivants; et, å 'défaut d'autre succession constante, vous nous en fournissez une dont vous ne nierez pas apparemment la légitimité.

On ne sauroit disconvenir que ces conséquences ne se déduisent clairement du système de Jurieu. Mais je mon. trerai, dans le chapitre suivant, que ce système est insoutenable, et que la doctrine des points fondamentaux est une doctrine destructive de toute Religion et de toute raison.

Considérez cependant l'espace immense qu'avoient déjà parcouru les réformateurs à l'époque où nous sommes arrivés. La pensée ne le mesure qu'en tremblant. Que la marche rapide de l'erreur est effrayante! Luther, choqué de quelques abus réels, au lieu d'y reconnoître l'inévitable effet des passions humaines, s'en prend à la doctrine même. Il attaque un point. en apparence peu important de la foi catholique; foible esprit, qui n'apercevoit pas la liaison rigoureuse des vérités du Christianisme! Il n'a pas plutôt détaché un anneau de cette chaîne que la chaîne entière lui échappe. Une erreur appelle une autre erreur. Ce n'est plus seulement quelques dogmes isolés qu'il conteste, il ébranle d'un seul coup le fondement de tous les dogmes. La tradition l'embarrasse, il rejette la tradition; l'Église

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« hors laquelle le Saint-Esprit ne se donne pas. Je l'avoue. Mais cette Église, qui donne le droit d'exercer le ministère, n'est ni l'Église ro maine, ni la grecque, ni la protestante, c'est l'Église universelle qui ne donne pas ce droit par elle-même; elle, le donne par les di«< verses sociétés chrétiennes qui vivent sous diverses confédérations, <«<et lesquelles ont, chacune chez elle, le pouvoir d'établir le ministère « pour l'édification de leurs peuples. » (Le Vrai Système de l'Église.)

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proscrit ses maximes, il nie l'autorité de l'Église, et déclare qu'il n'admet d'autre règle de foi que l'Écriture; enfin l'Écriture elle-même le condamne, il retranche audacieusement des Livres saints une épitre apostolique tout entière *, et quand on lui demande de quel droit, il répond avec arrogance: Moi, Martin Luther, ainsi je le veux, ainsi je l'ordonne: que ma volonté tienne lieu de raison1. Ainsi, Martin Luther n'étoit pas seulement le fondateur, le chef de la Réforme, il en étoit encore le Dieu, puisque sa volonté, sans autre raison, prévaloit contre les révélations divines consignées dans un authentique et sacré monument.

Toutefois, plusieurs de ses disciplès secouent le joug de fer qu'il prétendoit leur imposer. Opposant leurs opinions à ses opinions, leur orgueil à son orgueil, ils bravent ses fureurs et morcellent son empire. De nouvelles sectes s'élèvent, se divisent aussitôt, et se subdivisent à l'infini. On enseigne toute doctrine, et l'on nie toute doctrine : la confusion de l'enfer n'est pas plus grande, ni son désordre plus effrayant. Alors, désespérant d'établir la paix dans son sein, et de se soutenir par ses propres forces, la Réforme appelle à son secours l'ancienne Église qu'elle a répudiée ; elle appelle les hérétiques de tous les siècles; elle appelle ses nombreux enfants, et les rassemble autour d'elle avec leurs haines implacables, leurs ardentes animositės, leurs symboles contradictoires; et de cet incohérent amas de vérités et d'erreurs, elle essaie de former une seule Reli gion; de cette anarchie monstrueuse de sectes qui se repoussent mutuellement, de partis irréconciliables, elle essaie de composer une seule Église. O éternelle honte de la raison humaine ! Oui, voilà la vraie Religion, comme

* L'Épitre de saint Jacques.

1 Ego Martinus Luther, sic volo, sie jubeo, sit pro ratione voluntas.

les pensées inconstantes de l'homme sont les immuables pensées de Dieu; voilà l'Église, comme l'empire divisé de Satan est le Royaume de Jésus-Christ. Mais enfin ces idées avoient prévalu dans la Réforme. Elle cédoit, en dépit d'elle-même; à l'insurmontable ascendant de ses maximes; et offrant la paix à toutes les erreurs, tolérant tout, même la vérité, elle s'avançoit à grands pas vers l'indifférence absolue des Religions, où nous allons voir que le système des articles fondamentaux conduit inévitablement.

CHAPITRE VII

SUITE DU MÊME SUJET. EXAMEN DU SYSTÈME DES POINTS FONDAMENTAUX.

Si nous n'avions montré comment la Réforme, 'après avoir épuisé tous les autres moyens de défense, fut contrainte, par sa nature même, de se réfugier dans le système des points fondamentaux, on auroit pu ne voir dans ce système qu'une opinion arbitraire, et l'on eût difficilement compris quels motifs déterminèrent les protestants à embrasser une doctrine, non-seulement absurde en soi, mais, de plus, incompatible avec leurs maximes; une doctrine enfin qui ne peut être vraie, à moins que le Christianisme ne soit faux, et qui aboutit inévitablement à la tolérance de l'athéisme.

Et pour justifier d'abord le reproche d'inconséquence que j'adresse aux Réformés, souvenons-nous que l'Écriture est, suivant eux, l'unique règle de foi. Ils doivent donc prouver que l'Écriture établit clairement la distinction des points fondamentaux et non fondamentaux, et spécifie non moins clairement ce qui est fondamental et ce qui ne l'est pas. Or, c'est ce qu'ils n'ont jamais pu faire, quoiqu'on les en ait maintes fois pressés. Jamais ils n'ont produit un seul texte qui, dans son sens naturel et vrai, favorisât,

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