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de la vie éternelle que les habitudes vicieuses? Jusque« là que Socin lui-même n'a pas craint de dire que le « meurtrier ou l'homicide qui est jugé digne de mort, et « qui ne peut avoir de part à la vie éternelle, n'est pas « celui qui a tué un homme, ou qui a commis un acte d'ho« micide, mais celui qui a contracté quelque habitude d'un «si grand crime. Il n'y a rien de plus inculqué dans ses ouvrages que cette doctrine. C'est aussi le sentiment de « la plupart de ses disciples, entr'autres de Crellius, un « des plus célèbres, et qui est estimé parmi eux un des « plus réguliers sur la doctrine des mœurs : et néanmoins « il fait clairement consister dans l'habitude la nature du " péché qui exclut de la vie éternelle... Il n'est pas ici «< question de se sauver de la damnation par une sincère « et véritable pénitence de ses fautes; car c'est de quoi « on ne parle pas dans tous ces discours, et on sait « que tous les péchés, même les plus énormes, comme « les plus délibérés et les plus fréquents, sont pardonna«bles en cette sorte: il s'agit de trouver dans le péché « des excuses au péché même, et voilà ce qu'en ont pensé ceux de tous les protestants qui se piquent le plus de «< conserver entière la règle des mœurs. On voit en cet « endroit combien ils sont relâchés: ailleurs ils sont ri« goureux jusqu'à l'excès, puisqu'ils s'accordent avec les «< anabaptistes à condamner parmi les chrétiens les ser«ments, la magistrature, la peine de mort et la guerre, << quoique entreprise par autorité publique, quelque juste « qu'elle paroisse d'ailleurs 1. »

On voit qu'il y a cent cinquante ans, déjà la Réforme en étoit venue à tenir tous les dogmes dans l'indifférence, et qu'emportée par ses principes, en même temps qu'elle vantoit la morale comme seule essentielle, elle tomboit, à

1 Sixième Avert. aux Prot. III part. n° 114.

l'égard des mœurs, dans un relâchement inouï tolérant jusqu'au meurtre, pourvu qu'on ne s'en fit pas une horrible habitude *.

Il est donc démontré, et par le raisonnement et par l'expérience, que le protestantisme, ou le système des points fondamentaux qui en est la base, conduit inévitablement à la tolérance universelle, ou à l'indifférence absolue des Religions. Doctrine, culte, morale, tout s'écroule, et l'athéisme reste seul au milieu de l'entendement en ruine.

Maintenant que l'on a vu comment les systèmes d'indifférence, rentrant l'un dans l'autre, aboutissent tous à l'indifférence absolue, on conçoit qu'en réfutant la doctrine générale de l'indifférence, on réfute ces systèmes divers, et en particulier celui des protestants, contre lesquels d'ailleurs je prouverai que, de même qu'il n'existe qu'une seule vraie Religion, il n'existe qu'une société qui professe cette vraie Religion; société, par conséquent, hors de laquelle le salut est impossible.

Qu'on n'oublie pas, au surplus, que cet ouvrage n'est point proprement une apologie du Christianisme; que, quand, après m'avoir lu, on ne seroit pas persuadé de la vérité de la Religion chrétienne, pourvu qu'on soit convaincu de la nécessité d'en faire l'objet d'une étude sérieuse, j'aurai pleinement atteint mon but. Je ne veux, en un mot, qu'éveiller le doute dans l'esprit des indifférents, leur faire sentir qu'un mépris aveugle, que le bon sens désavoue, est un aussi triste gage de sécurité qu'un foible titre à la supériorité d'esprit ; et leur montrer qu'à moins.

On voit assez, sans que je le dise, qu'il ne s'agit ici que des doctrines. Pour la pratique, c'est autre chose. Il se trouve partout, el en grand nombre, des hommes inconséquents dans le bien comme dans le mal.

d'abjurer la raison, il faut qu'ils examinent et comparent, avec tout le soin dont ils sont capables, les fondements de la foi, et les fondements de l'incrédulité. Entrons en matière.

FIN DE LA PREMIÈGE PARTIE.

DEUXIEME PARTIE

IMPORTANCE DE LA RELIGION.

CHAPITRE PREMIER

RÉFLEXIONS SUR LA FOLIE DE CEUX QUI, NE RAISONNANT POINT,

NE SONT INDIFFÉRENTS QUE PAR INSOUCIANCE ET PARESSE. EXPOSITION DES SEULS PRINCIPES SUR LESQUELS PEUT REPOSER L'INDIFFÉRENCE RAISONNÉE.

En remontant d'âge en âge jusqu'à l'origine du genre humain, on trouve la croyance d'un Dieu et d'une vie future établie chez tous les peuples. Sur cette croyance, unique sanction des devoirs, seule garantie de l'ordre et des lois, repose la société, qui s'ébranle dès qu'on y porte atteinte. Tôt ou tard néanmoins vient une époque où le luxe déprave les mœurs, et la philosophie la raison. Cette époque arriva pour les Grecs au temps de Périclès, pour les Romains, un peu avant le siècle d'Auguste. On vit paroître une nuée de sophistes qui, s'efforçant d'asservir la sagesse aux passions, mirent effrontément les rêves de leur esprit égaré à la place des traditions primordiales. A force de subtilités et de vains raisonnements, ils confondirent tou

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