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assurément, de le souhaiter! Mais, c'est ainsi que ce que l'amour-propre anglais explique si volontiers par une supériorité native' se résout, quand on y regarde de plus près, en un concours de circonstances, passagères peut-être, mais assurément contingentes. Et on sait assez que, dans la vie des nations, je veux dire dans les relations internationales, comme dans le train de la vie quotidienne, il n'y a rien que les hommes supportent moins patiemment que l'orgueil de ceux qui se font honneur à eux-mêmes des faveurs de la fortune. Les Philippe II, les Louis XIV, et les Napoléon l'ont autrefois cruellement éprouvé.

On nous dira peut-être ici que ces chicanes n'importent guère; on abandonnera l'idée de la 'supériorité de race'; et,que la cause en soit ce que l'on voudra, -on nous demandera si nous nions en fait la 'supériorité de la civilisation anglaise.' On comparera les Anglais aux Boërs, et de la substitution des premiers aux seconds, de ce grand peuple de commerçans et d'industriels, de militaires et d'hommes d'Etat, de savans et de penseurs, d'artistes et de lettrés, à ce petit peuple d'agriculteurs, de pasteurs, de chasseurs, on nous demandera si nous ne croyons pas qu'il doive résulter un progrès' pour l'humanité.

Nous répondrons: d'abord que nous n'en savons rien; et ensuite, quand nous le saurions, ou quand nous le croirions, que l'économie politique nous enseigne à ne pas mettre aux choses plus de prix qu'elles ne valent. Défions nous ici de ce que l'on pourrait appelér le 'sophisme colonial.' Là où nous ne cherchons, à vrai dire, qu'une occasion d'écouler nos quincailleries et nos cotonnades, nos modes,' nos complets de pure laine et nos chapeaux de poil de lapin, nous avons fini par nous imaginer que nous répandions les bienfaits' et les lumières de la civilisation. Non seulement l'avidité du gain nous a souvent aveuglés, nous aveugle encore tous les jours sur l'immoralité du trafic, ainsi quand nous nous ouvrions la Chine à coups de canon pour y placer nos opiums, ou quand nous inondions du poison de nos alcools le Canaque et le Maori -mais nous avons confondu tout ce que nous appelons du nom de 'progrès avec l'augmentation du chiffre de nos affaires. Nous avons fait mieux encore ! Nous avons réussi à nous persuader que, pour atteindre un résultat si désirable, toutes les violences nous étaient permises. Les Anglais en sont convaincus. Et après quatre cents ans, tandis que leurs historiens continuent de reprocher éloquemment aux Espagnols les cruautés des conquérans du Mexique ou du Pérou, leurs hommes politiques, au nom de la civilisation anglaise et de sa supériorité, ne trouvent rien de plus naturel que d'anéantir un

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petit peuple de même race, de même religion, et de la même communion qu'eux.

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M. Chamberlain ne l'a-t-il dit lui-même en propres pas termes, totidem verbis, dans la séance de la Chambre des Communes du 5 février 1900? Les difficultés entre nous et le Transvaal ne sont pas l'œuvre d'un gouvernement. . . Elles ne proviennent que des circonstances, des différences profondes qui existent entre le caractère boër et le caractère anglais; entre la civilisation boër et la civilisation anglaise, entre l'éducation boër et l'éducation anglaise. Voilà les vraies causes de tout ce qui est arrivé.' A la bonne heure, et c'est là du moins parler franc! Périsse donc l'éducation boër, la civilisation boër, le caractère boër, puisqu'ils sont incompatibles avec le caractère, avec la civilisation, avec l'éducation anglaise! L'anglicisation du monde, qui n'en était encore tout à l'heure que la ‘moralisation,' est devenue maintenant la condition de son progrès futur. Et, à la vérité, M. Chamberlain n'a oublié ou négligé que de nous dire quelles sont ces différences, et à quels signes se reconnaît la 'supériorité d'une civilisation.'

Qu'a-t-elle donc, en effet, de si 'supérieur,' cette civilisation que l'on nous vante? et, pour ne rien dire des Boërs, dont je ne connais assez ni les mœurs ni l'éducation' ni le 'caractère,' quels si grands avantages le reste du monde trouverait-il à l'adopter ou à s'y soumettre? On proposait l'autre jour, à la Chambre des Communes, une loi ayant pour objet d'étendre la peine corporelle du fouet à je ne sais quels crimes ou délits qui ne sont présentement punis que de la prison, et il est vrai qu'on ne l'a point votée; mais le Times' s'en indignait, et il en prenait occasion pour célébrer l'efficacité pénale des châtimens corporels. Qu'est-ce à dire, sinon que l'on ne sent donc pas encore en Angleterre ce que le châtiment corporel a d'également dégradant pour le misérable qui le subit, le bourreau qui l'applique, et la société qui le permet? Dans un autre ordre d'idées, que dirons-nous encore de la manière dont l'Angleterre recrute ses armées? et quel Français, quel Allemand, quel Russe, ne s'est senti humilié pour l'espéce humaine, en regardant aux environs de Trafalgar Square, du côté de Saint Martin's Lane, l'appát grossier dont on se sert en l'an de gráce 1900, pour attirer les soldats de la Reine? Non seulement la civilisation britannique n'a rien de 'supérieur' à l'allemande ou à la française, mais je doute qu'on trouvât, de nos jours, un grand pays où les mœurs publiques, à beaucoup d'égards, fussent plus engagées qu'en Angleterre et comme emprisonnées dans un réseau d'habitudes, de traditions, et de préjugés que l'honneur des civilisations modernes est précisé

ment d'avoir, et pour jamais, abjurés. Strictement économique, manchestérienne et libérale, darwinienne et individualiste, la civilisation anglaise ne convient qu'à la seule Angleterre ; et parce que le monde commence enfin à le sentir; parce que l'importation des habitudes anglaises menace les nations européennes dans le sentiment qu'elles ont de leur personnalité;

parce que cette 'supériorité' n'est souvent faite que de ce que

ces habitudes offrent de facilités au développement de l'égoïsme, c'est encore pour cela que l'Angleterre a vu se déchaîner contre elle la presque unanimité de l'opinion européenne.

un

Avons-nous besoin d'ajouter qu'en aucun cas la 'supériorité de civilisation' ne saurait engendrer ce qui s'appelle droit'? Elle peut engendrer des devoirs! Elle ne crée pas plus de droits que la supériorité d'intelligence ou de force. C'est ce que la grande Angleterre, dans le siècle qui va finir, a trop souvent oublié. Ne pouvant faire, selon le mot de notre Pascal, que la justice fût toujours la force, elle a trop souvent oublié qu'on ne résolvait pas le problème en décorant la force du nom de la justice. Il faudra bien qu'elle finisse un jour par s'en apercevoir! Quelle que soit l'issue de la lutte qu'elle soutient contre le Transvaal, c'est ce qu'elle a déjà commencé de discerner dans l'attitude de l'Europe. Si cet article pouvait aider ou contribuer à ce résultat, pour si peu que ce fût, j'en serais heureux; et je ne regretterais pas, je ne m'excuserais même point de ce que beaucoup d'Anglais y trouveront de déplaisant. Il y a longtemps qu'on l'a dit: nos flatteurs sont souvent nos pires ennemis, et la plus haute marque d' estime que l'on puisse donner à un grand peuple, comme à un honnête homme, c'est de lui dire loyalement qu'il a tort, dès a tort, dès que l'on croit qu'il n'a pas raison.

F. BRUNETIÈRE.

Came

INDEX

TO THE

HUNDRED AND NINETY-FIRST VOLUME OF
THE QUARTERLY REVIEW.

-

of

[Titles of Articles are printed in heavier type.]
berley, 550-552 - surrender
Cronje, 553-loss of a convoy, 554-
relief of Ladysmith, 555-surrender
of Bloemfontein, 557.

A.

Afghanistan, 470. See North-West
Frontier Policy.

Africa, South. See Afrikander Bond,
Extermination, and Raid.

Africa, South, The War in, 265, 539—
national support, 266-miscalcula-
tions of the Government, 267-270-
the Treasury, 270-War Office, ib.—
duty of the Government, 271-
transport of troops, 272- labour
troubles, 273-transport of horses,
274-number lost, 275-exercise on
board ship, 276-deficiency of land
transport, 277-distribution of troops
by General Symons, 278-results of
the disaster of Nicholson's Nek, 279
-decision of Sir Redvers Buller,
280-criticism of a German general,
ib.-best course to have followed,
282-novel features of warfare, 283
-frontal attacks, ib.-failure of
night attacks, 284-need for reti-
cence, 286-facilities for training,
287-achievements of the campaign,
288-loyalty and resources, 289.

Plan of the Boers, 540-mobilisa-
tion of divisions, 541-appointment
of Lord Roberts and Lord Kitchener,
ib.-total force, 512-assault on
Ladysmith, 543 - Lord Roberts's
plan of operations, 544, 551-
attempts to relieve Ladysmith, 545–
550-Spion Kop, 547-system of
marching, 548-the relief of Kim-
Vol. 191.-No. 382.

2

R

Afrikander Bond, The, 514-aim of
the Transvaal, 514-517-the Orange
Free State, 517-Cape Colony, 518
-disloyalty of the Dutch, ib.-the
Ministry, 519-the Bondmen, 519-
521-constitution and working of
the Bond, 522-strength, 523-
origin, 523-527-first congress, 524
-principles, 525-meaning of the
term Afrikander, 528-emancipation
of the Transvaal, 529-annexation
of Bechuanaland, 530-influence of
Mr. Hofmeyr, 531-President Kru-
ger's partiality for Germany, 532—
his big clothes' speech, 533-need
for the protection of some Great
Power, 534-alliance with Mr.
Rhodes, 535-Mr. Hofmeyr regains
ascendency, 537.

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Tolstoi.

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B.

Balfour, Lady B., The History of
Lord Lytton's Indian Administra-
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Benson, Edward White, 416 - at
school, 417-friendship with Light-
foot, 417, 420-at Cambridge, 418-
Rugby, 420-Master of Wellington
College, ib.-marriage, 421-Chan-
cellorship at Lincoln, 423-Bishop
of Truro, 424-Archbishop of Can-
terbury, 425-negotiations for re-
union with Rome, 426.

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C.

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See Macdonald.

China, British Interests in, 1-period
of stagnation, 2-concessions, 2, 4—
result of the Treaty of Tien-tsin, 3
-fate of the Empire, 6-policy of
the English Government, 7, 16-its
condition, 9-the Reform Party, 10
-influence of Russia, 11-16-with-
drawal of British ships from Port
Arthur, 14-need for maintaining
existing constitution by reforms, 18
-re-organisation of the army, 20-
Siberian Railway, 21-question of
British or Russian influence, 23-
transfer of the Court to Nanking,
24-Mrs. Bishop's journey, 26-29-
plain of Chengtu, 28-prevalence of
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379 disclosure to shareholders,
379-381, 384 registration of
charges, 381-priority to trading
debts, 383-balance-sheets, 384-
formation of a company, 385-387-
promoters, 387-application
shares, ib.-the five proposals, 388
-practical effect, 389-391-pro-
visions of minor importance, 391.
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Meyrick Goulburn,' 444.

for

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talis,' 32.

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origin, 199-system of publicity,
200 inquisitorial method, ib.
features of the system, 201-pro-
tests against, 202-various reforms,
203-jury system, 205-action pub-
lique re-instated, ib.-the Code of
between
1808...206 differences

English and French systems, 208-
'Juge d'Instruction,' 209-recent
reforms, ib.-judges, 211 - salaries,
212 courts-martial, 214-216
system in Continental States, 217-
220-statistics on the punishment
of crime, 220.

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