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Tu médites des lois aux citoyens utiles;

Tu veilles sur l'empire et crains pour son repos
Les peuples de Cyrus, les Parthes indociles,
Et des Gètes errans tu prévois les complots:

Mécène! un Dieu prudent, d'un voile salutaire
Enveloppe à nos yeux le douteux avenir;
Et rit quand un mortel porte un pas téméraire
Dans la profonde nuit dont il sut le couvrir.

Gouverne le présent! sa suite est incertaine :
C'est un fleuve, tantôt paisible dans son lit,
Qui coule doucement vers la mer de Tyrrhène;
Mais de torrens fougueux si son cours se grossit,

Il emporte avec lui les forêts arrachées,
Les rocs déracinés, les troupeaux, les maisons;
De funèbres débris ses rives sont jonchées
Et son mugissement fait retentir les monts.

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Heureux est le mortel qui, maître de son ame
Sans regret, chaque jour, peut dire : J'ai vécu !
Troublé par Jupiter que l'horizon s'enflamme,
Par lui qu'aux élémens le calme sort rendu :

Le passé peut du moins défier sa puissance;
Il ne peut le changer, ne peut l'anéantir;
Il ne sauroit m'ôter les biens qu'en sa clémence
Le temps qui s'écoula laisse à mon souvenir.

Dans ses jeux insolens la Fortune endurcie

Se plaît aux tours cruels qu'elle apprête aux humains: Les honneurs inconstans dont elle orne ma vie

Vont peut-être aujourd'hui passer en d'autres mains :

Laudo manentem; si celeres quatit
Pennas, resigno quæ dedit, et mea

Virtute me involvo, probamque
Pauperiem sine dote quæro.

Non est meum, si mugiat Africis
Malus procellis, ad miseras preces

Decurrere et votis pacisci

Ne Cypria, Tyriæque merces

Addant avaro divitias mari:
Tum me biremis præsidio scaphæ
Tutum, per Ægæos tumultus
Aura feret, geminusque Pollux.

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J'estime ses faveurs mais d'une aile jalouse
Veut-elle les ravir?.... je les rends sans effort;
L'honnête Pauvreté sans dot est mon épouse:
Couvert de ma vertu je puis braver le sort.

Non si l'Auster fougueux siffle dans mes cordages,
Je n'irai point former de misérables vœux,
Ni vouloir par un pacte arracher aux orages
De Chypre et de Sidon les trésors précieux :

Que l'avare Océan de ces biens s'enrichisse!
Un esquif, deux rameurs, voilà mon seul recours;
Calme au milieu des flots, bientôt un vent propice
Et les fils de Léda viendront à mon secours.

NOTES.

V. 1. « Postérité Tyrrhénienne des rois. » (Voyez, sur l'opinion qui faisoit descendre Mécène des rois d'Étrurie, la note relative au v. 1 de l'Oder du premier Livre.)

2. «< Un vin doux (et par conséquent vieux), dans un tonneau qu'on n'a point encore penché. » Cadus étoit proprement un grand vaisseau ou vase de terre, une espèce de dame-jeanne, en forme de cône ou de pomme de pin.

4. On peut consulter Pline (Lib. XII, 21) sur le balanus ou myrobalanus, espèce de gland qui croissoit en Egypte, en Ethiopie, en Arabie, et dont on exprimoit une huile odoriférante très-estimée. M. Mitscherlich renvoie aussi à Dioscorides III, 154) et à Ælien (X, 11). Je n'ai pu faire entrer ces détails dans la traduction. 6. Esula étoit une petite ville du Latium, bâtie sur le penchant d'une colline entre Préneste et Tibur.

8. « Les sommets du parricide Télégone. » On croyoit que Tusculum, aujourd'hui Frascati, avoit été bâti par ce fils de Circé et d'Ulysse, qui fut obligé de quitter Ithaque après avoir tué son père sans le connoître.

10. Cette masse voisine des nuages étoit un édifice construit par Mécène dans ses jardins du Mont Esquilin, et tellement élevé qu'on lui donna le nom de tour de Mécène. Ses ruines, qui subsistent encore, portent celui de Torre meza. C'est du haut de cette tour que Mécène pouvoit, au milieu de Rome, contempler le beau paysage décrit par Horace dans les vers précédens. L'abbé Chaupy est le seul savant qui ait conclu de ce passage que Mécène avoit des maisons de campagne à Ésule et à Tusculum.

12. J'ai pris, avec Baxter, Dacier et Sanadon, le mot fumée ( fumum ) au figuré. M. Mitscherlich qui l'entend au propre, croit qu'il s'agit de la fumée des cuisines des grands qui, s'échappant des cheminées, remplissoit en été les rues et les places, et rendoit l'air plus épais. Il cite un passage de Sénèque (Ep. 54), qui lui est très-favorable; mais je ne vois pas ce que Mécène auroit trouvé d'admirable à cela (mirari).

15. Le dais et la pourpre sont là pour un dais de pourpre. L'usage d'un dais qui couvroit le triclinium, avoit pour but de le

garantir de la poussière; ce que Porphyrion explique fort bien dans ses notes sur la huitième satyre du Liv. II.

17-20. Toute cette strophe annonce que l'Ode fut écrite dans les plus grandes chaleurs de l'été. Chacun sait que Céphée étoit le père d'Andromède. — J'ai cru devoir ajouter quelque chose à la simplicité du dernier vers.

22-23. J'ai cru pouvoir transporter aux bois l'épithète horridus qu'Horace donne à Silvain. M. Mitscherlich n'est point de cet avis, attendu que ce dieu champêtre, qu'on a souvent confondu avec le Pan des Grecs, se présente sous un aspect assez sauvage dans les monumens antiques. Il y est couronné de roseaux et de feuillages, et c'est lui que Virgile nous peint, au début de ses Géorgiques, la main chargée d'un cyprès entier. - Je ne dois pas omettre que trois de mes Mss. (D, O, R,) confirment ma version, en lisant horrida, leçon que Lambin a reçue dans son texte.

27-28. Les Sères étoient les derniers peuples orientaux dont les Romains eussent connoissance. Bactra étoit la capitale de la Bactriane; mais ce sont les Parthes que le poète a en vue dans cette énumération. Je l'ai traduite avec quelque liberté, ainsi que le Tanais

discors.

29. MM. Nitsch et Wetzel rapportent, sur la dernière partie de notre Ode, à commencer de ce vers, une anecdote intéressante. Le grand Frédéric se trouvant à Leipzig avec son général Q. Icilius, avant d'aller livrer la bataille de Rosbach, fit faire une leçon publique sur ce morceau par le professeur Gottsched. Je ne sais si ce trait, peu connu en France, ne lui fait pas autant d'honneur que l'épitre célèbre qu'il adressa à Voltaire dans le même temps.

34. Quelques Mss. de Lambin, de Bentley, de Jani et de M. Féa, lisent medio æquore. J'ai retrouvé cette leçon dans plusieurs des miens; l'un des plus modernes (Q) l'explique par planitie, et Cuningam l'a reçue. J'ai cru devoir m'en tenir à l'ancienne qu'ont suivie le plus grand nombre des éditeurs.

36-40. J'ai pris quelques libertés en traduisant ce passage; la plus grande est d'avoir transposé le quarantième vers d'Horace, qui est le trente-sixième dans ma traduction. Je n'ai pu cependant éviter l'enjambement d'une strophe sur l'autre ; mais la rapidité du passage suffira, je crois, pour m'excuser.

45-48. Je me suis permis d'ajouter ici à la pensée d'Horace, ou

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