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NOTES.

NOTES

SUR LE DISCOURS DE LA MÉTHODE.

(Ire partie, 1.) .....La puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes..... La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies.... » Bacon a commencé son Novum Organum d'une manière tout aussi modeste ; il dit que la nouveauté de son entreprise ne doit pas étonner, car il prétend seulement mieux tracer un cercle avec un compas qu'un autre ne le pourrait faire avec la main. Voyez Novum Organum, liber primus, CXXII in fine.

(IIe partie, 6.) «.......Je pris garde que, pour la logique, ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu'on sait, ou même, comme l'art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu'on ignore, qu'à les apprendre. » Voyez, Regulæ ad directionem ingenii, Regula X, une opinion semblable à celle que nous trouvons ici sur le syllogisme. Cette opinion est une de celles que le philosophe français a empruntées à Bacon. Voyez Novum Organum, liber primus, sectio prima, LXIX.

Lulle.» Raymond Lulle (Lullus ou Lullius), né à Palma, dans l'ile de Majorque, en 1234, mort en 1515. Son grand art, ou ars magna, était un tableau de toutes les idées, depuis celle du néant, jusqu'à celle de Dieu. A l'aide de cette échelle, il se flattait de fournir des argumen: ou plutôt des moyens d'amplification sur tous les sujets et à tous les genres d'esprit.

(11.) .... Je n'eus pas dessein, pour cela, de tâcher d'apprendre toutes ces sciences particulières qu'on nomme communément mathématiques; et voyant qu'encore que leurs objets soient différens elles ne laissent pas de s'accorder toutes en ce qu'elles n'y considèrent autre chose que les divers rapports ou proportions qui s'y trouvent, je pensai qu'il valait mieux que j'examinasse seulement ces proportions en général..... Puis ayant pris garde que pour les connaitre j'aurais quelquefois besoin de les considérer chacune en particulier, et quelquefois seulement de les retenir ou de les comprendre plusieurs ensemble, je pensai que, pour les considérer mieux en particulier, je les devais supposer en des lignes, à cause que je ne trouvais rien de plus simple, ni que je pusse plus distinctement représenter à mon imagination et à mes sens; mais que pour les retenir ou les comprendre plusieurs ensemble il fallait que je los expliquasse par quelques chiffres les plus courts qu'il serait possible, et

que par ce moyen j'emprunterais tout le meilleur de l'analyse géométrique et de l'algèbre, et corrigerais tous les défauts de l'une par l'autre. » Voyez, pour les développemens de cette méthode, les Règles pour la direction de l'esprit : Règles XIV, XV, XVI et XVII. Rapprochez aussi ces passages des préceptes de Bacon sur ce qu'il appelle l'expérience écrite, experientia litterata. Voyez Novum Organum, liber primus, CI CII.

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(III partie, 4) « Une troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde, et généralement de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées.... » Les règles de morale posées ici par Descartes, et particulièrement la troisième, sont développées dans les lettres à la princesse Élisabeth. Voyez, dans la présente édition, les lettres I, II et IV. (5.) D'autant que, notre volonté ne se portant à suivre ni à fuir aucune chose que selon que notre entendement la lui présente bonne ou mauvaise, il suffit de bien juger pour bien faire.... » Voyez la Méditation quatrième, où Descartes développe cette thèse : que l'erreur provient uniquement de ce que la volonté dépasse la portée de l'entendement.

(VIe partie, 3.) « Mais il faut aussi que j'avoue que la puissance de la nature est si ample et si vaste, et que ces principes sont si simples et si généraux, que je ne remarque quasi plus aucun effet particulier que d'abord je ne connaisse qu'il peut en être déduit en plusieurs diverses façons, et que ma plus grande difficulté est d'ordinaire de trouver en laquelle de ces façons il en dépend; car à cela je ne sais point d'autre expédient que de chercher derechef quelques expériences qui soient telles que leur événement ne soit pas le même, si c'est en l'une de ces façons qu'on doit l'expliquer, que si c'est en l'autre. » On reconnait ici ces experiences de la croix, instantiæ crucis, dont parle Bacon, et d'où il résulte que l'esprit est fixé sur la véritable cause d'un phénomène. Voyez Novum ORGANUM, sectio secunda, XIV.

SUR LES MÉDITATIONS.

Dans une lettre de Descartes au P. Mersenne nous trouvons ce passage relatif aux Méditations:

« Je serai bien aise qu'on me fasse le plus d'objections et les plus fortes qu'on pourra, car j'espère que la vérité en paraîtra d'autant mieux ; mais je vous prie de faire voir ma réponse et les objections que vous m'avez déjà envoyées, à ceux qui m'en voudront faire de nouvelles, afin qu'ils ne me proposent point ce à quoi j'aurai déjà répondu. J'ai prouvé bien expressément que Dieu était créateur de toutes choses, et ensemble tous ses autres attributs; car j'ai démontré son existence par l'idée que nous avons de lui, et même parce qu'ayant en nous cette idée nous devons avoir été créés par lui. Mais je vois qu'on prend plus garde aux titres qui sont dans les livres, qu'à tout le reste. Ce qui me fait penser qu'au titre de la seconde Méditation: De mente humana, on peut ajouter quod ipsa sit notior quam corpus, afin qu'on ne croie pas que j'aie voulu y prouver son immortalité. Et après en la troisième: de Deo, quod existat; en la cinquième, De essentia rerum materialium; et iterum de Deo, quod existat; en la sixième: De existentia rerum materialium, et reali mentis a corpore distinctione; car ce sont là les choses à quoi je désire qu'on prenne le plus garde: mais je pense y avoir mis beaucoup d'autres choses. Et je vous dirai, entre nous, que ces six Méditations contiennent tous les fondemens de ma Physique; mais il ne le faut pas dire, s'il vous plait : car ceux qui favori sent Aristote feraient peut-être plus de difficulté de les approuver; et j'e-père que ceux qui les liront s'accoutumeront insensiblement à mes principes, et en reconnaitront la vérité, avant que de s'apercevoir qu'ils détruisent ceux d'Aristote.

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(Méditation troisième, 19.) «... la Divinité dans laquelle rien ne se rencon. tre seulement en puissance, mais tout y est actuellement et en effet...» Descartes avait dit dans le paragraphe précédent : « Il suffit... que je juge qué toutes les choses que je conçois clairement et dans lesquelles je sais qu'il y a quelque perfection, et peut-être aussi une infinité d'autres que j'ignore, sont en Dieu formellement ou éminemment..., » c'est-à-dire en fait et en puissance. Il y a une petite contradiction entre ces deux propositions.

(Ibid.) « Et enfin je comprends fort bien que l'ètre objectif d'une idée ne peut être produit par un être qui existe seulement en puissance, lequel à proprement parler n'est rien, mais seulement par un être formel ou actuel. » Descartes avait dit plus haut, même Méditation, 14 : « Quant aux id es claires et distinctes que j'ai des choses corporelles, il y en a quelques-unes qu'il semble que j'ai pu tirer de l'idée que j'ai de moi-même, comme celle que j'ai de la substance, de la durée, du nombre, etc. Pour ce qui est des autres qualités dont les idées des choses corporelles sont composées, à savoir l'étendue, la figure, la situation et le mouvement, il est vrai qu'elles ne sont point formellement en

moi, puisque je ne suis qu'une chose qui pense; mais parce que ce sont seulemen de certains modes de la substance, et que je suis moi-mème une substance, ia semble qu'elles puissent être contenues en moi éminemment.» Notre philosophe semble reconnaitre ici qu'une idée pourrait lui être fournie par un être qui existerait seulement en puissance; et dans le passage précédent il était de l'avis contraire. A la fin du paragraphe 20 de la même Méditation, Descartes dit encore: « Il faut donc seulement ici que je m'interroge et me consulte moimême, pour voir si j'ai en moi quelques pouvoirs et quelques vertus au moyen desquelles je puisse faire que moi qui suis maintenant je sois encore un momeni après; car... si une telle puissance résidait en moi, certes je devrais à tout le moins le penser et en avoir connaissance. » Puisque l'auteur ne veut pas que l'idée de l'infini lui soit suggérée par des qualités seulement en puissance, et qu'il affirme ici que toutes les puissances de son être lui seraient révélées par la conscience, il a donc eu tort de dire, à la fin du paragraphe 14, que peut-être l'étendue résidait en lui éminemment, c'est à-dire en puissance, et que telle pouvait être l'origine de l'idée qu'il avait de l'étendue.

(24.) Et toute la force de l'argument dont j'ai ici usé pour prouver l'existence de Dieu consiste en ce que je reconnais qu'il ne serait pas possible que ma nature fût telle qu'elle est, c'est-à dire que j'eusse en moi l'idée d'un Dieu, si Dieu n'existait véritablement » La rédaction de la phrase française fait reposer la preuve de l'existence de Dieu sur l'idée que nous avons de cette existence; mais cette preuve a été développée plus haut par Descartes. Il en présente une autre ici qui se fonde sur l'existence de l'homme, en tant qu'il a l'idée de Dieu : ce qui est tout autre chose, comme Descartes s'efforce de le démontrer. Voilà pourquoi nous avons rétabli la phrase latine au bas du texte français.

(Méditation quatrième, 11.) « Car la lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l'entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté. » Quelle est cette lumière naturelle que Descartes a exemplée de son doute, et qu'il ne fait pas dériver de la connaissance de Dieu ou de nousmêmes?

(15.) Mais je ne puis pas, pour cela, nier que ce ne soit en quelque façon une plus grande perfection dans l'univers de ce que quelques-unes de ses parties ne sont pas exemples de défaut... que si elles étaient toutes semblables. » N'est-on pas étonné de voir notre philosophe proclamer que le monde est plus parfait à cause même de ses imperfections? C'est bien là une preuve que l l'idée de la perfection divine est chez nous antérieure à la vue des faits, et qu'elle résiste même au spectacle de l'univers, loin d'être le résulfat de l'observation.

(Méditation cinquième.) De l'essence des choses matérielles, et pour la seconde fois de l'existence de Dieu. » On voit que notre auteur fait une distinction entre l'essence et l'existence pour lui le triangle pourrait ne pas exister dans la nature, et il n'en serait pas moins de l'essence de cette figure d'être une surface terminée par trois droites, d'avoir ses trois angles égaux à deux droits, etc. C'est pour cette raison qu'il a cru pouvoir démontrer l'existence de Dieu par l'essence de l'idée de Dieu. Mais il est clair qu'une chose ne peut avoir d'esBence qu'à la condition d'exister, et que l'essence n'est que le mode d'existence. Il est donc aussi illogique de démontrer l'existence de Dieu par son essence,

que de démontrer l'existence de l'ame par la pensée. C'est toujours le cercle vicieux du Cogito, ergo sum.

(3.) Or maintenant si de cela seul que je puis tirer de ma pensée l'idée de quelque chose il s'ensuit que tout ce que je reconnais clairement et distinctement appartenir à cette chose lui appartient en effet, ne puis-je pas tirer de ceci un argument et une preuve démonstrative de l'existence de Dieu?» Descartes avait promis dans le titre de cette Méditation de traiter de l'essence des choses matérielles, et voilà qu'après les deux premiers paragraphes il passe à l'existence de Dieu. Gassendi lui a fait remarquer qu'il tournait un peu court sur ce sujet. Il est manifeste en effet que Descartes n'a parlé de l'essence de la matière que comme d'un objet de comparaison avec l'essence de Dieu; mais il ne faut pas oublier que les titres des Méditations ont été placés après coup par l'auteur, ainsi qu'on peut le voir dans la lettre que nous rapportons en tête de ces notes, et que Descartes a seulement voulu indiquer les points principaux de chaque Méditation.

(8.) « Mais quand bien même je dormirais, tout ce qui se présente à mon esprit avec évidence est absolument véritable. » Il semblerait d'après cette phrase que Descartes admît la réalité des objets qui se présentent à nous pendant les rêves. Mais nous devons nous rappeler qu'il ne place l'évidence que dans l'essence de l'étendue, c'est-à-dire dans les propriétés mathématiques de cette étendue, et que pour lui l'existence extérieure de l'étendue, les couleurs, les sons, les odeurs et les saveurs ne sont des connaissances claires, ni dans l'état de veille, ni dans l'état de sommeil.

(Méditation sixième, 5.) «...je ne pouvais sentir aucun objet, quelque volonté que j'en eusse, s'il ne se trouvait présent à l'organe d'un de mes sens; et il n'était nullement en mon pouvoir de ne le pas sentir, lorsqu'il s'y trouvait présent. » Sentir un objet ou savoir qu'il est présent à l'organe d'un de nos sens, c'est absolument la même chose; il n'y a là que deux expressions synonymes d'un même fait : la phrase de Descartes revient donc à dire : Je ne pouvais sentir aucun objet si je ne le sentais, et il n'était nullement en mon pouvoir de ne pas sentir lorsque je sentais.

(9.) De plus je ne puis douter qu'il n'y ait en moi une certaine faculté passive de sentir, c'est-à-dire de recevoir et de connaître les idées des choses sensibles; mais elle me serait inutile, et je ne m'en pourrais aucunement servir, s'il n'y avait aussi en moi ou en quelqu'autre chose une autre faculté active, capable de former et produire ces idées. Or cette faculté active ne peut être en moi en tant que je ne suis qu'une chose qui pense, vu qu'elle ne présuppose point ma pensée; et aussi que ces idées-là me sont souvent représentées sans que j'y contribue en aucune façon et même souvent contre mon gré. Il faut donc nécessairement qu'elle soit en quelque substance différente de moi. Descartes avait dit plus haut (même Méditation, no 6): « Et quoique les idées que je reçois par les sens ne dépendent point de ma volonté, je ne pensais pas devoir pour cela conclure qu'elles procédaient de choses différentes de moi, puisque peut-être il se peut rencontrer en moi quelque faculté, bien qu'elle m'ait été jusqu'ici inconnue, qui en soit la cause, et qui les produise. Descartes pouvait supposer qu'il y avait en lui une propriété correspondante à la cause des idées sensibles, quand il ne se connaissait pas bien lui même ; mais à présent qu'il ne se connaît que comme une chose qui pense, il peut assurer que comme tel il ne contient pas d'étendue.

DESCARTES. T. I,

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