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ODE 8 du second Livre.

Ulla si juris, etc.

Si jamais d'un parjure on te voyoit punie,
Barine, s'il pouvoit te rendre moins jolie,
De l'émail de tes dents s'il ternissoit l'éclat,
Ou de tes doigts de rose effaçoit l'incarnat,
Je croirois tes discours. Mais sur ta tête impie

-

A peine, hélas! ta perfidie

Vient d'accumuler les sermens,

Que du courroux du Ciel tu brilles embellie,
Qu tu deviens l'objet des voeux de mille amans.

Et pourquoi serois-tu sincère?

Il vaut mieux insulter les morts dans leurs tombeaux, Tromper les cendres d'une mère,

Prendre à témoin la nuit, le Ciel et ses flambeaux; Se jouer des Dieux même, et braver leurs carreaux.

Vénus, Vénus en rit : et la troupe indulgente

Des Nymphes qui forment sa Cour

En badine, tandis tandis que

le cruel Amour

'Aiguise en souriant sur sa meule sanglante

La pointe étincellante

Des traits dont tout mortel sent l'atteinte à son tour.

Des roses de l'adolescence

Le Tems yient pour toi seule embellir nos enfans,

Et d'esclaves nouveaux accroître ta puissance.
Tandis qu'hélas en vain les tristes vétérans
S'agitent dans leurs fers, chaque jour plus pesans.

Quelle mère peut sans alarmes
Entendre prononcer ton nom?

L'économe vieillard à l'aspect de tes charmes
Craint pour son jeune fils, leur funeste poison.
'A l'approche du soir, l'épouse malheureuse,
Trop tendre
pour ôser compter sur ses appas,
Tremble,en baignant de pleurs sa couche douloureuse,
Que ton haleine dangereuse

N'ait arrêté l'époux qui voloit dans ses bras.

ODE 5 du 1er. Livre.

Quis multa gracilis, etc.

Quel est ce jeune téméraire,
Pyrrha, qui parfumé des plus douces odeurs
Au fond d'un antre solitaire

T'embrasse sur un lit de fleurs?
Pour qui, simple dans ta parure,
Formes-tu ces noeuds élégans
Qui de ta blonde chevelure

Rassemblent les trésors flottans?

Combien de fois, hélas, sa tendresse déçue

'Accusera des Dieux l'inconstante faveur,

Quand, réveillé soudain par les vents en fureur, De la tempête inattendue

Ses yeux glacés d'effroi contempleront l'horreur!

Crédule, il s'applaudit de sa chaîne dorée;
Dans tes bras son âme égarée

Observant tes regards, recueillant tes discours,
Croit qu'incapable de détours

Sa Pyrrha toujours tendre et toujours adorée
Ne vivra que pour lui, le chérira toujours.
Il n'a jamais connu la triste défiance,

Il n'a jamais sondé l'abyme de ton cœur.

Que je plains tout mortel dont ce cristal trompeur
Eblouit l'inexpérience.

Hélas! parmi les vœux de mille matelots,
Dans un Temple près du rivage,

Un tableau trop fidèle éternise l'hommage
Que j'offris autrefois au puissant Dieu des eaux,
De mes habits encor tout mouillés du naufrage.

ODE 10 du second Livre.

Rectius vives, etc.

Ami, pour vivre heureux et sage,
Garde-toi sur les flots amers,
En butte au caprice des mers,
De voguer trop loin du rivage.
Crains aussi mille écueils secrets,
Et ne vas pas, pour fuir l'orage,
Ranger la côte de trop près.

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Phébus revient toucher sa lyre

Et laisse reposer ses traits.

Que ta måle persévérance
Triomphe des maux et du sort:
Dans la tempête, à son effort
Oppose l'art et la constance.
Un vent frais vient-il à souffler,
Serre encor, serre avec prudence
Ta voile trop prompte à s'enfler.

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ODE 3 du second Livre.

Equam memento, etc.

(1) Conserve dans l'adversité,

Garde dans la prospérité

Une âme égale et tempérée.

Sans plier sous les coups du sort,
Ami, défends-toi du transport
D'une joie inconsidérée.

Victime promise à la mort,
Soit qu'une tristesse profonde
Sans cesse offusque tes esprits:

Soit que sur des gazons fleuris,

(5) Ce sont les derniers vers de M. Turgot. Il les a dictés, sa maladie êtant déjà presque sans espérance, à l'ami qui les écrivit, qui les transcrit en versant des larmes.

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