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» a en moi aucune droiture.

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גל

Cependant » deux âmes formées entièrement pour moi, deux » âmes au-devant desquelles la mienne vole et s'épanche toute entière! Ah! pourquoi ne pourrois-je pas les aimer? Le Père des hommes me le » permet.... Maintenant, Zilla, je veux hazarder » de te faire une demande, me l'accorderas-tu?.... » Viens, ces étoiles ne sont pas encore élevées jusqu'au sommet de ces bois..... Allons chercher >> Ada.... Elle m'avoit promis de se rendre ici >> mais sa timide innocence l'aura retenue. Viens, » afin que nous puissions conférer ensemble, et » qu'ensuite le flambeau nuptial brille sur nous.

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ZILLA. » Je vais t'accompagner, tandis que la clarté de la lune nous guide vers sa cabane. Qu'elle » va être étonnée!.... Je veux lui dire moi-même >> combien ton cœur est sincère.

LAMECH. » Fidelle Zilla, nos descendans célébre>>ront cette journée et béniront une alliance fondée » sur la vertu.

ZILLA. » Ada est-elle déjà instruite de notre

>> amour.

LAMECH. » Elle savoit que je t'aime, et dans la » crainte de t'offenser elle m'avoit refusé son cœur. » Mais si tu l'aimes aussi, Zilla, alors....

ZILLA. » Viens, mon bien aimé ! »

Ainsi s'entretenoient Lamech et Zilla ; ils volèrent chez Ada et formèrent le lien éternel de la concorde. Leurs jours sereins s'écoulèrent dans un

ravissement continu et dans une heureuse harmonie. Le cours en fut aussi doux que celui du ruisseau paisible, au bord duquel Lamech avoit choisi ce couple complaisant, ces deux épouses célestes.

Si cet essai ne déplaît pas, je pourrai donner au Public l'ouvrage entier; et s'il continue de m'encourager, je ne désespère pas de faire connoître successivement les principaux auteurs de l'Allemagne. L'entreprise est plus étendue qu'on ne le cróit communément en France, et je désirerois fort pouvoir inspirer aux gens de lettres le goût de la littérature allemande, les engager à se charger d'une partie du fardeau et à faire aux muses germaniques le même honneur que des traducteurs illustres ont fait aux poëtes italiens et anglois. Les Allemands méritent peut-être autant d'être connus; il y a parmi eux au moins autant d'écrivains originaux que dans aucune autre nation, et peut-être est-ce une suite de l'état des lettres en Allemagne. Elles fleurissent assez également dans plusieurs villes, qui n'ont entre elles que peu de communication, et ceux qui les cultivent ne sont pas comme en France et en Angleterre rassemblés dans une capitale, où tous les esprits à force de prendre le ton les uns des autres, finissent souvent par n'en avoir aucun qui leur

soit propre. Quoi qu'il en soit de cette cause, les poëtes allemands paroissent exceller dans deux parties principales, la peinture des détails de la nature, et l'expression naïve du sentiment: c'est ce qui a fait dire à M. l'abbé Arnaud dans le journal étranger, à l'occasion même des Idylles de M. Schmidt, qu'ils semblent tenir de plus près à la nature, éloge le plus flatteur qu'on puisse leur donner. Je ne sais si je ne m'aveugle pas en faveur de ces écrivains, mais il me semble qu'ils réunissent la hardiesse angloise avec moins d'écarts et la justesse françoise avec moins de timidité.

Je reviens à la poësie champêtre. Les Allemands ont cultivé le genre de la pastorale dramatique à l'exemple des Italiens. La Sylvie de M. le professeur Gellert, et la Fidélité éprouvée de M. le professeur Gattner ont eu un trèsgrand succès et font l'ornement du théâtre allemand. Le lecteur apprendra peut-être avec plaisir que M. Gessner prépare aussi un ouvrage de ce genre.

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ÉCLAIRCISSEMENS

Sur la Versification Allemande et sur la nature de la Prose mesurée dans laquelle sont écrits les Ouvrages poëtiques de M. GESSNER.

Ce que j'ai dit dans l'avertissement qui précède la traduction d'Abel de la prose mesurée employée par M. Gessner a piqué la curiosité de quelques amateurs de la poësie et de la littérature étrangère. C'est pour satisfaire cefte curiosité que je vais tâcher de donner une notion précise de ce genre d'écrire, dont ni la langue françoise, ni aucune autre langue moderne que je sache, ne fournissent de modèle. Mais auparavant j'essayerai d'expliquer en quoi consiste le mécanisme de la versification allemande dont la connoissance rendra ce que j'ai à dire de la prose mesurée beaucoup plus facile à comprendre.

Je ne pourrai me dispenser de citer pour exemples plusieurs textes allemands soit de vers, soit de prose mesurée : les lecteurs françois ne doivent pas s'attendre à éprouver le plaisir que

l'harmonie de ces morceaux peut procurer au delà du Rhin, mais j'espère du moins leur donner une idée juste de ce qui opère cette harmonie; et pour les mettre à portée d'en juger par comparaison avec les différentes mesures connues des vers grecs et latins, j'indiquerai exactement la quantité des syllabes en me servant des signes - etusités dans la prosodie latine, le premier pour les syllabes longues et le second pour les bréves (1).

(1) M. Turgot a très-bien fait, sans doute, de se servir, pour désigner les longues et les bréves, des signes usités dans les ouvrages qui traitent de la versification latine.

- Il n'aurait pu en proposer d'autres sans les faire précéder d'une dissertation qui l'aurait écarté de son but; et qui encore n'aurait peut-être pas empêché ses lecteurs de prendre à contre-sens, dans la pratique, les signes opposés et plus raisonnables qu'il aurait préférés aux anciens.

On l'aurait accusé, sur ce point, qui a peu d'importance, de l'esprit d'innovation que les têtes faibles confondent toujours avec celui de perfectionnement ou de réforme.

-

- Le courage de ce dernier ne doit être déployé que lorsque l'objet en vaut la peine; et en matières plus sérieuses on est assez convaincu qu'il ne manquait pas à M. Turgot.

Mais, puisque l'occasion s'en présente, qu'il me soit permis, à moi qui suis sans conséquence, de remarquer combien ces signes de longues et de bréves ont êté mal

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