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parce que les parens regardent cela comme une

vertu.

On pourroit encore parler sur l'abus de la capitale qui absorbe les provinces ;

Et sur la manière pacifique de conquérir que déployoient les Incas en proposant aux peuples étrangers leurs sciences, leurs arts, leurs loix, l'abondance qu'ils avoient fait naître.......

On n'a pas la fin de cette lettre.

A MONSIEUR DE C.

SUR LE LIVRE DE L'ESPRIT.

De Limoges, ce.

COMME COMME je ne crois pas, Monsieur, que vous fassiez jamais un livre de philosophie sans lo

gique, de littérature sans goût, et de morale sans honnêteté, je ne vois pas que la sévérité de mon jugement sur le Livre de l'Esprit puisse vous effrayer (1)....

Il fait consister tout l'art des législateurs à exalter les passions, à présenter partout le tableau de la volupté comme le prix de la vertu, des talens, et surtout de la bravoure; car on diroit qu'il ne voit de beau que les conquêtes (2).

Je conviens avec vous que ce livre est le portrait de l'auteur. Mais ôtez ce mérite, et celui de quelques morceaux écrits avec une sorte d'éloquence poëtique assez brillante, quoique ordinairement mal amenée, et le plus souvent gâtée par quelques traits de mauvais goût, j'avoue que je ne lui en vois guère d'autres. Il me paroît écrit et fait avec la même incohérence (1) Il y a ici une lacune.

(2) II

y a ici une seconde lacune.

qui étoit dans la tête d'Helvétius. Malgré un appareil affecté de définitions et de divisions, on n'y trouve pas une idée analysée avec justesse, pas un mot défini avec précision. Même dans les bons mots dont il a farci son ouvrage, il est rare que le trait ne soit manqué ou gâté par de fausses applications et des paraphrases qui en émoussent toute la finesse ou l'énergie. On prétend qu'il a dit le secret de bien des gens. Je suis fâché qu'il ait dit celui de madame de B. J'avois toujours cru que ce mot êtoit de madame du Défant à laquelle il paroissoit appartenir de droit.

Je sais qu'il y a beaucoup de passablement honnêtes gens qui ne le sont qu'à la manière ou d'après les principes du livre de l'Esprit, c'està-dire, d'après un calcul d'intérêt. J'ai sur cela plusieurs choses à remarquer. Pour que ce fut un mérite dans ce livre, il faudroit que l'auteur se fut attaché à prouver que les hommes ont un intérêt véritable à être honnêtes gens, ce qui êtoit facile. Mais il semble continuellement occupé à prouver le contraire. Il répand à grands flots le mépris et le ridicule sur tous les sentimens honnêtes et sur toutes les vertus privées; par la plus lourde et la plus absurde des erreurs en morale, et même en politique, il veut faire Tome IX. rg

regarder ces vertus comme nulles, pour ne vanter que de prétendues vertus publiques beaucoup plus funestes aux hommes qu'elles ne peuvent leur être utiles. Partout il cherche à exclure l'idée de justice et de morale. Il confond avec les cagots et les moralistes hypocrites ceux qui s'occupent de ces minuties; jamais du moins on ne le voit fonder sa morale sur la justice, et il n'a pas un mot qui tende à prouver que la justice envers tous est l'intérêt de tous, qu'elle est l'intérêt de chaque individu comme celui des sociétés. D'après cette fausse marche et ces très-faux principes, il êtablit qu'il n'y a pas lieu à la probité entre les nations, d'où suivroit que le monde doit être éternellement un coupegorge; en quoi il est bien d'accord avec les panégyristes de Colbert. Nülle part il ne voit que l'intérêt des nations n'est autre que l'intérêt même des individus qui les composent. Nulle part il ne s'appuie sur une connoissance approfondie du cœur humain : nulle part il n'analyse les vrais besoins de l'homme qu'il semble ne faire consister que dans celui d'avoir des femmes; il ne se doute nulle part que l'homme ait besoin d'aimer. Mais un homme qui auroit senti ce besoin n'auroit pas dit que l'intérêt est l'unique principe qui fait agir les hommes. Il eut com

pris que dans le sens où cette proposition est vraie, elle est une puérilité et une abstraction métaphysique d'où il n'y a aucun résultat pratique à tirer, puisqu'alors elle équivaut à dire que l'homme ne désire que ce qu'il désire. S'il parle de l'intérêt réfléchi, calculé, par lequel l'homme se compare aux autres et se préfère, il est faux que les hommes même les plus corrompus se conduisent toujours par ce principe. Il est faux que les sentimens moraux n'influent pas sur leurs jugemens, sur leurs actions, sur leurs affections. La preuve en est qu'ils ont besoin d'effort pour vaincre leur sentiment lorsqu'il est en opposition avec leur intérêt. La preuve en est qu'ils ont des remords. La preuve en est que cet intérêt qu'ils poursuivent aux dépens de l'honnêteté est souvent fondé sur un sentiment honnête en lui-même et seulement mal règlé. La preuve en est qu'ils sont touchés des romans et des tragédies; et qu'un roman dont le héros agiroit conformément aux principes d'Helvétius, je dis à ceux qu'ils suivent, leur déplairoit beaucoup. Ni nos idées, ni nos sentimens ne sont innés; mais ils sont naturels, fondés sur la constitution de notre esprit et de notre âme, et sur nos rapports avec tout ce qui nous environne.

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