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ne suis pas fâché d'avoir fait ma profession de foi à son égard. Je suis, je vous l'avoue, indigné de l'entendre louer avec une sorte de fureur qui me paroît une énigme, que le seul esprit de parti peut expliquer. On loue aujourd'hui les livres d'un certain genre comme on louoit autrefois les livres Jansénistes ; et comme d'autres gens louent la Correspondance et les Eufs rouges. Cela me donne donc de l'humeur, et peut-être exprimerois-je moins fortement ma pensée si je n'êtois animé par la contradiction. Je vois que les éloges outrés donnés à M. N. ont fait sur vous le même effet.

Je ne vous promets pas beaucoup de bonne fortune si vous écrivez sur la hauteur la plus avantageuse des roues pour le tirage; mais peutêtre trouverez-vous quelque satisfaction à travailler pour la facilité du transport des marchandises, et même pour le soulagement des chevaux. Au reste, il y a sûrement quelque chose dans les Mémoires de l'Académie sur cette question. Peut-être aussi cet Euler, à qui rien n'échappe, en aura traité dans sa Mécanique, ou ailleurs.

J'ai reçu des nouvelles par lesquelles on me

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marque que mon retour n'est pas pressé : je resterai donc ici tout le mois. Ce n'est pas pour mon

plaisir, ni même pour mon intérêt, car j'aimerois bien mieux aller vous rejoindre mes amis. Je trouve qu'il y a plus de substance dans ce vers de La Fontaine :

Qu'un ami véritable est une douce chose!

que dans tout le livre de l'Esprit. — J'espère que cela m'obtiendra de vous mon pardon de tout le mal que j'ai dit du héros dont j'ai ôsé attaquer la gloire. Vous savez bien que c'est vouloir obscurcir le soleil en jettant de la poussière en l'air.

ON croirait qu'il y a trois siècles, mais il n'y a pas quarante-trois ans que la Sorbonne crut devoir accuser d'Impiété quelques maximes de Tolérance que M. Marmontel avait placées dans la bouche de Bélisaire parlant à l'Empereur Justinien.

Elle en choisit trente - sept propositions qu'elle condamna comme des Erreurs contre lesquelles il fallait armer la Religion des Fidèles, et attirer les persécutions du Gouvernement

M. TURGOT trouva plaisant de réimprimer, d'après l'Indiculus de la Sorbonne, ces trente-sept propositions qu'elle déclarait erronées et dangereuses, et de mettre en regard les propositions inverses que la Sorbonne devait donc regarder comme des vérités.

S'il y avait encore des gens qui pensassent, ou feignissent de penser, comme la Sorbonne le faisait alors, ce petit ouvrage serait utile.

S'il n'y en a plus, ce sera du moins un monu- ́ ment assez curieux des efforts de l'intolérance religieuse, et qui constatera que ce n'est pas sans raison qu'elle a été combattue par les Philosophes et les Écrivains du siècle passé.

OPPOSÉES

AUX TRENTE-SEPT IMPIÉTÉS DE BÉLISAIRE,

Par un Bachelier Ubiquiste (M. TURGOT).

Beatus vir qui non adiit in consilio impiorum.

cathedra derisorum non sedit.

et in

Heureux l'homme qui n'est pas entré dans le conseil des impies... et qui ne s'est point assis dans la chaire des mocqueurs. Ps. 1. v. I.

AVIS AU LECTEUR.

EN produisant ce petit Ouvrage au grand jour, je me propose deux choses: la première, de témoigner ma reconnoissance aux illustres Docteurs qui, dévoilant par leurs savantes recherches le venin caché, et par là plus dangereux, du livre de Bélisaire, m'ont arrêté sur le bord du précipice où j'êtois prêt à me jetter tête baissée; la seconde est de répandre, autant qu'il est en moi, les saintes lumières que j'ai recueillies, en méditant profondément leur projet de censure et de contribuer pro modulo meo à l'édification publique.

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J'avoue à ma honte que ce mauvais livre m'avoit séduit, au point de m'être applaudi

plus d'une fois, en le lisant, de ce que je retrouvois en moi les sentimens que Bélisaire exprimoit; de ce que ses discours ne me paroissoient qu'un développement des leçons primitives de morale et de vertu gravées dans mon propre cœur en caractères ineffaçables. Je croyois entendre la voix de la Nature; et ne m'apercevois pas que, plus je l'écoutois, plus mon oreille s'endurcissoit à la voix de la grâce.

Je me dois cependant ce témoignage : le précieux flambeau de la foi, quoique obscurci, n'étoit pas tout à fait éteint dans mon âme : j'avois vu avec beaucoup de peine l'auteur de Bélisaire placer si témérairement dans le Ciel plusieurs Payens célèbres par leurs vertus et par leur bienfaisance: ses propositions à ce sujet m'avoient paru hasardées, inexactes, absolument contraires aux vrais principes, et horriblement dures pour toute oreille théologique. J'en êtois sincèrement affligé; je blâmois l'Auteur; mais en même tems, cet esprit d'indulgence que j'avois puisé dans la lecture de son Ouvrage, m'avoit porté à l'excuser.

Je considérois que plusieurs Théologiens, Cordeliers, Jésuites et même Jacobins, ont soutenu que ceux des Payens qui, êtant dans l'igno

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