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XXXV. Si la violence et la cruauté mettent à la religion la flamme et le fer à la main; si les Princes qui la professent, faisant de ce monde un enfer, tourmentent, au nom d'un Dieu de paix, ceux qu'ils devroient aimer et plaindre ; ils pourront être très-dignes de leur religion, qui n'en sera pas moins douce, ni eux non plus.

XXXVI. Pourquoi les hommes s'étonneroientils de voir un homme s'ériger en Dieu, et commander, les armes à la main, de croire ce qu'il croit, et de penser comme il pense? Ils doivent y être accoutumés depuis long-tems; d'ailleurs la Sorbonne trouve cela tout simple.

XXXVII. L'Empereur avoit raison, quand les Vandales étoient révoltés en Afrique, de se mêler des disputes des Théologiens, et de donner des Édits pour des subtilités auxquelles il ne comprenoit rien ; et Salomon, son Général, avoit grand tort de renoncer à faire la guerre pour forcer les Vandales à quitter leur croyance.

Tome IX.

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Præter has-ce propositiones, alice plures annotatæ sunt reprehensione dignæ, quas tamen in indiculo collocandas Deputati non judicarunt, rati satius esse earum duntaxat fieri mentionem in clausulâ censuræ.

OBSERVATION. Les Commissaires députés annoncent qu'outre ces XXXVII propositions, ils en ont noté beaucoup d'autres dignes de répréhension; mais qu'ils n'ont pas jugé à propos de les placer dans leur Indiculus. C'est bien dommage! Cependant on espère que le Public n'y perdra rien, car ils promettent d'en faire mention daus la conclusion de leur censure.

Des gens de goût du Collége Mazarin ont êté blessés de trouver la latinité des titres et des notes de l'Indiculus si plate et si barbare: cette critique est peu réfléchie, et ne seroit bonne que si l'Indiculus êtoit l'ouvrage d'un Rhétoricien; mais il n'est pas question ici de style et d'élégance l'objet d'une censure théologique est trop grave pour qu'on s'y occupe des mots.

D'autres personnes ne goûtent point ce nombre de XXXVII propositions. Elles disent que ce compte n'est point un compte rond, qu'il n'a rien de piquant; elles voudroient que les Docteurs se fussent arrêtés à cinq propositions, ou bien qu'ils eussent êté jusqu'à cent une, ou mieux encore, jusqu'à mille et une, qui sont des nombres consacrés pour ces sortes de choses. Cette critique est ingénieuse, mais un peu trop sévère.

QUOD FELIX FAUSTUM JUCUNDUMQUE

SIT

SACRE FACULTATI

ALME MATRI MEE.

33g

ON a vu dans tout le cours de ce Recueil combien M. Turgot mettait d'importance à ce que les Gouvernemens n'intervinssent jamais dans les querelles religieuses, qu'ils respectassent toutes les opinions que les hommes croient de nature à intéresser la conscience, et qu'ils se bornassent à punir les actions nuisibles à la société.

« On ne peut disputer, » disait-il, «que sur ce qui » n'est pas clair. C'est pourquoi l'on ne dispute point » sur la géomètrie, ni même sur les vérités morales qui » ont aussi leur évidence.

>> Quant aux matières obscures, tant qu'elles conti» nuent à l'être, on conteste à forces à peu près égales; >> et la discussion peut durer sans inconvénient jusqu'à la conviction, ou jusqu'à l'ennui, sans que l'autorité >> publique ait autre chose à y faire que d'interdire l'in» jure et de réprimer les voies de fait.

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» Mais si elle a le malheur de prendre parti, elle » s'expose à commettre, même avec bonne intention, » des persécutions injustes, à exciter des murmures, » à provoquer des résistances qui troublent l'État, et >> dont les conséquences ne peuvent être prévues. »>

Pour confirmer cette doctrine par des faits très-récens et dont le Public s'occupait encore, il avait songé à écrire l'Histoire du Jansénisme et du Molinisme.

Le morceau qu'on va lire en est un fragment qu'il a donné, avec le droit en faire usage, à M. l'Abbé BossUT, pour lequel il avait une amitié particulière. Ce Savant a cru devoir eu adopter quelques idées, et même quelques expressions dans l'excellent Discours préliminaire qu'il a placé à la tête de l'édition des Œuvres de Pascal, en 1779. C'est ainsi que les hommes supérieurs s'honorent mutuellement en s'entr'aidant, en se liant par une confraternité que leur donne toujours quelques raisons de s'estimer l'un l'autre davantage et de se chérir de plus en plus.

COMMENCEMENT DE L'HISTOIRE

DU JANSÉNISME ET DU MOLINISME.

Il est utile de connoître l'origine et les détails de ces querelles tristement fameuses, qui, sous les noms de Jansénisme et de Molinisme, ont déchiré si long-tems l'Église de France, ont agité même l'État, ont fait le malheur d'une foule d'hommes respectables dans les deux partis; et dont l'incendie, si on peut le croire à peu près éteint, fume du moins encore de toutes parts autour de nous.

Le fond de la dispute avoit pour objet ce qu'on doit penser sur la grâce, la prédestination et le libre-arbitre.

L'homme est libre. Entraîné par le sentiment qu'il a de sa propre détermination lorsqu'il agit, il ne résiste point à cette conviction intérieure ; c'est d'après elle qu'il ôse apprécier ses actions et celles des autres, qu'il approuve ou qu'il blâme, qu'il jouit du témoignage d'une conscience pure, ou qu'il est déchiré par ses remords; c'est d'après elle qu'il n'est pas en lui de voir du même œil le traître qui l'assassine et la pierre qui le blesse par sa chûte. Mais comment l'honime est-il libre? Comment cette liberté se

concilie-t-elle avec l'influence des motifs sur la volonté, avec l'action universelle et continue de la cause première et toute puissante par laquelle tout existe et chaque chose est ce qu'elle est; avec la connoissance certaine qu'a la Divinité, non-seulement du présent et du passé, mais encore de l'avenir. Ces questions difficiles ont êté dès les premiers pas de la philosophie le tourment et l'écueil de la curiosité humaine.

Les différentes sectes de Philosophes Grecs se partagèrent entre les deux opinions opposées du libre arbitre et de la fatalité; et dès-lors on pût observer que les partisans du systême de la nécessité faisoient profession de la morale la plus rigide dans la spéculation et dans la pratique; comme si, à force de vertus et en portant l'austérité jusqu'à l'excès, ils avoient voulu expier envers la société les conséquences destructives. de toute morale qu'on imputoit à leur doctrine métaphysique.

Les hommes, même en soumettant leur raison à des dogmes qu'ils respectent comme enseignés immédiatement par la Divinité, n'ont pu renoncer à cette curiosité ardente et indiscrète qui les pousse à raisonner sur tout, à vouloir expliquer tout. La même diversité d'opinions qui avoit rêgné entre les Philosophes de l'Antiquité, a partagé les Écoles des Théo

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