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morceau avoit êté écrit pour l'instruction de deux Chinois que j'avois vus dans ce pays-ci, et pour leur faire mieux entendre des questions que je leur ai adressées sur l'êtat et la constitution économique de leur Empire.

Ces questions m'en rappellent d'autres que vous aviez eu la bonté de m'envoyer par M. Hume, et que je n'ai jamais reçues, parce que le paquet mis à la poste à Paris pour Limoges, où j'êtois alors, s'y est perdu. M. Hume vous a sans doute instruit de cet accident et de mes regrets. Je ne vous en dois pas moins de remercîmens. S'il vous en restoit quelque exemplaire, et si vous vouliez bien réparer ma perte, le moyen le plus sûr seroit de le mettre tout simplement à la poste à Londres, à l'adresse de M. Turgot, Intendant de Limoges, à Paris.

J'ai un regret bien plus grand de n'avoir pu profiter du voyage que vous avez fait il y a quelques années à Paris, pour avoir l'honneur de faire connoissance avec vous. J'en aurois êté d'autant plus flatté, que je vois par vos ouvrages que nos principes sur la liberté et sur les principaux objets de l'économie politique,

êtoit celui sur la formation et la distribution des Richesses, qui commence le tome V de cette édition.

se ressemblent beaucoup. Je vous avoue que je ne puis m'empêcher d'être étonné, que dans une nation qui jouit de la liberté de la presse, vous soyez presque le seul auteur qui ait connu et senti les avantages de la liberté du commerce et qui n'ayez pas êté séduit par la puérile et sanguinaire illusion d'un prétendu commerce exclusif. Puissent les efforts des politiques éclairés et humains détruire cette abominable idole, qui reste encore après la manie des conquêtes, et l'intolérance religieuse, dont le monde commence à se détromper! Que de millions d'hommes ont êté immolés à ces trois monstres! Je vois avec joie, comme citoyen du monde s'approcher un évènement qui, plus que tous les livres des Philosophes, dissipera le fantôme de la jalousie du commerce. Je parle de la séparation de vos Colonies d'avec la Métropole, qui sera bientôt suivie de celle de toute l'Amérique d'avec l'Europe. C'est alors que la découverte de cette partie du Monde nous deviendra véritablement utile. C'est alors qu'elle multipliera nos jouissances bien plus abondamment que quand nous les achetions par des flots de sang. Les Anglois, les François, les Espagnols, etc., useront du sucre, du café, de l'indigo, et vendront leurs denrées précisément

comme

comme les Suisses le font aujourd'hui ; et ils auront aussi comme le peuple Suisse, l'avantage que ce sucre, ce café, cet indigo, ne serviront plus de prétexte aux intrigans pour précipiter leur Nation dans des guerres ruineuses, et pour les accabler de taxes.

J'ai l'honneur d'être, avec l'estime la plus sincère et la plus étendue, Monsieur, etc.

AUTRE LETTRE AU MÊME,

Sur la Liberté du Commerce des Grains.

Limoges, le 10 décembre 1773.

J'AI, Monsieur, bien des excuses à vous faire d'avoir êté si long-tems à vous adresser les remercîmens que je vous dois pour tous les détails que vous avez bien voulu m'envoyer à la prière de mon ami M. Bostock, relativement à la production et au commerce des grains. Je me proposois de vous répondre en anglois, mais je me trouvois alors dans la convalescence d'une attaque de goutte, et comme c'est pour moi un assez grand travail que d'écrire dans votre langue, j'avois remis ma réponse à un autre Tome IX.

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tems. Depuis que je suis revenu dans la Province, j'ai eu une foule d'occupations et je profite de mon premier moment de liberté mais comme M. Bostock est présentement à Londres, il pourra vous traduire ma lettre et par cette raison je vous l'écrirai en françois.

Je commence par vous remercier des différentes brochures de votre composition que vous m'avez adressées sur cette matière intéressante. Je suis tout-à-fait de votre avis sur l'inutilité de la gratification que votre Gouvernement a si long-tems accordée en faveur de l'exportation des grains. Mes principes sur cette matière sont: liberté indéfinie d'importer, sans distinction de bâtimens de telle ou telle nation et sans aucuns droits d'entrée; liberté pareillement indéfinie d'exporter sur toutes sortes de bâtimens, sans aucuns droits de sortie et sans aucune limitation, même dans les tems de disette; liberté dans l'intérieur de vendre à qui l'on veut, quand et où l'on veut, sans être assujetti à porter au marché public et sans que qui que ce soit se mêle de fixer les prix des grains cu du pain. J'étendrois même ces principes au commerce de toute espèce de marchandises, ce qui, comme vous le voyez, est fort éloigné de la pratique de votre gouvernement et du nôtre.

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Je sens, Monsieur, toute la justesse de vos observations sur la difficulté de tirer des conséquences des tables qu'on se procureroit du prix des grains, quelqu'exactes qu'elles pussent être ; une grande partie de ces observations trouveroient leur application en France comme en Angleterre car moins le commerce des grains est libre, et plus les variations des prix sont grandes et irrégulières. Malgré cela je n'en suis pas moins curieux de connoître la marche de ces variations; ainsi je regarderai toujours des tables exactes comme très précieuses. Je suis étonné de la difficulté que vous trouvez à m'en procurer dans lesquelles les prix soient exprimés marché par marché, sans être réduits au prix commun. En France où cet objet est encore plus négligé qu'en Angleterre, et où dans la plus grande partie des provinces les archives bliques sont dans le plus mauvais ordre, j'ai trouvé un assez grand nombre de villes où l'on avoit conservé l'êtat des prix de semaine en semaine depuis cent ans et plus. Je n'en demanderois que trois ou quatre de cette espèce pris dans différentes provinces d'Angleterre, et de préférence dans celles qui sont les plus fertiles en grains.

pu

Je vous avois demandé si les êtats qu'on in

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