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nos manières de voir. Je compte bien que cette confidence n'est que pour vous; je vous prie même de ne point me répondre en détail par la poste, car votre réponse seroit infailliblement ouverte dans nos bureaux, et l'on me trouveroit beaucoup trop ami de la liberté pour un Ministre, même pour un Ministre disgracié! J'ai l'honneur, etc.

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COMPARAISON DE L'IMPÔT

SUR LE REVENU DES PROPRIÉTAIRES,

ET

DE L'IMPÔT SUR LES CONSOMMATIONS (1).

COMME chaque Citoyen, en achetant la denrée qu'il veut consommer, semble ne payer que volontairement l'impôt dont elle est chargée, bien des personnes, et même quelques écri

(1) C'est le commencement d'un Mémoire que M. Turgot avait fait pour M. Franklin, et dans la vue de préserver les États-Unis d'Amérique d'un genre d'impôts auquel l'exemple de l'Angleterre les poussait fortement.

Le Général Hamilton, alors Ministre des finances, homme très-aimable, de beaucoup d'esprit, et dans de fort bons principes relativement à la nécessité de l'exactitude dans les paiemens, dont il trouvait aussi en Angleterre un exemple utile; mais qui d'ailleurs êtait sur tous les autres points du parti opposé à celui de M. Franklin et de M. Jefferson, préféra pour les impôsitions le systême anglais aux opinions raisonnées des Philosophes de France. Il fit des droits d'accise un essai qui fut malheureux dans le nord de la Pensylvanie, où il causa une petite guerre civile, et qui ne pût réussir ailleurs.

vains illustres, séduits par cette apparence de liberté, n'ont pas hésité à préférer à tout autre genre d'impôts, ceux qui sont êtablis sur les diverses consommations et sur l'entrée et la sortie des marchandises.

Mais ceux qui ont approfondi la matière sont bien loin de penser ainsi. Leurs réflexions, d'accord avec l'expérience, leur ont démontré que la totalité des impôts, sous quelque forme qu'ils soient levés, est toujours, en dernière analyse, payée par les propriétaires des terres, soit directement par l'application d'une partie de leur revenu aux besoins de l'État, soit indirectement par la diminution de leur revenu, ou par l'augmentation de leur dépense.

Il est évident, au premier coup d'œil, que tout impôt mis sur les cultivateurs est supporté par les propriétaires, puisque le cultivateur qui recueille immédiatement les fruits du sol, n'en rend et n'en peut rendre au propriétaire, soit en nature, soit en valeur, que ce qui reste dédụction faite de tous les fraix de culture : dans lese; quels sont compris le prix du travail et de l'industrie de l'entrepreneur de culture, l'intérêt de toutes ses avances et le remboursement de toutes ses dépenses; par conséquent c'est tou

jours le propriétaire qui supporte l'impôt lors même qu'il est demandé au cultivateur.

Il n'est pas moins évident que l'effet immédiat de tout impôt sur les consommations est de renchérir la denrée, pour les consommateurs de la totalité de l'impôt; si le renchérissement êtoit moins considérable, ce seroit parce que les moyens de payer n'étant pas augmentés pour les consommateurs, ils seroient forcés de consommer moins, ce qui modifieroit le premier effet immédiat de l'impôt.

Les propriétaires paient le renchérissement de toutes les denrées qu'ils consomment par eux-mêmes ou par leurs salariés: ils paient encore le renchérissement de tout ce que consomment les cultivateurs et leurs salariés, puisque ce renchérissement grossit d'autant les fraix de la culture, que le cultivateur se réserve toujours sur les fruits de la terre, avant de fixer la part qu'il rend au propriétaire, ou le revenu de celui-ci.

Ceux qui composent les autres classes de la société, les artisans, les commerçans, les capitalistes ou possesseurs d'argent, n'ont pour subvenir à toutes leurs dépenses que ce qu'ils reçoivent pour prix de leur travail et de leur industrie, et le produit ou l'intérêt de l'argent

employé par eux, ou par ceux à qui ils le prêtent, dans les entreprises de tout genre. Si leurs dépenses sont augmentées par le renchérissement des choses qu'ils consomment, occasionné par l'impôt, il faut que leurs salaires et leurs profits de toute espèce augmentent en même raison; or il ne peut augmenter qu'aux dépens des propriétaires et des cultivateurs, qui paient en dernière analyse tous les salaires et les profits du commerce.

En effet, il n'entre dans le commerce que deux choses, les productions de la terre et le travail. Le prix du travail comprend la subsistance et les jouissances de l'homme laborieux; elles sont toutes en consommations des productions de la terre, plus ou moins élaborées par un autre travail, lequel a été payé lui-même en fournitures et consommation d'autres productions. Le travail est toujours payé par les productions de la terre. Un ouvrier qui en paie un autre ne fait que partager avec celui-ci ce que lui-même a reçu. C'est donc la terre qui paie tout. Elle salarie immédiatement le cultivateur en fournissant à ses besoins. Elle donne au propriétaire un revenu, non pas gratuitement, mais pour prix des avances foncières qu'il a faites en bâtimens, en plantations, en clôtures,

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