Tu m'as donné du moins dans cette nuit obscure Tu m'as fait libre comme toi. Que mon coeur, dans lui-même et dans sa propre estime Loin de moi cette erreur impie Mais je ne croirai point que ta munificence Que jamais mon orgueil usurpant ton tonnerre mais qui pour l'énergie, l'onction et la fidélité ne peut être comparée à celle-ci, où M. Turgot exprimait le sentiment religieux de son auteur et le sien. Si je marche dans la justice, Jusqu'au terme affermis mes pas; Quelques biens qu'à mes yeux refuse ta sagesse Si tu m'as vu sensible au malheur de mes frères, Quel que soit aujourd'hui mon sort, Ou dans la vie, ou dans la mort. Donne-moi le nécessaire, La subsistance et la paix. Și de tant d'autres biens quelqu'un m'est salutaire, Tu le sais, tu peux tout; j'adore et je me tais. Ton temple est l'immensité même; Tes autels sont le ciel, et la terre et les mers. Choeurs des Étres, chantez votre Maitre supreme: Éclate , hymne éternel, ordre de l'Univers. DE CLÉ ANTHE, PHILOSOPHE STOÏCIEN, A JUPITER (2). Père et maître des Dieux , auteur de la Nature, Jupiter, & sagesse , o loi sublime et pure! Unité souveraine à qui tous les mortels Sous mille noms divers élèvent des autels; Je t'adore. ---Nos cæurs te doivent leur hommage: Nous sommes tes enfans, ton ombre, ton image; Et tout ce qui respire , animé par tes mains, A célebrer ta gloire invite les humains. Béni sois à jamais ! ma voix reconnoissante Consacre ses accens à ta bonté puissante. Tu régis l'Univers : ce tout illimité Que renferme la terre en son immensité, Ce tout harmonieux émané de toi-même, (2) Elle paraît avoir donné à Pope l'idée et le désir de composer la sienne. Elle a été traduite du grec en prose par M. de Bougainville, de l'Académie Française et de celle des Belles-Lettres. S'applaudit d'obéir à ton ordre supreme : masse, en meut tous les ressorts. La foudre étincelante, en ta main redoutable Porte un effroi vengeur dans l'âme du coupable. Présent à tous les tems, tu remplis tous les lieux, La Terre, l'Océan, le Ciel, t'offre à mes yeux. Tout dérive de toi ! - J'en excepte nos vices, Nos injustes projets, nos fureurs, nos caprices, Par toi l'ordre naquit du Caħos étonné, Chaque étre prit le rang par toi seul assigné; Par toi des Elémens la discorde est bannie, Et des biens et des maux la constante harmonie, Les enchaînant entre eux par un secret lien, Forme de leur accord un monde où tout est bien, L'hommeinsensé, qu'aveugle un jour perfide et sombre, Cherche partout ce bien, et n'en saisit que l'ombre. Ta loi seule , ta loi vrai flambeau des humains De la félicité leur montre les chemins. Mais l'un dort inutile au sein de la paresse, L'autre boit de Vénus la coupe enchanteresse; De la soif des grandeurs un autre est dévoré Ou sèche auprès de l'or dont il est altéré. Grand Dieu, Père du jour et Maître du tonnerre, u crime et de l'erreur daignes purger la terre; Affranchis la raison du joug de ses Tyrans ; Parles, fais entrevoir aux mortels ignorans Puisse alors de nos coeurs le concert unanime Te rendre un pur hommage égal à tes bienfaits , Et digne enfin de toi, s'il peut l'être jamais! Ame de l'Univers , Dieu, par qui tout respire, Qu'à célébrer ton nom le monde entier conspire! Que la terre à l'envi s'unisse avec les Cieux, C'est le devoir de l'homme et le bonheur des Dieux! |