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Variant les accords de sa lyre divine,

Le maître de Bacchus chante les pommes d'or
Qui d'une vierge agile ont ralenti l'essor.

Des sœurs de Phaéton, sous une écorce amère,
Il étouffe la voix qui redemande un frère.

Sur les bords du Permesse il a conduit Gallus :
Le voyez-vous errant sur ces monts chevelus,
Devant lui se lever les Nymphes d'Aonie,
Et les chœurs d'Apollon cesser leur harmonie ?
Entendez-vous Linus, le front paré de fleurs ?

« Reçois ces chalumeaux de la main des neuf Sœurs, << Ce sont ceux du vieillard qui chantoit dans Ascrée; «Des bois thessaliens dis la source sacrée,

« Pour qu'Apollon, fixé par tes divins concerts,
« Préfère un jour leur ombre aux bois qui lui sont chers.>>

Dois-je oublier ici cette Nymphe perfide
Coupant un cheveu d'or d'une main parricide?
La peindrai-je au milieu de cent gouffres bruyants,
Ceignant son sein de lis de monstres aboyants,
Et ses chiens affamés plus craints que les orages,
Dévorant un navire et vivant de naufrages?
Tairai-je à son époux, dans les festins assis,
Philomèle servant les membres de son fils,
Des malheurs de Progné conservant la mémoire,
Et contant aux déserts sa déplorable histoire?
Dirai-je quel prodige attriste sa beauté ?
Comme elle s'étonna de sa légèreté,
Et rasa son palais de ses ailes naissantes ?
Le vieillard répéta ces hymnes ravissantes,

Dont l'heureux Eurotas entendit les accords,
Quand le divin Phébus méditant sur ses bords,
L'harmonieux laurier les chante et les répète.
Ainsi chanta Silène : aux accents du poëte
Les vallons sont émus, et portent jusqu'aux cieux
Ces accords qui charmoient les bergers et les dieux.
Le soir les interrompt; et l'Olympe avec peine
Voyoit finir le jour et le chant de Silène.

M. DE FLINS.

ORGUEIL MAL FONDÉ

DE LA JEUNESSE.

C'EST pour finir que tout prend l'existence,

A chaque instant cela nous est prouvé.

Du jeune au vieux quelle est la différence ?
L'un est en route, et l'autre est arrivé.

M. GUICHARD.

L'HOMME ET LE.CHIEN.

FABLE.

JE revenois, un soir d'été,
D'une assez longue promenade;
Je vois un gros chien bien malade,
Par sa foiblesse à ma porte arrêté.

L'animal, souffrant et timide,
Soulève une paupière humide,
Et paroît implorer ma générosité.

Il m'émeut; j'ouvre, je l'appelle.

Joyeux, il se ranime; il se lève, il chancelle;
Il se traîne à mes pieds, y tombe languissant :
Mais de son cœur reconnoissant

Sa queue, interprète fidèle,
M'adressoit bien éloquemment

Le plus tendre remercîment.

Bien nourri, bien traité dans son nouvel asile,
Il reprit, avant peu, sa fòrce et sa vigueur;
Et j'eus dans ma maison, un serviteur docile
Un gardien vigilant, bref, un ami de cœur.
Vers ce temps, un jeune homme, en proie à la misère,
Par un récit touchant excita ma pitié :

Dans mon semblable, moi, j'ai toujours vu mon frère.
Au jeune infortuné j'offre mon amitié,

Et le traite chez moi comme un autre moi-même.
Ah! qui fait des heureux ne l'est point à demi!
Adoré de mon chien, aimé de mon ami,

Je goûtois le bonheur suprême.

Enfin, au bout de quelques mois,

A partir sur-le-champ une affaire m'engage.
Le jeune homme, inquiet, veut être du voyage;
Et mon chien, de me suivre, et nous partons tous trois.
Obligés, vers le soir, de traverser un bois,
Nous vîmes de voleurs accourir une bande :
Dans un pressant danger la nôtre se trouva.
Qu'en advint-il? Belle demande!

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Que t'offre à l'échéance un prêt considérable ?
Un ennemi.

IV ANNÉE. T. 15.

8

* LETTRE D'EUSÈBE*** A SON AMI***.

Toi

(Octobre 1765.)

(C'est de la Chartreuse de.... qu'il écrit.)

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que, depuis cinq ans consterne mon silence,
Qui pleures mon trépas et non plus mon absence,
Ecoute, et puisses-tu, par mon exemple instruit,
Des leçons du malheur retirer quelque fruit!
Sans doute, c'est assez d'une seule victime.
Mon ami, l'avenir est pour l'homme un abîme,
Au-delà du présent trop sûr de s'égarer,
Heureux, il doit jouir, malheureux, espérer.

Mes mains, au monument où reposoit ma mère,
Venoient de confier les restes de mon père;
Sans famille, sans bien, trop jeune infortuné,
Dans l'âge des plaisirs, de deuil environné,
Roseau foible et courbé sous les coups de l'orage,
Tu vis comme mon ame, essayant son courage,
Et bientôt soulevant le poids de sa douleur,
Sut opposer au sort l'égide du malheur,
La constance : le ciel, aux rives étrangères,
M'inspira de chercher des destins moins contraires.
Quelques heureux talents, présage des succès
Qu'eût peut-être avoués notre barreau français,
Par l'étude agrandis, mûris par l'infortune,
Bientôt m'ont fait sortir de la route commune
Mon nom cher à la veuve, au foible, à l'opprimé,

Cette pièce a été retouchée par l'auteur.

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