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>> savons-nous? est, selon moi, la réponse à pres» que toutes les questions métaphysiques (1). »

Le même philosophe regardoit comme insolubles les objections de Barclay contre l'existence de la matière, qui paroissoit également douteuse à Helvétius et à Condorcet. Diderot nie tout, croit tout et doute de tout, au gré de son imagination ardente et mobile.

Mais, pour ne ̧ citer que les seuls déistes, et parmi ceux-ci, que les chefs, de quel symbole commun de quelle morale commune, ont-ils jamais pu convenir? Qu'on se rappelle ce que nous avons dit de leurs contradictions et de leurs incertitudes, en examinant les fondemens du second système d'indifférence (2). Ils ne peuvent pas même s'assurer des deux principaux dogmes sur lesquels repose nécessairement toute religion. « La

raison, dit Rousseau, peut douter de l'immor» talité de l'âme (3). » Voltaire va plus loin; à son avis, « ce système, il n'y a point d'âme, le plus » hardi et le plus étonnant de tous, est au fond » le plus simple (4).. »

(1) Lettre du 25 juillet 1778.

(2) Vide tom. I, chap. IV et V.

(3) Lettre à Voltaire, du 18 août 1756. (4) Lettre de Memmius.

L'auteur d'Émile admettoit deux principes coexistans de toute éternité, Dieu et la matière. Jamais il ne se départit de cette opinion (1), qui mène directement à l'athéisme. Du reste il n'étoit pas peu frappé de la difficulté d'établir l'existence de Dieu par la raison. « Ce n'est pas, dit-il, une petite affaire de connoître enfin qu'il existe; et quand nous sommes parvenus là, quand nous » nous demandons, quel est-il? où est-il? notre esprit se confond, s'égare, et nous ne savons plus que penser (2). '»

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Si notre esprit se confond, s'égare, quand nous nous demandons ce qu'est Dieu, nous ne pouvons nous former de lui aucune notion certaine. Comment affirmerons-nous qu'il est bon, juste, puissant, intelligent, si nous ne savons qu'en penser? Le raisonnement ne trace dans notre esprit que des idées confuses de la Divinité (3), c'est vous qui le dites; vous ajoutez que notre esprit s'égare lorsqu'il cherche à résoudre cette question, qu'est-ce que Dieu ? qu'ainsi nous ne pouvons connoître aucun de ses attributs. Ces

(1) Voyez ses Confessions. Dans l'Emile, il laisse cette question en doute.

(2) Emile, tom. II, pag. 255. (3) Ibid., tom. III, pag. 16,

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attributs font cependant partie des vérités éternelles que votre esprit conçoit, puisque, selòn vous, c'est par eux seuls que nous concevons l'essence divine (1). Que conclure donc de vos principes? Je vous laisserai répondre vous-même: « Si les vérités éternelles que mon esprit conçoit, pouvoient souffrir quelque atteinte, il n'y » auroit plus pour moi nulle espèce de certitude, » et loin d'être sûr que vous me parlez de la part » de Dieu, je ne serois pas même assuré qu'il » existe (2). » Ainsi la logique l'emporte, et, en dépit de votre résistance, elle vous pousse jusqu'au scepticisme absolu.

Au reste, pour réfuter votre système, nous n'avons pas besoin de longs raisonnemens; il suffit de vos aveux. Que prétendez-vous? Que nous rappelions à l'examen de la raison tout ce qu'on nous enseigna dès notre enfance. Voilà ce que vous demandez, et voici ce que nous répondons: « Trop souvent la raison nous trompe; nous n'a»vons que trop acquis le droit de la récuser (3). « Me dire, ajoutez-vous, de soumettre ma rai

(1) Emile, tom. III, p. 16.
(2) Ibid., tom. III, pag. 24.
(3) Ibid., tom. II, pag. 343.

» son, c'est outrager son auteur (1). Il me faut des raisons pour soumettre ma raison (2). La » foi s'assure et s'affermit par l'entendement (3). » Vous n'y pensez assurément pas : « Sans la con» science je ne sens rien en moi qui m'élève au» dessus des bêtes, que le triste privilége de m'é» garer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un enten» dement sans règle, et d'une raison sans principe (4).

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Ne voilà-t-il pas deux guides admirables pour nous diriger dans les importantes recherches d'où dépend notre sort éternel? Car enfin, « parmi » tant de religions diverses qui se proscrivent et » s'excluent mutuellement, une seule est la bonne, » si tant est qu'une le soit. Pour la reconnoître, il ne suffit pas d'en examiner une, il faut les >> examiner toutes; et dans quelque matière que » ce soit, on ne doit point condamner sans entendre; il faut comparer les objections aux >> preuves; il faut savoir ce que chacun oppose » aux autres, et ce qu'il leur répond. Plus un >> sentiment nous paroît démontré, plus nous

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(1) Emile, tom. III, pag. 18. (2) Ibid., pag. 9.

(5) Ibid., pag. 18.

(4) Ibid., tom. II, pag. 556.

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» devons chercher sur quoi tant d'hommes se » fondent pour ne pas le trouver. tel. Il faudroit » être bien simple pour croire qu'il suffit d'en» tendre les docteurs de son parti, pour s'ins»truire des raisons du parti contraire.... Chacun

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brille dans son parti; mais tel au milieu des » siens est fier de ses preuves, qui feroit un fort >> sot personnage avec ces mêmes preuves parmi gens d'un autre parti. Voulez-vous vous ins» truire dans les livres? quelle érudition il faut acquérir, que de langues il faut apprendre, que de bibliothèques il faut feuilleter, quelle » immense lecture il faut faire! Qui me guidera dans le choix? Difficilement trouvera-t-on dans » un pays les meilleurs livres du parti contraire, » à plus forte raison ceux de tous les partis ; quand on les trouveroit, ils seroient bientôt » réfutés. L'absent a toujours tort, et de mau» vaises raisons, dites avec assurance, effacent >> aisément les bonnes exposées avec mépris. D'ail>> leurs souvent les livres nous trompent, et ne rendent pas fidèlement les sentimens de ceux qui les ont écrits..... Pour bien juger d'une religion, il ne faut pas l'étudier dans les livres de >> ses sectateurs, il faut aller l'apprendre chez eux; >> cela est fort différent. Chacun a ses traditions, » son sens, ses coutumes, ses préjugés, qui font

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