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L'orgueil, principe éternel de désobéissance, l'orgueil, toujours en révolte contre le pouvoir, est la première cause de ce grand désordre, par lequel l'homme, fixé en lui-même, demeure comme suspendu entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort. Il se persuade qu'on exige de lui le sacrifice de sa raison, en le pressant d'obéir à l'autorité; et tout au contraire, l'autorité n'étant que la raison générale manifestée par le témoignage, il est souverainement raisonnable d'y déférer, puisque, même en laissant à part les considérations qui en démontrent l'infaillibilité, elle a au moins en sa faveur les présomptions les plus fortes. Si se soumettre à ses décisions étoit renoncer à la raison, l'homme ne feroit pas un acte qui ne fût déraisonnable; car toutes ses actions, comme être physique et comme membre de la société, supposent une pleine foi dans le témoignage, une obéissance complète à l'autorité; et, sans cher. cher d'autre exemple, ce n'est pas à sa raison que l'homme doit le langage; il l'a reçu et il l'emploie tel qu'on le lui a donné, et parler c'est obéir.

Ainsi partout l'autorité se découvre à nos regards; elle anime et conserve l'univers qu'elle a créé. Sans elle, nulle existence, nulle vérité, nul ordre. Principe et règle de nos pensées, de nos affections, de nos devoirs, elle règne sur

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l'âme toute entière, qui vit uniquement de foi, et qui meurt à l'instant où elle cesse d'obéir. Et l'on ne doit pas s'en étonner, puisque l'empire de l'autorité n'est que l'empire de la raison manifestée par la parole. Qui ne l'a pas entendue, ne sait rien, ne connoît rien. L'intelligence n'a point d'autre fondement, la certitude n'a point, ne sauroit avoir d'autre base que ce grand témoignage originairement rendu par Dieu même, raison universelle, immuable, infinie.

On ne peut donc trouver ailleurs la certitude de la religion. Mais la religion n'est pas seulement un ensemble de connoissances; elle est encore, elle est principalement une loi, puisqu'elle renferme toute vérité et tout ordre, ou tout ce qui doit régler la raison, le cœur et les actions de l'homme, tout ce qu'il doit croire et pratiquer. Or, point de loi sans autorité; ces deux idées sont corrélatives. Donc la religion repose nécessairement sur l'autorité, et la vraie religion sur la plus grande autorité, sans quoi les hommes ne pourroient la reconnoître, ou savoir à qui Dieu leur commande d'obéir.

Tous, nous l'avons prouvé (*), doivent parvenir à la connoissance de la vraie religion. Il doit donc

(*) Voyez le chap. XVII.

exister un moyen général de la discerner. Or la religion est vérité, et le seul moyen que nous, ayons de discerner avec certitude la vérité de l'erreur, est l'autorité : donc l'autorité est le seul moyen, le moyen général de discerner la vraie religion; en sorte que celle-là est certainement ou nécessairement la véritable qui repose sur la plus grande autorité.

La religion est l'ensemble des lois qui résultent de la nature des êtres intelligens. Or le genre humain périroit s'il falloit que chacun découvrît,* ou même comprît clairement les lois naturelles qu'il ne peut néanmoins transgresser sans mourir : donc nous en devons être instruits par le témoignage (*); donc l'autorité est le seul moyen, le

(*) C'est uniquement par ce moyen que les hommes s'instruisent des lois de leur conservation physique. Ils croient au témoignage, et ils vivent : qu'arriveroit-il s'ils le rejetoient? La vie de l'àme se conserve donc de la même manière que la vie du corps, en obéissant à l'autorité. Dira-t-on qu'on est d'accord sur les lois physiques, et qu'on ne l'est pas sur les lois de l'intelligence? Je répondrai qu'il existe des opinions particulières, des erreurs, sur les unes comme sur les autres. Tous les hommes, dans tous les pays, sont-ils d'accord sur les bons ou mauvais effets de telle ou telle substance, sur les règles d'hygiène, et mille choses semblables? Ne se trompent-ils jamais sur

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moyen général de connoître les lois de l'intelligence ou de discerner la vraie religion; en sorte que celle-là est certainement ou nécessairement la véritable qui repose sur la plus grande autorité. La religion enfin est l'expression de la volonté de Dieu, puisqu'il veut que l'homme vive, et qu'il ne peut vivre de la vie de l'àme qu'en se conformant aux lois de la religion : c'est donc un devoir de s'y soumettre; or tout devoir suppose une autorité qui commande : donc l'autorité est le seul moyen, le moyen général de nous assurer de nos devoirs comme êtres intelligens, ou de discerner la vraie religion; en sorte que celle-là est certainement ou nécessairement la véritable qui repose sur la plus grande autorité.

Et remarquez comme tout s'enchaîne dans l'ordre établi par le Créateur.

L'intelligence ne se développe que par la parole ou le témoignage; le témoignage n'existe que dans la société :

Donc l'homme ne peut vivre que dans la société; donc il y a eu nécessairement société entre

ce qui est propre à entretenir la santé, à conserver la vie? Assurément, rien n'est plus commun. Qu'y a-t-il donc de certain en ce genre? ce que l'autorité générale atteste. Il en est ainsi à l'égard de l'intelligence.

Dieu et le premier homme; donc Dieu lui a parlé, ou lui a rendu témoignage de son être.

La nécessité du témoignage implique la nécessité de la foi, sans laquelle le témoignage demeureroit sans effet :

Donc la foi est dans la nature de l'homme, et la première condition de la vie.

La certitude de la foi dépend de sa conformité avec la raison, ou de la grandeur de l'autorité qui rend témoignage:

Donc le témoignage de Dieu est infiniment certain, puisqu'il n'est que la manifestation de la raison infinie, ou de la plus grande autorité.

Il n'y a de témoignage possible que dans la société :

Donc il n'y a d'autorité et de certitude que dans

la société.

Nulle société humaine ne peut exister qu'en vertu de la société établie originairement entre Dieu et l'homme, ou par les vérités, les lois que sa parole a manifestées primitivement:

Donc ces vérités ne peuvent se perdre dans aucune société sans qu'elle se détruise; donc on doit les retrouver dans toutes les sociétés.

Ces vérités nécessaires à la société ne se conservent que par le témoignage, qui n'a de force et d'effet que par l'autorité :

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