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Sortez de là, cherchez ailleurs une règle de certitude, vous ne trouverez que des motifs de doute, et vous verrez peu à peu l'édifice entier de vos croyances s'abîmer dans un vide effrayant. Dès qu'on la veut charger d'une vérité quelconque, la raison débile ploie sous le faix, incapable de se soutenir elle-même. Elle ne sait ce qu'elle est, ni si elle est; son existence même lui est un problème, qu'elle ne peut résoudre qu'à l'aide de l'autorité du genre humain; et tout être créé qui ose dire : Je suis, n'énonce pas un jugement, mais proteste de sa foi en un mystère impénétrable, et proclame, sans le comprendre, le premier article du symbole des intelligences,

Pour peu qu'on arrête son attention sur ce sujet important, mille considérations que j'ai dû négliger pour ne point dépasser les bornes que je dois me prescrire, viendront, je le dis avec assurance, fortifier les principes établis dans ce chapitre. Ce n'est pas que je les suppose à l'abri de toute objection; non certes: on y peut opposer des difficultés sans nombre. Autrement il seroit faux, qu'habile seulement à renverser, la raison

» hors lui seul sont dans l'erreur. » Traité du délire, appliqué à la médecine, à la morale et à la législation; F. E. Foderé, tom. Ier, pag. 327. par

ne sût rien affermir inébranlablement. Plus ses argumens seront spécieux, mieux ils confirmeront -ce que j'ai eu dessein de prouver, qu'elle n'est propre qu'à créer des doutes, et qu'à jeter l'esprit, quelles que soient les questions qui l'occupent, dans une pénible indécision, et dans des ténèbres désespérantes. Mais il n'en restera pas moins vrai que, par une suite de notre nature, le consentement commun détermine notre adhésion, que nous n'avons point d'autre certitude, et que, malgré toutes les objections, un sentiment indélibéré nous porte à regarder comme certain ce qui repose sur cette base; en sorte qu'au jugement de tous les hommes, se soustraire à cette loi fondamentale, universelle, c'est cesser d'être homme, c'est éteindre en soi toutes les lumières naturelles, et se retrancher volontairement de la société des intelligences.

Sur ce point décisif, j'en appelle à la conscience; je la choisis pour juge, prêt à me soumettre à ses décisions. Que chacun rentre en soi, et s'interroge dans le silence de l'orgueil et des préjugés. Qu'il évite de confondre les sophismes de la raison, avec les réponses simples et précises du sentiment intérieur que je le somme de consulter; qu'il considère ce qui est, et non pas ce qu'il s'imagine devoir être; qu'il ouvre les yeux sur les faits, et

ferme son esprit aux conjectures: si un seul homme, dans ces dispositions, se dit au fond de son cœur : « Ce qu'on me propose comme des vérités d'expé

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rience, est démenti par ce que je sens en moi, » et par ce que j'observe dans mes semblables; »> je passe condamnation, et je me déclare moimême un rêveur insensé.

CHAPITRE XIV...

De l'existence de Dieu.

TOURNONS

OURNONS un moment nos regards en arrière; fixons-les sur l'espace que nous avons parcouru. Nous cherchions la certitude, et nous avons vu que nous ne saurions la trouver en nous-mêmes. La considération attentive des faits, nous a conduits à reconnoître qu'elle réside dans l'accord des jugemens et des témoignages, c'est-à-dire dans l'autorité, hors de laquelle il n'existe qu'un doute absolu, éternel. De là vient que l'homme de à qui le doute est un supplice; l'homme, qui, Philph pour vivre, a besoin de croire, cède à l'autorité et se détermine par elle, aussi naturellement qu'il respire. Que s'il essaie de se soustraire à cette loi universelle; outre qu'il n'y réussit jamais entièrement, parce qu'il ne lui est pas donné d'anéantir son intelligence, il est aussitôt puni de sa révolte insensée, par les ténèbres qui se répandent et s'épaississent sur son entendement. Devenu pour les

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autres hommes un objet de mépris et de frayeur, ils le contemplent avee surprise traversant, d'une course aveugle et désordonnée, les espaces intellectuels, et s'avançant vers le chaos : tel qu'un astre égaré que ne régiroient plus les lois de la gravitation. Comune êtres intelligens, aussi-bien que comme êtres physiques, nous dépendons, malgré nous, essentiellement de nos semblables et la vie de l'âme, ainsi que celle du corps, résulte de la société des moyens et de l'union des forces.

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Au lieu de raisonner à perte de vue sur les opérations de notre esprit, pour découvrir une règle de certitude, les métaphysiciens auroient donc du laisser de côté le raisonnement, et regarder autour d'eux : car il est clair que l'homme, actif par sa nature, et n'agissant jamais que sur des motifs déterminans, ou en vertu d'une croyance quel→ conque, le principe de détermination ou la règle de certitude, devoit elle-même être déterminée par la nature de l'homme, et se manifester dans ses actions, avec un caractère d'évidence et d'universalité qui ne permit pas de la méconnoître. Mais c'est l'universalité même et la simplicité de cette règle innée en nous, qui nous empêche de

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remarquer; notre attention n'étant d'ordinaire excitée que par ce qui nous est étranger ou qui

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