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ment, il faudroit renoncer à raisonner, et briser avec mépris le dernier instrument de nos connoissances.

» m'est inconnu. L'expérience et l'observation nous ont >> fait connoître les lois du mouvement; ces lois déter» minent les effets sans montrer les causes; elles ne suf » fisent point pour expliquer le système du monde et la >> marche de l'univers. Descartes avec des dés formoit le » ciel et la terre, mais il ne put donner le premier branle » à ces dés, ni mettre en jeu sa force centrifuge qu'à l'aide » d'un mouvement de rotation. Newton a trouvé la loi de » l'attraction, mais l'attraction seule réduiroit bientôt l'u»nivers en une masse immobile : à cette loi, il a fallu joindre une force projectile pour faire décrire des >> courbes aux corps célestes. Que Descartes nous dise quelle loi physique a fait tourner ses tourbillons; que » Newton nous montre la main qui lança les planètes » sur la tangente de leurs orbites.

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» Les premières causes du mouvement ne sont point » dans la matière; elle reçoit le mouvement et le communique, mais elle ne le produit pas. Plus j'observe >> l'action et réaction des forces de la nature agissant les » unes sur les autres, plus je trouve que d'effets en effets, >> il faut toujours remonter à quelque volonté pour pre» mière cause; car supposer un progrès de causes à l'infini, c'est n'en point supposer du tout. En un mot, >> tout mouvement qui n'est pas produit par un autre, ne peut venir que d'un acte spontané, volontaire. Les >> corps inanimés n'agissent que par le mouvement, et il

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Et maintenant venez, hommes sans Dieu, superbes athlètes du néant, venez prendre possession de votre empire; vous l'avez conquis, il est à

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n'y a point de véritable action sans volonté. Voilà mon

premier principe. Je crois donc qu'une volonté meut >> l'univers et anime la nature. Voilà mon premier dogme, » ou mon premier article de foi, » (Emile, ibid.)

Preuve mathématique. - De l'impossibilité absolue que la matière ait existé éternellement, suit la nécessité de la création, par conséquent la nécessité d'un créateur, ou la nécessité de l'existence de Dieu. Or, qu'il soit impossible que la matière ait existé de toute éternité, c'est ce qu'on démontre géométriquement, par l'impossibilité reconnue d'une suite actuellement infinie de termes soit permanens, soit successifs. (Voyez la Dissert. de Gerdil, t. III de ses œuvres, p. 261; Maclaurin, Traité des fluxions, introd., p. 41; Mairan, d'Alembert, etc.) Je suppose en effet la matière éternelle, on pourra supposer aussi que l'ordre présent de l'univers a subsisté éternellement; car, par exemple, le mouvement de la terre autour du soleil, n'étant point une chose qui répugne, ce mouvement a pu exister à quelque époque que ce soit, et dès lors rien n'empêche de supposer qu'il a existé toujours, ou que la terre a accompli un nombre actuellement infini de révolutions autour du soleil, ce qui implique l'existence possible d'une suite actuellement infinie de nombres, et par conséquent une absurdité démontrée telle mathématiquement. Que deux points vinssent à se mouvoir de même vitesse sur deux parallèles, ou, ce qui ne change

vous; mais, ne vous y trompez pas, votre triomphe sera muet comme la mort. Impuissans à rien établir, même le doute, si vous osez ouvrir la bouche, prononcer un mot, tout le genre humain se levera pour vous imposer silence; il vous niera votre être, et vous ne pourrez le prouver. Un morne scepticisme, la nuit des tombeaux, voilà votre partage. Nulle vérité, nulle croyance, nul amour dès lors et nulle action. Prodigieux dénû

rien au fond de l'hypothèse, sur deux lignes, dont l'une seroit une branche de l'hyperbole et l'autre son asimptote; nous ririons de qui nous diroit : Il arrivera un moment où ces deux points se rencontreront. Où seroit néanmoins l'absurdité? uniquement dans la supposition d'un point de concours, dont l'existence ne seroit possible que dans le cas où les deux mobiles eussent parcouru avant d'y arriver, une suite actuellement infinie de longueurs déterminées. Renversons maintenant l'hypothèse; supposons aux deux mobiles un mouvement inverse, et qu'on nous dise qu'ils sont partis du point où l'asimptote touche la courbe : l'assertion seroit-elle moins absurde? La différence dans le sens du mouvement rend-elle le point de concours plus possible? Fait-elle que l'existence d'une suite actuellement infinie de grandeurs déterminées, impossible dans le premier cas, soit admissible dans le se cond? Cette impossibilité une fois reconnue, il faut donc avouer la nécessité de la création, et de l'existence dé Dieu par conséquent.

ment! Ils ont, disent-ils secoué le joug: oui, le joug de l'intelligence, le joug de la vie. Je cherche à me représenter cet état d'indigence totale, ce vide ténébreux de la raison, ce sourd mouvement de la pensée, semblable au travail intérieur de la putréfaction dans un cadavre; ma vue se trouble, je ne vois que des ombres qui se pressent pour recouvrir un mystère effrayant.

Entraîné par sa doctrine à la destruction, l'athée ne subsiste que parce que la nature, ou plutôt Dieu même le force d'être inconséquent, et de déférer à chaque instant à l'autorité générale comme à la règle infaillible du vrai. Il ne fait pas une démarche qui ne prouve sa pleine foi en quelque vérité, dont il n'a d'autre certitude que le consentement commun. Il parle, il agit, donc il croit; car on n'agit qu'en vertu d'une croyance, et qui parle croit au moins pouvoir être entendu : or, sur quoi repose cette croyance, que sur le témoignage des hommes? Mais il faut nécessairement ou l'admettre toujours, ou le récuser toujours. Nier ce témoignage sur le point où il est le plus unanime, c'est s'ôter le droit de l'alléguer sur aucun autre point; c'est renverser la base de la raison, et l'athée n'est pas même recevable à raisonner contre Dieu, puisqu'il commence par rejeter l'autorité générale de la raison.

A la vue d'une folie si extrême et d'un 'crime si "grand, on tombe dans un étonnement profond. Se 'peut-il que l'homme en vienne jusqu'à cet excès ? Y a-t-il de vrais athées? Peut-être; car, hélas! qui connoît les bornes de la perversité humaine? Cependant, dit Bossuet, « la terre porte peu de tels » monstres (*); les idolâtres mêmes et les infidèles » les ont en horreur. Et lorsque dans la lumière ́» du christianisme on en découvre quelqu'un, on >> en doit estimer la rencontre malheureuse et abo>> minable (1). »

Mais, disent-ils, on ne comprend pas l'Etre ́infini : puissans génies qui comprennent tout le reste! autrement seroient-ils si choqués 'qu'on leur proposat de croire sur des preuves certaines, un dogme incompréhensible? S'éleveroient-ils si

(*) Il n'est point, dit Cicéron, de peuple si sauvage, si barbare, qui, même en ignorant ce qu'il faut penser de Dieu, ne sache qu'on doit croire à son existence : et l'idée de Dieu est pour l'homme comme un souvenir et une reconnoissance de son origine. Nulla gens est, neque tàm immansueta, neque tàm fera, quæ non, etiamsi ignoret qualem habere Deum deceat, tamen habendum sciat. Ex quo efficitur illud, ut is agnoscat Deum, qui, undè ortus sit, quasi recordetur et agnoscat. De Legib., lib. I.

(1) Ir sermon pour le 1er dimanche de l'avent.

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