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fièrement au-dessus de l'idée de Dieu ? Ainsi, des choses qu'ils croient, il n'en est aucune qu'ils ne connoissent, qu'ils ne comprennent parfaitement. Que croient-ils donc ? Croient-ils à l'attraction? Qui, sans doute. Ils comprennent donc que les corps agissent à distance l'un sur l'autre à travers le vide? Alors qu'ils nous expliquent clairement ce mode d'action. Croient-ils à la communication du mouvement? Oui encore. Qu'ils nous disent donc ce que c'est que la force, et comment elle se transmet. Est-ce un être physique? Le comprennent-ils? Si c'est une portion de matière qui passe d'un corps dans un autre, on sera contraint de chercher une cause de ce passage, ou une nouvelle force qui le détermine, et ainsi à l'infini. Si ce n'est rien de matériel, comment ce qui n'est pas matériel agit-il sur la matière, et y produit-il des modifications sensibles telles que le mouvement? Croient-ils à la matière ellemême ? Croient-ils à la pensée? Croient-ils à la vie? Il faut bien qu'ils y croient : la nature leur impose ces croyances et mille autres avec un souverain empire il faut qu'ils y croient malgré l'impuissance la plus absolue de concevoir jamais ce que c'est que la matière*, ce que c'est que (*) D'Alembert reconnoît cette impossibilité de comprendre les choses dont on peut le moins douter. Il avoue,

la pensée, ce que c'est que la vie. Rien ne leur est plus incompréhensible que leur être. Ils ne connoissent rien pleinement; leur science ne se compose qué de lambeaux. Non-seulement le tout leur échappe, mais ses parties les plus voisines d'eux ne se laissent qu'à peine entrevoir. Leur conception n'est proportionnée à rien de ce qui est; elle -se perd dans un atome; et ils veulent clairement comprendre celui qui a créé de rien et cet atome et l'univers! Insensés! qu'ils m'expliquent un grain de sable, et je leur expliquerai Dieu.

Mais je veux étonner leur raison même de sa foiblesse; je veux leur montrer dans cette vérité qu'ils rejettent à cause des mystères qu'elle renferme, l'idée la plus simple et la plus claire qui puisse entrer dans l'esprit humain ; de sorte qu'excepté un petit nombre d'aveugles, il n'est pas un seul homme qui ne la saisisse aisément, dès qu'on la lui présente. Et s'il n'en étoit pas ainsi d'où viendroit cette croyance unanime, et ce nom même de

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en termes formels, « que la nature du mouvement est une énigme pour les philosophes; que le principe métaphysique des lois de la percussion ne leur est pas moins » caché; et que plus ils approfondissent l'idée qu'ils se » forment de la matière et des propriétés qui la repré» sentent, plus cette idée s'obscurcit, et paroit vouloir » leur échapper. » Préface de l'Encyclopédie.

Dieu entendu de tous les peuples? N'y verra-t-on qu'un simple mot qu'on soit convenu d'adopter, sans y attacher de sens? Non, l'absurdité seroit trop grande. Mais si ce mot a un sens, et partout le même sens, donc on le comprend; et quand le genre humain tout entier atteste qu'il comprend, venir déclarer qu'on ne comprend pas, ce n'est pas, certes, prouver la force de sa raison, c'est faire ingénument l'aveu de l'imbécillité la plus profonde, ou de la plus surprenante folie. *****

Mais pour aller au fond, Dieu n'a de rapport nécessaire qu'avec lui-même, tandis que les êtres finis, par cela même qu'ils sont contingens et parties d'un tout, dépendent les uns des autres, quant à leur manière d'exister, et d'une cause étrangère, quant à leur existence. On ne sauroit donc les concevoir, sans concevoir en même temps cette cause première, centre et raison de tous les êtres; elle est le terme de toutes nos pensées, et c'est uniquement en elle que notre esprit, errant d'effet en effet, peut trouver un point de repos. De plus,' dès que l'être seul est l'objet de nos conceptions, le néant n'étant point intelligible, l'idée la plus naturelle, la plus lumineuse, est nécessairement celle de l'Etre sans restriction, sans bornes, de l'Être un qu'on a défini en disant qu'il est. Cette immense idée n'est pas seulement en harmonie

avec notre intelligence; elle est notre intelligence même : et voilà pourquoi l'athée, en niant le souverain Être, est forcé de nier tous les êtres, de se nier lui-même, et ne peut rien affirmer, rien énoncer, parce qu'il ne peut prononcer le mot est, qui est le nom propre de Dieu*.

(*) Ceci étoit écrit, lorsque nous avons trouvé la même observation développée avec une étendue que notre plan ne comportoit pas, dans les Recherches philosophiques sur les premiers objets des connoissances morales, par M. de Bonald: ouvrage aussi remarquable par la profon deur des vues et la force du raisonnement, que par la noblesse du style et la constante élévation des pensées. Guidés par la même foi que ce philosophe illustre, et d'autant plus grand qu'il est plus chrétien, nous avons eu plusieurs fois le bonheur de rencontrer les mêmes vérités ; comme une simple nacelle, en se dirigeant sur le même point des cieux, peut aborder aux mêmes rivages que le vaisseau roi de l'Océan. Et puisque nous avons nommé M. de Bonald, qu'il nous soit permis de le citer lui-même en preuve, de cette providence qui veille sur les peuples, et donne, quand il le faut, à certains hom→ mes, la haute mission d'annoncer les vérités devenues nécessaires, et de défendre contre l'orgueil et les erreurs de l'homme, la cause de Dieu, éternellement attaquée, et éternellement victorieuse. Je ne crains point de le dire, l'auteur de la Théorie du pouvoir politique et religieux, de la Législation primitive, etc., a été, dans ce siècle de désordre et de ténèbres, le fondateur des der

L'athéisme n'est donc pas, à proprement parler, une doctrine, une opinion; mais un désordre mental, le terme extrême de l'égarement de l'esprit, ou l'extrême folie; et l'on ne doit pas plus argumenter contre celui qui nie Dieu, ou se fait Dieu, car c'est au fond la même erreur, que contre l'insensé qui se croit roi. Dès qu'on oppose sa raison à la raison de tous les hommes, qu'on nie le témoignage du genre humain, il n'y a plus rien de commun entre les intelligences, plus de base sur laquelle on puisse asseoir un raisonnement; et si l'athée étoit conséquent, s'il pouvoit l'être, sa raison, sans point d'appui, essaieroit vainement de sortir de sa stupide immobilité.

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Enfin voilà où l'homme en peut venir à force d'orgueil. Il prendra l'auteur de la vie, et la vie même en haine. Aveugle et lâche jusqu'à se flatter de vaincre ses immortelles destinées, on le verra, s'isolant de tout ce qui est, travailler ardemment dans les ténèbres à se creuser un sépulcre éternel. Misère infinie d'un être dont toutes les pensées, toutes les espérances relèvent du néant! mais désordre plus effroyable. De là cette épouvante qui saisit les peuples, cette horreur profonde qu'ils

nières espérances qui restent peut-être aux nations, et le bon génie de la société.

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