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doctrines opposées, résultent deux genres de sacrifices; le sacrifice de soi aux autres ou le sacrifice d'amour, le sacrifice des autres à soi ou le sacrifice de haine. Mais la haine a divers degrés; moins terrible là où subsiste la notion de la Divinité, elle est contenue dans certaines bornes, parce qu'on reconnoît certains devoirs. Ainsi, dans les religions païennes, on sacrifioit l'homme individuel à la société ; dans la religion philosophique, on sacrifie la société entière à l'individu.

Le sacrifice volontaire de chaque homme à tous les hommes, qui constitue l'ordre parfait, ne se trouve que dans la religion chrétienne; et ce sacrifice est celui de tout l'homme; sacrifice de ses opinions ou de ses pensées particulières, sacrifice de ses penchans ou de ses intérêts particuliers, sacrifice de sa vie même, quand le bien gér

néral l'exige. Voilà l'unique fondement d'une société durable, et la société, en Europe, ne renaîtra que par la religion. Aussi le mouvement qui entraîne vers elle, est-il bien sensible en tous ceux que des principes de vertu et de nobles sentimens attachent encore à l'ordre social. Ce mouvement croîtra de telle sorte, que partout il se formera comme deux peuples dans le même peuple, l'un s'enfonçant de plus en plus dans le mal, l'autre s'élevant dans le bien de plus en plus ; et si les gouvernemens persistent à chercher le salut dans les concessions faites à ce qu'on appelle les lumières du siècle, c'est-à-dire aux opinions et aux passions individuelles, s'ils refusent de s'allier sincèrement à la religion, de la fondre dans toutes les institutions de l'État, le monde politique tombera dans une effroyable confusion, et il n'existera plus

d'autre société que l'Église, parce qu'il n'existera plus d'autorité et d'obéissance, de vérité, d'amour, et d'esprit de sacrifice qu'en elle.

Et qu'on ne s'y trompe pas, la religion qui seule peut nous sauver, n'est pas cette vague religion chrétienne que nous vantent quelques rêveurs, mais la religion catholique, hors de laquelle le christianisme n'est qu'un nom. De quoi s'agit-il? de reconstituer la société politique à l'aide de la société religieuse qui consiste dans l'union des esprits par l'obéissance au même pouvoir. «Les sociétés protestantes qui ne recon»noissent point de pouvoir spirituel, d'au» torité vivante ayant droit de comman>>der la foi, de porter des lois obligatoires, » mais qui laissent chacun juge de ce qu'il >> doit croire et de ce qu'il doit faire, ne » sont donc pas une société. Elles consti

>> tuent l'esprit dans une indépendance ab

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solue, et l'Écriture, livrée à l'interpréta» tion de la raison particulière, variable >> en chaque homme, ne lie pas plus que >> la raison elle-même. C'est en religion » l'état de nature, c'est-à-dire, l'absence » de tout gouvernement, de toute loi, de » tout tribunal, de toute police, et par conséquent la destruction de toute so

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» ciété.

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L'Église grecque, si l'on peut donner ce » nom commun à une multitude d'Églises indépendantes, l'Église grecque admet » un pouvoir, mais un pouvoir particulier, » et même elle confond, surtout en Rus» sie (1), le pouvoir politique et le pou

(1) Du Pape, tom. I, p. 91. On trouve dans cet excellent ouvrage de M. le comte de Maistre, des détails extrêmement curieux sur l'Eglise russe.

>> voir spirituel. Elle n'est donc, sous le

>>

premier rapport, qu'une société particu» lière et imparfaite; et, sous le second, » elle n'est pas même une société spiri»tuelle: ce qui est si vrai que la religion >> des Russes ne pourroit devenir celle >> d'un autre peuple, que dans le cas où ce peuple passeroit sous la domination » du même souverain.

>>

>> Toutes les communions chrétiennes, » grecques et protestantes, portent donc >> en elles-mêmes un principe de division, » de désordre et de ruine. La religion catholique forme seule une société, puisqu'on ne trouve qu'en elle un véritable pouvoir, le droit de commander, le » devoir d'obéir; société une, parce que société générale, ce pouvoir est un ;

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» parce que ce pouvoir, purement spiri

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tuel, s'étend à tous les temps, à tous les

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