Obrázky na stránke
PDF
ePub

plus dangereusement des facultés distinctes, et, par une suite nécessaire de leur nature, liées entre elles dans l'ordre inverse de celui qu'on supposoit. Les déistes ont étrangement abusé de ce faux principe; les athées mêmes s'en accommodent, et ils en ont tiré une espèce de religion où tout entre, excepté Dieu.

Nous montrons que tout sentiment suppose une vérité ou une idée préexistante dans l'entendement; car il faut connoître avant d'aimer, et l'homme aime naturellement la vérité qui est le bien des intelligences. Ainsi la foi précède l'amour, et l'amour n'est que le mouvement de l'âme, qui se porte vers l'objet de sa foi. Le bon croit à la vertu, il la regarde comme son véritable bien, et il l'aime; le méchant, qu'elle fatigue, la hait, parce que dans l'erreur de son esprit offusqué par les pas

sions, elle est à ses yeux un mal. Le bien, pour lui, c'est ce qui flatte ses penchans corrompus; il croit au plaisir, et cette foi aveugle et déraisonnable détermine un amour désordonné. Chaque croyance vraie ou fausse produit ainsi un sentiment analogue, et si l'on observe chez tous les peuples des sentimens généraux inaltérables pour le fonds, c'est qu'il s'y trouve aussi des croyances générales, conditions nécessaires de l'existence du genre humain.

Considérons sous ce point de vue la plus importante des vérités et la plus universelle des croyances. Partout, dans tous les temps, les hommes ont eu l'idée de Dieu; mais, avant Jésus-Christ, ils ne le connoissoient pas selon tout ce qu'il est ; il n'avoit encore pleinement manifesté que sa puissance, et cette notion du souverain Etre produisoit

un sentiment de respect et de crainte, dont le culte public étoit l'expression.

La sagesse éternelle se revêt de notre nature, Dieu se manifeste comme vérité; aussitôt on voit naître un sentiment nouveau; la vérité a ses témoins, ses martyrs, et les hommes qu'elle a éclairés, se dévouent à tous les travaux, à tous les opprobres, à tous les tourmens, pour la défendre et la propager; et aujourd'hui encore des millions de chrétiens mourroient avec joie dans les supplices, plutôt que de renoncer à cette vérité qu'ils ont connue.

Dieu achève de se découvrir, il se manifeste comme amour, et un amour immense s'empare du cœur de l'homme; alors, et alors seulement il commence à aimer

[ocr errors]

ses frères jusqu'à se sacrifier pour eux, en vue de celui qui nous a tant aimés (1).

[blocks in formation]

Un esprit de miséricorde pénètre toute la société; chaque misère trouve un asile, chaque douleur une consolation, chaque larme une main compatissante qui l'essuie. Et cet amour qui vient de Dieu, remontant jusqu'à lui, se perd et se renouvelle sans cesse dans le sein de l'Etre infini, devenu l'objet d'un sentiment qu'il faut éprouver pour le comprendre, sentiment si vif, si profond, qu'on a vu des hommes mourir, n'en pouvant supporter l'inexprimable douceur (1): heureuse mort qui n'étoit qu'un extase d'amour!

}

(1) « O mon Sauveur ! s'écrie sainte Thérèse, quel at>> trait dans ces eaux vivifiantes du pur amour ! Heureux >> qui pourroit s'y voir submergé, jusqu'à y perdre la » vie, au milieu de ses transports et de ses ravissemens ! » Pensez-vous que cela soit impossible? Non, sans doute. >> Notre amour pour Dieu, le désir de le posséder, de con>> fondre notre néant avec sa gloire, peut croître à l'infini, et

[ocr errors]

Parmi les principes que nous avons essayé d'établir, il n'en est point qui n'offrît de semblables applications; et que, par conséquent, nous n'eussions pu développer beaucoup davantage. Telle est même, ́nous l'osons dire, leur extrême fécondité, que peut-être y a-t-il quelque mérite â n'avoir pas cédé au désir d'indiquer au moins une partie des nombreuses conséquences qui s'en déduisent. Mais cela nous auroit souvent écarté de notre but, et nous savions d'ailleurs que dans ce siècle d'opinions et de passions, dans ce siècle de

» arriver à un tel degré que le corps ne puisse plus le sup» porter, ni arrêter une ame qui aspire à briser ses liens. >> On a vû des exemples de saintes morts, produites par cet » excès d'amour. » Chemin de la perfection, chap. XIX. Tissot parle d'un homme qu'il avoit connu, et qui étoit mort uniquement de l'excès de son amour pour JésusChrist.

« PredošláPokračovať »