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l'homme, quiconque parle de Dieu et veut être écouté, doit être court. Nous croyons cependant n'avoir omis rien de nécessaire. Ce n'est pas en disant tout, qu'on se fait le mieux entendre, mais en disant ce qui renferme tout.

Au reste, nous ne nous dissimulons pas combien de genres d'opposition doit rencontrer un ouvrage de la nature de celui-ci. On y attaque à la fois toutes les erreurs de religion, de morale et de politique, en montrant la cause d'où elles dérivent toutes. Ainsi, quiconque voudra retenir une seule de ces erreurs, devra, s'il est conséquent, nier le principe sur lequel nous prouvons que reposent toutes les vérités; mais dès lors aussi nous le défions d'éviter le scepticisme absolu.

D'un autre côté, quelques hommes de bonne foi, mais inattentifs, nous accuse

ront peut-être d'ébranler la raison humaine, parce que nous montrons qu'en effet la raison individuelle, la raison de l'homme seul, ne sauroit le conduire qu'à un doute profond, universel, puisqu'elle ne peut se prouver elle-même.

Les personnes qui nous feroient ce reproche nous auroient bien mal compris. Si nous insistons sur la foiblesse de la raison particulière, c'est pour établir ensuite la raison générale, en prouvant que les vérités primitives qui en sont le fondement, ont une certitude infinie,

:

et que

les vérités secondaires qu'elle en déduit sont égale-ment certaines d'où il suit que la raison individuelle elle-même a dès lors une règle sûre pour apprécier ses propres pensées, et qu'elle ne s'égare que lorsque l'orgueil la porte à méconnoître ou à violer cette règle. Ainsi, loin de détruire la raison,

nous la plaçons au contraire sur une base

inébranlable.

Qu'est-ce, en effet, que l'autorité à laquelle tous les esprits doivent obéir? Est-ce la force? Ce seroit absurde. Est-ce l'autorité d'un ou de quelques hommes? Non, mais la raison générale manifestée par le témoignage ou par la parole. Cette définition seule dissipe toutes les difficultés; car il est évident que la raison ne peut se manifester qu'à la raison, et la raison générale qu'à la raison individuelle, et qu'on ne sauroit par conséquent nier celle· ci sans nier celle-là.

Il est clair encore que la raison générale, la raison du genre humain et de toutes les intelligences, n'est originairement qu'une participation de la raison de Dieu, la plus générale qu'on puisse concevoir, puisqu'elle est infinie comme la vérité ou comme Dieu

même. Donc elle est infaillible; donc la raison particulière, nécessairement imparfaite, doit se soumettre à ses décisions, sous peine de ne pouvoir rien affirmer, rien croire, c'est-à-dire, sous peine de mort.

Et déjà l'on doit remarquer que le commandement de croire l'Église, ou d'obéir au pouvoir spirituel de la société chrétienne, n'est que la promulgation de cette loi universelle, immuable. Le christianisme, avant Jésus-Christ, étoit la raison générale manifestée par le témoignage du genre humain. Le christianisme depuis Jésus-Christ, développement naturel de l'intelligence, est la raison générale manifestée par le témoignage de l'Église. Ces deux témoignages ne se contredisent point; le second, au contraire, suppose. le premier, et ils se prêtent une force mutuelle. La vérité n'est pas autre; seule

ment on connoît plus de vérités; Dieu s'est manifesté davantage.

En vain l'on objecteroit l'existence du paganisme pour montrer que

nérale peut errer. Nous

la raison gé

prouverons, dans un troisième volume, que tout ce qu'il y avoit de général dans le paganisme étoit vrai, que tout ce qu'il y avoit de faux n'étoit que des superstitions locales ou des erreurs de la raison particulière, et nous ferons voir de plus qu'on connoissoit parfaitement le moyen de discerner ces erreurs des vérités primitives, et qu'en tout ce qui concerne les croyances nécessaires et les devoirs de l'homme, l'autorité du genre humain étoit reconnue pour l'unique règle de foi ou de certitude, comme les catholiques reconnoissent l'autorité de l'Église pour l'unique règle de certitude et de foi.

Nous supplions nos frères séparés, à

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