Tenez, me direz-vous, pitoyable docteur ! Tâtez mon pouls, posez vos cinq doigts sur mon cœur : A mes mains, à mes pieds, dans mes veines circule. Soit; mais qu'un rouleau d'or brille devant vos yeux, (20 Ou que votre voisine, au souris gracieux, Réponde à cet amour qu'en vos sens elle allume; 150 Et voyez si ce cœur bat comme de coutume. Autre épreuve qu'un jour on vous serve à dîné FIN DE LA TROISIÈME SATIRE. NOTES ET OBSERVATIONS SUR LA TROISIÈME SATIRE. 1) L'aiguille du cadran jusqu'à dix a monté. Les Romains divisaient le jour en douze heures; ils les comptaient, non pas, comme nous, de la première à la douzième, le matin et le soir, mais du lever et du coucher du soleil, de sorte qu'ils en comptaient plus ou moins selon les solstices. On peut donc placer la cinquième heure (quinta hora) dont il est ici question, vers les dix heures de notre matinée : la canicule dont il est parlé après y autorise pleinement. 2) Ainsi parle en grondant un maître à son élève. Ce vers qui représente ces mots du texte unus ait comitum que l'on voit au commencement du septième de cette satire, me paraît un peu éloigné de la phrase qui le fait naître. C'est peut-être une négligence de style; mais cette faute, si elle existe, se trouve dans le latin; et je ne me suis imposé ici qu'une tâche: celle de traducteur. 3) Un livre est là pourtant: le rude parchemin, La plume et le papier sont tombés sous sa main. On sait que les anciens écrivaient sur du parchemin; et, il n'y a pas bien long-temps qu'il était encore en usage chez nous; mais le Papyrus, plante d'Egypte qui servit de papier et lui donna son nom, était connu depuis plusieurs siècles à l'époque où Perse composa ses satires. 4) A ma table étaler des vases magnifiques. Je n'ai pas cru devoir m'assujettir trop scrupuleusement à ce vers de Perse Est tibi purum et sine labe salinum. C'est-à-dire, mot à mot, vous avez chez vous une salière propre et sans défaut. Le lecteur trouvera dans cette traduction de l'ouvrage de Perse bien d'autres substitutions ou modifications légères qu'elle a dû subir pour atteindre à cette dignité de style qu'exige notre langue. Il est, ainsi que je l'ai déjà fait observer dans ces notes et dans la préface, certaines expressions et tournures locales qu'on ne peut, en aucune manière, adapter à notre poésie et à nos mœurs, quelque ferme que soit d'ailleurs le désir que puisse avoir un traducteur de s'éloigner le moins possible du texte. 5) Loin! loin ces faux brillans!.... (Ad populum phaleras!) Encore un écart indispensable. A la rigueur il eût fallu dire: au peuple les harnais! mais cette locution eût été triviale et hardie. 6) Du débauché Natta. .... Ce Romain n'est cité que dans Perse. Discinctus signifie au propre qui est sans ceinture, et par extension, un homme sans ordre, un homme déréglé, un débauché. 7) Les malheureux cachés dans le taureau d'airain. (Anne magis Siculi gemuerunt æra juvenci.) Phalaris, tyran d'Agrigente en Sicile, avait fait forger un taureau d'airain dans lequel on brûlait vive et à petit feu la victime qu'on y enfermait. Après y avoir fait périr un grand nombre d'Agrigentins, Phalaris y subit lui-même le supplice dû à sa cruauté. 8) Damoclès dont l'épée était, au nœud d'un crin, On sait que Denys, tyran de Syracuse, fit placer en un repas, à sa table, sur un lit magnifique, Damoclès, l'un de ses favoris, dont la flatterie outrée affectait de rendre hommage à sa haute puissance. Dès que le courtisan y eut pris place, Denys fit suspendre au-dessus de sa tête une épée nuc tenant seulement à un crin de cheval attaché au plafond. Damoclès comprit l'allégorie et supplia de suite son maître de lui laisser quitter une place aussi dangereuse. 9) Pour ne point réciter le discours de Caton A ses derniers momens. Chacun connaît la fin tragique de Caton d'Utique, l'un des |