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RÉSUMÉ

DE LA CINQUIÈME SATIRE.

Cette satire, la plus remarquable de toutes, fait autant d'honneur au talent de Perse qu'à ses principes de morale. Son but est de démontrer que la vraie liberté consiste moins à pouvoir faire tout ce que l'on veut, qu'à savoir s'abstenir de faire ce que l'on ne doit pas c'est-à-dire, à avoir assez d'empire sur ses sens pour pouvoir diriger ses passions à son gré. Perse l'a adressée à Cornutus, son maître et son meilleur ami; il commence à dessein son éloge avec beaucoup d'emphase, afin de faire con→ naître au lecteur le caractère du personnage dont il s'agit, lequel interrompt lui-même son interlocuteur soit par modestie, soit pour l'engager à reprendre son style ordinaire, c'est-à-dire, un style simple et naturel, seul langage qui convienne à l'amitié. Cette observation amène le poète à un éloge plus modéré, mais non moins tendre et flatteur, des qualités de l'esprit et du cœur de son vertueux ami; ainsi qu'à l'expression sincère de son attachement et de son éternelle reconnaissance. Il rend grâce aux Dieux de ce qu'ils placèrent sa jeunesse en de si sages mains. Il se félicite de la conformité de ses goûts et de ses penchans avec ceux de son ami; l'attribue à l'influence céleste du même astre sous lequel ils sont nés l'un et l'autre ; et rapporte aux mêmes principes la variété de nos goûts et de nos caractères tels que l'avarice, l'amour du jeu, l'amour de la gloire, la paresse, le libertinage qui, pour la plupart, ont de si fàcheuses conséquences.

Jusques là le discours est dialogué; l'auteur entre ensuite en matière pour embrasser lui-même son sujet tout entier.

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dit

Il prouve que la liberté est la source du vrai bonheur ; non il, cette liberté qu'un esclave reçoit d'un coup de la baguette du préteur et que lui donne un bonnet, mais cette liberté qui réside dans le cœur du sage et la seule que puisse désirer l'homme vraiment vertueux. Il part du principe qu'il ne faut jamais laisser faire à un homme ce qu'il ferait mal; que la loi même, quelque bizarre et ridicule qu'elle soit en apparence, sur l'affranchissement des esclaves, n'a jamais renfermé en elle le sens qu'on lui prête; que son usage n'a été établi à Rome que pour faire connaître aux citoyens les devoirs et les fonctions qu'ils peuvent remplir dans la société ; et qui, quoique cachés sous le voile de l'allégorie, dans cette cérémonie, tombent naturellement sous les sens de tout homme qui a les intentions pures et le jugement sain. Mais que tout l'encens de l'Arabie offert en sacrifice aux Dieux immortels ne ferait point qu'un fou ne soit un fou, qu'un sot ne soit un sot, etc. etc., et qu'en défini tive ce n'est pas la faute des lois et des règles établies, si elles sont mal interprétées par ceux pour qui on les a faites. Perse démontre après cela, de la manière la plus éloquente, combieu peu sont encore maîtres d'eux-mêmes ceux qui croient ainsi jouir de leur liberté. Il les interroge sur les véritables qualités qu'ils possèdent dans cet état, et leur fait connaître celles qu'ij faut acquérir pour y être réellement. Vient ensuite cet admirable tableau de l'homme en butte aux passions qui le gouvernent. L'Avarice vient la première le trouver au lit : « lève-toi, lui ditelle, va courir toute la terre, s'il le faut, pour amasser de grandes richesses: l'argent est tout dans ce monde ; tâche d'en gagner à tout prix; pour arriver à ce but tout moyen sera bon: va, cours et sache être parjure au besoin. » Après une faible hésitation, qu'il n'éprouverait même pas, sans la crainte des Dieux, il se décide enfin à faire un voyage et à traverser les mers. Il est sur le point de partir lorsque la Volupté vient user à son tour, auprès de lui, de tous ses moyens de séduction pour le retenir. Lui qui ne sut jamais résister à ses penchans vicieux, quel parti prendra-t-il? Peut-il faire autre chose si ce n'est d'obéir tour

à-tour à ses deux tyrans et de se voir honteusement balloté de l'un à l'autre ? ́Il cède à tous les deux. Voilà pourtant l'homme qui se glorifie d'être libre et qui n'est, dans le fond, qu'un misérable esclave de lui-même! Est-il tourmenté par les caprices. ou les infidélités d'une maîtresse, il se dépite, il veut briser ses fers, il jure de ne plus voir l'objet de sa malheureuse passion et, un instant après, à la seule idée de lui causer du chagrin, le captif reprend ses chaines, il oublie ses résolutions et se croit perdu s'il abandonne l'ingrate qui fait son tourment..

Dans cette satire sont aussi peints comme des esclaves des autres et d'eux-mêmes l'ambitieux courant la ville, tout hors d'haleine, pour obtenir des voix, et celui que la crainte des Dieux mal entendue entraîne à des cérémonies superstitieuses et ridicales. Enfin, l'intention mère de l'auteur, dans cet ouvrage, est de faire voir que l'homme n'est point entièrement libre tant qu'il nourrit dans son cœur des vices et des passions, qui sont pour lui tout autant de maîtres qui le subjuguent et l'entraînent. malgré lui à sa destruction..

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SATIRA QUINTA.

AD CORNUTUM, MAGISTRUM SUUM,

DE VERA LIBERTATE.

PERSIUS, CORNUTUS.

PERSIUS.

VATIBUS hic mos est centum sibi poscere voces,

Centum ora,

et linguas in carmina centum ;

Fabula seu mæsto ponatur hianda tragado,

Vulnera seu Parthi ducentis ab inguine ferrum.

CORNUTUS.

Quorsum hæc ? aut quantas robusti carminis offas.
Ingeris, ut par sit centeno gutture niti ?
Grande locuturi nebulas Helicone legunto,

Si quibus aut Prognes, aut si quibus olla Thyestæ
Fervebit, sæpe insulso cænanda Glyconi.

Tu neque anhelanti, coquitur dum massa camino,

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