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Ont loué Cratinus dans sa bouillante audace, (26 190 Qui du fier Eupolis osez suivre la trace, (27

Et qui d'Aristophane admirez les écrits; (28
Lisez mes faibles vers, s'ils ne sont pas sans prix.
Plein de ces bons auteurs que votre esprit s'éveille
Et prête à mes accents une attentive oreille.
Je ne veux pour lecteurs ni du grossier faquin
Qui va berner un grec jusqu'en son brodequin,
Ou chercher nos défauts dans les traits du visage;
Ni du petit édile, important personnage,

Qui croit de la patrie avoir tout mérité

200 Pour avoir dans un bourg usé d'autorité ;

Ni de ce plat bouffon dont les traits satiriques
Frondent un philosophe ou les mathématiques,
Tandis que, sans pudeur, sa joie éclate et part
A l'aspect d'une fille insultant un vieillard;
Qu'ils visitent, à jeun, l'antre de la chicane,
Et digèrent, le soir, chez une courtisane.

FIN DE LA PREMIÈRE SATIRE.

NOTES ET OBSERVATIONS

SUR LA PREMIÈRE SATIRE.

1) Certes, Polydamas et le peuple Troyen.

Polydamas, guerrier troyen dont il est fait mention dans le 12me livre de l'Iliade. Tout porte à croire que Perse a eu l'intention de désigner sous ce nom l'empereur Néron, qui était grand partisan de la nation troyenne. Toutefois, comme le personnage dont il est ici question était d'un esprit rare et fort réputé par son éloquence, on ne voit pas trop de quel sel pourrait être l'application ironique de l'auteur. Mais il y a eu plusieurs autres Troyens de ce nom, plus obscurs que celui dont on vient de parler, et c'est, sans doute, l'un d'eux que Perse aura voulu désigner.

2) Ont pu me préférer Labéon ; c'est fort bien.

Labéon, mauvais poète latin, assez connu sous le règne de Néron par sa traduction de l'Iliade. On assure qu'il faisait usage d'ellébore pour s'échauffer la verve. On peut juger par le vers suivant de l'effet que ce remède produisait en lui : Crudum manduces Priamum, Priami que pisinnos.

3) Est-ce là ce qu'un jour, pour vous grand jour de fête.

Dans le temps que l'imprimerie n'était point encore connue, la première publication d'un ouvrage se faisait, à Rome, en présence d'une nombreuse assemblée où se réunissaient tous les littérateurs distingués de l'époque. Cette sorte d'académie ou de censure ne jugeait point en dernier ressort, mais ses suffrages ou son improbation fixaient l'auteur sur le plus ou moins d'exemplaires qu'il devait tirer de son manuscrit, lesquels décidaient ainsi, par la suite, du sort de l'ouvrage publié.

4) Comme aux obscénités qui chatouillent leurs scns.

Les convenances de style qu'exige notre poésie ne permettent pas de rendre ici fidèlement la leçon latine lumbum intrant qui est dans le texte. On trouve dans le livre de Perse une foule d'expressions de ce genre qui, pour la plupart, ont été modifiées par les traducteurs.

5) Des amours d'Hypsipyle et de ceux de Phyllis.

Hypsipyle, reine de Lemnos, fille de Thoas, fut abandonnée par Jason son amant. Phyllis, fille de Lycurgue, roi de Thrace, se jeta dans la mer, de désespoir, se croyant trahie par Démophon, fils de Thésée, roi d'Athènes. Perse veut, sans doute, rappeler ici quelques mauvais poèmes sur les amours malheureuses de ces deux princesses.

6) 0 Janus, grand Janus ! monarque à double face!

Janus, le plus ancien roi de l'Italie. On le représentait avec une tête à deux visages parce qu'il marquait le premier jour de l'année, et qu'il voyait en même temps la fin de la précédente et le commencement de la nouvelle. C'est de son nom qu'a été tiré celui de notre premier mois (Januarius), Janvier.

7) Derrière toi, du moins, nul n'a fait la grimace,
Ni le bec de cigogne, ou la langue du chien,
Ou les oreilles d'âne....

Tournures basses et triviales qu'un poète, même traducteur, ne saurait hasarder qu'en tremblant dans notre poésie, mais auxquelles il se voit néanmoins obligé de recourir, s'il ne veut pas dénaturer ou affaiblir les pensées de l'auteur dont il est l'interprète.

8) Voilà bien les flatteurs; mais aussi voyons-nous
De jeunes écrivains, d'un vain succès jaloux,
Traiter en vers pompeux un sujet héroïque,
Et dont l'art échoûrait au seul tableau rustique
D'un parc et ses troupeaux, etc.

Boileau a dit dans le 3me chant de son Art poétique :

Un poème excellent, où tout marche et se suit,
N'est pas de ces travaux qu'un caprice produit.

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