A MONSIEUR LE DUC DECAZES, GRAND RÉFÉRENDAIRE DE LA CHAMBRE DES PAIRS. Quand j'eus mis la dernière main Non, demain. Non, il te faut un personnage Eh bien, va, cours, cherche en tous lieux Et que j'élève aux cieux l'intrigue Tout haut mérite encor vivant? Ne sais-tu point..... - Je sais, Madame, Tout ce qui reste dans votre âme De conscience et de vertu, Je veux un homme dont la bouche, Ne doive à l'infidélité Aucun succès ni vain ni louche, Sans craindre ni la liberté Ni des tyrans l'humeur farouche, Tous les extrêmes de côté. Qui jamais ne dissimula, Cet homme excellent que j'honore, Au pouvoir malgré tout cela. Où donc trouver cet homme là? Reprit encor la noble reine; En vérité j'aurai grand peine A découvrir ce phénomène : Voyons pourtant par-ci par-là. Elle dit, et puis s'envola. Après une course incertaine Dans mainte région lointaine Elle revint tout hors d'haleine, -Je l'ai trouvé, tiens, le voilà Des sentimens purs et sacrés Dont tes accens sont pénétrés. Il sut enchaîner la licence, Il sut restreindre la puissance Et des Tarquins et des Brutus. L'impiété, le fanatisme, L'anarchie et le despotisme, Ses ennemis, sont abattus. Les rois, vengés d'un vain caprice, Sur le trône de la justice Déjà rappellent ses vertus ; Et moi, souveraine interprête, Je viens déposer sur sa tête Le laurier de Cincinnatus. VIE DE PERSE. PERSE (Aulus Persius Flaccus) naquit l'an 34 de J. C., sous le règne de Néron; selon les uns, à Volterre en Toscane, et selon les autres, à Tigulia dans la Ligurie, d'une famille de chevaliers ancienne et illustre. Il était encore dans le bas âge, lorsque son père mourut; sa mère se remaria à Fusius, chevalier romain, et devint veuve une seconde fois peu de temps après. A l'âge de douze ans, Perse fut envoyé à Rome, et confié au grammairien Remmius Palémon et au rhéteur Verginius Flaccus. Trois ou quatre ans après, il fut mis entre les mains du 2 |