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S XXX.

LE SAGE SEUL EST RICHE.

Tout bien périssable ne peut être considéré comme un vrai bien; tout trésor que le caprice de la fortune peut nous ravir n'est point une possession. Il n'est de solides richesses que celles que la vertu nous procure, parce qu'elles sont inaliénables et qu'elles s'attachent à nous pour toujours: aussi le sage s'empresse-t-il de les acquérir.

S XXXI.

LE SAGE SAIT OBÉIR.

Le sage n'ignore pas que dans ce monde chacun doit avoir sa chaîne ou son fardeau; il porte l'un ou l'autre sans murmurer et n'en rougit pas. Que dis-je ? il les porterait lors même que son destin y attacherait son humiliation; dut-il en être accablé. Mais son caractère est si beau, sa vertu est si grande que l'humilité même ne serait point une vertu pour lui; car le vice seul peut s'humilier, et le sage ne connaît pas le vice. Il sait obéir, parce qu'il a appris à commander; et il peut commander parce qu'il a su obéir.

§ XXXII.

LE SAGE SEUL EST NOBLE.

on en

Qu'est-ce que la noblesse ? c'est la vertu. (Nobilitas sola est atque unica virtus. Juv.) Par le mot de vertu, tend ici toutes les qualités de l'âme qui en dépendent, ainsi que les talens, fruits de l'étude et du travail. La sagesse, la valeur, le génie, sont les seuls titres qui doivent mener l'homme à la considération publique et aux honneurs. Le pauvre sans naissance qui les possède, est aussi près d'être noble que le grand seigneur, oisif et ignorant, en est éloigné. Le sage ne connaît qu'une véritable marque de noblesse, la vertu ; il n'honore que les noms illustrés par le mérite : le sage seul est noble, parce que la vertu seule fait les sages.

S XXXIII

LE SAGE EST AGRÉABLE A TOUS; IL PERSUADE.

Le sage parle peu, car il réfléchit beaucoup; mais le peu qu'il dit est bon. Il est clair et conçis dans ses narrations ; il a de la précision dans ses discours; et il ne plaît à ses auditeurs que parce qu'il ne prend la parole que pour eux.

E

L'art de persuader les autres consiste dans la conviction intime que l'orateur a de ce qu'il dit, et dans l'entière abnégation qu'il sait y faire de lui-même. Or le sage n'admet que ce qui concourt au bien général de la société, et il connaît la route qu'il faut prendre pour cela. Le sage parle peu, mais, lorsqu'il parle, il est toujours éloquent.

S XXXIV.

LE SAGE EST UN TRÈS-BON MÉDECIN.

Le meilleur préservatif c'est la tempérance, aussi le sage n'est-il que très-rarement malade. Si la nature a été ingrate envers lui, il supplée à cette disgrâce en appelant la raison à son aide, et la raison devient son médecin. Si elle le guérit, il se console; si elle ne le guérit pas, il se console encore parce qu'il est sage, parce que sa plainte serait inutile, et parce qu'il sait que tout a une fin.

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S XXXV.

LE SAGE NE MENT POINT.

Comment le sage mentirait-il ? Dans toutes ses vues, dans toutes ses démarches, dans toutes ses actions, il ne cherche

qu'une seule chose, la vérité. Il aime la sagesse parce qu'elle est pure, la vertu parce qu'elle est consolante, la science. parce qu'elle est certaine, la justice parce qu'elle est équitable. L'intention du mensonge peut être plus ou moins condamnable; il en a trois principales, savoir l'intérêt personnel, la malignité et la complaisance. Cette dernière, qui se présente à notre esprit sous un certain aspect favorable est en effet celle qui a le plus de droit à notre indulgence; mais elle est pourtant une faiblesse, et le sage n'est point faible. Quant aux deux premières, elles sont vicieuses, et le vice est encore moins du domaine du sage.

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§ XXXVI.

LE SAGE NE FAIT RIEN AU-DELA DE CE QUE L'APPÉTIT
NATUREL REQUIERT..

La modération, la prudence, le désintéressement sant, les principales bases sur lesquelles la sagesse a fondé sa movale; et l'homme n'a bien mérité le nom de sage qu'après qu'il les a toutes observées et qu'il s'en est fait une règle invariable de conduite. Le déréglement des passions et l'abus immodéré des plaisirs sont les plus cruels ennemis du bonheur, parce qu'ils engendrent le dégoût en épuisant, par degrés, les sources de la vie. Le sage n'est point désordonné parce qu'il est prévoyant; il n'est ni gourmand, ni luxurieux, parce qu'il aime moins ses plaisirs que sa gloire. Les plaisirs se dévorent entr'eux et s'éteignent dans la jouissance : la gloire, au contraire, est inépuisable dans ses bienfaits, et redouble d'éclat par la lumière mène qu'elle répand. Le sage

n'aura donc d'autre guide dans ses plaisirs que le besoin et consacrera tout le reste de son temps à sa gloire.

S XXXVII.

LE SAGE EST PAISIBLE ET DOUX.

Ira furor brevis est, ont dit Horace et Sénèque : la colère est une courte démence; mais, comme le sage est parfaitement sain d'esprit il ne se met jamais en colère. Lorsque ceux qui sont livrés à son service ou ont été confiés à ses soins se rendent coupables de quelque faute qui mérite correction, il leur en inflige froidement la peine sans fiel et sans aigreur, afin de ne pas lui donner un caractère de malice qui, en blessant sa propre dignité, détruirait peut-être l'effet qu'il en attend. Quand un homme est irrité et que ses esprits ne sont pas dans une disposition calme et naturelle, la correction devient une sorte de vengeance personnelle; et la vengeance obscurcit ou indisposé l'erreur au lieu de la dissiper. Le sage est impassible; il ne se livre jamais à ces fougueux transports de l'âme dont les autres hommes sont agités, et n'agit que dans le calme du recueillement.

§ XXXIII.

LE SAGE EST MODESTE.

Que de ressources dans la modestie! elle donnerait, au besoin, de la dignité même à l'ignorance!.... La modestie

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