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tème de philosophie. Un pareil soupçon ne nous atteint pas, et à Dieu ne plaise qu'on ne puisse s'expliquer autrement les efforts d'un défenseur de la religion! Non, non, nous ne sommes pas de ces chercheurs de bruits, si bien nommés, par saint Jérome et par Tertullien, des animaux de gloire. Qu'ils poursuivent ce grand fantôme jusqu'à en perdre haleine; pour moi, je n'aime pas les chimères. Et y eût-il quelque chose de réel dans cette gloire, encore seroit-il vrai que, puisqu'elle naît et meurt dans le temps, elle n'a rien qui puisse satisfaire un être que Dieu a fait pour l'éternité. Et le chrétien qui sait ce qu'il est a pitié de ces vains rêves de l'orgueil humain, et ne connoît et ne veut ici-bas, à l'exemple de l'Apôtre, d'autre gloire que la croix : Mihi autem absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri Jesu-Christi '.

Nous le dirons avec franchise, aucune des

ner incessamment une Collection des meilleurs apologistes de la religion chrétienne; persuadés qu'ainsi réunis ils produiront une plus vive impression sur les esprits. Vis unita fortior.

▪ Epist. ad Galat. VI, 14.

difficultés qu'on a proposées contre le deuxième volume de l'Essai ne nous paroît solide, ni même plausible pour quiconque a lu cet ouvrage attentivement. Mais, puisqu'elles ont été faites, il est de notre devoir de les éclaircir, et c'est le but de cet écrit. Quant à l'ordre que nous suivrons, il nous paroît convenable d'examiner d'abord l'origine de la philosophie, et de montrer les inconvéniens de ses divers systèmes. Nous exposerons ensuite les principes développés dans l'Essai, nous en ferons voir l'importance, et enfin nous répondrons aux objections des adversaires. Cette controverse pacifique répandra, nous l'espérons, un nouveau jour sur un sujet qu'on ne sauroit trop approfondir, et nous osons présumer qu'en finissant nous pourrons répéter avec confiance ces belles paroles d'un Père: « La force de la vérité est grande, et, quoi<< qu'elle puisse être entendue par elle-même, «elle brille encore plus cependant par les « objections qu'on y oppose; toujours immo«bile, elle s'affermit par les coups qu'on lui <<< porte

I

S. Hilar. Pictav., de Trin., lib. VII.

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De la philosophie, de son origine, et de ses divers systèmes.

L'objet de la philosophie est la recherche de la vérité, et presque toutes les erreurs qui sont dans le monde, et surtout les plus dangereuses, sont nées de cette vaine recherche. Il n'y a point d'absurdité qui n'ait été dite par quelque philosophe, comme le remarquoit Cicéron. Les philosophes, anciens et modernes, ont tout contesté, tout nié ; et ce n'est pas leur faute, s'il est resté quelque croyance sur la terre.

Cela seul prouveroit qu'il existe un vice radical dans la philosophie, un inconvénient

1 Nihil tam absurdum dici potest, quod non dicatur ab aliquo philosophorum. De Divinatione, lib. II, n. 38.

commun à ses divers systèmes, quelque chose en un mot d'opposé à la nature de l'homme; car la vérité est la vie de son intelligence, il ne subsiste que parce qu'il croit, et la raison qui le distingue des animaux, qui le fait homme, n'est que la vérité connue.

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Aussi retrouve-t-on partout certaines vérités premières universellement crues, malgré les efforts qu'on a faits pour les obscurcir. Elles s'élèvent au-dessus de la nuit des doctrines philosophiques, et brillent dans une région plus haute, comme l'éternel phare de l'esprit humain.

Les peuples n'eurent d'abord d'autre philosophie que la religion : ils ne cherchèrent point la vérité hors des traditions primitives; elles suffisoient à leurs desirs comme à leurs besoins. Au lieu de s'égarer dans les rêves d'une curiosité dangereuse, ils se reposoient dans la sécurité de la foi. Les croyances des pères, transmises aux enfans, se perpétuoient naturellement dans la famille et dans la société, dont elles étoient la hase; et c'est ainsi que se conservèrent les hautes et importantes notions de la Divinité, de l'immortalité de l'ame, des peines et des récompenses futures,

et les grands préceptes de morale qu'on retrouve chez toutes les nations.

Les Hébreux en particulier ignoroient complètement cette science du doute, cet art de chercher et de disputer qu'on a nommé philosophie. La tradition proclamée par une autorité vivante étoit leur règle; et, lorsque dans les derniers temps quelques esprits altiers s'en écartèrent, on les vit tomber aussitôt dans des erreurs mons

trueuses que le corps de la nation repoussa toujours.

L'Orient, si fameux chez les anciens par ses traditions, ne dut sa réputation de sagesse qu'au soin avec lequel on y conservoit les croyances et les connoissances antiques. Ce n'est pas que cette vieille terre, où l'homme entendit pour la première fois la voix de Dieu et reçut ses lois, fût exempte d'erreurs. Mais, au milieu même des superstitions qu'enfantèrent les passions humaines ainsi que l'orgueil de la raison, les vérités primordiales s'étoient mieux conservées; et c'est là, c'est en Orient, que Pythagore, Platon, et

Les Sadducéens.

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