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tous les plus grands génies de la Grèce, alloient, pour ainsi dire, les reconnoître et les contempler.

On a remarqué de tout temps que les peuples de l'Asie avoient, dans leurs doctrines leurs lois, leurs mœurs, une fixité qui contraste singulièrement avec l'extrême mobilité des opinions et des institutions chez les peuples de l'Europe, avant l'établissement du christianisme. On a cherché la raison de cette différence dans le climat, et le climat n'y est pour rien. C'est une des folies de ce siècle de vouloir expliquer les choses morales par des causes physiques. Un ciel nébuleux ou serein, la diversité des alimens, quelques degrés de chaleur de plus ou de moins, ne changent pas la nature de l'esprit de l'homme; et tout ce matérialisme, aussi ridicule qu'absurde, ne mérite pas même d'être réfuté: Il n'y avoit anciennement plus de fixité chez les Orientaux, que parce qu'il y avoit plus d'obéissance, plus de foi; et le même principe a produit le même effet dans les nations chrétiennes. Le respect, pour les traditions lioit le passé au présent, et réprimoit l'ardeur d'innover, fruit de l'orgueil et de

cette inquiétude secrète qui tourmente le coeur humain.

Tel étoit, sous ce rapport, l'état du monde, lorsqu'au sein du désordre et des institutions populaires naquit une philosophie distincte de la religion, et essentiellement opposée au principe sur lequel les hommes avoient jusquelà réglé leurs croyances.

Quelques individus séparés de la société ancienne avoient été jetés, par des événemens qui nous sont inconnus, sur les côtes de la Grèce. Abandonnés à eux-mêmes, ils devinrent de véritables sauvages, c'est-à-dire, des hommes dégradés. La raison et les traditions s'affoiblirent chez eux simultanément *. Ils

⭑ «Les philosophes, dit le judicieux P. Thomassin, se <«< donnant la liberté de raisonner sur des points de fait, « sans se régler par l'Écriture, ou par la tradition géné« rale du monde, sont tombés dans plusieurs extrava<< gances » (Méthode d'étudier et a'enseigner les historiens, chap. 1, pag. 14). Plus loin, il observe que l'on trouve dans Ovide des idées plus justes sur la création de l'homme que dans Platon même. « Il confesse, ce qu'il « ne peut avoir appris que par la communication de l'ancienne histoire, que l'homme fut formé à l'image de << Dieu, pour dominer l'univers, par l'autorité d'une

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perdirent surtout l'habitude de l'obéissance et la vraie notion du pouvoir; et lorsqu'après s'être multipliés ils sentirent le besoin d'un gouvernement, ils voulurent garder dans l'état social l'indépendance de l'état qui avoit précédé. De là une multitude d'institutions arbitraires, variables, et, sous le nom de république, une forme nouvelle de police dont les combinaisons changeoient sans cesse, et qui tenoit les peuples toujours agités.

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<< ame raisonnable et intelligente, à laquelle tout le monde corporel n'a rien d'égal et rien de semblable » (Ibid, pag. 18). Parlant ensuite des sentimens naturels de pudeur qu'on retrouve chez tous les peuples, et que certains philosophes ont combattus, « Les cyniques mêmes, dit-il, « se laissèrent enfin entraîner à la violence de la nature « et au consentement de toutes les nations: Vicit pudor « naturalis opinionem hujus erroris, etc. Plus valuit pudor, « ut erubescerent homines hominibus, quam error, ut ho« mines canibus esse similes affectarent (S. Aug.). Ces << philosophes nous fournissent ici une nouvelle preuve «< de ce que nous avons dit, que la philosophie a gáté « la raison, quand elle s'est opposée au torrent de la « tradition historique, qui étoit venue successivement de« puis nos premiers pères jusqu'à nous, et dont l'Écriture « étoit ou l'origine ou la principale dépositaire » ( Ibid, pag. 21).

Les passions remuent l'esprit et développent les arts; et comme il n'y eut jamais plus de passion que dans la Grèce, jamais non plus les arts de l'esprit et d'imitation ne furent cultivés davantage, et ne s'élevèrent à un plus haut degré de perfection.

Cependant ce peuple si brillant n'a rien fondé, rien établi de durable, et il n'est resté de lui que des souvenirs de crimes et de désastres, des livres et des statues.

Ingénieux dans ses arts, dans sa littérature dans ses lois même, il manqua toujours de raison. La vérité, comme la vertu, étoit soumise dans la Grèce menteuse à une sorte d'ostracisme, et ce peuple, enfant corrompu, se faisait un jeu de tout, de la religion comme de la société, du gouvernement comme des

mœurs.

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Ce caractère d'erreur et de licence a sa cause dans le principe de la souveraineté de l'homme, qui avoit prévalu dans ses lois, ses institutions, sa philosophie. On se mit à raisonner sur tout, à chercher la vérité en soimême; en un mot, on soumit les croyances reçues, la tradition, au jugement particulier de chacun, et toutes les verités furent bien

tôt contestées ou obscurcies; il y eut autan d'opinions que de têtes; chaque école enfanta des écoles nouvelles, comme chez les protestans chaque secte enfante une multitude d'autres sectes les uns nièrent Dieu, sa providence, la création, la vie future, la distinction du bien et du mal; d'autres admirent quelques-unes de ces antiques croyances, mais en les altérant plus ou moins, selon les caprices de leur raison; plusieurs enfin s'arrêtèrent dans un doute universel.

Tel fut la philosophie des Grecs, philosophie contre nature, et qui détruit la raison humaine en rompant le lien qui unit les esprits entre eux et à la raison divine elle-même.

Transportée chez les Romains, cette philosophie ne tarda pas à y produire les mêmes effets. Il n'y eut rien dont on ne disputât. Le doute prit la place des croyances, et toutes les vérités ébranlées entraînèrent les lois, les mœurs, et l'empire même dans leur chute.

Le monde périssoit, Jésus-Christ paroît : Il vient, dit saint Augustin, avec le grand remède de commander la foi aux peuples. Les

Le passage de saint Augustin d'où sont tirées ces

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