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Au fond, dès que l'on conteste, il faut un juge, ou rien n'empêche que la contestation ne soit éternelle. Qui sera juge entre l'athée et celui qui croit en Dieu, entre le chrétien et le déiste? La raison, dites-vous; mais la raison de qui? Sera-ce la vôtre, ou celle de l'athée? Devrez-vous soumettre votre jugement au sien, ou devra-t-il soumettre son jugement au vôtre? Chacun de vous n'a-t-il pas en soi, selon votre philosophie, la règle de ses croyances? Chacun de vous n'est-il pas indépendant? Donc point de juge entre donc point de décision possible. Vous direz qu'il se trompe, il en dira autant de vous; et tant que vous n'aurez que votre raison à opposer à sa raison, votre conviction à sa conviction, jamais rien ne finira, jamais Vous ne pourrez exiger qu'il admette comme vrai ce qui ne lui paroît, ni clair, ni évident, ni démontré.

vous,

Voyons maintenant comment on établit, par la méthode catholique de l'autorité, toutes les vérités nécessaires, sans paralogisme, sans cercle vicieux, et avec autant de simplicité que de force.

Pour commencer par l'athée, voici ce qu'on

ui dira: « Je ne prétends point vous démontrer x la raison par la raison, chose évidemment « impossible, puisque, la raison qui démon<< treroit étant la même raison qu'il s'agiroit « de démontrer, on la supposeroit à la fois <«< certaine et incertaine. Je ne prétends point « vous prouver qu'il y ait un rapport néces<«<< saire entre ce que nous percevons comme << vrai, et une vérité essentielle, éternelle, << immuable, qui soit hors de nous. Je ne vous <«< demande pas même de convenir avec moi <«< d'un premier principe qui serve de base << à nos raisonnemens; car nous pourrions fort << bien ne pas nous accorder sur ses consé«quences. Je vous ferai seulement une ques<<tion Croyez-vous ou non à la raison hu«maine, quelle qu'elle soit?

« Si vous me répondez que vous ne croyez << pas à la raison humaine, alors ne me pressez « donc plus de raisonner, de vous donner « des preuves, de résoudre vos objections; «< cessez de raisonner vous-même, cessez de << penser, cessez de parler, car vous ne pou<< vez parler sans énoncer un jugement, sans <«< faire dès lors un acte de raison, et sans par << conséquent témoigner votre foi en cette même

<< raison à laquelle vous ne croyez pas, dites<< vous. Prononcer un mot, faire un signe, agir, << vouloir, c'est manifestement vous contredire <<< vous-même.

« Si vous me dites que vous croyez à la <«<< raison humaine, c'est dire, en d'autres << termes, que vous admettez comme vrai ce << que la raison humaine atteste être vrai. Or, <«<< rien ne fut jamais plus constamment, plus << unanimement attesté conime vrai par la rai<< son humaine ou la raison du genre humain, « que l'existence de Dieu: donc vous croirez <«<< que Dieu existe, ou vous nierez la raison <<< humaine. >>

Cherchons maintenant ce que l'athée pourroit essayer de répondre à ce raisonnement.

Dira-t-il, Je crois à ma raison individuelle, mais je ne crois point à la raison que vous appelez humaine, ou à la raison de tous les hommes ? Ce seroit supposer que tous les hommes peuvent être perpétuellement et invinciblement abusés par l'erreur. Or, sa raison n'étant pas d'une autre nature que la leur, il n'a plus lui-même nulle assurance de n'être pas perpétuellement abusé comme eux par une errcur invincible; dès lors, s'il est consé

quent, il ne peut croire à rien, et, sans pouvoir s'en defendre, il tombe -dans le scepticisme le plus absoln.

Dira-t-il qu'il ignore si le genre humain a, en effet, toujours attesté l'existence de Dieu ? D'abord, c'est un fait dont personne ne doute, et que les athées même avouent. Il peut donc, s'il veut, s'en assurer comme eux, et par les mêmes moyens qu'eux. S'il nie qu'il lui soit possible de connoître un fait de cette nature, c'est nier qu'il lui soit possible de comparer le témoignage de sa raison particulière avec le témoignage de la raison humaine. Dès lors, n'ayant que sa seule raison pour base et pour règle de ses croyances, raison incertaine dans son principe, et faillible dans ses jugeil est encore obligé de douter de tout; c'est-à-dire qu'il lui faudroit, pour être conséquent, anéantir son intelligence.

mens,

En second lieu, quiconque diroit, je ne sais pas si le genre humain croit en Dieu, seroit universellement déclaré menteur ou fou. Personne ne croiroit qu'il ne croit point; donc il diroit une chose incroyable, ́un mensonge ou une folie. Or, forcer un homme de dire des choses telles, que tous les autres hommes

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le déclarent fou ou menteur, c'est tout ce qu'on peut obtenir, tout ce qu'on peut demander la puissance du raisonnement ne s'étend pas plus loin.

Il est bon d'observer que la preuve que nous venons d'employer contre l'athée est de même nature que les preuves ordinaires qu'on lui oppose, mais seulement beaucoup plus forte, 1o parce qu'elle renferme implicitement toutes les autres, 2° parce qu'elle repose sur une base inébranlable, et que la philosophie n'a pas su donner aux siennes.

Cette preuve est de même nature que les preuves ordinaires; car en quoi consiste proprement une preuve? On part d'une vérité, d'un principe supposé incontestable, et montrant sa liaison avec la conséquence qu'on veut prouver, on oblige l'adversaire à avouer cette conséquence, ou à nier le principe d'où on l'a déduite. Or, ce principe, celte vérité, qu'est-ce? une partie de la raison humaine. Nous en usons de même avec l'athée; et la seule différence qui existe à cet égard, entre notre preuve et les preuves particulières par lesquelles on le combat ordinairement, est que nous le forçons de nier, non

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