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autorité même. On peut faire des objections sans fin, ou plus ou moins spécieuses, contre les croyances générales de l'Église, et contre son autorité même.

Cependant, si l'homme abandonne la règle de l'autorité, sa raison, sans appui et sans guide, vient s'éteindre, à l'égard des choses humaines, dans un doute universel. Il en est ainsi du chrétien, à l'égard des choses divines.

Point de certitude, point de raison, point de vie pour l'homme, hors de la société.

Point de certitude, point de foi, point de vie pour le chrétien, hors de l'Eglise.

« C'est une erreur de s'imaginer qu'il faille << toujours examiner avant que de croire. Le << bonheur de ceux qui naissent, pour ainsi « dire, dans le sein de la vraie Église, c'est <«<< que Dieu lui ait donné une telle autorité, « qu'on croit d'abord ce qu'elle propose, et « que la foi précède ou plutôt exclut l'exa<< men.... Parmi les vrais chrétiens on croit « d'abord.... De cette sorte on ne passe pas, << comme parmi nos réformés, d'un état de <«<< doute à un état de certitude, ou.... d'une <«<< foi humaine à une foi divine. La foi divine « se déclare d'abord dès les premières ins

<«<tructions de l'Église; et cela ne seroit ja<< mais, n'étoit que son infaillible autorité pré<<< vient tous nos doutes et tout examen 1».

Le bonheur de ceux qui naissent pour ainsi dire dans le sein de la société, c'est que Dieu lui ait donné une telle autorité, qu'on croit d'abord ce qu'elle propose, et que la foi précède ou plutôt exclut l'examen. Parmi les hommes vraiment raisonnables, on croit d'abord. De cette sorte on ne passe pas, comme parmi nos philosophes, d'un état de doute à un état de certitude, ou d'une foi individuelle à une foi humaine. La foi humaine se déclare d'abord dès les premières instructions de la société ; et cela ne seroit jamais, n'étoit que son infaillible autorité prévient tous nos doutes et tout examen.

Comment l'homme connoît-il l'autorité du genre humain, et s'assure-t-il de ses décisions? Comme le chrétien connoît l'autorité de l'Église, et s'assure de ses décisions.

Il y a des hommes qui peuvent n'être pas

· Réflexions sur un écrit de M. Claude. OEuvres de Bossuet, tom. XXIII, pag. 362 et 374; édition de Versailles.

à portée de connoître les décisions du genre humain sur différens points. Il y a des chrétiens qui sont dans le même cas par rapport aux décisions de l'Église.

Toutes les difficultés que vous ferez à l'hoinme sur cette règle de ses croyances, on les fera au chrétien sur la règle de sa foi.

Tout ce que vous répondrez pour le chrétien, on le répondra également, et avec autant de raison, pour l'homme.

En un mot, on est chrétien par le même principe qu'on est homme; et ce principe est notre nature même. C'est pourquoi, dès qu'on attaque la règle de foi du chrétien, on détruit la vérité, la certitude, l'intelligence, et l'homme tout entier.

Lorsque, dans son état naturel ou parfait, sortant des mains du Créateur, il naquit à l'intelligence, quelle fut l'origine de ses pensées, la règle de sa raison, le fondement de sa certitude? Dieu lui parla, et il crut à sa parole; il crut sur une autorité infinie. Voilà le commencement et la base de la tradition universelle, l'explication de notre raison et sa loi immuable. Mais un esprit plus puissant, un esprit mauvais, le séduit bien

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tôt et l'égare. Vous serez comme des dieux1 dit-il à nos premiers parens; c'est-à-dire, Vous serez à vous-même votre lumière, vous trouverez en vous la vérité, votre raison ne dépendra que d'elle-même. Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal : jusqu'ici vous avez cru sur le témoignage d'un autre être, maintenant vous saurez, et vous ne croirez que sur votre propre évidence. Ainsi l'homme, qui possédoit la vérité parcé qu'il croyoit, ne se contente plus de la foi, il veut savoir, il veut juger; et à l'instant le doute et l'erreur entrent dans le monde pour n'en plus sortir qu'à la fin des temps, lorsque la religion, fondée sur la foi et l'autorité, triomphera de toutes les fausses opinions enfantées par la raison ignorante et présomptueuse. Alors une dernière et éternelle manifestation de Dieu rétablira l'ordre troublé par l'orgueil, et affermira pour jamais la règle de la vérité, en soumettant toute intelligence à l'intelligence infinie. Jusqu'à ce moment il y aura deux règnes, celui de Dieu et celui de l'homme; il existera deux sociétés, une société de foi pour con

1 Eritis sicut dii, scientes bonum et malum. Genes III, 5.

server la vérité sur la terre, et une société de science qui perpétuera l'erreur et de ces deux sociétés, toujours en guerre comme le bien et le mal, comme la lumière et les ténèbres, l'une, immuable dans ses principes et infaillible dans son enseignement, reposera constamment sur une autorité qui remonte jusqu'à Dieu; et l'autre, sans principes fixes, sans stabilité, sans unité, n'aura d'autre base que la raison variable et incertaine de chaque homme. Le christianisme, source de toute vérité et de tout ordre, le christianisme, qui a commencé avec l'homme, est la loi de cette première société ; la philosophie, source de toute erreur et de tout désordre, la philosophie, qui a commencé au moment où l'homme succomba pour la première fois à la tentation de savoir, est la loi de la seconde.

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