Obrázky na stránke
PDF
ePub

bord conduits à douter de la réalité des objets extérieurs, et bientôt après de la vérité de leurs sentimens mêmes. C'est l'idéalisme, enseigné par Kant, et modifié par ses disciples. Sous quelque forme qu'on le présente, ce système n'est, comme le précédent, que le scepticisme pur.

Le troisième système est le dogmatisme, ou le système de ceux qui fondent la certitude sur le raisonnement. Inventé par Descartes, et adopté par l'école, il fut attaqué à sa naissance par d'excellens esprits, et nous allons en effet nontrer qu'au fond il n'est pas moins dangereux, moins sceptique, que les deux autres.

CHAPITRE III.

Descartes.

« On avoit philosophé trois mille ans durant « sur divers principes, et il s'élève dans un << coin de la terre un homme qui change toute << la face de la philosophie, et qui prétend << faire voir que tous ceux qui sont venus avant << lui n'ont rien entendu dans les principes de <<< la nature. Et ce ne sont pas seulement de « vaines promesses, car il faut avouer que ce « nouveau venu donne plus de lumières sur la <<< connoissance des choses naturelles, que tous << les autres ensemble n'en avoient donné. Ce. <<< pendant, quelque bonheur qu'il ait eu à faire, << voir le peu de solidité des principes de la << philosophie commune, il laisse encore dans «<les siens beaucoup d'obscurités impénétra«bles à l'esprit humain. Ce qu'il nous dit,

gou

perdirent surtout l'habitude de l'obéissance et la vraie notion du pouvoir; et lorsqu'après s'être multipliés ils sentirent le besoin d'un vernement, ils voulurent garder dans l'état social l'indépendance de l'état qui avoit précédé. De là une multitude d'institutions arbitraires, variables, et, sous le nom de république, une forme nouvelle de police dont les combinaisons changeoient sans cesse, et qui tenoit les peuples toujours agités.

[ocr errors]

<< ame raisonnable et intelligente, à laquelle tout le monde corporel n'a rien d'égal et rien de semblable » (Ibid, pag. 18). Parlant ensuite des sentimens naturels de pudeur qu'on retrouve chez tous les peuples, et que certains philosophes ont combattus, « Les cyniques mêmes, dit-il, « se laissèrent enfin entraîner à la violence de la nature « et au consentement de toutes les nations: Vicit pudor « naturalis opinionem hujus erroris, etc. Plus valuit pudor, « ut erubescerent homines hominibus, quam error, ut ho « mines canibus esse similes affectarent (S. Aug.). Ces « philosophes nous fournissent ici une nouvelle preuve «< de ce que nous avons dit, que la philosophie a gâté « la raison, quand elle s'est opposée au torrent de la « tradition historique, qui étoit venue successivement de« puis nos premiers pères jusqu'à nous, et dont l'Écriture « étoit ou l'origine ou la principale dépositaire » (Ibid, pag. 21).

Les passions remuent l'esprit et développent les arts; et comme il n'y eut jamais plus de passion que dans la Grèce, jamais non plus les arts de l'esprit et d'imitation ne furent cultivés davantage, et ne s'élevèrent à un plus haut degré de perfection.

Cependant ce peuple si brillant n'a rien fondé, rien établi de durable, et il n'est resté de lui que des souvenirs de crimes et de désastres, des livres et des statues.

Ingénieux dans ses arts, dans sa littérature dans ses lois même, il manqua toujours de raison. La vérité, comme la vertu, étoit soumise dans la Grèce menteuse à une sorte d'ostracisme, et ce peuple, enfant corrompu, se faisait un jeu de tout, de la religion comme de la société, du gouvernement comme des

mœurs.

Ce caractère d'erreur et de licence a sa cause dans le principe de la souveraineté de l'homme, qui avoit prévalu dans ses lois, ses institutions, sa philosophie. On se mit à raisonner sur tout, à chercher la vérité en soimême; en un mot, on soumit les croyances reçues, la tradition, au jugement particulier de chacun, et toutes les verités furent bien

tôt contestées ou obscurcies; il y eut autan d'opinions que de têtes; chaque école enfanta des écoles nouvelles, comme chez les protestans chaque secte enfante une multitude d'autres sectes les uns nièrent Dieu, sa providence, la création, la vie future, la distinction du bien et du mal; d'autres admirent quelques-unes de ces antiques croyances, mais en les altérant plus ou moins, selon les caprices de leur raison; plusieurs enfin s'arrêtèrent dans un doute universel.

Tel fut la philosophie des Grecs, philosophie contre nature, et qui détruit la raison humaine en rompant le lien qui unit les esprits entre eux et à la raison divine elle-même.

Transportée chez les Romains, cette philosophie ne tarda pas à y produire les mêmes effets. Il n'y eut rien dont on ne disputât. Le doute prit la place des croyances, et toutes les vérités ébranlées entraînèrent les lois, les moeurs, et l'empire même dans leur chute.

Le monde périssoit, Jésus-Christ paroît : Il vient, dit saint Augustin, avec le grand remède de commander la foi aux peuples. Les

Le passage de saint Augustin d'où sont tirées ces

« PredošláPokračovať »