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« que nous devons avoir le plus à cœur dans l'Église catholique, dit ce docte et judicieux auteur, c'est de << nous attacher à ce qui a été cru en tous lieux, en tout << temps et par tous; car voilà ce qui est vraiment et « proprement catholique ou universel, selon la force du « nom même de catholique, qui signifie la presque to« talité. Or, nous parviendrons à ce but, si nous suivons « l'universalité, l'antiquité, le consentement. In ipsa item catholica ecclesia magnopere curandum est ut id « teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omni« bus creditum est. Hoc est etenim vere proprieque catho« licum, quod ipsa vis nominis ratioque declarat quæ « omnia fere universaliter comprehendit. Sed hoc ita « demum fiet, si sequamur universalitatem, antiquita

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Ainsi le sentiment commun la croyance commune des fidèles, et surtout des docteurs de tous les pays et de tous les siècles, voilà la règle de foi d'après Vincent de Lerins et les PP. de l'Église ; comme toutes les vérités que tout entendement aperçoit toujours les mêmes, ces premières notions que tous les hommes ont également des mêmes choses, en un mot, le sens commun est la règle de certitude et de raison.

Et de même que le scns commun, cette règle fondamentale de toute certitude, n'est autre chose que Dieu, raison suprême, lumiere éternelle qui illumine tout homme venant en ce monde, et dont la marque extérieure et sensible est par conséquent cette illumination commune à tout homme; de même cette croyance commune aux chrétiens de tous le siècles et de tous les pays n'est

autre chose que се même Dieu, cette même lumière, cette même raison (óyos), ce même verbe fait chair, qui a demeuré parmi nous plein de grâce et de vérité, et qui a promis d'être avec nous tous les jours, jusqu'à la fin du monde, pour nous enseigner sans cesse, par l'autorité la plus grande, les vérités éternelles qu'auparavant les ténèbres de l'homme n'avoient point comprises.

Quand j'ai dit que la règle de foi étoit la même que la règle de certitude, le sens commun, je n'ai fait que répéter ce qu'a dit Bergier il y a déjà plus de quarante ans, lorsque, s'étant fait cette demande, Quelle est donc la règ'e de foi? il répond : Nous disons qu'elle est la même que la règle de la certitude morale 1. Or, nous avons vu que, d'après le même auteur, la certitude métaphysique, la certitude physique et la certitude morale se réduisent en dernière analyse au dictamen du sens commun. Donc, selon Bergier, le sentiment commun est, non seulement la règle de toute certitude, mais encore la règle de foi; donc, selon Bergier, la règle de foi et la règle de certitude ne sont qu'une même règle.

Mais si cela est ainsi, ne doit-on pas en conclure que la doctrine qui établit le sens commun comme la règle fondamentale de la certitude et de la raison de l'homme, bien loin d'ébranler la religion catholique, n'est au contraire que la base immuable, éternelle, de cette religion sainte, débarrassée de tous les vains systèmes qui la cachoient sous leurs échafaudages et leurs décombres, et

1 Tome X, pag. 461.

montrée à nu dans son étendue sans bornes, appuyée sur la véracité de Dieu même, et soutenant avec une égale fermeté, et la religion et le monde, et la société des chrétiens et la société des hommes, et la foi et la raison; en un mot que cette doctrine n'est que le principe du catholicisme démontré réellement catholique, ou universel et commun à toute espèce de certitude et de connoissances?

Ne doit-on pas en conclure, de plus, que, cette règle de certitude étant la même que la règle de foi, l'une ne détruit pas plus que l'autre la raison individuelle; qu'au contraire l'une et l'autre sont pour elle un même flambeau qui lui montre facilement et avec certitude un grand nombre de vérités nécessaires à savoir, et lui est, pour les autres moins à découvert, une règle toujours sûre à consulter? Mais aussi dès que cette même raison individuelle repousse la lumière de ce commun jour, non seulement elle ne peut plus distinguer d'une manière certaine les vérités un peu cachées, elle ne peut plus même s'assurer de celles qui se présentent comme d'elles-mêmes. Ainsi le catholique, qui prend pour règle le sentiment universel, voit facilement et avec certitude dans l'Écriture sainte les mystères de la Trinité, de l'Incarnation et de la Rédemption, la présence réelle et la nécessité de la grâce; parce que le sentiment commun des chrétiens est si clair, si évident làdessus, qu'on n'a pas besoin de le consulter, mais qu'il saute, pour ainsi dire, aux yeux de tous ceux qui les ouvrent à la lumière; tandis que les hérétiques, qui préfèrent au sentiment commun leur sens privé, ne peuvent plus découvrir, dans la même Écriture, d'une manière constante et certaine, aucune vérité quelconque, pas

même celles qu'ils appellent vaguement fondamentales, sans avoir jamais pu ni osé les définir avec précision. De même, l'homme sensé, qui prend pour règle de ses jugemens le sens commun, voit facilement, et avec certitude, comme par lui seul, les vérités les plus importantes; telles que l'existence de Dicu, sa providence, l'immortalité de l'ame, la nécessité d'une autre vie; parce

que

le sentiment commun du genre humain est aussi clair là-dessus que le grand jour ; tandis que le philosophe, qui préfère au sens commun sa raison particulière, n'aperçoit plus que des ombres fugitives, ne peut plus retenir, même ce qu'on appelle les premières vérités, né trouve plus à quoi se prendre, ne voit enfin de refuge contre l'erreur qu'un doute impossible à la nature.

Ne faut-il pas en conclure aussi que la raison n'est nullement opposée à la foi, ni la foi à la raison? Car ce qu'on appelle communément raison n'est pour l'individu que l'assentiment, la soumission de son esprit, de sa raison particulière, à l'autorité du sens commun, que Bergier appelle la raison par excellence1; et qui, d'après Bossuet et Fénélon, est quelque chose de Dieu, ou plutôt Dieu lui-même; comme ce qu'on appelle foi proprement dite n'est pour l'individu que l'assentiment, la soumission de son esprit, de sa raison particulière, à l'autorité de l'Eglise, au sens commun des chrétiens, qui n'est que la parole, le Verbe, la raison de Dieu enseignant toutes les nations par son Eglise, tous les jours, jusqu'à la fin du monde. N'en faut-il conclure encore que pas la foi n'est pas

Tome III, pag. 303 et 305.

une exception dans les connoissances des hommes; mais qu'elle est vraiment la règle catholique, la règle, le fondement unique et universel de toute certitude dans les choses divines et humaines; en un mot, que la foi est toute la science et toute la raison de l'homme, et que, comme il n'y a qu'un Dieu, il n'y a aussi qu'une foi: un Dieu, vérité-mère, si on peut ainsi parler; une foi pour y parvenir un Dieu, vérité suprême, lumière éternelle ; une foi pour discerner, d'une manière certaine, les rayons de cette lumière qui éclaire tout homme, des illusions par lesquelles notre raison particulière fautive s'éblouit souvent elle-même ?

N'en faut-il pas conclure, en outre, que, quand les ennemis de la foi accusent le catholique de rejeter et de dégrader la raison, c'est une imposture et une calomnie? puisqu'au contraire c'est le catholique seul qui suit en tout le sens commun, la raison par excellence, qui est quelque chose de Dieu, ou plutôt Dieu lui-même ; tandis que tous les autres, au lieu de suivre la raison commune à tous les hommes et supérieure à eux, ne suivent que leur raison fautive, incertaine, foible et bornée. Le nom même de catholique, qui veut dire universel, indique un homme qui s'attache au sentiment commun, universel, de tous les pays et de tous les siècles; tandis que le mot hérétique, qui veut dire qui choisit, dénote un homme qui, par un choix déraisonnable, préfère au sentiment commun, à la croyance universelle, son sens privé.

N'en faut-il pas conclure enfin que, si on rejette une fois la règle de sens commun, du consentement universel, pour suivre de préférence son sens privé, sa raison particulière, la raison humaine n'a plus aucun appui, aucune

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