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Nous avons en nous plusieurs causes d'er

reur.

Premièrement, nos notions premières, qui, suivant Bacon, sont très défectueuses et pleines d'incertitude. « Pour ce qui est, dit-il, des no«<tions premières de l'entendement, il n'en est << aucune, parmi celles que la raison s'est faites «< d'elle-même, qu'on ne doive tenir pour sus<«<pecte, et qui, avant d'être admise, n'ait ab«solument besoin d'une nouvelle preuve ». Il met expressément au nombre de ces notions incertaines, ou, comme il les appelle, phantastiques, les notions de la matière, de la forme, de la substance, et celle même de l'étre 2.

est, et omnino inhabilis ad superandam rerum obscuritatem. Ibid., aphorism. xx1, p. 36.

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Quod vero attinet ad notiones primas intellectus, nihil est eorum quæ intellectus sibi permissus congessit, quin nobis pro suspecto sit, nec ullo modo ratum, nisi novo indicio se steterit, et secundum illud pronuntiatum fuerit. Ibid., p. 7.

• In notionibus nil sani est, nec in logicis, nec in physicis. Non substantia, non qualitas, agere, pati, ipsum esse, bonæ notiones sunt; multo minus grave, leve, densum, tenue, humidum, siccum, generatio, corrup

La seconde source d'erreurs, selon Bacon, est la dialectique reçue, ou la méthode de raisonnement en usage. Inventée pour remédier à la foiblesse de l'esprit humain, et insuffisante pour atteindre ce but, elle a, de plus, des inconvéniens qui lui sont propres; et l'on ne s'en sert avec succès que dans les sciences de mots, et dans les choses qui dépendent de l'opinion'. « La logique, qui « est en abus, dit-il encore, est plus propre <<< à établir et à affermir les erreurs fondées << sur les notions vulgaires, qu'à conduire à

tio, attrahere, fugare, elementum, materia, forma, et id genus; sed omnes phantasticæ et male terminatæ. Ibid., aphor., p. 34.

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1 Qui summas dialecticæ partes tribuerunt, atque inde fidissima scientiis præsidia comparari putarunt, verissime et optime viderunt, intellectum humanum sibi permissum, merito suspectum esse debere. Verum infirmior omnino et malo medicina, nec ipsa mali expers. Siquidem dialectica quæ recepta est, licet ad civilia, et artes quæ in sermone et opinione positæ sunt, rectissime adhibeatur, naturæ tamen subtilitatem longo intervallo non attingit; et prensando quod non capit, ad errores potius stabiliendos, et quasi figendos, quam ad viam verita aperiendam, valuit. Ibid. Præfat.

Nous avons rapporté l'aveu de Descartes qui, cherchant à se prouver son existence, reconnoît la nécessité d'examiner auparavant s'il y a un Dieu, et s'il peut être trompeur; car, sans la connoissance de ces deux vérités, je ne vois pas, dit-il, que je puisse jamais étre certain d'aucune chose. Leibnitz ne s'exprime pas, à cet égard, avec moins de force ni moins de clarté. Voici ses paroles : « C'est « dans l'entendement de Dieu, et indépen<< damment de sa volonté, que subsiste la « réalité des vérités éternelles; car toute réa«lité doit se fonder sur quelque chose de « réellement existant. Il est vrai qu'un homme <«< qui ne croit pas en Dieu peut être géomè<< tre; mais si Dieu n'existoit point, la géomé<«<trie n'auroit aucun objet; car, sans Dieu, « non seulement rien n'existeroit, mais rien << ne seroit possible. Il est vrai encore que <«< ceux qui ne voient point le rapport et la <<< liaison des choses entre elles et avec Dieu << peuvent apprendre certaines sciences, mais <«< ils ne sauroient en concevoir la première << origine, qui est en Dieu ».

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Oper. theolog., t. I, p. 265, édit. de Dutens.

Toute réalité doit, suivant Leibnitz, se fonder sur quelque chose de réellement existant, sur Dieu, dans l'entendement duquel subsiste la réalité des vérités éternelles : donc, si Dieu n'étoit pas, aucune réalité ne subsisteroit, ou, en d'autres termes, il n'existeroit rien donc, pour être assuré d'une réalité quelconque, ou pouvoir raisonnablement affirmer que quelque chose est, il faut il faut auparavant être certain de l'existence de Dieu.

Sans Dieu, dit encore Leibnitz, non seulement rien n'existeroit, mais rien ne seroit possible: donc, pour savoir avec certitude que quelque chose est possible, et à plus forte raison que quelque chose existe réellement, il est d'abord nécessaire d'être certain que Dieu est.

Réduisons cette doctrine à des termes plus simples encore: Sans Dieu, point de vérité, point d'existence; donc nulle preuve possible d'aucune vérité, d'aucune existence, avant de connoître avec certitude celle de Dieu.

Mais si la certitude de toute vérité dépend de la certitude de l'existence de Dieu, comment démontrerez-vous que Dieu est? De quelque principe que vous partiez, ce prin

cipe sera douteux, vous en convenez; d'un principe douteux l'on ne peut tirer que des conséquences douteuses; vous ne prouverez donc jamais Dieu, vous ne sortirez donc jamais du doute.

Voilà où l'on en est réduit, quand, au lieu d'appuyer la raison humaine sur la foi, on veut la fonder sur le raisonnement, ou ne lui donner d'autre base qu'elle-même. Est-il possible qu'on ne voie pas que la vérité n'est pour elle que le fait même de son existence, puisqu'elle n'existe que par la connoissance de la vérité ? Et, dès qu'elle n'est pas un être nécessaire, la cause de son existence, ou le fondement de la certitude des vérités qu'elle connoît, n'est pas en elle comme le dit très bien Malebranche, elle dépend en cela de quelque autre chose. Oubliant cette dépendance, tous les philosophes s'efforcent de remonter au-delà de ce premier fait dont nous parlions tout à l'heure. Ils veulent que la raison commence par elle-même, qu'elle se donne la vérité ou l'être, qu'elle agisse avant d'exister, qu'elle se crée, qu'elle soit et ne soit pas en même temps; contradiction monstrueuse qu'aucun d'eux n'a su éviter, et qu'on

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