Obrázky na stránke
PDF
ePub

bord conduits à douter de la réalité des objets extérieurs, et bientôt après de la vérité de leurs sentimens mêmes. C'est l'idéalisme, enseigné par Kant, et modifié par ses disciples. Sous quelque forme qu'on le présente, ce système n'est, comme le précédent, que le scepticisme pur.

Le troisième système est le dogmatisme, ou le système de ceux qui fondent la certitude sur le raisonnement. Inventé par Descartes, et adopté par l'école, il fut attaqué à sa naissance par d'excellens esprits, et nous allons en effet nontrer qu'au fond il n'est pas moins dangereux, moins sceptique, que les deux autres.

CHAPITRE III.

Descartes.

« On avoit philosophé trois mille ans durant « sur divers principes, et il s'élève dans un << coin de la terre un homme qui change toute « la face de la philosophie, et qui prétend << faire voir que tous ceux qui sont venus avant « lui n'ont rien entendu dans les principes de << la nature. Et ce ne sont pas seulement de << vaines promesses, car il faut avouer que ce <<< nouveau venu donne plus de lumières sur la <<< connoissance des choses naturelles, que tous <<< les autres ensemble n'en avoient donné. Ce. <<< pendant, quelque bonheur qu'il ait eu à faire, <<< voir le peu de solidité des principes de la <<< philosophie commune, il laisse encore dans <«<< les siens beaucoup d'obscurités impénétra«bles à l'esprit humain. Ce qu'il nous dit,

[ocr errors]

<< par exemple, de l'espace et de la nature de << la matière, est sujet à d'étranges difficultés. << et j'ai bien peur qu'il n'y ait plus de passion << que de lumières dans ceux qui paroissent n'en <«< être pas effrayés. Quel plus grand exemple << peut-on avoir de la foiblesse de l'esprit << humain »?

I

Celui qui parle ainsi étoit cartésien, et l'on voit combien il s'en faut qu'il fût satisfait de la doctrine de son maître. Mais les bons esprits, désabusés de la philosophie d'Aristote, adoptèrent naturellement celle de l'honime qui lui avoit porté le coup mortel, et se soumirent, quoiqu'en murmurant, à l'autorité du vainqueur.

Avant d'examiner ses principes et sa méthode, il est à propos d'observer qu'un système de philosophie n'est que la recherche des moyens par lesquels nous parvenons à la connoissance certaine de la vérité; car s'il n'existoit point de vérités certaines, ou si l'on ne savoit pas à quels caractères on les reconnoît, il n'y auroit plus de philosophie, il n'y

Nicole, Traité de la foiblesse de l'homme, n. XXXIV.

auroit plus de raison humaine. On ne pourroit rien nier ni rien affirmer; les esprits, dépourvus de règles, flotteroient dans un doute éternel.

La première question que doit se faire celuiqui veut s'entendre en philosophie est donc celle-ci: Quel est le fondement de la certitude? Descartes se la fit, et il trouva qu'aucun philosophe jusqu'alors n'y avoit répondu d'une manière satisfaisante. Nous citerons ses propres paroles.

<< Les premiers et les principaux philoso<< phes dont nous ayons les écrits, sont Pla<«<< ton et Aristote, entre lesquels il n'y a eu << autre différence, sinon que le premier, sui<< vant les traces de son maître Socrate, a in<< génument confessé qu'il n'avoit encore rien << trouvé de certain, et s'est contenté d'écrire <«<les choses qui lui ont paru être vraisembla<«<bles, imaginant à cet effet quelques prin<< cipes par lesquels il tâchoit de rendre raison << des autres choses; au lieu qu'Aristote a eu <<< moins de franchise, et bien qu'il eût été << vingt ans son disciple, et n'eût pas d'autre <<< principes que les siens, il a entièrement << changé la façon de les débiter, et les a pro

tôt contestées ou obscurcies; il y eut autan d'opinions que de têtes; chaque école enfanta des écoles nouvelles, comme chez les protestans chaque secte enfante une multitude d'autres sectes les uns nièrent Dieu, sa providence, la création, la vie future, la distinction du bien et du mal; d'autres admirent quelques-unes de ces antiques croyances, mais en les altérant plus ou moins, selon les caprices de leur raison; plusieurs enfin s'arrêtèrent dans un doute universel.

Tel fut la philosophie des Grecs, philosophie contre nature, et qui détruit la raison humaine en rompant le lien qui unit les esprits entre eux et à la raison divine elle-même.

Transportée chez les Romains, cette philosophie ne tarda pas à y produire les mêmes effets. Il n'y eut rien dont on ne disputât. Le doute prit la place des croyances, et toutes les vérités ébranlées entraînèrent les lois, les mœurs, et l'empire même dans leur chute.

Le monde périssoit, Jésus-Christ paroît : Il vient, dit saint Augustin, avec le grand remède de commander la foi aux peuples 1. Les

Le passage de saint Augustin d'où sont tirées ces

« PredošláPokračovať »