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erreur fut la négation de quelque point de la doctrine traditionnelle, une révolte contre l'autorité. Saint Augustin en fait la remarque: << Les novateurs s'efforcent, dit il, de renverser « l'inébranlable autorité de l'Église, au nom et << par les promesses de la raison. Cette té<< mérité est une sorte de règle pour tous les << hérétiques ».

I

Après l'invasion des peuples du Nord, les études cessèrent en Europe. La philosophie et les lettres demeurèrent comme ensevelies sous les ruines de l'empire romain. Ce fut pour les esprits un temps de repos. Ils se retrempèrent dans la foi; et, chose inouïe jusqu'alors dans l'histoire de l'Église, un siècle entier s'écoula sans produire aucune hérésie. C'étoit, dit-on, un siècle d'ignorance; non, c'étoit un siècle de foi. Les sciences humaines, sans doute, étoient peu cultivées; elles, ont fait, dans la suite, de grands progrès, ainsi que les arts. Ce n'est pas là ce que nous contestons; mais quelle vérité nécessaire aux peuples, quel devoir, quelle vertu, a-t-on découverts depuis ? Qu'avons-nous ajouté à la

'Ep. ad Dios., loc. cit.

doctrine religieuse et morale de ces nations qu'on appelle barbares? Heureux, trop heureux, si nous avions su la conserver comme elles !

Après cette époque de paix, la philosophie d'Aristote, adoptée par les Arabes, nous est rapportée d'Orient. Aussitôt les divisions renaissent. Il se forme des écoles au sein de l'Église une: on dispute, on ne s'entend plus, la raison en travail enfante des monstres, de nouvelles hérésies s'élèvent, et enfin la dernière de toutes, le protestantisme, père de l'incrédulité moderne.

Malgré les absurdités innombrables de la philosophie péripatéticienne, on y tenoit par habitude; le temps l'avoit accréditée, et il ne falloit rien moins que toute la puissance du génie pour triompher d'elle. Défendue avec chaleur par l'école où elle régnoit, ce ne fut qu'après un long combat que Descartes et ses disciples parvinrent à la renverser et à bâtir un édifice nouveau sur les débris de cet informe colosse.

Mais Descartes lui-même, comme on le sentit d'abord, et comme je le montrerai plus loin, ne put donner à sa philosophie une base

solide. Ce grand homme partit du même principe que les philosophes grecs, et arriva malgré lui au même résultat, le doute. L'insuffisance, disons-le franchement, la fausseté de sa doctrine, força, même de son temps, l'esprit humain à chercher un autre appui; et cette recherche, toujours malheureuse, parce qu'on ne remontoit jamais à la première cause de l'erreur, produisit une multitude de systè mes philosophiques, qui se réduisent à trois principaux.

L'homme a trois moyens de connoître, les sens, le sentiment, et le raisonnement. A ces trois moyens correspondent autant de systèmes de philosophie. Les uns ont placé dans les sens le principe de certitude; c'est le système de Locke, Condillac, Helvétius, Cabanis; système matérialiste, et dès lors essentiellement sceptique. Aussi ses partisans, qui ne reconnoissent que des êtres matériels, ont-ils fini par soutenir qu'on peut douter de l'existence de la matière elle-même.

D'autres philosophes ont cherché dans nos impressions internes la base de la certitude. Mais, nos sentimens n'ayant de rapport nécessaire qu'à nous, ces philosophes ont été d'a

bord conduits à douter de la réalité des objets extérieurs, et bientôt après de la vérité de leurs sentimens mêmes. C'est l'idéalisme, enseigné par Kant, et modifié par ses disciples. Sous quelque forme qu'on le présente, ce système n'est, comme le précédent, que le scepticisme pur.

Le troisième système est le dogmatisme, ou le système de ceux qui fondent la certitude sur le raisonnement. Inventé par Descartes, et adopté par l'école, il fut attaqué à sa naissance par d'excellens esprits, et nous allons en effet nontrer qu'au fond il n'est pas moins dangereux, moins sceptique, que les deux autres.

CHAPITRE III. ·

Descartes.

« On avoit philosophé trois mille ans durant << sur divers principes, et il s'élève dans un <<< coin de la terre un homme qui change toute « la face de la philosophie, et qui prétend << faire voir que tous ceux qui sont venus avant <<< lui n'ont rien entendu dans les principes de << la nature. Et ce ne sont pas seulement de <«<< vaines promesses, car il faut avouer que ce « nouveau venu donne plus de lumières sur la << connoissance des choses naturelles, que tous << les autres ensemble n'en avoient donné. Ce. << pendant, quelque bonheur qu'il ait eu à faire, « voir le peu de solidité des principes de la << philosophie commune, il laisse encore dans «<les siens beaucoup d'obscurités impénétra«bles à l'esprit humain. Ce qu'il nous dit,

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