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CINQUIÈME SATIRE

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Vatibus hic mos est centum sibi poscere voces,
Centum ora, et linguas optare in carmina centum;
Fabula seu moesto ponatur hianda tragoedo,
Vulnera seu Parthi ducentis ab inguine ferrum.

Quorsùm hæc? Aut quantas robusti carminis offas
Ingeris, ut par sit centeno gutture niti?
Grande locuturi nebulas Helicone legunto,

Si quibus aut Prognes, aut si quibus olla Thyestæ
Fervebit, sæpè insulso cœnanda Glyconi.

SATIRE CINQUIÈME

CORNUTUS

L'HOMME LIBRE

Que n'ai-je cent gosiers, cent langues et cent voix !
Je voudrais célébrer les hauts faits des grands rois.
J'oserais, embouchant la trompette héroïque,
Du vieux Parthe blessé chanter la mort tragique.

Ah! que prépares-tu? que de vers par milliers
Pour suffire à cent voix, cent langues, cent gosiers!
Voudrais-tu, rappelant nos horribles chaudières,
Offrir les jeunes fils tout brûlants à leurs pères?
Veux-tu donc, à travers les brouillards d'Hélicon,
Voir Thyeste et Progné sous les traits de Glycon?

Tu neque anhelanti, coquitur dum massa camino,
Folle premis ventos, nec clauso murmure raucus
Nescio quid tecum grave cornicaris ineptè,

Nec stloppo tumidas intendis rumpere buccas.
Verba togæ sequeris, juncturâ callidus acri,
Ore teris modico, pallentes radere mores
Doctus, et ingenuo culpam defigere ludo.

Hinc trahe quæ dicas: mensasque relinque Mycenis
Cum capite et pedibus; Plebeiaque prandia noris.

Non equidem hoc studeo, bullatis ut mihi nugis
Pagina turgescat, dare pondus idonea fumo.
Secreti loquimur. Tibi nunc, hortante Camenâ,
Excutienda damus præcordia; quantaque nostræ
Pars tua sit, Cornute, animæ, tibi, dulcis amice,
Ostendisse juvat. Pulsà, dignoscere cautus
Quid solidum crepet et pictæ tectoria linguæ.
His ego centenas ausim deposcere voces,
Ut quantum mihi te sinuoso in pectore fixi,
Voce traham purâ, totumque hoc verba resignent
Quod latet arcanâ non enarrabile fibrâ.

Cum primùm pavido custos mihi purpura cessit,
Bullaque succinctis laribus donata pependit :
Cum blandi comites, totâque impunè Suburrâ
Permisit sparsisse oculos jam candidus umbo;
Cumque iter ambiguum est, et vitæ nescius error
Diducit trepidas ramosa in compita mentes :
Me tibi supposui : teneros tu suscipis annos
Socratico, Cornute, sinu.

Tu n'ouvres pas en vain le soufflet de ta forge:
Mais souvent, quand sa voix va s'éteindre en sa gorge,
La corneille enrouée enfle encor quelques sons,
Restes tristes et sourds de ses vieilles chansons.
Tu n'aimes pas comme elle à parler sans rien dire,
Toi, simple et pur causeur; toi, mattre en l'art d'écrire,
Qui rends sous tes récits le malheur si touchant,
Et souvent d'un seul mot fais pâlir le méchant.

Il est vrai que je fuis le vain éclat qui brille,
Et ce sont mes amis qui forment ma famille.
Toi, ton cœur se confond tout entier dans le mien.

Viens, ami, sonde-moi, puisqu'on reconnaît bien,
Au son du vase épais, combien il est solide;
Et même on juge aussi s'il est ou creux ou vide.

Oui, je voudrais cent voix pour dire tous mes vœux ; Tant mon cœur tout entier est envahi par eux !

Quand j'eus quitté la pourpre, honneur de ma naissance,
Et rendu l'anneau d'or gardien de mon enfance,
Je fus suivi soudain de jeunes complaisants,
Du quartier de Suburre empressés courtisans.
Mais dans cet heureux âge où, sans expérience,
Au travers de la vie un jeune homme s'avance,
C'est toi qui m'attiras par tes douces vertus :
Socrate eut de ton choix un disciple de plus.

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