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SATIRE DE SULPICIA

SATIRA SULPICIE

Musa, quibus numeris heroas et arma frequentas,
Fabellam permitte mihi detexere paucis.

Nam tibi secessi, tecum penetrale retractans
Consilium.

Quare nec carmine curro phalaco,

Nec trimetro iambo, nec qui pede fractus eodem Fortiter irasci didicit, duce Clazomenio.

Cetera quin etiam, quot denique millia lusi,
Primaque Romanas docui contendere Graiis,
Et salibus variare novis, constanter omitto:
Teque, quibus, princeps et facundissima calles,
Adgredior: precibus descende clientis et audi.

SATIRE DE SULPICIA

O chantre des héros, des combats et des armes,
Permets que j'ose ici te confier mes larmes ;
Je viens seule afin d'être en secret avec toi.
Je pense, je médite; ô Muse, inspire-moi.

Je quitte le phaleuc à la course légère,
Et l'iambe timide et l'iambe colère,

L'un qui plaît aux amours, et l'autre dont l'ardeur
Servit dans Clazomène un poëte en fureur.

Je fais plus n'ai-je pas, défiant la satire,

:

D'une chaste critique armé ma noble lyre?
J'y renonce, aspirant à de plus vifs accents:
O Muse! écoute-moi : je t'invoque: descends!

Dic mihi, Calliope, quidnam pater ille deorum
Cogitat? an terras et patria sæcula mutat?
Quasque dedit quondam morientibus eripit artes?
Nosque jubet tacitos et jam rationis egenos
Non aliter primo quam cum surreximus ævo
Glandibus et puræ rursus procumbere lymphæ?

An reliquas terras conservat amicus et urbes;

Sed

genus

Ausonium Romulique exturbat alumnos ?

Quid reputemus enim?

Duo sunt quibus extulit ingens

Roma caput, virtus belli et sapientia pacis.

Sed virtus agitata domi et socialibus armis,
In freta Sicaniæ et Carthaginis exiit arces,
Ceteraque imperia, et totum simul abstulit orbem.

Deindè, velut stadio victor qui solus Achæo
Languet et immota secum virtute fatiscit :

Calliope, apprends-nous quel est l'ordre suprême ?
Le roi des dieux veut-il briser la terre même ?
A-t-il marqué le terme aux siècles des mortels?
Ou doit-on seulement revoir ces jours cruels
Où, courbé sur le sol, nourri de glands sauvages,
L'homme ne s'abreuvait qu'au bord de nos rivages?

A qui Rome, en effet, dut-elle sa grandeur?
A qui Rome dut-elle ensuite son bonheur?
Rome naquit au sein de la guerre civile ;
Puis, en domptant Carthage, envahit la Sicile.
C'est de là qu'elle osa, sous les climats divers,
S'attribuer le droit d'asservir l'univers 8;

Et les peuples soumis étaient fiers d'être esclaves.

Est-ce à dire que nous, braves vainqueurs des braves, Aujourd'hui sans rivaux, maîtres du monde en paix, Nous ne jouirons pas de nos propres bienfaits?

Déjà nous avons su nous gouverner nous-même, Et sous les douces lois de la raison suprême, Nous étions glorieux !

Rome, semblable alors, Après tant de combats, de luttes et d'efforts, A l'athlète vainqueur resté seul sur l'arène Dont le char radieux lentement se promène Aux applaudissements des nobles spectateurs, Rome alors reposait dans ses vastes splendeurs.

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