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per, ou auquel nous allons échapper nous-mêmes : elle s'augmente et se perfectionne par l'exercice car les hommes occupés à des travaux pénibles aux fatigues de l'art militaire, aux exercices gymnastiques, etc., sont plus propres à porter des fardeaux à soulever de grandes masses, à faire de longues courses, etc. Elle acquiert par la danse et l'escrime un développement brillant que nous admirons dans (1) Vestris et (2) St.-Georges. Elle est répandue dans toutes les parties du corps sensible qui ont chacune leur façon de sentir et d'agir, mais c'est du cerveau (centre des plus nobles organes ) que paroît émaner l'action principale qui se subdivise ensuite avec le systême des nerfs et des muscles dans tous les membres ces objets extérieurs agissent d'abord sur les sens; cette action se transmet rapidement au cerveau, centre des idées, puis au cœur, centre des sentimens, et passe de là dans toutes les parties du corps sensible, qui, par l'aiguillon du plaisir et de la douleur, de l'espérance et de la crainte, se trouve porté vers certains objets et repoussé loin des autres. Les effets de la volonté sont rendus visibles par les mouvemens et habitudes de mouvemens de toutes les parties des corps animés mais comment un corps devient-il sensible et doué de la faculté de se mouvoir ; comment cette force incompréhensible se distribuant dans toutes les ramifications musculeuses 9

(1) Fameux danseur.

(2) Homme très-connu par sa grande habileté dans l'escrime et dans presque tous les exercices du corps.

et faisant jouer ensemble ou séparément les divers muscles et faisceaux de muscles va-t-elle remuer sûrement et comme par autant de fils toutes les parties articulées et mobiles des corps vivans; comment mon bras, ma main, mes doigts obéissentils à chaque ordre séparé et distinct de la volonté? Comment expliquer la multiplicité, la rapidité et la précision des sons et mouvemens que forme l'habile musicien qui exécute un concerto de Viotti? Ce sont là des questions bien simples, mais auxquelles Newton répondoit par ce modeste et naïf aveu, je n'en sais rien, et auxquelles je crains bien qu'on ne soit jamais en état de répondre. La réponse, si elle a lieu, sera donnée par le dernier perfectionnement de la chimie, de l'anatomie, de la physiologie, etc., en un mot de l'analyse physique et morale de l'homme. Le seul moyen de tenter avec quelque succès dans l'état actuel de nos connoissances l'analyse de cette force compliquée et variable est donc de remonter à la génération de toutes nos habitudes morales essayons.

Dès que l'enfant est suffisamment organisé pour recevoir des sensations, il en reçoit d'agréables et de désagréables ou, si l'on veut, de bonnes et de mauvaises; il ne tarde pas à être en état de les distinguer, comme nous le prouvent ses pleurs, ses cris, ses angoisses, sa tranquillité, ses mouvemens de joie, ses petits transports, etc.; car dans nos premières sensations nous sommes passifs, et nous jouissons ou nous souffrons sans pouvoir éviter l'un, plus que

l'autre; seulement nous témoignons par l'agitation et les larmes que nous sommes mal, et par la sérénité et le sourire que nous sommes bien : les premiers signes sont déja l'expression de la volonté naissante qui repousse la douleur, et les seconds, l'expression de cette même volonté qui sent et appelle le plaisir ; et il se forme peu-à-peu en nous une force attractive pour les sensations dont l'ensemble compose (1) le bien-être, et une force ré

(1) Parmi nos sensations, il n'en est pas d'indifférentes : celles qui nous semblent telles ne le sont que par comparaison avec d'autres beaucoup plus vives, et qui nous les font compter pour rien; mais elles nous paroitroient aussi précieuses qu'elles nous semblent nulles, si elles étoient les seules auxquelles nous fussions réduits. L'on ne sent bien tout le prix de ces dernières qu'autant qu'on est privé des autres : dans l'abondance des plaisirs, de foibles jouissances ne sont rien pour nous; elles sont tout pour l'homme qui éprouve beaucoup de privations: c'est ainsi qu'un prisonnier peut faire alors ses délices de l'éducation d'une araignée, ou s'amuser de la société des plus vils animaux qui partagent sa prison. De même ce qui n'est point une peine pour l'homme accoutumé aux privations ou très-borné dans ses jouissances, en est souvent une grande pour le riche, habitué à l'abondance, aux commodités, aux plaisirs, aux superfluités; et voilà ce qui rend si précieux pour l'un le passage de l'infortune ou de l'état de besoin à la richesse, et si insupportable pour l'autre celui d'une grande fortune à la pauvreté ou même à la médiocrité.

Les sensations du toucher et du goût sont plus que les autres accompagnées de plaisir et de peine; elles nous intéressent plus vivement, plus immédiatement que les sons et les couleurs; elles enveloppent tous les besoins de première nécessité ou ceux relatifs à notre conservation (la nourriture, le logement, le vêtement, le besoin de se soustraire à l'excès de la chaleur ou du froid, etc.); au lieu que le bruit, l'aspect ordinaire des objets qui nous environnent et avec lesquels nous

pulsive pour celles dont la somme forme le malétre. Ainsi dès que l'homme est sensible, il gravite

sommes familiarisés ne fait sur nous que fort peu d'impression; mais ce n'est jamais que la grande habitude qui nous rend certaines sensations indifférentes nous sentous qu'elles ne le sont point de l'instant où nous en sommes privés. Les idées de forme, de poids, d'étendue et relatives à la géométrie, à la mécanique, à l'astronomie, la plupart des notions abstraites et complexes nous affectent peu, cependant elles sont accompa- . gnées de plaisir puisqu'elles sont la base de ces méditations qui en procurent de si constans et souvent de si vifs au géomètre, au mécanicien, à l'astronome: la possession de ces connoissances est une source de jouissance pour ceux qui les ont, et une source de regrets pour ceux qui en sont privés. En général l'exercice de nos sens, de nos facultés, est toujours un plaisir quand il est exempt de peines.

Le système total de nos sensations peut donc se diviser en deux grandes parties, formées l'une d'élémens agréables composant le bon et le bien, l'autre d'élémens désagréables d'où résultent le mauvais et le mal, On pourroit ici distinguer 10. des jouissances physiques produites par l'exercice immédiat des sens extérieurs, et des jouissances morales résultant de l'exer cice des facultés intellectuelles, et composées d'idées et de sentimens ; 20. des besoins physiques et des besoins moraux; 3o, le bien et le mal physique, et le bien et le mal moral : mais comme nos idées et nos sentimens sont des sensations réelles (voycz première partie, page 43 et suivantes) qui ne diffèrent des sensations proprement dites que par la différence des organes qui les transmettent et dont l'un le cerveau est intérieur tandis que les cinq autres sont extérieurs; comme d'ailleurs ils ont besoin pour se manifester, se communiquer et s'accroître des secours du dessin, de l'écriture et de la parole, qui n'ont lieu que par l'exercice de l'œil, de la main, etc., j'en conclus que cette distinction du physique et du moral (quoique commode et propre à rendre les deux grands points de vue sous lesquels tour-à-tour on envisage l'homme) 1'est pas au fond aussi nécessaire qu'on pourroit le croire qu'on sente par l'œil, par la

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vers le bonheur et fuit le malheur par une force contraire, et c'est là le double levier que la nature emploie pour le conduire à ses fins. Depuis l'instant de sa naissance jusqu'à sa mort, il louvoie, pour ainsi dire, continuellement entre ces deux forces, dont l'une le pousse vers le rivage de la jouissance et du plaisir, et l'autre l'éloigne de celui de la souffrance et de la douleur.

A mesure donc que l'enfant connoît divers objets, il en aime et recherche quelques-uns, et hait, rejette et fuit les autres : ses penchans se forment ainsi en même tems que ses idées et varient comme elles; plus il a connu de choses différentes, plus il a de penchans divers.

L'image ou l'idée d'un objet reconnu pour bon, ou qui fait plaisir, excite en nous une tendance au mouvement vers lui : j'appelle desir ce premier élément de la force nommée volonté, ce mouvement initial ou virtuel qui nous porte vers un objet, soit que nous cédions ou que nous résistions à ce commencement d'impulsion, et je le nomme positif, parce qu'il tend à faire avancer notre corps vers l'objet desiré (1).

main, par le cerveau, etc., l'effet est toujours le même, seulement l'organe qui le produit est différent; il n'y a donc et il ne peut y avoir dans l'homme et les animaux que des sensations.

(1) Le desir peut encore se définir la direction actuelle de l'ame vers un objet précis, ou un systéme d'objets déterminés; mais alors, si l'on veut s'entendre, il faut se souvenir que l'ame n'est que la réunion de nos sens et de nos facultés.

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