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Parmi les différentes habitudes que l'homme peut contracter, il en est de nuisibles à nous-mêmes et à nos semblables, qui ne peuvent que nous détourner de la ligne du bonheur et nous jetter dans la route opposée; ce sont les habitudes vicieuses qu'il faut élaguer avec soin en ne conservant que les habitudes avantageuses pour nous et pour les autres ; ce sont les habitudes vertueuses dont la somme compose les bonnes mœurs, et que par conséquent il faut cultiver et développer avec une attention continuelle; car, on ne peut trop le répéter, la vertu ou probité pratique n'est que l'habitude des action's vraiment utiles aux hommes, comme le vice est l'habitude des actions qui leur sont réellement nuisibles ajoutons (de peur qu'on ne l'oublie) que toutes les vertus sont filles de la raison, comme tou's les vices sont enfans de la déraison et de l'erreur.

L'on voit qu'un traité d'éducation ne sauroit être bien fait sans connoître à fond le corps, la tête et le cœur de l'homme, puisque cette science n'est que l'art de former et de développer ces trois parties. Remédier autant que possible aux vices passagers ou durables de l'organisation, et créer solidement le système général de nos habitudes physiques et morales, c'est véritablement créer l'homme; et l'éducation est en quelque sorte une seconde organisa

tion.

N'étant point médecin, et ne croyant point à l'infaillibilité de la médecine, qui n'est guères encore qu'un assemblage de faits incohérens, et qui, quoi

mens etc. "

déliée de la physique expérimentale, ne me semble pas pouvoir de longtems former une science exacte et régulière, vu l'immense complication de ses élé; ne pouvant d'ailleurs me livrer à des détails que ne comportent point les limites que j'ai assignées à ce livre, je me bornerai à tâcher de soumettre à une analyse sommaire aussi exacte que pourront me le permettre l'étendue de ma tête et l'état des données actuelles, les principaux fondemens d'une bonne éducation qui, au reste, se trouvent disséminés dans les diverses parties de cet ouvrage, ayant toutes pour but de produire le meilleur développement de nos facultés.

Sans entrer dans des digressions anatomiques et philosophiques, commençons par observer une chose évidente, savoir que le corps de l'homme ou de : tout autre animal n'est que la somme des alimens qu'il a pris depuis le premier développement de son germe (ou celle des parties animales, végétales et minérales, introduites dans l'intérieur de la machine et décomposées là par une sorte d'opération chimique encore peu connue, nommée digestion), moins la somme des parties rendues par la transpiration insensible et les voies excrétoires: d'où il suit

AL

1°. Que les alimens variant, le volume et le poids, la forme et la qualité du corps de l'animal doivent varier, et de là une des causes principales de la différence de couleur, de tempérament, de vigueur, etc. existante entre les diverses espèces d'hommes et d'animaux qui peuplent le globe, et même entre les différentes familles de végétaux, car ceux-ci se nour

rissent de l'air et des sucs de la terre qu'ils pompeut par un mécanisme particulier pour les transmettre ensuite aux animaux, qui se les approprient par un mécanisme différent, mais dont le but est de les faire croître de la même manière par l'absorption et l'addition continuelle de gaz et de sucs nourri

ciers :

"

2°. Que le choix des alimens influe plus qu'on ne pense sur le physique de l'homme et des animaux, et par conséquent sur leur moral tellement lié avec le premier, que l'un ne peut varier sans que l'autre varie en même tems (de même que dans une fonction de deux quantités variables liées entre elles par une équation algébrique, le changement de l'une entraîne nécessairement celui, de l'autre ). Ainsi l'on pourroit dire avec assez de raison (et d'ailleurs l'expérience vient à l'appui), que tel aliment donne de l'esprit, que tel autre rend bète; l'un gai, l'autre triste; l'un robuste, l'autre foible et languissant l'un doux, l'autre féroce, etc.

3o. Par conséquent, que l'art de former des corps vigoureux et de prolonger autant que possible la vie humaine consiste en partie à trouver le systême d'alimens les plus propres à conduire à ce but ; et comme l'air forme une partie essentielle de la nourriture animale en se décomposant dans les corps vivans qui le respirent continuellement, sa qualité, sa pureté plus ou moins grandes doivent avoir une haute influence sur la santé et la durée de la vie, ce que tout le monde sait être confirmé par l'expérience: on né

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vouloir dès en naissant, mettre à la gêne ou à la question ces innocentes et intéressantes créatures; il faut les laisser s'étendre et se rouler à leur aise dans un large berceau, sur une couchette qui ne soit ni trop dure, ni trop molle, mais élastique et saine seulement, il faut pour remédier à leur malpropreté naturelle, leur donner souvent du linge nouveau et les baigner tous les jours, d'abord dans de l'eau tiède ou à la même température que leur corps, et qu'ensuite on laissera refroidir peuà-peu et par degrés, jusqu'à ce qu'ils puissent la supporter froide sans douleur et sans en être

incommodés.

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L'enfant commence-t-il à marcher seul, il faut continuer de laisser à son corps et à sa petite volonté une liberté illimitée, tant qu'elle ne pourra lui devenir nuisible: il faut le laisser s'ébattre, courir, sauter, tomber, se relever, etc., sans donner à ce premier exercice, à ces premiers essais de sa force, d'autre attention que celle de le mettre à l'abri du danger.

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Il faut dans ses vêtemens, ne consulter que l'aisance et la propreté, et proscrire sur-tout dans le premier âge, tout ce qui pourroit nuire à la facilité des mouvemens, au libre accroissement du corps, et au développement des belles formes. Il est bon de l'accoutumer à avoir habituellement la tête nue, et à ne porter qu'un même habit dans toutes les saisons: il faut de bonne heure et peuà-peu l'habituer à souffrir patiemment le froid, le chaud, l'lrumide; le vent, la pluie, etc., enfiu

en

toutes les injures de l'air. Il faut plier son corps à la fatigue et à toutes sortes d'exercices analogues à ses forces; un mot', il faut ( en évitant soigneusement tous ces procédés mous et efféminés, cette délicatesse exagérée et tous ces raffinemens d'attention et de précaution, qui ne servent qu'à gâter, à débiliter la constitution de l'enfant ) ne rien négliger pour lui donner de bonne heure, un corps ferme, robuste et agile, si l'on veut y loger une ame saine et vigoureuse; sous ce rapport l'éducation doit beaucoup se rapprocher de celle des paysans et des jeunes sauvages.

Le développement de l'esprit commence avec celui du corps, leur éducation doit donc marcher ensemble. On peut en jouant avec un enfant, commencer son instruction dès l'âge de deux ou trois ans : au lieu d'employer la force et l'autorité pour lui apprendre quelque chose, ce qui ne seroit propre qu'à le décourager, le rebuter et l'abrutir, on peut en le laissant errer par-tout et le mettant toutefois à l'abri des dangers, le laisser jouer avec la nature et prendre lui-même les premières leçons des objets, en lui faisant faire une multitude de petites expériences; l'on ne doit point lui parler de choses absentes inconnues, invisibles (de sorciers, de revenans, de spectres, de fantômes, d'anges, de démons etc.) mais le familiariser avec tous les objets sensibles qu'on lui nomme en même tems qu'on les lui montre il faut les lui faire toucher et reconnoître durant la nuit, afin

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