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PRÉFACE.

J'AI pris la liberté de dédier mon ouvrage à l'illustre chef du Gouvernement français qui, dans le rang suprême où son génie et la fortune l'ont placé, est le protecteur naturel des sciences, 1°. parce que je ne l'ai pas cru tout-à-fait indigne de paroître sous ses auspices; 2°. parce que je n'avois à lui demander que cette justice distributive due au dernier citoyen; 3°. parce que je n'avois pas de meilleur moyen de lui témoigner ma juste admiration et mon profond respect pour un grand homme et pour la première de nos sociétés savantes dont lui-même s'honoroit d'être membre. Mais je n'ai jamais prétendu occuper une place dans l'esprit d'un magistrat qui doit porter la France dans son cœur et le globe dans sa tête : et quoique j'aie eu l'honneur, il y a plus d'un an, de remettre moi-même en ses mains la première partie de mon travail, j'ignore encore ce qu'il a pu penser de mon offrande.

On pardonnera, sans doute, cet aveu public de ses vrais sentimens à un homme dont le caractère n'est rien moins que celui de courtisan; je le devois à cette classe d'hommes qui, dans toute l'Europe, travaillent avec une noble indépendance à l'accroissement des sciences et aux progrès de la raison. Il n'est rien selon moi, je le dis sans détour, de préférable à l'estime et à l'amitié de ces juges éclairés du vrai mérite en tout genre: ils sont à mes yeux les bienfaiteurs et la lumière du monde, comme ils en sont le plus bel ornement: héros paisibles, ils ne brillent que par leurs conquêtes sur l'ignorance et l'erreur, et ces heureux triomphes ne coûtent ni larmes ni sang à l'humanité : législateurs de l'esprit humain, ils exercent la plus utile et la plus auguste des magistratures, et ce sont eux qu'à bon droit l'on pourroit nommer, ainsi que tous les grands philosophes qui les ont précédés, des souverains éternels.

Je n'attache point à mon travail plus d'importance qu'il n'en mérite, et j'ai déja

dit

que j'étois loin d'en être content; ce n'est qu'une ébauche et le premier essai d'un jeune philosophe, auquel des savans et des philosophes du premier ordre ont daigné sourire : c'est pour eux, c'est pour moi sur-tout que j'ai fait un livre. Dans le dessein où je suis de faire la revue générale de nos connoissances et de consacrer à l'étude et au repos les restes d'une vie dont je gémirois de voir la meilleure portion perdue pour la philosophie, si elle n'eût été consacrée au service de l'Etat, j'ai senti qu'une excellente méthode me devenoit indispensable pour tirer le meilleur parti du tems qui me reste : j'ai donc commencé par sonder le sol sur lequel j'avois dessein de construire, et par jetter les fondemens de l'édifice que je voulois élever, en m'assurant d'abord de tout ce que j'avois dans la tête; en essayant, suivant le conseil de Bacon, de recréer tout mon entendement; en un mot, je me suis frayé à travers le monde intellectuel une sorte de grande route, à laquelle pussent aboutir, comme à un centre unique, toutes les routes par

tielles ou chemins de traverse qui peuvent conduire dans les diverses régions du beau pays de la vraie philosophie et de la vraie science; et ce premier coup-d'œil jetté sur moi-même et sur l'univers, a donné naissance à mon premier ouvrage.

Longtems occupé d'objets étrangers à l'analyse de l'entendement, je ne connoissois, quand j'y ai mis la dernière main, que l'Essai de Loke, la Logique de Condillac, et un ouvrage intitulé Œuvres philosophiques et morales de François Bacon, traduit en français (je ne sais par qui), et imprimé en l'an 5 (1797), à Paris, chez Calixte Volland : mais j'ai retrouvé dans ces excellens écrits cette vive lumière que j'aime tant, et à laquelle j'étois accoutumé par l'étude approfondie de la géométrie et des sciences mathématiques, dont je faisois l'application journalière au premier des arts mécaniques. Ils m'ont donné l'idée de chercher si et jusqu'à quel point la forme du langage algébrique, ou mieux encore, l'esprit géométrique étoit applicable à toutes

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