Obrázky na stránke
PDF
ePub

où l'art a su ravir à la nature de belles végétations lobées largement épanouies. Toutes les colonnes et colonnettes, sans exception, reposent sur la base constamment usitée au x siècle. Plusieurs moulures surbaissées, dans lesquelles l'analyse reconnaîtrait les formes des bases antiques modifiées, séparés du fût par une scotie profonde, s'appuient sur un socle carré ou épannelé..

Toutes les arcades ont été tracées d'après l'application du principe généralisé de l'ogive. Ce ne sont plus les cintres indécis du xe siècle; on n'y découvre plus de vestiges de cette espèce d'oscillation qui marque les progrès de la transformation ogivale et les derniers souvenirs de l'ère romano-byzantine c'est l'expression du système complet. Les courbures des grandes arcades sont dessinées de manière à pouvoir être inscrites dans un triangle équilatéral. Chacun sait qu'aux siècles suivants l'ogive devint plus aiguë, et qu'au xvIe siècle elle se déforme et devient presque méconnaissable. Les contours en sont garnís de moulures toriques plus ou moins nombreuses. On compte de chaque côté de la nef majeure neuf arcades qui correspondent à autant de travées.

La paroi intérieure du croisillon du transsept méridional, et la muraille qui suit le collatéral du même côté sont ornées d'une série d'arcatures. Cette disposition, quoique ne se répétant point du côté opposé, est fort curieuse; elle est rarement pratiquée dans nos monuments religieux de Touraine, tandis qu'elle se rencontre fréquemment dans les édifices contemporains du nord de la France. Les galeries circulent tout autour de la basilique. Eles s'ouvrent à l'intérieur par de larges arceaux trilobés, dont le centre repose sur une légère colonnette. Le triforium n'est pas transparent comme à l'église métropolitaine; la nef y gagne en gravité, mais y perd en élégance. Il est vrai que le triforium à jour ne se rencontre pas communément dans les églises ogivales de la période primitive. Cette disposition, à Saint-Julien, tient à ce que les rampants des toits des nefs mineures viennent buter au niveau de la partie inférieure des fenêtres principales. Nous devons noter comme une particularité intéressante que les colonnettes de la galerie du fond du transsept méridional sont appuyées sur des figures bizarres. Cette idée, plus singulière qu'heureuse, se trouve rendue de la même manière dans la grande nef de la cathédrale de Saint-Cyr de Nevers les antiquaires regardent cette forme comme digne d'attention, précisément à cause de son emploi très-rare. N'oublions pas non plus de mentionner des feuilles à crochets placées sous les moulures de la corniche en saillic au-dessous de la galerie.

Nous ne sortirons pas de cette branche du transsept sans appeler l'attention sur la rose qui l'éclaire; elle appartient à la naissance de cette forme rayonnante si pompeuse et si éblouissante dans nos églises gothiques des différents âges; elle domine trois arceaux à voussure profonde, d'un effet imposant. Les

meneaux se relient à un centre circulaire, et se rattachent les uns aux autres par des demicirconférences tracées simplement à rond de compas. Cette rose n'est pas dépourvue de grâce comme forme architecturale, mais nous n'osons pas la comparer aux magnifiques fleurs ogivales qui épanouissent les mille divisions de leur corolle mystique au frontispice de nos cathédrales. Il n'est personne, tant soit peu versé dans la connaissance de nos monuments chrétiens du moyen âge, qui ne sache que les roses de l'église métropolitaine de Tours sont comptées au nombre des chefs-d'œuvre du genre. La rose du transsept septentrional, au-dessus de l'autel dédié à saint Martin, est surtout remarquable.

Dans le transsept du nord, à Saint-Julien, on a pris un autre parti des fenêtres à lancettes remplacent la rose, et les arcatures ont été supprimées. Sur la muraille on distingue encore quelques traces d'une peinture à fresque. Nous avons aperçu en d'autres endroits des vestiges de peintures antiques presque effacées. La peinture murale des époques ogivales n'a laissé malheureusement que des souvenirs et des fragments isolés. Aujourd'hui que les artistes et les antiquaires recherchent avec ardeur les moindres débris des décorations anciennes, c'est toujours une bonne fortune que de pouvoir signaler quelques rinceaux et quelques compositions d'ornement. Les restes que nous avons observés sont situés à une assez grande élévation, et sont surtout visibles au pilier d'angle de la nef et du transsept mé.idional.

Les fenêtres de l'église abbatiale de SaintJulien sont construites avec régularité : la baie en est divisée en plusieurs compartiments par un ou plusieurs meneaux, et l'amortissement en est rempli de figures de trèfles, de quatre-feuilles, et de rosaces. L'œil se porte instinctivement et presque exclusivement sur l'immense fenêtre percée dans le mur oriental. Il est difficile de reucontrer la hardiesse, la légèreté, la souplesse, l'élégance, réunies dans un même degré de perfection. Les formes rayonnantes du tympan sont largement ouvertes et admirablement unies les unes aux autres. Si ce grand fenestrage était animé de l'éclat des peintures sur verre, il produirait un effet prodigieux.

Les voûtes constituent peut-être la partie la plus intéressante de la basilique de SaintJulien, au point de vue archéologique. Elles sont bâties avec toutes les conditions d'élégance et de stabilité. Leur portée étendue, leur légèreté, les rendent plus admirables encore. Tout ceux qui ont un peu abordé l'étude des constructions savent que l'érection des voûtes, avec leur ossature et leurs courbes rigoureusement déterminées, présente de nombreuses difficultés à vaincre. Les perfectionnements divers dans l'art de bâtir, depuis la substitution de l'arc à l'architrave, se sont successivement opérés par la solution des grands problèmes relatifs à

l'établissement des voûtes. Les architectes de la période romano-byzantine ne sont jamais arrivés à surmonter toutes les causes de destruction dans leurs voûtes à plein cintre, soit en berceau, soit à arêtes. Après un temps plus ou moins long, les lois de l'équilibre exerçaient cruellement leur empire et ruinaient leurs œuvros. Seuls, les artistes qui employèrent les croisées d'ogive triomphèrent de tous les obstacles; leurs œuvres seraient immortelles, si quelque chose pouvait être immortel ici-bas. Qu'il nous suffise de dire ici que la science de la construction des voûtes a fa't de ses principes une application irréprochable à la nef et aux collatéraux de l'église de Saint-Julien. Ajoutons cependant que toutes les voûtes des nefs mineures ne sont pas formées de pierres d'appareil, mais de libages; les courbes néanmoins ont été conservées avec la plus grande exactituds. L'intrados en a été revêtu d'un enduit épais sur lequel on a simulé les appareils avec de larges traits.

Au xin siècle, le plan des églises ne comportait pas de chapelles accessoires le long des bas-côtés de la nef: elles se plaçaient seulement en rayonnant autour de l'abside. Sous ce rapport, l'église de SaintJulien ne fait pas exception aux règles générales aucune chapelle ne rentre dans le plan primitif. Les deux absidioles ajoutées aux secondes uefs mineures du chevet ont été bâties beaucoup plus tard, comme nous l'avons déjà dit. L'addition de ces chapelles ne forme point disparate avec le plan primordial, elle semble en faire le complément. Une fenêtre à plein cintre les éclaire à l'orient, et elles sont couvertes de voûtes traversées de nervures nombreuses dans le style avancé de la renaissance. A la chapelle de Saint-Benoît, les nœuds de l'entre-croisement des nervures sont ornés de roues dorées, qui entraient dans les armoiries de l'abbé Jean Robert. A la chapelle de SaintMaur, on voit figurées à la place correspondante les armoiries du moine Sébastien Testu la couleur du champ est cachée sous une épaisse couche de couleur noire qui couvre aussi les parties voisines; l'écusson est en cartouche et chargé de trois lions armés et opposés. Plusieurs nervures viennent tomber sur une charmante console de la renaissance, située au côté méridional de cette chapelle.

Quelques fragments de vitraux avaient échappé à la ruine générale des verrières peintes de Saint-Julien. En 1812, ils ont été acquis par le Chapitre de l'église métropolitaine. Actuellement ils décorent une des chpelles absidales de la cathédrale, à gauche de la chapelle de la Sainte-Vierge. Ces vitraux sont de l'époque hiératique, à légendes et à mosaïque; les connaisseurs les estiment à l'égal des plus célèbres vitres du xur siècle.

La charpente de l'église Saint-Julien est merveilleusement établie et conservée. Elle est composée de pièces de bois de chêne blanc, comme la plupart des grandes char

pentes de cette époque; c'est une erreur généralement reconnue de croire que le châtaignier seul entrait dans leur confection. Les personnes qui auront le courage de monter sur les voûtes seront bien dédommagées de leurs peines en voyant cette forêt pittoresque de hautes pièces de bois artistement jointes les unes aux autres.

Nous n'avons qu'un mot à dire de l'extérieur. Les contre-forts sont encore presque tous couronnés de leurs clochetons aigus; plus heureux que ceux de l'église métropolitaine, ils n'ont pas perdu leur plus bel ornement. Les arcs-boutants sont unis au corps du monument par une belle colonne surmontée d'un chapiteau à crochets. Les fenêtres ogivales sont ornées à l'extérieur de feuillages recourbés, qui sortent de la moulure médiane de l'archivolte. La nef collatérale du nord, dans le voisinage de l'abside, est éclairée par deux. fenêtres circulaires d'un effet assez original.

VI.

ÉGLISE ABBATIALE DE SAINT-OUEN, A ROUEN. L'abbatiale de Saint-Ouen passe, à juste titre, pour un dos plus beaux monuments de l'art ogival elle fut fondée, en 1318, par Jean ou Roussel Marcdargent, vingt-quatrième abbé, qui en posa solennellement la première pierre. Pendant vingt et une années, cet abbé y fit activement travailler, et sous sa direction on a heva le choeur, les chapelles absidales, les piliers qui supportent la tour, et la plus grande partie des transsepts. Ces constructions coutèrent 63,036 livres 5 sols tournois, ou environ 2,600,000 fr. de notre monnaie. Vers 1464 on bâtit deux travées de la nef; le reste ne fut continué que vers la fin du xve siècle et au commencement du xvi°. L'édifice ne fut entièrement achevé que vers l'an 1515, à l'exception de la façade occidentale qui n'a jamais été finie; la tour centrale avait été terminée un peu plus tôt que le reste du monument. La longueur dans œuvre de Saint-Ouen est de 135,34. - La largeur totale est de 20",72. La largeur de la nef entre les piliers est de 9,44.- La largeur du transsept est de 11,04. La hauteur sous clef de voûte est de 32,50. La longueur des transsepts est de 42,22.

[ocr errors]

Dans la seconde chapelle, au nord du chœur, on voit la tombe d'Alexandre de Berneval, inhumé en 1440, architecte qui avait bâti les transsepts. L'inscription qui la décore est ainsi conçue: «Ci gist maistre Alexandre de Berneval, maistre des œuvres de machonnerie du roy nostre sire, du bailliage de Rouen et de cette église, qui trespassa l'an de grâce mil ccccxL le v jour de janvier. Priez Dieu pour l'âme de lui. »

Sur des piliers élancés, flanqués de colonnettes élégantes, s'élèvent à une hauteur de 9 36, les arcades à ogive de la nef, dont le sommet est à 15" 23, au-dessus du sol. Alors on voit la galerie élégante qui est entre ces arcs et la claire-voie; cette galerie a 6" 25 d'élévation. Elle est divisée en cinq compartiments par quatre colonnes légères, et ornée

d'un élégant couronnement à jour où l'on remarque des vases à cinq lobes. Vient ensuite la claire-voie de toute la largeur des travées, et divisée également en cinq parties. La disposition architecturale intérieure est très-remarquable et peut servir de modèle aux architectes qui étudient l'art ogival. La tour centrale est un chef-d'œuvre de grâce et de légèreté.

EGLISE ABBATIALE DE SAINT-DENIS.

Aucun monument en France ne rappelle un plus grand nombre de souvenirs. historiques que l'ancienne abbatiale de Saint-D3nis, près de Paris. Il est impossible, pour ainsi dire, de lire une page des annales de notre pays sans y voir figurer l'abbaye et la basilique de Saint-Denis. C'est dans cette église et dans la vaste crypte qui règne sous le sanctuaire et le rond-point de l'abside que furent ensevelis un si grand nombre de rois de France. M. le baron de Guilhermy, dans la première partie de la Monographie de l'église royale de Saint-Denis fait l'énumération des sépultures principales de nos rois et de nos princes, et établit par des faits l'authenticité des tombeaux et des statues qu'on y observe encore de nos jours. Il résulte des recherches auxquelles il s'est livré, et des textes précis qu'il cite, qu'il faut rapporter au règne de saint Louis la construction des monuments érigés dans la basilique aux prédécesseurs de ce prince. C'est à dater seulement du règne de Philippe le Hardi, le fils et le successeur immédiat de saint Louis, que les figures royales qui nous restent peuvent être acceptées comme des portraits authentiques. Dans les statues des personnages qui ont régné avant saint Louis, il ne faut voir autre chose que des monuments commémoratifs.

Ce fut en 1141, tandis que Louis le Jeune faisait la guerre en Gascogne, que l'abbé Suger se retira à Saint-Denis, avec la résolution d'accomplir un dessein qu'il avait conçu depuis longtemps. L'église de son abbaye lui parut trop petite et il voulut la rebâtir sur un plan magnifique. Dans cette intention, Suger fit venir de tous les endroits du royaume les plus habiles ouvriers qu'on put trouver, architectes, charpentiers, peinires, sculpteurs, graveurs, etc. Il résolut même d'envoyer jusqu'à Rome chercher des colonnes de marbre. Mais il trouva en France tout ce qui lui était nécessaire. Les carrières près de Pontoise lui fournirent les matériaux. On commença par l'entrée de l'église. Suger fit abattre le lourd portail construit par Charlemagne; fit transporter en un autre lieu la tombe de Pépin qui se trouvait dans cet endroit; ajouta deux ailes à l'église et les enrichit de plusieurs chapelles. Ensuite l'abbé Suger fit bâtir le chevet; lorsqu'on était aux fondations, le roi y vint et posa la première pierre. Au moment où le chœur chantait les psaumes et les cantiques et lorsqu'on en vint à ces mots : « Lapides pretiosi omnes muri tui (Tous les murs sont des pierres précieus s), » le roi détacha un anneau orné d'une pierre de grand prix, qu'il portait au

doigt, et le jeta dans les fondations; tous les assistants à son exemple en firent autant. Le dessein de Suger, à ce qu'il paraît, n'était pas de bâtir une église entièrement nouvelle; après avoir restauré la façade occidentale et les tours, qui étaient dans un plus mauvais état que le reste de l'édifice, il dirigea son attention sur l'intérieur Unc partie des restaurations étant achevée, Suger invita Hugues, archevêque de Rouen, et plusieurs autres prélats, à assister à la consécration qui eut lieu en 1140. A cette occasion, l'assemblée invita Suger à poursuivre son œuvre; il entreprit alors la construction du chœur, qui fut achevé en 1144 et inauguré le 11 juin avec une grande solennité en présence du roi, de sa femme, de sa mère, et d'une foule considérable de prélats. Les évêques consacrèrent le maître-autel et vingt autres autels dans l'église : celui de la SainteVierge fut consacré par Théobald ou Thibaud, archevêque de Cantorbéry.

L'abbatiale de Saint-Denis offre des différences notables dans sa construction, qui indiquent évidemment des travaux exécutés à diverses époques. Ma's l'unité générale de l'édifice n'en est pas détruite.

EGLISE ABBATIALE DE Vézelay.

Le monastère de Vézelay fut fondé vers l'an 868; il était alors habité par une communauté de femmes de l'ordre de SaintBenoît. En 878, il passa à une communauté d'hommes, et Eudon ou Odon en fut le premier abbé. Au milieu du x' siècle, Vézelay fut réduit en cendres. Au commencement du XI' siècle, l'abbaye avait éprouvé de nouveaux désastres. Vers 1008 ou 1011, le duc Henri de Bourgogne chargea l'abbé Guillaume de travailler au rétablissement de l'église. C'est de cette époque que doivent exister les plus anciennes constructions de Vézelay encore existantes. La nef et la crypte, peut-être, auront été bâties de 1011 à 1050. Quant au portique des catéchumènes, où le plein cintre et l'ogive sont mêlés, il porte les caractères de l'architecture romano-byzantine de la fin du x cle.Le choeur de l'église fut brûlé en 1165; il ne fut rétabli entièrement qu'au commencement du xin siècle; les chapelles absidales et la galerie du choeur appartiennent certainement au style ogival primitif.

siè

Voici les principales mesures de l'église abbatiale de Vézelay, dédiée à la Madeleine: longueur, depuis le portail jusqu'à l'abside, hors œuvre, 123TM, 40; - longueur du chœur 34, 99; largeur des trois nefs réunies 26", 11; largeur de la nef principale 7", 59;

[ocr errors]

longueur des transsepts 29", 45;-hauteur de la nef sous voûte (partie la plus ancienne) 17", 95; - hauteur de la nef sous la voûte ogivale 20,80; hauteur de la voûte des bas-côtés 7, 59; hauteur de la voûte du portique des catéchumènes 19, 43; — hauteur de la voûte du chœur 21", 10.

La partie originale de Vézelay, c'est le vestibule des catéchumènes et la façade qui le précède. Trois arcades cintrées, de cliaque

côté, divisent ce porche ou narthex parallèlissé aussi quelques traces. Le porche est lement à l'axe de la nef. La voûte est en orné de statues et de sculptures fort cuogive. Les chapiteaux des colonnes engagées rieuses autour de l'ouverture extérieure du vestibule on voit des espèces de crochets sur les faces des piliers sont historiés et finement sculptés. L'ornementation de la fa- végétaux terminés par des têtes de moines et des figures bizarres. La voussure de la porte çade est très-abondante et d'un style fort curieux. Les personnages ont le corps allongé est décorée de trois rangs de statuettes, paret revêtu de draperies fines à plis nombreux mi lesquelles on distingue, au premier rang, et serrés. Au centre de la composition ap- au milieu des anges, Moïse, Elie, et trois autres vieillards; le second rang est forparaît la figure de Jésus-Christ, la tête apmé de martyrs, et le troisième de vierges. Le puyée sur un nimbe crucifère. Nous ne ferons pas la description de la sculpture de style des statues est large et fortement cal'église des Catéchumènes de Vézelay: cette ractérisé. On voit, dans la crypte, des fûts de description détaillée nous entraînerait trop colonne en marbre d'un travail antique. loin. Če monument présente à l'archéologue une des pages les plus intéressantes de l'iconographie du moyen âge. Nous y reviendrons plus bas. Mais nous ne pouvons nous empêcher de signaler à l'étude des antiquaires cette composition immense où l'on peut trouver matière à mille observations importantes en tout genre. Personne encore, à notre connaissance, n'a entrepris l'explication de ce grand tableau: M. l'abbé Crosnier, dans son Iconographie chrétienne, s'est étendu sur ce sujet plus longuement que ses devanciers. (Voy. ICONOGRAPHIE.)

L'extérieur de l'église est fort simple; les fenêtres n'ont presque aucun ornement. Les contre-forts anciens sont peu saillants. On en voit de plus épais, ainsi que des arcs-boutants dans les parties où des dégradations déjà anciennes en ont fait sentir la nécessité.

EGLISE ABBATIALE DE PONTIGNY.

L'église de Pontigny offre le type le plus
des constructions de l'ordre de Cîteaux.
pur
Il y règne une grande majesté dans l'ordon-
Dance générale du plan, avec la plus sévère
simplicité dans l'ornementation architectu-
rale. Voici les principales dimensions de
l'édifice longueur 108; largeur 22, y
compris les collatéraux; largeur au trans-
sept 50; la hauteur des voûtes est de 21".
Cette admirable église, due à la munificence
du comte de Champagne, semble être d'un
seul jet elle appartient au style transition-
nel. La nef n'a point de chapelles latérales;
mais on en compte vingt-quatre derrière le
choeur et le sanctuaire. Ce qui mérite surtout
d'être remarqué, ce sont les huit colonnes
monolithes qui entourent la grande abside :
leur fût est bien réellement d'une seule pier-
re. Les fenêtres sont simples, étroites, sans
meneaux, sans divisions, sans vitraux peints.
La porte qui s'ouvre sous le portail princi-
pal est couverte de pentures en fer contem-
poraines de l'édifice. Ces pentures, formées
d'enroulements assez simples, ne peuvent
pas soutenir la comparaison avec les riches
pentures du XII° siècle : elles sont néan-
moins très-précieuses dans leur genre.

EGLISE ABBATIALE DE NOTRE-DAME DE LA
COUTURE AU MANS.

Cette église, la plus importante du Mans, après la cathédrale, est grande, imposante et d'une architecture distinguée. Elle appartient aux XI, x* et x siècles; le xiv y a

EGLISE ABBATIALE DE SAINT-GERMAIN DES PRÉS.

Au nombre des monuments les plus anciens de Paris se place l'église abbatiale de Saint-Germain des Prés. Ce monument a la forme d'une croix ; la terminaison orientale en est circulaire, et autour du rond-point rayonnent cinq chapelles également cireulaires. Les transsepts, qui sont fort courts, datent du XIIIe siècle. Les piliers de la nef sont carrés et flanqués sur chaque face d'une colonne engagée. Ils sont liés par des arcs plein cintre ornés sur l'arête d'un tore élégant. Les chapiteaux sont d'un travail assez barbare on y voit représentés des figures entières, des monstres et des feuillages exotiques. Cette partie est évidemment la plus ancienne. Le chœur est moins antique que le vaisseau; la consécration en fut faite en 1163. Dans la parti orientale, on reconnaît les signes caractéristiques de l'architecture qui fleurit sous le règne de Louis le Jeune. Les fenêtres de la claire-voie sont à ogives, ainsi que la voûte du chœur. Ce qu'il y a de remarquable dans ce chœur, c'est la petite galerie du premier étage. Les colonnes ne sont point surmontées par l'ogive ou le plein cintre; un entablement horizontal couronne. les baies de cette galerie. Les colonnes du rond-point supportent des ogives, tandis que les autres arcades du chœur, vers l'occident, présentent des pleins cintres.

EGLISE ABBATIALE DE SAINT-ETIENNE DE CAEN.

Cette église fut bâtie par ordre de Guillaume le Conquérant, en 1064. La construction n'est pas entièrement homogène; le chœur et l'abside sont d'une date postérieure au XIe siècle. La façade de l'église abbatiale de Saint-Etienne est d'un aspect sévère et gran diose en l'examinant, on peut aisément se convaincre que l'arc itecture à plein cintre du XIe siècle pouvait communiquer à ses œuvres un caractère vraiment majestueux et monumental. Les portes et les fenêtres sont à plein cintre et établies symétriquement. La décoration des tours mérite d'attirer l'attention tout y est disposé avec un goût remarquable. M. de Caumont incline à croire que l's pyramides à huit pans qui surmontent les tours ne datent que du xII' siècle; cette opinion n'est pas adoptée par tous les antiquaires; quelqu s-uns pensent qu'elles peuvent être attribuées à la fin du XI° siècle.

Le plan de l'églis abbatiale de SaintEtienne est en forme de croix latine à transsepts peu saillants, à trois nefs, dont les collatérales forment déambulatoire autour de Tabside. Voici les principales dimensions: longueur de la nef, sans y comprendre le vestibule, 40 mètres; longueur du transsept 7,50; longueur du choeur 25 mètres ; largeur des collatéraux 4 ",50.

Sur les nefs mineures règne une galerie aussi large que ces nefs elles-mêmes: c'est une disposition rare dans les édifices romano-byzantins du xi s'ècle. Les piliers sont cantonnés de colonnettes couronnées de chapiteaux à feuilles épaisses, faiblement sculptées on y voit quelques figures grotesques. Les arcades sont toutes à plein cintre et régulièrement tracées : elles sont entourées de moulures toriques d'une grande pureté de contour. Toutes les parties architecturales de St-Etienne de Can sont d'une conservation étonnante son dirait que l'édifico romano-byzantin sort des mains de l'ouvrier. La région absidale de cette église ne date que de la fin du XII siècle et du commencement du XII. Au xv, une grande chapelle a été accolée à la partie inférieure de la nef principale; plusieurs voûtes des bas-côtés sont à nervures prismat ques et ont été éle vées à la même époque : 1 s signes du style ogival flamboyant ne laissent subsister à co suj t aucune incertitude.

ABBATIALE (l'); LOGIS, PALAIS ABBATIAL. En dehors des bâtiments destinés aux usages du monastère proprement dit, les abbés se construisirent ordinairement un logis séparé, alin de pouvoir facilement communiquer avec les étrangers, en les admettant dans l'enceinte de l'abbaye, sans trou.bler le silence et l'ordre de la communauté. De cette manière, l'abbé traitait lui-même et dans sa maison les affaires temporel es qui réclamaient ses soins, d'après les devoirs de sa charge. Lorsque 1's abbayes furent florissantes, les abbés devinrent sonvent de riches et puissants seigneurs; alors le logis abbatial était ass z grand et assez splendide pour qu'on y pút recevoir les rois avec leur cour, les papes avec leur nombreux cortége, sans que le monastère luimême fût vali. Pendant le règne de la féodalité, le logis abbatial offrit, dans certaites partios de sa construction, les signes Apparents de la puissance suzeraine; et, coute le plus souvent l'abbaye avait droit de hauté, moyenne et basse justice sur Is ter a qu'elle possédait, on y établit tribu, pion et fourche patibulaire : c'étal, pevar mumst dire, une forteresse, comme des chistemax die plus firs saigneurs. Afin du pebor the toute attaque, dans un tmps de wolkner, on la raison du plus fort passait fer soyut pour la menleure, le logis abbat el dia latiqué de tours et de mura lles keefirant et intcn.coulis. Dans ce manoir wow ment Monial, en certaines circonstances, 1. de grenvait de ses vassaux et tenanciers * tittaga 'sge, quand cette cérémonie s his Jans féglise. Sous ce rap

[blocks in formation]

port, les maisons monastiques suiv'rent forcément les coutumes des divers siècles du moyen âge. On ne saurait y trouver sujet du moindre reproche à leur adresser, ́à moins qu'on ne veuille récriminer contre le passé tout entier.

Aujourd'hui, on ne trouve plus guère que des ruines de ces antiques maisons abbatiales à tourelles, à murailles crénelées, ayant portes fortifiées, avec horse et pontlevis. A Vézelay, on aperçoit encore deux tourelles découronnées, derniers restes d'une abbatiale qui jadis reçut le roi de France, la reine et une foul de chevaliers et de dames de leur suite. Généralem nt, ces constructions n'ont pas de caractères particuliers; elles ont la même apparence que les édifices eivils contemporains.

Beaucoup des plus vieilles maisons abbades monastères, lorsque les abbayes furent tiales disparurent à l'époque de la décadence données en commandite. Alors, pour les riches abbés comman lataires, les monastères furent comme un domaine ordinaire, dont ils touchaient les revenus, sans s'occuper le moins du monde de leur administration spiritu lle. Sous ce régime, il y eut parfois de si cr ants abus que les moines étaient réduits à un complet dénuement, tandis que des pasteurs mercenaires nageaient dans l'abondance. Les abbatiales gothiques furent démolies pour faire place à des palais élégants et commodes. Dans le cours du XVII et du xvII siècle la plupart des maisons abbatiales furent rebâties en France. Ajoutons encore que les Bénédictins reconstruisirent à peu près tous leurs monastères dans notre pays dans le courant du siècle dernier. Ces travaux furent entrepris sur un plan uniforme, où le confortable peut revendiquer certaines dispositions plus ou moins de son ressort, d'où l'art et l'archéologie étaient presque absolument bannis.

ABBATIOLE. —Le nom d'Abbatiole fut donné, dès les temps les plus reculés, aux établissements fondés par les abbayes et qui demeuraient toujours sous la dépendance de l'abbaye mère et sous la juridiction immé diate de l'abbé. En voici l'origine. On envoyait des moines dans les campagnes pour desservir des églises qui avaient été données au monastère, soit par les évêques, soit par les princes, soit par les seigneurs. La nécessité de secourir les fidèles dans leurs besoins spirituels les y retint d'abo:d quelques jours, puis peu à peu les y fixa tout à fa t. En beaucoup de lieux, ces églises n'étaient d'abord que de simples chapelles domestiques, où les religieux, envoyés pour faire les récoltes, pour faire valoir ou défricher les terres él ignées de la maison commune, célébraient l'office aux heures prescrites par la règle. Les serfs ou domestiques qu'ils employaient avec eux au labour et aux travaux les plus pénibles des champs, s'exemptèrent d'aller les dimanches et fèles chercher, bien loin à leur paroisse les secours spirituels qu'ils pouvaient trouver sous leur main sans Sortir. Les malades et les infirmes autorise

« PredošláPokračovať »