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CAVEAU (ACOUSTIQUE). Il y avait autrefois, dans la cathédrale de Noyon, un caveau acoustique, ou plutôt phonocamptique, littéralement propre à renvoyer l'écho. Il était placé à l'entrée du choeur: sa destination était de produire plus d'écho dans l'église et de soutenir la voix des chantres. En voici la description donnée par un témoin oculaire. Les objets qui s'offrent à la vue en entrant dans ce caveau, où je suis descendu, surprennent ceux qui ignorent l'usage auquel ils avaient été destinés. Les murs sont tapissés de vases en terre cuite, superposés horizontalement et rangés avec symétrie. La partie convexe de ces vases hémisphériques est appuyée contre le mur, tandis que leur large orifice se présente dans le vide du caveau. Une maçonnerie lie tous ces vases ensemble et remplit les interstices de manière à ne laisser apercevoir que leur bouche, ce qui donne à cet appareil l'aspect de l'intérieur d'un colombier. Enfin, une large ouverture faite au centre de la voûte, et fermée autrefois d'une grille à jour, étab'issait une communication entre le caveau et le temple. D'après ces dispositions, on voit que la partie concave de chaque vase forme une espèce de voûte qui rassemble le son, le grossit et ensuite le réfléchit. C'est là, du moins, la théorie du phénomène de l'écho.

«Vitruve nous apprend qu'en dive.s lieux de la Grèce et de l'Italie, on rangeait avec art, sous les degrés du théâtre, en des espaces voûtés, des vases d'airain ou de terre, de forme ronde et concave, pour renforcer la voix des acteurs et produire une espèce d'écho. Ces vases étaient appelés echea. Cassiodore témoigne que les sons tragiques étaient tellement augmentés par ces échos artificiels, qu'on les prenait à peine pour des sons humains: Tragedia ex vocis vastitate nominatur; que concavis repercussionibus roborata, talem sonum videtur efficere, ut pene

ab homine non credatur exire (Cassiod. lib. iv, ep. 51). Enfin, Millin dit qu'il parait que dans la construction des églises gothiques on employait encore quelquefois ce moyen pour renforcer la voix des moines et des chanoines.

Cependant nous devons avouer que l'abandon qui a été fait de ce procédé et la rareté des lieux où il fut mis en usage donnent à penser qu'il n'a pas entièrement ré

pondu à l'espoir que, on en avait conçu. Néanmoins, il est intéressant de constater l'essai qui en avait été fait dans la cathédrale de Noyon.» (Antiq. de Noyon, pag. 320 et 321, par Moët de la Forte-Maison.)

CAVET. Le cavet est une espèce de moulure en creux ou rentrante, faite de la quatrième partie de la c rconférence: elle est l'opposé du quart de rond, qui est saillant, et l'union de ces deux moulures constitue le talon. Sa profondeur n'est pas rigoureusement déterminée; elle peut varier suivant le goût de l'architecte.

CEINTURE.- Moulures diversement combinées, qui entourent, à différentes hauteurs, les colonnes et les colonnettes. Voy. ANNEAUX, ANNELETS, COLONNES ANNELÉES.

On appelle ceinture funèbre, autrement litre, une bande noire, qu'autrefois les seigneurs patrons des églises ou les seigneurs hauts justiciers avaient le droit de faire pein ire sur les murailles des églises, ea dedans et en dehors; sur cette ceintu e étaient placées les armoiries de la famille.Cette coutume avait pour but d'honorer la mémoire des fondateurs ou des bienfaiteurs des lieux sacrés, et en même temps de marquer les droits que possédaient leurs successeurs et leurs héritiers. On voit aujourd'hui la trace de la ceinture funèbre en un grand nombre d'églises, dans nos campagnes; je dis, la trace, parce que nulle part la litre n'a été conservée. On peut encore quelquefois y distinguer l'écusson et les pièces des armoiries. L'archéologue doit les rechercher avec soin il y trouvera de bonnes indications pour l'histoire des monuments.

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La ceinture ou écharpe, dans le chapiteau ionique, est l'orle du côté du profil, ou balustre, ou le listel du parement de la volute que Vitruve appelle balleus ou baudrier. CELLA. Dans les monuments des anciens, la cella est la partie intérieure du te uple, le sanctuaire, pour ainsi dire, où se trouvait la statue de la divinité à laquelle le temple était consacré. On l'appelait aussi en grec naos ou domos; de là les portiques, dont elle était précédée, étaient désignés sous le nom de pronaos, prodomos. Quelquefois il y avait encore, derrière la véritable cella, une chambre destinée à y conserver le trésor du temple. On la désignait ordin tirement sous le nom d'opisthodomos, c'est-à-dire, la partie postérieure du domos ou de la cella.

Ordinairement chaque temple n'avait qu'une seule cella, et il n'y avait qu'une espèce de temple toscan qui avait trois cellæ, l'une à côté de l'autre. La cella était presque toujours construite en grandes pierres, à la manière appelée par les anciens isodomum. Le pavé était toujours plus élevé que celui du portique, il fallait donc plusieurs marches à l'entrée, ainsi qu'on le voit au Parthénon, aux deux temples de Paestum et dans plusieurs autres temples.

Dans quelques temples, la cella était ornée de bas-reliefs dont on décorait la frise continue.

CELLE. Les celles, cella, étaient des

espèces de petits prieurés élevés sur les terres d'une abbaye, et servant d'abord de résidence temporaire à des moines. Voy. ABBATIOLE. On les nommait quelquefois obédiences.

Le mot de celle fut principalement en usage dans l'ordre de Grandmont. La maison principale, ou Grandmont, avait le titre de prieuré; toutes les maisons soumises à celleci avaient le nom de celles (Hélyot, édit. Migne, art. GRANDMONT). De cent quarante celles ou environ qui dépendaient de Grandmont, Jean XXII en érigea trente-neuf en prieurés conventuels (Id., ibid.).

CELTIQUE.-Il existe en France un grand nombre de vieux monuments que l'on a appelés celtiques, quoiqu'on les retrouve aussi dans d'autres pays. Cette dénomination néanmoins doit être conservée, parce que nulle part ils ne sont ni si nombreux ni si remarquables que dans les contrées jadis habitées par les populations d'origine celtique. Nous avons comparé les monuments druidiques avec ceux des plus anciens peuples de l'Asie; nous avons montré l'analogie qui existe entre les uns et les autres. Ce travail conduit à des conséquences intéressantes, qui confirment les plus vieilles traditions historiques sur la dispersion des peuples. Nous n'y reviendrons pas ici. Voy. DOLMEN.

Les prétendus philosophes qui rejettent la Bible, le plus ancien et le plus authentique des livres, ont débité bien des fables à propos de la religion primitive des Celtes et des monuments qui nous en restent. Depuis M. Amédée Thierry, qui a composé une Histoire des Gaulois, où l'imagination prend parfois la place de la réalité, jusqu'à l'Allemand Goerres, dans son livre intitulé Les Religions de l'antiquité, on a dit et répété des fables qui n'ont pas le charme de la poésie, mais qui en ont la fiction et le mensonge. C'est une manie de nos jours de voir partout le panthéisme. Aussi n'a-t-on pas manqué dassurer que le système hiératique le plus ancien aurait été le pantheisme. Cette affirmation est hasardée comme beaucoup d'autres: elle ne serait que ridicule, si elle n'avait pas de fâcheuses conséquences.

Les deux idées qui agissent le plus puissamment sur l'homme, soit isolé, soit en société, le culte de la Divinité et le désir de perpétuer la mémoire des grandes actions et des grands hommes, ont sans doute élevé les grossiers, mais impérissables monuments attribués aux Celtes. Ces monuments, produit d'une civilisa ion barbare, sans présenter aucune des conditions de l'art, offrent cependant un système arrêté, facile à reconnaitre à ses dispositions générales. Ils se composent le plus ordinairement de fragments de rochers, de pierres brutes, de formes plus ou moins irrégulières, de dimensious variables, tantôt isolées, tantôt réunies en groupes, d'après des lois qui paraissent constantes: ce sont encore quelques enceintes de terre, des tombelles ou tertres factices.

Malgré les destructions faites des monu

ments de ce genre, nous en possédons encore un très-grand nombre en France. On en voit beaucoup dans les campagnes de certaines provinces, la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Poitou, la Saintonge: c'est surtout dans l'ancienne province de Bre'agne qu'on en trouve la plus grande quantité. Dans toutes les terres qui n'ont point encore été con puises par l'agriculture, dans les landes, les bois, les lieux déserts, les pierres druidiques sont bien conservées; elles sont protégées, pour ainsi dire, par un certain respect superstitieux des habitants des campagnes.

Nous devons faire l'aveu de l'ignorance où l'on se trouve sur la destination des monuments gaulois. On a formé à leur sujet des conjectures plus ou moins vraisemblables; on a tiré de certaines formes, de certaines dispositions, des inductions plus ou moins ingénieuses et plus ou moins fondées; msis on n'a rien de positif et de précis.

Après bien des siècles écoulés, on trouve encore de nos jours quelques vestiges des anciennes croyances et des respects qui entouraient les monuments indigènes de la religion druidique. Pendant longtemps, ces puissances invisibles, ces femmes mystérieuses, qui, sous le nom de fées, exerçaient un si merveilleux empire, continuèrent d'habiter leurs grottes et leurs forêts; les dames se promenaient la nuit dans les clairières des bois,veillaient auprès des fontaines, gardaient des trésors enfouis, et se retiraient dans leurs demeures sauvages, désignées aujourd'hui par le nom de grottes aux fées. Quelquefois les riantes fictions de la mythologie septentrionale cédèrent la place à des croyances plus terribles, et dans les monuments druidiques on voyait les maisons et les châteaux du démon, l'habitation des mauvais esprits, ennemis de l'homme et surtout des enfants.

Les Gaulois n'érigeaient point de temples à leurs divinités. Ils pensaient, comme les Germains, que c'eût été outrager la majesté divine que de chercher, pour ainsi dire, à l'enfermer dans des murailles. Ils accomplissaient leurs rites sacrés au milieu des forêts et sur la cime des montagnes.

Les monuments celtiques les plus remar quables sont les menhirs ou peulvans, les alignements, les enceintes druidiques ou kromlechs, les trilithes ou lichavens, les pierres branlantes, les dolmens, les allées couvertes ou grottes aux fées, les barrows et les galgals. (Voy. ces mots.)

Ceux qui désireraient avoir de plus amples renseignements sur les monuments gaulois pourront consulter les ouvrages suivants Voyage dans le Finistère, par Cambry, revu par E. Souvestre. - Essai sur les antiquités du Morbihan, par Mahé.-Archéologie armoricaine,par M. de Penouhet.— Monuments celtiques, précédés d'une Notice sur les druides.

Mémoires de l'Académie celtique, aujour d'hui la société des Antiquaires de France.

Recherches sur plusieurs monuments celtiques et romains, par Baraillon.- Les der niers Bretons, par E. Souvestre. - Introd. à

-

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l'Histoire de France, par MM. de Jouffroy et E. Breton.-Cours d'antiquités monumentales, 1 partie, par M. de Caumont.- Les instructions du comité historique des arts et monuments, par M. A. Lenoir. Précis d'archéologie celtique, par l'abbé J. Corblet. Boucher de Perthes, Antiquités celtiques et antédiluviennes. Description des médailles gauloises, par M. Duchalais. - Antiquités de la Bretagne, par M. de Fréminville. Antiquitates septentrionales et celticæ, auctore Keyssler. Monumenta antiqua, auctore King. CÉNACLE. - Terme consacré, chez les anciens, pour dire le lieu où l'on mange. Ce lieu ou cette salle, était ordinairement situé à l'endroit le plus élevé de la maison. Le mot de cœnaculum se trouve souvent dans la version latine de la Bible, et il signifie ordinairement le dernier étage d'une maison. Il est dit, au chapitre premier des Actes des apôtres, qu'après que Jésus-Christ fut monté au ciel, ses disciples retournèrent à Jérusalem dans une maison, et qu'ils montèrent in cœnaculum, c'est-à-dire au lieu le plus élevé de la maison, qui était un lieu retiré et propre à faire la prière. C'était sans doute une espèce de terrasse.

La veille de sa passion, Notre-Seigneur dit à ses disciples de lui préparer à souper dans Jérusalem, et qu'ils y trouveraient un grand cénacle tout préparé: coenaculum grande stratum, une salle à manger, avec les lits de table à l'ordinaire. On a montré à Jérusalem, dit dom Calmet, dans les siècles postérieurs, une grande salle, qui fut ensuite convertie en église par l'impératrice Hélène, où l'on prétendait que notre Sauveur avait fait la dernière cène et institué l'eucharistie ; mais on a grand sujet de douter que cette salle ait été garantie de la ruine de Jérusalem par les Romains. (Dictionnaire de la Bible, art. CENACLE.)

Nous voyons sur le mont Sion, écrivait M. Poujoulat, au mois d'avril 1831 (Corresp. d'Orient, tom. V, pag. 162), le monument le plus entier qui nous soit resté de la domination latine à Jérusalem, l'église du SaintCénacle, convertie en mosquée depuis l'an 1550; c'est ce sanctuaire que le comte de Toulouse présentait à ses chevaliers comme une première conquête digne de leur zèle religieux; il renferme dans son enceinte les sépulcres de David et de Salomon; ce fut le lieu de la cène du Christ avec ses apôtres. Guillaume de Tyr et d'autres chroniques racontent que Godefroy concéda l'église du Saint-Cénacle à un prieur et à des religieux de la règle de Saint-Augustin, à condition qu'ils entretiendraient cent cinquante chevaliers pour la défense de la terre sainte. Quand les cénobites franciscains vinrent pour ia première fois à Jérusalem, ils s'établirent dans un monastère à côté du Saint-Cénacle; en 1560, comme je l'ai dit plus haut, les musulmans s'emparèrent du Cénacle pour le consacrer au prophète, et chassèrent les religieux de leur couvent; le monastère, depuis lors, a toujours été habité par des familles musulmanes; ces deux édifices, con

struits en pierres de taille, sont semblables à nos vieux monastères d'Occident.

Le Saint-Cénacle, écrivait l'auteur du Voyage en Orient (tom. II, pag. 297), est une graude salle voûtée, soutenue par des colonnes et noircie par le temps: si la vétusté est admise comme preuve, il porte les marques d'une antiquité reculée. Situé sur le mont Sion, hors des murs de la ville d'alors, il serait fort possible que les disciples s'y fussent retirés après la résurrection, et qu'ils s'y trouvassent rassemblés à l'époque de la Pentecôte, ainsi que l'affirment les traditions populaires. Cependant, le sac de Jérusalem, sous Titus, ne laissa guère debout que les tours et une partie des murailles; mais les sites restaient ainsi suffisamment indiqués ; et les premiers chrétiens durent mettre une grande importance à en perpétuer le souvenir par des constructions successives sur les mêmes lieux, et souvent avec les débris des anciens monuments.

CENOTAPHE. C'est un tombeau vide, de deux mots mots grecs, vos, vide, tapos, xvòs, tombeau, monument érigé à la mémoire d'une personne réellement inhumée autre part, ou dont le corps, perdu dans une bataille, dans un naufrage, n'a pu être retrouvé; il n'y a point de différence extérieure essentielle entre un cenotaphe et un sarcophage. On a élevé des cénotaphes à toutes les époques.

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CEP DE VIGNE. Rinceau de feuilles de vigne et de raisins, courant, le plus souvent, dans une gorge, et très commun au xv' siècle.

CÉRAMIQUE. L'art de fabriquer des vases et ustensiles en terre cuite, et de les décorer par la plastique et la peinture, a reçu le nom d'art céramique.

L'abondance des matériaux répandus à la surface du sol, qui sont propres à la confection des poteries, la facilité d'imprimer à des pâtes molles une forme quelconque par le seul moyen des mains, et la possibilité de leur donner une sécheresse et une solidité suffisante à l'ardeur des feux du soleil, ont dû faire de l'art céramique l'un des premiers que les hommes aient mis en pratique.

Aussi cet art était-il en honneur dès la plus haute antiquité. Si l'on en croit Hérodote, les vases grecs des habiles potiers de Samos étaient déjà célèbres du temps d'Homère, et un antiquaire, l'abbé de Mazzola, a même été jusqu'à prétendre que les poteries campaniennes ou italo-grecques, qu'on a désignées pendant longtemps sous le nom impropre de vases étrusques, sont antérieures aux siècle avant Jésus-Christ.

Les poteries grecques étaient déjà rares du temps de Jules-César; mais la destination religieuse de ces curieux monuments de l'industrie céramique, qui les fit placer dans les tombeaux, nous les a conservés. Ignorés pendant près de quinze siècles, ils ont reparu il y a tout au plus cent cinquante ans; à une époque où des hommes instruits pouvaient en apprécier le mérite comme ob

jets d'art, et y puiser des notions bien précieuses pour l'histoire et l'archéologie.

Les Etrusques, après les Grecs, ont fabriqué des poteries qu'on retrouve aujourd'hui dans différents endroits de l'ancienne Etrurie.

Les Romains nous ont aussi laissé plusieurs sortes de poteries, qui diffèrent par les époques, les matériaux et les principes de leur fabrication. Presque toutes présentent de l'intérêt sous le rapport de l'art. On les trouve répandues partout où les Romains ont étendu leur empire.

Le moyen âge ne nous a pas laissé de poterie artistique, et aucun document écrit ne fait supposer l'existence de produits que le temps aurait pu anéantir entièrement. Il faut arriver jusqu'au commencement du xv siècle pour trouver chez les peuples européens des poteries qui n'aient pas été uniquement destinées aux usages domestiques les plus vulgaires, et que l'art se soit plu à décorer. Aussi le moine Théophile, qui écrivait au x siècle, lorsqu'il passe en revue toutes les industries artistiques des peuples de l'Europe, ne trouve-t-il à parler que des poteries grecques.

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Dans le chapitre 16 du livre II de sa Diversarum artium schedula, qu'il intitule: Des vases d'argile peints avec différentes couleurs de verre, De vasis fictilibus diverso colore vitri pictis, il s'exprime ainsi : « Les Grecs fabriquent des plats, des vaisseaux et d'autres vases d'argile qu'ils peignent de cette manière ils prennent les différentes couleurs (les oxydes métalliques), et ils les broent chacune séparément avec de l'eau; avec ce mélange is peignent des cercles, des arcs, des carrés qu'ils remplissent d'animaux, d'oiseaux, de feuillages et de toute autre chose, suivant leur goût. Lorsque les vases sont ainsi ornés de peintures, ils les placent dans un fourneau à cuire le verre à vitre, et allument au-dessous un feu de bois de hêtre sec, jusqu'à ce que, environnés par la flamme, ils soient incandescents. Alors, enlevant le bois, ils bouchent le fourneau. Ils peuvent décorer certaines parties de ces vases, soit avec de l'or en feuilles, soit avec de l'or ou de l'argent réduits en poudre. »> Il résulte de ce passage du traité de Théophile, que les Grecs du Bas-Empire savaient décorer leurs poteries, soit avec des couleurs qui y étaient fixées par l'action du feu, et qui ne sont autres que des couleurs vitrifiables, de véritables émaux, soit par l'application de l'or et de l'argent en feuille et au pinceau. Théophile ne dit pas de quelle nature étaient ces poteries, et si elles avaient reçu préalablement une glaçure quelconque. A cet égard, rien ne peut nous éclairer, car il n'existe, que nous sachions, dans aucune collection, de ces poteries à sujets émaillés des fabriques du Bas-Empire.

Si d'autres peuples que les Grecs avaient fabriqué des poteries dé luxe à l'époque où vivait Théophile, ce savant moine, qui a expliqué les procédés des différentes industries de toutes les nations civilisées. n'aurait

pas manqué d'en parler. Les conjectures que nous tirons de son silence prennent, au surplus, un caractère de certitude d'après l'exame des anciens inventaires. Lorsqu'on y rencontre quelques productions de l'art céramique parmi les choses précieuses qui y sont décrites, ce sont toujours des poteries de l'Orient. Ainsi, dans l'inventaire de Charles V, de 1379, on lit, au f 199: « ung petit pot de terre en façon de Damas. » au f. 201: ung not de terre à biberon sans garnyson, de la façon de Damas. »>

La poterie de Damas était donc la seule qui méritât de figurer parmi les choses précieuses de toute nature qui remplissaient le garde-meuble du roi. On sait que Damas fut pendant longtemps la ville industrielle par excellence de l'empire grec; elle possédait de nombreuses fabriques qui continuèrent de subsister après que les Arabes se furent emparés de cette ville, et sous leur domination elle alimentait encore l'Europe de leurs produits. Voy. FAÏENCE ÉMAILLÉE, ARGILE, POTERIE.

CÉROPLASTIQUE. La céroplastique est l'art de modeler en cire; l'origine de cet art est inconnue. Les auteurs grecs et latins en parlent comme d'une industrie usitée de leur temps, sans chercher à en faire connaître l'auteur. Les Romains y avaient fréquemment recours, et nous savons qu'ils aimaient à conserver chez eux la figure en cire de leurs ancêtres : ils se faisaient gloire de montrer en public ces figures que l'on portait devant le défunt, lors des funérailles. Les clients, pour flatter leurs protecteurs, parfois en signe de reconnaissance, gardaient chez eux les images en cire de leurs bienfaiteurs patriciens.

L'histoire nous a conservé le souvenir d'une pratique superstitieuse des anciens. Ils avaient coutume d'enduire de cire l'autel placé dans le laraire domestique. Cette opération avait pour but de donner la facilité d'y graver les désirs secrets et les vœux qu'on adressait aux divinités qui étaient regardées comme les protectrices de la maison.

Au moyen âge, la céroplastique continua d'être usitée: On s'en servait pour faire des images en cire, représentant le visage desi saints. En Italie, on a continué jusqu'à nos jours à faire de semblables representations. On place les ossements des saints dans la cire préparée qui représente leur image, et on met cette figure dans une châsse ou sous un autel. On a essayé d'importer cette coutume dans nos églises de France; mais cette innovation a été peu goûtée. On préfère, chez nous, voir les ossements vénérables d'un martyr, d'un saint confesseur, ou d'une vierge, entièrement à découvert, plutôt que de les cacher dans une enveloppé, dont les traits sont mensongers, et nous osons le dire, parfois ridicules.

CHAINE. Barre, bande, ou triangle de fer qui sert à relier deux murs ou deux parties d'une construction quelconque, tendant à s'écarter l'une de l'autre. La chaîne s'arrête ordinairement à ses deux bouts par

d'autres pièces perpendiculaires qu'on appelle ancres.

Une chaine de pierre est une file verticale de pierres de taille, bâtie sur l'angle ou dans le plein d'une construction de moellons ou de briques pour lui donner plus de solidité.

On appelle aussi chaîne où chaînement une armature de fer placée quelquefois dans l'épaisseur même des murailles et destinée à en prévenir l'écartement ou à diminuer le fâcheux effet du roulement d'une construction, du tassement ou d'une dislocation.

CHAIRE ÉPISCOPALE.- La chaire épiscopale, en latin cathedra, est le trône sur lequel siége l'évêque dans son église appelée cathédrale à cause de cela. Anciennement elle était souvent de pierre, de métal ou de bois; plus tard elle fut communément de bois.

La chaire épiscopale fut primitivement placée au fond de l'abside, derrière l'autel principal, position qu'elle eut constamment dans les basiliques. Nous avons indiqué comment l'autel fat placé au foud de l'abside, dans les églises de la période ogivale: le trône épiscopal fut alors dressé dans le sanctuaire, du côté de l'épire. Il n'y a pas longtemps que l'on voyait encore dans plusieurs de nos grandes églises épiscopales des chaires antiques, la plupart en pierre, au fond du rond-point du sanctuaire. Dom Claude de Vert, dans le 1 chapitre du second volume de son Explication de la messe, dit que l'archevêque de Reims, les évêques d'Autun, de Metz, d'Arras, etc., en prenant possession de leur siége, allaient s'asseoir sur une chaire épiscopale très-ancienne, placée derrière l'autel. La chaire de la cathédrale de Reims était attribuée à saint Rigobert: pendant la vacance du siége archiepiscopal, on y plaçait une crosse antique qui y demeurait jusqu'à ce que le siége fût occupé par un nouveau titulaire. Cette chaire vénérable de la cathédrale de Reims fut br.sée à l'époque de la révolution, en 1793. Il en existe une de même nature dans une église de Toul: on l'attribue faussement à saint Gérard; elle est du x siècle, en pierre et, dans certaines parties, curieusement ciselée. Dans plusieurs églises de l'Italie méridionale, il en existe également plusieurs qui sont en marbre. Celle de saint Nicolas, à Bari, est portée, en avant, sur les épaules de trois personnages qui ont un genou en terre. Tout autour on a gravé ce distique latin :

Inclitus atque bonus sedet hac in sede patronus
Præsul Barinus Helias et Canutinus.

Les pieds de l'évêque, lorsqu'il est assis dans sa chaire, reposent sur un marchepied appuyé sur deux lions couchés. Le siége épiscopal de San-Sabino n'est pas moins remarquable; il est en marbre. Le siége est porté sur le dos de deux éléphants, et orné de têtes de monstres, de griffons et de feuillages.

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Dans la cathédrale d Cantorbéry, en Angleterre, on conserve encore la chaire d'intronisation des archevêques : elle se trouve DICTIONN. D'ARCHÉOLOGIE SACRÉE. I.

dans la partie orientale de l'église qu'on appelle coinmunément la couronne de Becket.

Ajoutons que le trône de Dagobert, si connu en France, et qui se trouvait dans le trésor de Saint-Denis, ressemble beaucoup à quelques-unes de ces chaires épiscopales mobiles, sur lesquelles on représente les évêques a sis dans certaines compositions des vitraux peints et dans les miniatures des manuscrits. On en trouve une bonne description par M. Lenormand, dans le tom. I des Mélanges de littérature et d'archéologie, recucil publié par les PP. A. Martin et Ch.

Cahier.

CHAIRE (à prêcher). Un des sujets les plus difficiles à traiter convenablement est certainement celui de la chaire à prêcher. Les auteurs, en plusieurs poin's, sont en désaccord, et de leurs discussions il ressort peu d'instructions utiles. L'abbé. Thiers a traité directement des chaires et des jubés; mais si l'auteur ne manquait pas d'érudition historique, il ne possédait pas la science des monuments, et ses recherches ne furent pas toujours suffisamment dirigées par cet esprit de sage critique, indispensable à la bonne exécution de travaux de cette nature.

Les apôtres et leurs successeurs, les évêques, sont essentiellement les docteurs du peuple fidèle. C'est à eux spécialement qu'il appartient de prêcher les vérités chrétiennes dogmatiques et morales. La chaire de l'évêque est le symbole de sa juridiction et de sa primauté dans une église qu'il dirige de droit divin: «Le Saint-Esprit a établi les évêques pour gouverner l'Eglise de Dicu. » On a donné ce nom non-seulement au siége d'honneur sur lequel l'évêque est placé dans le sanctuaire ou le chœur de son église cathédrale, mais encore à la tribune d'où la parole divine est annoncée au peuple assemblé.

Après le triomphe de la religion chrétienne, sous Constantin, lorsque les réunions des fidèles furent nombreuses, les évêques montaient à l'ambon, d'où se faisait la lecture do l'Epître et de l'Evangile, pour déclamer leurs homélies et débiter leurs instructions. L'ambon est donc la chaire primitive. Telle est du moins l'opinion du savant cardinal Bona, et elle est appuyée sur un grand nombre de passages des auteurs les plus anciens, notamment de saint Grégoire de Tours. Voy. AMBON. On lui donne alors le nom de tribune ou de tribunal cette expression se trouve souvent dans les écrits des Pères. C'est ce qui a fait dire au poëte Prudence, dans une hymne à l'honneur de saint Hippolyte :

Fronte sub adversa gradibus sublime tribunal
Tollitur, antistes prædicat unde Deum.

Ajoutons à ce passage de Prudence quelques textes en faveur de l'opinion du cardinal Bona. Epiphane le Scolastique dit que saint Jean Chr, sostome prêchait sur l'ambon: Residens super ambonem, ubi solebat facere sermonem. Eu 489, lorsque Macedonius, pa triarche de Constantinople, voulut se purger

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