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huit ans qui, ayant travaillé dans un lieu humide pendant quelques jours, fut pris d'une douleur névralgique insupportable surtout à la joue; tout avait été inutile pendant cinq mois, lorsqu'il eut recours à l'acupunc ture, qui procura la guérison: il cite plusieurs faits pareils.

Mais pourquoi aller emprunter à des médecins étrangers, très-estimables sans doute, des exemples de guérison, alors que nous n'avons qu'à moissonner autour de nous ? alors que nous savons tous que Dance a usé avec le plus grand bonheur de l'acupuncture dans plusieurs cas de lombago et de névralgie sciatique : que le docteur Haine dit avoir calmé, par cette opération, un hoquet qui avait résisté pendant longtemps aux remèdes les plus variés et les mieux indiqués que M. Récamier a déterminé un soulazement notable en enfonçant trois aiguilles dans la région ischiatique, tout en ayant le soin d'éviter le nerf chez un individu atteint de sciatique; les aiguilles pénétrèrent à deux pouces et restèrent vingt ininutes que M. Trouvé, médecin à Caen, se trouvant auprès d'une fille de vingt-huit ans, qui dé à éprouvait les symptômes d'une de ses attaques d'hystérie, les fit cesser immédiatement après l'implantation de six aiguilles dans les lombes le même effet fut obtenu plusieurs fois de la même manière, et ce qu'il y eut de plus heureux, c'est que les accès d'hystérie ne se renouvelèrent plus. Un succès analogue fut obtenu par le même médecin à l'aide de l'acupuncture, dans un cas de paralysie qui dalait de sept ans et avait succédé à une chute sur le dos. Mais, à côté des succès que ces messieurs proclament, se trouvent aussi des insuccès que ces messieurs avouent, et de là le discrédit nouveau dans lequel l'acupuncture est tombée.

C'est en vain qu'on a dit et répété que ce moyen n'a pas été suivi avec assez de persévérance, pour qu'on puisse juger de sa valeur précise d'après les résultats constatés; c'est en vain qu'on a fait observer que sitôt qu'il n'obtenait aucun soulagement, le médecin ne revenait plus à l'application des aiguilles; que, dis-je, souvent même on ne persistait pas dans son emploi alors qu'on avait ieu de s'en louer : c'est vainement, enfin, qu'on a déclaré que les aiguilles n'avaient pas été laissées assez longtemps en place pour y produire un effet sensible, dans le cas d'insuccès les détracteurs ont crié si baut que la voix des partisans n'a pu se faire entendre.

Et pourtant si l'on examine avec impartialité les effets physiologiques organiques et vitaux que doit produire l'implantation des aiguilles, on est forcé de réconnaître que, ou bien la piqûre qu'elle produit déterminera une fluxion passagère qui ellacera la douleur existante par dérivation ou révulsion; ou bien l'effet de la piqûre dans des tissus vivants sera de produire une stimulation locale qui, en restituant au nerf la force vitale dont il était privé par la douleur, le rend capable de repousser celle-ci. Elle

agirait donc dans ce cas à l'instar des stimulants internes et des toniques dans le traitement des névralgies asthéniques. Or, s'il en est ainsi, les succès et les insuccès peuvent être facilement expliqués; car s'il y a hypersthésie nerveuse ou surexcitation locale dans le nerf ou la partie sur laquelle on implante les aiguilles, une stimulation nouvelle s'ajoutant à celle qui existe déjà, on n'obtiendra rien d'avantageux de l'acupuncture, heureux encore quand elle n'augmentera pas l'intensité des souffrances; au contraire, s'il y a atomie nerveuse, faiblesse locale, plus on mettra les aiguilles rapprochées du nerf, plus elles seront nombreuses, plus on les laissera à demeure, et plus elles pourront être efficaces. Ce sont donc de nouvelles séries d'expériences à tenter, afin de mieux préciser les cas où l'acupuncture est utile, ce qu'on n'a pas fait encore, je crois, jusqu'à ce jour.

Ce qui semblerait confirmer cette opinion, ce sont les résultats obtenus par l'électropuncture alors que l'acupuncture seule échouait, comme on a pule voir, il y a déjà bien des années, dans un fait recueilli à la clinique de M. Récamier, pendant le 1er trimestre de 1825. Il est question, dans cette observation, d'une douleur des membres supérieurs qui existait depuis quinze jours, que deux aiguilles restées plantées pendant cinq heures n'avaient point soulagée, et qui disparut complétement dès qu'on eut recours à l'électro-puncture, d'après le procédé de M. Sarlandière. Voici en quoi il consiste: Opérer une décharge électrique et la diriger sur les parties où l'on juge nécessaire de déterminer une stimulation locale au moyen d'aiguilles métalliques. Pour cela, l'auteur de ce procédé se sert d'aiguilles d'or ou d'argent, et construites de manière à pouvoir s'adapter à un manche de cristal que l'opérateurtient, sans être mis en communícation avec le malade, et de l'autre à un fil d'or ou de laiton qui sert de conducteur. Une fois introduites, on les maintient en place au moyen d'un tube de verre qui sert en même temps à les soustraire au contact des corps environnants. Cela fait, on établit la communication entre l'aiguille et les conducteurs d'une machine électrique en mouvement, et l'on présente, ainsi qu'il a été dit au commencement de cet article, à la partie supérieure de l'aiguille le bouton d'un excitateur. A l'instant où l'étincelle passe d'un bouton à l'autre, le choc se communique dans la pointe de l'aiguille à toutes les ramifications nerveuses de la partie qu'elle touche. Si, au lieu d'un excitateur à bouton, on se sert d'une pointe, le malade ressent un picotement assez aigu dans le tissu que pénètre la pointe de l'aiguille. Suivant M. Sarlandière la douleur produite par l'introduction de l'étincelle n'est jamais excessive si l'on garde quelques précautions en les excitant. Il rapporté même un fait assez singulier, c'est celui d'une colique de plomb qui fut guérie comme par enchantement au moyen de l'électro-puncture. Le malade soumis à l'expérience éprouvait une sensation si délicieuse, dit-il, des commotions électriques

qu'on lui administrait, qu'il suppliait que l'on continuât, quoiqu'il ne ressentit plus aucune douleur. M. Sarlandière affirme, en outre, avoir obtenu par ce moyen les plus heureux résultats; néanmoins il en restreint l'usage aux maladies dans lesquelles les douleurs nerveuses ou rhumatismales ne sont accompagnées d'aucune altération organique, ni d'inflammation prononcée.

Le procédé de M. Sarlandière devait nécessairement ouvrir une nouvelle voie aux expérimentations, plusieurs essais furent donc tentés; mais, les uns donnant des résultats avantageux et les autres des résultats négatifs, l'électro-puncture fut abandonnée à son tour comme l'avait été l'acupuncture simple. Méritent-elles cet abandon? nous ne le pensons pas et voudrions que toutes les fois que la maladie est rebelle aux moyens ordinaires, on essayât d'un procédé qui n'est point dangereux et peut être utile.

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ADÉNITE, s. f., du grec ov, glande; inflammation d'une glande. C'est le nom que quelques auteurs modernes donnent aux bubons.

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ADHÉRENCE, s. f., adhærentia, de hærere ad, être attaché à. En pathologie on déEn pathologie on désigne ainsi l'union de certaines parties qui ne doivent pas être contigues et qui le deviennent accidentellement.

ADIPEUX, adj., adiposus, de adeps, graisse. On donne le nom de tissu adipeux ou cellulo-graisseux, à une substance molle, d'un blanc jaunâtre, disposée en flocons formés eux-mêmes par l'agglomération de masses plus petites. C'est une variété du tissu cellulaire, avec lequel on l'a généralement con

fondu.

ADJUVANT, adj. pris substantivement, adjuvans, de adjuvare, aider. - C'est le nom qu'on donne à tout médicament qui entre dans une préparation pharmaceutique pour seconder l'action d'un remède plus énergique qui en constitue la base.

ADOLESCENCE. Voy. AGES.

ADOUCISSANT, adj. demulcens; médicaments qui ont la propriété de calmer l'irritation ou la sensibilité des organes. Ils appartiennent à la classe des mucilagineux ou mucoso-sucrés.

ADULTE. Voy. AGES. ADULTERATION, s. f., adulteratio, de adulterare, altérer, falsifier. Pour quelques droguistes, le mot adultération est spécialement consacré à la détérioration spontanée ou accidentelle des médicaments, et non à celle qui est le résultat de la fraude et du dol, ce qui le différencie de la falsification et de la sophistication.

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éléments de maladies sous le nom d'état ou élément de maladie (Voy. ELEMENT.) Ce qui la produit, l'adynamie, c'est l'habitation prolongée dans des lieux bas et humides, principalement aux époques de l'année où la température est chaude ou froide, remarquable par son humidité; la résidence habituelle dans des climats où les chaleurs sont fortes et soutenues, alors surtout que l'habitant de ces climats n'a, pour réparer les pertes continuelles que le corps éprouve par des sueurs ou autrement, que des aliments farineux, peu nourrissants, des boissons aqueuses et tièdes; c'est une vie passée dans la mollesse et l'oisiveté, ou dans l'agitation continuelle des plaisirs bruyants, dans la débauche et le libertinage, sous toutes les formes. Ce sont l'ennui, la tristesse, des cha grins profonds, des hémorragies répétées, une expectoration abondante, des évacuations excessives de sueur, d'urine, de pus; l'abus de la saignée, des émollients, des délayants, des purgations, les veilles prolongées, en un mot tout ce qui ruine la constitution et épuise la séve de la vie.

Généralement ces personnes ont le sang ap pauvri, et celui-ci ne stimulant pas assez forrésulter que toutes les fonctions organiques, tement l'organisme, il doit nécessairement en

vitales ou morales, s'exécutent avec inertie et lenteur. Voyez, en effet, un individu très-affai bli: son intelligence est si paresseuse qu'il ne peut méditer longtemps sur un sujet; ses sens si obtus, qu'ils ne sauraient se fixer sur un objet; la circulation a si peu d'énergie et d'activité, que le sang artériel frappe faible ment les doigts qui explorent le pouls, et celui-ci est si petit, si déprimé, si profond, qu'il cède à la moindre pression et s'efface. L'estomac digère mal; la respiration est génée, et les exercices du corps, quelques modérés qu'ils soient, sont suivis d'une grande fatigue. Cela étant, supposons que l'individu s'alite pour une indisposition quelconque, tous les symptômes que nous venons d'énumérer seront plus prononcés, c'est-à-dire que le pouls sera plus petit, plus lent, plus facile à déprimer ou intermittent; que les mus cles respiratoires ayant perdu un reste d'activité, la voix est faible, éteinte, la respiration lente, et les crachats restent inexpulsés; que les muscles chargés des mouvements volontaires n'étant plus commandés, et n'obéissant que faiblement ou pas du tout à une volonté bien prononcée, la constriction du rectum est sans puissance, et des selles involontaires annonçent qu'ils ont perdu leurs faculté rétentrice. Qu'à cette époque le médecin sollicite le malade de lui serrer la main, il ne répondra que faiblement ou pas du tout à cette invitation. Alors l'estomac ne fonctionne plus, la température du corps est abaissée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, et le sang que fournissent parfois des hémorragies spontanées ou des évacuations sanguines artificielles présente une ex trême fluidité; il est très-séreux, et par conséquent moins consistant que dans l'état normal. (Voy. SANG.) Voilà l'ensemble de

symptômes qui, par leur réunion en plus ou moins grand nombre chez un même individu, constituent l'élément adynamique. H peut être mieux caractérisé encore, ce qu'on reconnait à ce que le malade reste couché sur le dos, quoiqu'il n'en ait pas l'habitude, les jambes écartées l'une de l'autre; il s'agite constamment dans son lit, portant son corps alternativement vers l'un ou l'autre bord avec tendance à glisser vers les pieds; il pålit, ou sa pâleur habituelle devient livide; tout son corps maigrit ou seulement le visage; les pommettes et le nez sont froids, les lèvres tremblantes et relâchées, les gencives, les dents se couvrent de toutes parts de mucosités visqueuses ou brunes; la langue est tapissée par le même enduit et ne peut être sortie au delà des dents et des lèvres, ou si, après de grands efforts, elle est tirée au delà, le malade oublie de la retirer; bientôt elle devient presque noire, aride, et présente la forme d'un cône ligneux; en même temps l'intellect et les sens deviennent de plus en plus obtus; la voix, de languissante et traînante qu'elle était dans le principe, devient rauque ou subitement nasale, alors qu'il n'y a pas aphonie, avec bégaiement; l'individu se plaint d'une odeur de putréfaction dont lui seul a connaissance, ou qui, s'exhalant de son corps, produit sur les assistants la sensation d'une odeur de souris. Cette odeur devient terreuse à mesure que le danger de la maladie augmente, et sa fétidité, augmentant de plus en plus, finit par se faire remarquer dans la sueur, et même dans la sérosité du sang qui s'échappe accidentellement des vaisseaux; alors on observe toujours la FACE HIPPOCRATIQUE (Voy. ce mot).

Nous avons dû insister d'autant plus sur l'énumération des symptômes qui par leur ensemble constituent l'élément adynamique, que cet élément joue un très-grand rôle en médecine clinique; son intensité plus ou moins prononcée donnant la mesure de l'état des forces du malade. Ainsi, l'adynamie estelle légère, la prostration des forces sera dite incomplète, parce que l'affaiblissement, quoique considérable, dans lequel se trouve l'individu, diffère encore de celui qui caractérise la prostration complète ou l'épuisement des forces. Or, comme les praticiens ont observé que plusieurs états morbides (l'état saburral, vermineux, la pléthore sanguine, Finflammation de l'estomac ou de l'intestin, le spasme, la douleur, etc.), en enchaînant, en étreignant, en opprimant, si l'on peut s'exprimer ainsi, les forces vitales (oppression des forces), peuvent en imposer au médecin et lui faire juger vraie une faiblesse qui ne l'est point, lui faire croire à une prostration véritable alors qu'il n'y a réellement qu'oppression, et que cette erreur serait fatale au malade, donc nous ne devons rien négliger pour l'empêcher de commettre une erreur pareille. C'est pourquoi nous voulons que Fon ait égard, pour la formation du diagnostic, à l'âge du sujet, à sa constitution, à sou tempérament, au genre de vie qu'il a DICTIONN. DE MÉDECINE.

adopté; tout homme qui est dans la force et dans la vigueur de l'âge, bien logé, bien nourri, dépensant peu de ses forces physiques et les réparant bien, n'étant jamais réellement faible quand il s'alite. Nous avons en outre un moyen d'exploration bien simple et infaillible pour ôter toute incertitude; c'est la méthode à laquelle on a donné le nom de a juvantibus et lædentibus. Elle consiste soit dans l'emploi d'une saignée exploratrice, comme la pratiquait Huxham, soit dans l'emploi des toniques. Quand on veut user de ces derniers, on adininistre au malade un peu de vin pur, ou bien un vin plus actif; et si le pouls et les forces se relèvent, si l'état du malade s'améliore par l'effet du vin ou du médicament, nul doute que l'affaiblissement est véritable, car, sans cela, il so prononcerait encore davantage.

L'élément adynamique constitue incontestablement, ou forme le fond d'un ordre de maladies classées en nosologie sous les noms de maladies anémiques, asthéniques (Voy. ANÉMIE, ASTRÉNIE), qui réclament constamment, invariablement, l'emploi des toniques sous toutes les formes; et il s'associe à la plupart des autres affections comme complication. On conçoit donc combien il est nécessaire que le praticien se préoccupe toujours de son existence véritable ou de sa simulation, le traitement à prescrire étant entièrement opposé dans l'un ou l'autre cas. Reste que si l'on reconnaît que les forces vitales sont complétement épuisées, sachant que la nature est impuissante pour guérir le malade, si on ne lui vient en aide, on s'efforcera de relever les forces en restaurant l'individu. On lui donnera donc un peu de bouillon gras ordinaire, froid ou chaud (selon qu'il sera mieux supporté par l'estomac), puís d'heure en heure, par petites demi-tasses, ou bien aux mêmes intervalles, une cuillerée à bouche de gélatine du bouillon (le bouillon qu'on a fait prendre en gelée, ce qui arrive quand on met beaucoup de viande à bouillir dans une petite quantité de liquide). On l'autorisera à boire de l'eau froide ou glacée, sucrée et légèrement rougie avec du Bordeaux vieux, ou à prendre de temps à autre une cuillerée

à

soupe de vin de Bordeaux sucré; on lui prescrira du vin de quinquina, du sirop de gentiane, des frictions sèches ou aromatiques, avec les teintures spiritueuses; dans certains cas les martiaux.

Quant à la fièvre adynamique de Pinel et autres, voy. FIÈVRES.

AFFECTION, s. f. Pour certains médecins, affection signitie une maladie en général peu grave (affectus morbosus), alors que pour d'autres, c'est la désignation ou qualification d'un vice constitutionnel resté à l'état latent, et qui, parce qu'il ne tombe pas sous les sens, ne peut être conçu que par l'entendement, tant qu'une maladie n'en vient pas déceler l'existence. Je m'explique un joune homme fort et vigoureux est atteint d'ophthalmie; si, après avoir combattu l'inflammation par les moyens ordinaires, la maladie persiste, on doit soupçonner alors,

et il aurait été plus sage de remonter dans le principe à la cause prochaine du mal, un vice particulier, scrofuleux ou syphilitique, qu'il faut nécessairement combattre si l'on veut guérir le sujet. Eh bien, c'est ce vice spécifique qui donne un cachet particulier à l'inflammation, qui fait qu'on nomme affection toute maladie qu'un vice humoral acquis ou héréditaire modifie et entretient. Ce nom est donc très-bien employé quand on parle de l'affection scrofuleuse, syphilitique, cancéreuse, etc., états pathologiques dans lesquels, outre le traitement local à employer pour calmer les symptômes qui généralement se localisent dans un point, il faut administrer encore les moyens généraux et les médicaments réputés spécifiques, contre le principe humoral qui, nous le répétons, imprime un cachet particulier à la inaladie, change la nature du mal. En conséquence, affection ne veut pas dire maladie peu grave, puisque l'affection cancéreuse, l'affection tuberculeuse (phthisie au troisième degré) sont incurables, mais bien maladie liée à un état constitutionnel dont il serait dangereux de méconnaitre l'influence. De là la nécessité, dans tous les cas, de remonter à la véritable cause des états morbides.

AFFLUX, s. m., affluxus, de affluere, affluer, progression plus rapide d'un liquide vers un point quelconque, alors surtout que ce point est primitivement irrité. L'afflux des liquides serait donc un symptôme d'inflammation.

AFFUSION, s. f., affusio, de fundere ad, verser sur, répandre un liquidé en nappe sur toute la surface du corps, ou seulement sur une de ses parties. C'est principalement sur la tête que les allusions d'eau froide sont pratiquées (c'est avec ce liquide qu'on les fait) et comme bien des gens ne savent comment s'y prendre nous allons en décrire le procédé.

Le malade étant placé nu dans une baignoire, auprès de laquelle on a eu soin de placer deux baquets remplis d'eau à la température de 14 à 20 degrés Réaumur, on emplit une casserole en fer-blanc, de dix à douze pouces de diamètre, de cette eau, que Ton verse sur le front d'abord, sur la face ensuite et enfin sur le sommet de la tête, qui doit être inclinée en avant avec la main gauche, afin que le liquide se répande sur le dos. On continue ainsi pendant cinq à six minutes, ne mettant que quatre à cinq secondes d'intervalle entre chaque affusion.

Les précautions à prendre sont si c'est un enfant, de le soutenir élevé au-dessus de la baignoire au moyen d'un drap dans le quel on le place. Les cris qu'il pousse, les nouvements qu'il fait, ne doivent pas faire suspendre l'opération. Si c'est une femme, on la fera maintenir par des personnes vigoureuses, pour qu'elle ne puisse point s'échapper, et on ne l'atfuse qu'après lui avoir relevé les cheveux et les avoir attachés, afin de les garantir de l'eau froide en les écartant de la tête. Pour l'adulte, on se servira d'aides plus vigoureux encore. De plus lors

que le malade, par quelque susceptibilité particulière, ne peut supporter le contact da froid sur une partie quelconque du corps, comme la poitrine par exemple, on place sur cette partie une étoffe de laine ployée en plusieurs doubles, que l'on recouvre ensuite d'un morceau de taffetas gommé. Enfin, on mettrait le malade dans un bain tiède, plongé jusqu'au cou, si l'on craignait des accidents de l'application de l'eau froide ailleurs que sur la tête. Si pourtant, malgré toutes ces précautions, il survenait une syncope, de la rigidité dans les membres et le trone, un refroidissement général trop prolongé, il faudrait pratiquer des frictions d'abord sur la poitrine et le ventre, puis sur les extrémités, avec des flanelles chaudes imprégnées d'eau-de-vie camphrée, d'eau de Cologne ou toute autre liqueur spiritueuse, et appliquer des sinapismes aux cuisses. Si aucun accident n'advient, on reconnaît que les affusions sont avantageuses à l'amélioration qui les suit, c'est-à-dire, à la diminution des symptômes qui avaient décidé le médecin à s'en servir. Dans tous les cas, il est toujours convenable, après l'usage des affusions, de s'assurer de l'état des organes renfermés dans la poitrine. C'est le moyen d'éviter les inflammations, auxquelles ce mode d'applica tion de l'eau ne donne que trop souvent lieu.

AGE, s. m., en grec axia, en latin ætas ; époque de la vie. Au pluriel, ages exprime les mutations ou changements divers que les corps organisés et vivants présentent pendant le laps de temps qui sépare l'époque de la naissance de celle de la mort naturelle. Ces métamorphoses de la vie (Linné), toujours amenées par le temps, et quoique inappréciables d'un jour à l'autre, partagent toutefois la durée de l'existence en plusieurs phases ou périodes distinctes et faciles à apprécier; de là cette comparaison poétique des âges de la vie avec les saisons de l'année; dont l'enfance est l'automne, la jeunesse le printemps, la virilité l'été et l'hiver la vieillesse. Et comme chaque mutation des ages, que rien ne peut interrompre, a ses caractères et ses époques à peu près fixes, mais que mille circonstances peuvent faire varier, on a préféré fonder la distinction des âges plutôt sur la différence réelle des phénomènes organiques, que sur la durée et la succession des temps, et l'on a bien fait, car qu'importe que l'individu qui meurt de mort naturelle ait atteint sa soixantième ou sa quatre-vingt-dixième année? La seule différence entre l'un et l'autre, c'est que la dernière période a été plus courte chez celui-ci que chez celui-là. Quoi qu'il en soit, tout observateur capable peut reconnaître que le corps de l'homme offre, dès après qu'il a vu la lumière, des caractères spéciaux physiques et moraux qu'il conserve pendant un certain temps et qui constituent l'enfance. A ces carac tères on voit succéder d'autres changements qui constituent la jeunesse, et qui persistent jusqu'à l'état de consistance ou de virilité, qui, elle-même se prolonge plus ou moins,

mais auxquels succèdent enfin les phénomènes de la vieillesse ou de la détérioration, dont la décrépitude et la mort sont la limite. Partant la durée totale de l'existence se partage naturellement en quatre âges: l'enfance, qui commence la carrière par la douleur et le plaisir; la jeunesse, qui là prolonge par des sensations bien plus vives et par le développement plus complet des facultés intellectuelles; la virilité, qui l'étend; la vieillesse et la décrépitude, qui la termine. Inutile de dire que ces distinctions des âges ne sont bien tranchées que si on les étudie dans le milieu de leur durée, les nuances distinctives entre eux étant si peu marquées par les âges contigus, qu'il devient impossible de déterminer positivement où finit l'un et où commence l'autre. C'est pourquoi, au lieu de multiplier, comme tant d'autres l'avaient fait, la division des âges en des sous-divisions infinies, Pariset n'admettait au contraire que deux âges : l'un qui se distingue par un mouvement d'expansion graduel et soutenu, qui commence à partir de la naissance, se prolonge jusqu'à la quaranteneuvième année, et compose par là ce que le spirituel docteur appelait la grande semaine de la vie; l'autre, marqué par un mouvement de resserrement progressif qui commence à cinquante ans et finit au terme de l'existence. Le premier comprendrait donc l'enfance, la jeunesse, l'âge viril et l'âge mur; le second, la vieillesse, la caducité, la décrépitude. Pour nous qui avons fait connaitre dans un autre ouvrage (Voy. mon Dictionnaire des Passions), quelles sont les mutations intellectuelles qui s'opèrent et les sentiments affectifs qui se développent plus particulièrement à tel ou tel des quatre âges de la vie, tout en conservant la même division, nous ne mentionnerons dans celui-ci que les changements organiques et vitaux qui se sont opérés et les prédispositions morbides. auxquels ils donnent lieu.

Dans l'enfance, les organes du nouveauné commencent à se mettre en rapport avec les agents extérieurs et finissent insensiblement par s'habituer à leur impression. Alors le phénomène de la circulation du sang devient plus complet; certains organes qui jusqu'à ce moment n'existaient qu'en ébauche, les poumons, se développent et deviennent une des sources de la chaleur animale; l'estomac digère les liquides qui y sont ingérés, la nutrition s'approprie le chyle qu'ils fournissent; le corps se développe donc et l'éducation des sens se fait. Et comme de ce développement continuel de l'organisme résultent une très-grande sensibilité et une non moins grande irritabilité, il s'ensuit que les stimulations, même légères, sont suivies de fluxions, de congestions, d'inflammations, de convulsions, etc.; de même, vu une propension très-manifeste de l'individu aux anomalies de la nutrition et de la réparation, il arrive qu'au moindre refroidissement, au plus petit écart du régime, succèdent la formation d'une exsudation croupale, la production des serofules, des vers intes

tinaux, etc. C'est pourquoi il faut, d'une part, surveiller avec un soin tout particulier le régime des enfants; et, d'autre part, ne pas perdre de vue, quand ils sont malades, la grande sensibilité de leurs nerfs et l'abondance des sucs lymphathiques dont leurs organes sont abreuvés, attendu qu'on trouve dans ces conditions organiques certaines indications thérapeutiques dont on ne doit jamais se départir: et, par exemple, bannir du traitement, au moins dans la période aiguë des maladies, toute stimulation interne énergique; proportionner les évacuations sanguines et les médicaments aux forces du petit malade et à la grande activité de l'absorption. Ainsi, relativement aux évacuations sanguines, tous les praticiens ont remarqué que les enfants en très-bas âge, à la suite de saignées trop abondantes, tombent dans une faiblesse dont il devient impossible de les tirer. Il ne faudrait pas cependant que cette crainte d'affaiblir le jeune enfant empêchât de lui tirer du sang par la lancette quand le mal est violent, Avenzoar ayant saigné avec succès son fils âgé de trois ans, et Guy-Patin le sien trois jours après sa naissance: néanmoins jusqu'à quatre ou cinq jours, on doit se borner à l'application des sangsues. Et quant aux médicamen's, aux narcotiques surtout, qu'on emploie contre les accidents nerveux, il faut se souvenir de ne les administrer qu'à de très-faibles doses, si l'on veut éviter l'empoisonnement et la mort du malheureux enfant.

Dans l'adolescence, le développement des organes sexuels imprime une force nouvelle à tout l'organisme; le corps achève sa croissance en hauteur, il prend des proportions plus régulières; le cerveau, que le feu de l'imagination embrase, acquiert une plus grande activité, tout comme le poumon, en qui l'activité vitale semble également se concentrer, et le cœur qui a acquis toute son énergie. Alors, vu la prédominance du sys tème sanguin, il se manifeste des fluxions et des inflammations franches vers les parties supérieures (le cerveau, les poumons, ce qui n'empêche pas que le système osseux et les ganglions lymphatiques, ayant une très-grande tendance à être vicieusement affectés, il en résulte une foule de maux dé plorables (rachitis, phthisie, etc.), auxquels l'habitude de l'onanisme ou les plaisirs sexuels trop précoces, ne sont point étrangers.

Dans l'âge adulte, l'homme est complet an physique, et on remarque chez les indiv dus des prédispositions différentes à telles ou telles maladies, suivant le tempérament el le genre de vie de chacun; de telle sorte qu'on ne peut rien préciser pour cette période. Seulement nous ferons remarquer que l'âge de retour est pour la femme une époque critique, à cause de la pléthore sanguine qui doit nécessairement résulter, chez celles qui perdent beaucoup habituellement, de a cessation définitive et quelquefois brusque de l'écoulement menstruel.

Enfin, dans la vieillesse, tous les systèmes

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