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qu'on peut adresser à toute fécule qui so trouve mêlée d'une substance mucilagineuse et sucrée (les navets, choux, topinambours ou poires de terre). C'est pourquoi la fermentiscibilité de la fécule étant favorisée par ce mélange, des gaz se dégagent pendant le travail de la digestion et la troublent. De même la fibrine, qui forme la base des chairs musculaires des animaux, s'assimile aisé ment et nourrit vite; mais comme elle dégage, pendant le travail de la digestion, une quantité de chaleur proportionnée à sa quantité et à sa pureté, il en résulte que la fibrine des jeunes animaux se trouvant mêlée à une notable proportion de gélatine, la division en devient plus facile, ce qui favorise la digestion; aussi s'opère-t-elle avec un dégagement bien moindre de chaleur que la fibrine des vieux animaux. Il n'est donc pas étonnant qu'on leur accorde la préférence dans les convalescences des maladies fébriles. Faisons remarquer, toutefois, que les viandés qui ne sont pas faites, et on appelle ainsi celles qui ne contiennent pas d'osmazôme (principe constitutif du jus, terme de cuisine), quoique facilement digérées, ont néanmoins pour effet de produire la diarrhée ou d'augmenter sensiblement la quantité des évacuations naturelles et de diminuer leur consistance; circonstance importante à noter pour les convalescences. Quant à la graisse, qui généralement s'amasse chez les animaux oisifs, elle amollit leurs fibres, les rend plus souples, plus aisées à diviser et par conséquent à dissoudre et à digérer; mais si elle est trop abondante, et surtout si elle n'est pas bien intimement unie à de la gélatine, elle est alors lourde pour un très-grand nombre d'estomacs, et occasionne des rapports l'on confond souvent avec les aigreurs. C'est là un des motifs qui font exclure la chair du cochon de la table des personnes qui ont l'estomac faible, les forces épuisées et qui mènent une vie sédentaire ; il est certain que cette nourriture leur conviendrait peu; mais ce n'est pas une raison pour en défendre aussi l'usage à tout le monde, le porc étant une nourriture fort convenable aux personnes fortes, robustes et ha. bituées à des exercices violents et pénibles. Les athlètes, qui s'exerçaient à la lutte dans les jeux olympiques, faisaient habituellement usage de la viande de cochon, et lorsqu'ils quittaient ce régime durant quelque temps, ils ne tardaient pas à s'apercevoir d'une diminution notable de leurs forces. Contrairement au cochon qui engraisse dans un très-court espace de temps, les animaux sauvages, qui mènent une vie active, inquiète, agitée par la frayeur, troublée par les vicissitudes des saisons, n'ont point ou presque point de graisse; aussi leur chair a un goût plus exquis que celle des animaux domestiques, et quoique plus ferme, elle est néanmoins soluble et se digère aisément, surtout si on la laisse légèrement faisander. Telle est la chair du sanglier, du chevreuil des pays élevés, du lièvre des montagnes, etc. Il faudrait prendre garde pourtant de ne pas

brûlants, que

pousser trop loin la putréfaction, un principe de septicité, porté par ces chairs dans l'économie animale, pouvant donner lieu à des maladies mortelles.

La même remarque que nous avons faite relativement aux quadrupèdes domestiques et aux quadrupèdes sauvages, peut se faire aussi pour les oiseaux: c'est-à-dire que ceux qui vivent en liberté, qui s'exercent continuellement et qui sont exposés aux vicissitudes des saisons, ont des chairs dures et sèches, qualités renforcées en eux d'une manière plus sensible par l'âge, que dans les autres animaux. Néanmoins l'alouette, la pintade, la perdrix, le faisan, la grive, le merle, le pluvier doré, le chardonneret, se digèrent très-facilement. Nous en dirons autant du poulet, du pigeon, de l'ortolan, dont la chair, plus molle, est très-facilement digérée; aussi conseille-t-on la nourriture qu'ils donnent, aux personnes faibles, aux convalescents, réservant pour des estomacs plus forts l'oie sauvage, la caille engraissée, le coq des bruyères, la bécasse, l'outarde, lé paon, etc.

Que dirons-nous de la chair des poissons? que celle de la plupart d'entre eux est tendre et d'une digestion facile, mais qu'elle nourrit peu. Il faut faire une exception pourtant en faveur des poissons cartilagineux, qui, contenant beaucoup de gélatine, sont très-nourrissants, plus même que ceux dont le tissu est sec et ferme, et des poissons huileux qui nourrissent beaucoup aussi; mais on les digère difficilement. On doit faire une différence aussi entre la chair blanche, molle et agréable des poissons qu'on rencontre dans l'eau la plus pure, parmi les sables, les cailloux, dans les fleuves et les rivières, et sur les côtes de la mer, avec les chairs grasses et visqueuses de ceux qui vivent dans des eaux stagnantes et bourbeuses, qui habitent le limon des fleuves, des riviè res, des étangs, etc. Les premiers sont faciles à digérer, et les autres moins qu'eux. A propos de poissons, nous ne devons pas oublier les animaux amphibies, ainsi nommés parce qu'ils vivent alternativement sur terre et dans l'eau ; ils font en quelque sorte une nuance entre les animaux terrestres et les poissons, et participent des qualités des uns et des autres. A la vérité, on se sert pou pour nourriture de la chair de ces animaux; mais on en fait des bouillons excellents qui nourrissent beaucoup et passent bien; aussi les ordonne-t-on aux convalescents, aux phthisiques (Voy. BOUILLON). Reste les crustacés et les mollusques.

Parmi les premiers, il n'y a guère que les écrevisses de mer et des ruisseaux, la langouste et la chevrette, que l'on serve comme aliment, et parmi les seconds, l'huître, les moules et les limaçons figurent seuls sur nos tables. Moins animalisée que la chair de la plupart des autres animaux, par conséquent moins nourrissante et plus difficile à digérer, la chair des crustacés ne saurait convenir à tous les estomacs, au lieu que l'huître fraiche et cruc est très-nourrissante et excite

Fappétit dans certaines dyspepsies sans irritation viscérale; il convient donc de les conseiller dans ces cas. Nous n'en dirons pas autant des moules, dont la chair, plus ferme que celle des huîtres, se digère plus difficilement et produit quelquefois des efflorescences à la peau qui s'accompagnent d'accidents nerveux; aussi leur usage est-il réputé insalubre pour les personnes faibles et délicates. Quant aux limaçons, c'est un aliment grossier et pesant, tout assaisonné qu'il soit pas nos cuisiniers.

Le lait, cette substance que l'on a regardée avec raison comme un aliment intermédiaire entre la nature animale et la nature végétale, a cela de particulier, que tout salutaire qu'il est, et quoique spécialement utile aux individus dont les organes digestifs sont très-affaiblis, tout comme à ceux qui sont épuisés par une maladie fébrile, le lait, dis-je, quoique à demi digéré quand il est de bonne qualité, et l'estomac dans des bonnes conditions, ne convient pas dans une foule de cas, et, par exemple, quand l'estomac, très faible lui-même, n'a pas des forces suffisantes pour le digérer, quand les premières voies contiennent des acides qui le font tourner à l'aigre, ce qui occasionne des coliques et le cours du ventre, etc. C'est pourquoi, lorsqu'il faut nécessairement l'employer, on doit examiner avec soin s'il est assez bien constitué, ce que l'on reconnaît à sa зaveur douce et sans odeur, ou d'une odeur agréable, et s'il est d'ailleurs blanc, égal et d'une consistance moyenne. Elle doit être telle, que lorsqu'on en verse une goutte sur l'ongle, elle y conserve la forme ronde sans couler. Sans ces conditions, c'est-à-dire si le lait est trop séreux ou trop consistant, il sera pernicieux, à plus forte raison le deviendra-t-il s'il est amer ou salé. Il est bon de faire remarquer, en passant, qu'on peut remédier aux deux premières conditions dont il vient d'être parlé, et qu'il faut, quand l'usage du lait est jugé nécessaire, employer les moyens qui annihilent les conditions mauvaises qu'il offre aux organes digestifs. Eh bien, quand il est trop épais, on le coupe avec un quart, un tiers ou par moitié d'une décoction d'orge, de riz, d'eau de son ou toute autre tisane rafraîchissante; tandis que s'il est trop séreux, ou s'il n'excite pas assez l'estomac, on le rend légèrement stimulant en le coupant avec une infusion de thé, de feuilles d'oranger, de fleurs de violette, de tiges de mélisse, etc. Par l'un ou l'autre de ces mélanges, il m'est arrivé de faire supporter à mes convalescents, un breuvage, le lait qui, sans cette précaution, ne passait pas sans accidents. Du reste, on y remédie quelquefois aussi en changeant la nourriture de l'animal, car l'observation a démontré, que plus un ruminant vit de végétaux forts et vigoureux, plus le lait est chargé de substances nutritives (de caséum, ou fromage), et plus il est épais. C'est ce qui arrive pour les animaux qui paissent sur les montagnes où la végétation est plus vigoureuse que partout ailleurs, tandis que

ceux qu'on nourrit dans les plaines humides ont un lait léger.et séreux. Lorsque tous ces moyens sont inutiles, on y remédie quelquefois, en coupant le lait avec une décoction de deux gros (huit grammes) de quin-quina en poudre, dans une tasse à café d'eau, qu'on mêle à une double quantité de lait, soit en faisant avaler au malade immédiatement avant de prendre ce liquide pur 20à 25 centigrammes de rhubarbe pulvérisé.

Le fromage, ai-je dit, est la partie principale ou nutritive du lait. Nous en avons deux espèces, le dur et le mou. Dans le premier état, le fromage est fort sain, il augmente l'appétit, stimule l'estomac, et aide la digestion en favorisant la dissolution des autres aliments par le suc gastrique. Mais on n'en doit prendre qu'une petite quantité : Caseus ille bonus, quem dat avara manus.

car sans cette précaution, il cause des cuissons douloureuses, de fortes ardeurs dans l'estomac, il empêche de dormir. Dans le second état, au contraire, le fromage est plus savoureux, sans doute, mais il surcharge l'estomac et les intestins d'une mauvaise pituite, et produit quelquefois bien des maux.

Indépendamment du fromage, la partiegrasse du lait donne le beurre qui, comme les huiles grasses, jaunit en vieillissant, et acquiert par conséquent une mauvaise qualité. On conçoit que celle-ci, qu'on peut y apercevoir, pourra aussi se développer d'ellemême dans l'estomac et les intestins, où tout tend si naturellement à s'altérer par rapport aux mauvais sucs qui résident quelquefois si opiniâtrément dans les premières voies, ce qui excite beaucoup de nausées, et même, chez quelques sujets, des rapports aigres et des vomissements; chez d'autres, des cardialgies très-douloureuses. Malgré cela, on ne peut disconvenir qu'un bon beurre frais n'ait son avantage, pris le matin, en y joignant quelques aliments stimulants, et pour boisson un vin léger. Il ne peut être alors nuisible que par sa quantité, ou la mauvaise disposition des sujets qui en

usent.

Nous ne parlerons pas des qualités du lait par rapport à l'espèce d'animal qui le fournit, à son âge, etc., ces considérations devant trouver place à l'article ALLAITEMENT (Voy. ce mot).

Parmi les aliments végétaux, les fruits occupent une bonne place. Ils doivent leur propriété nutritive, soit à la partie mucilagineuse ou gélatineuse, soit à la partie sucrée, soit à la pulpe; de telle sorte qu'on peut considérer comme étant moins nourrissants, ceux dans lesquels l'eau est dans une forte proportion, relativement à toutes les parties (cerises, pêches, citrons, oranges, airelles, groseilles, mûres, les fruits des cucurbitacés), et au contraire, comme les plus nourrissants, ceux qui contiennent le moins d'eau (prunes sucrées, abricots, pommes, certains pois, raisins très-sucrés, figues, dattes, etc.); de là une grande différence dans la manière dont ils sont digérés. Inutile de dire que la

maturité des fruits entre pour beaucoup dans leur digestibilité; l'acidité du suc qu'ils contiennent, la fermeté des chairs, etc., étant les causes principales qui empêchent qu'ils soient facilement digérés, qui font qu'ils causent des flatuosités, des coliques, des dévoiements, etc., etc.

ALLAITEMENT, s. m., lactatus, action de nourrir un enfant avec du lait. Ainsi considéré, l'allaitement se divise naturellement en allaitement maternel, qui comprend l'alaitement par la mère, par une nourrice étrangère ou par un animal; et en allaitement artificiel, qui s'opère à l'aide d'instruments de différentes formes. Nous ne dirons pas que le premier mérite la préférence, c'est chose que tout le monde sait, mais nous insisterons sur les avantages de l'allaitement par la propre mère du nouveauné,ces choses méritant bien qu'on s'y arrête. Le premier de ces avantages, car il ne saurait être question dans cet article des soins attentifs, empressés, assidus que la femme donne et prodigue à l'être qu'elle a enfanté, c'est que son lait est plus en rapport que tout autre lait, avec l'âge de l'enfant, à qui le lait séreux de la nouvelle accoachée est nécessaire pour l'évacuation du éconium (c'est sa première selle), et que d'ailleurs elle suit avec la plus rigoureuse xactitude le régime auquel on veut l'assujettir, dans l'intérêt du nourrisson. Et puis quelles dificultés n'éprouve-t-on pas à trouver une bonne nourrice! Telle qui aura du lait en abondance ne changera l'enfant qu'à des heures fixes, le laissant ainsi croupir dans la saleté; de là des excoriations, les cris qui occasionnent des hernies: telle autre qui ne négligera aucun des soins de propreté, qui veillera sur le sommeil et les antres besoins du nouveau-né, ne s'occupera pas si son fait est assez abondant, ou sil est tari tout à fait, à la suite d'une sensation violente, d'une grossesse, et laissera le nourisson s'épuiser en efforts impuissants pour extraire sa nourriture du sein de sa nourrice heureux encore quand il ne la partage pas avec un autre nourrisson qui sera le préféré.

Ce n'est pas qu'il n'y ait des circonstances qui s'opposent à ce que la mère nourrisse elle-même celui qu'elle a conçu. Eh bien, comme ces cas sont assez rares, nous allons tracer d'abord les règles à suivre dans l'allaitement maternel proprement dit, et nous exposerons ensuite celles qu'il convient d'observer quand il faut confier forcément l'enfant à une étrangère, ou quand on le nourrit artificiellement.

Nourri avec un peu d'eau sucrée quand il est fort, avec un peu de vin sucré, ou des potions aromatisées s'il est faible, le nouveau-né est mis au sein de sa mère quatre

cinq heures après la délivrance, que le lait soit monté ou non. (Voy. AGES.) Doit-on immédiatement régler l'enfant ? non, car gééralement il prend très-peu à la fois dans les premiers temps, et il a besoin dès lors de leter souvent plus tard, lors qu'il

prendra davantage, on le réglera, en observant de distancer plus ou moins ses repas, si l'on peut ainsi parler, selon les forces du nourrisson, l'abondance et la qualité du lait. Bref, on ne doit rien faire d'une manière absolue, et quand la vigueur de l'enfant le permet, mieux vaut beaucoup espacer le teter; la mère a plus de repos, et son lait est mieux conditionné. Quand tout se passe ainsi, c'està-dire tant que le lait de la mère suffit au nourrisson, qui croît et se porte bien, il ne faut rien ajouter à sa nourriture. Je sais qu'on est dans l'usage, à la campagne principalement, de donner dès les premiers huit jours une bouillie de belle farine de froment avec du lait de vache, comme préservative des coliques c'est un tort, car s'il est vrai que le nourrisson, quand il est bien repu, ne se plaint pas, il est vrai aussi que c'est à son détriment combien de nouveaux-nés qui ont des convulsions parce qu'on leur a donné trop tôt de la bouillie ! Ce sera bien pire encore si on ajoute un narcotique à ces bouillies, pour calmer les coliques qui les font crier on peut les empoisonner et les plonger dans une léthargie mortelle. A la ville, où le lait de la mère est moins abondant, moins pur, moins stimulant, moins nourrissant, on peut se permettre piutôt l'usage des bouillies faites avec les fécules des céréales et le lait, des panades préparées de différentes manières, que l'on entremêle par suite de potages gras, mais on doit le faire avec beaucoup de prudence. Peu à peu, à mesure que l'enfant grandit, on augmente graduellement la quantité de ses aliments, et on diminue proportionnellement le nombre de teters, qui, ordinairement, quand on a réglé le nourrisson, est de 4 le jour et 2 la nuit, et on arrive ainsi à supprimer entièrement le lait. Voy. SEVRAGE.

Mais, avons-nous dit, les mères ne sont pas toujours dans des conditions convenables pour nourrir elles-mêmes leur enfant, et elles doivent forcément y renoncer, l'une parce qu'elle n'a pas assez de lait ou en manque totalement, l'autre parce que son lait est mauvais, mal constitué; quelquesunes parce qu'elles sont chétives, délicates ou scrofuleuses, rachitiques, phthisiques. Dans ce dernier cas, soit dit en passant, s'il est utile pour la femme poitrinaire de donner le sein au nouveau-né pendant un mois ou six semaines, pour prévenir le développement des accidents graves qui surviennent à la suite des couches, il est non moins utile pour le nourrisson, quoiqu'en ait dit Rousseau, il est vrai qu'il n'était pas médecin, de donner à l'enfant un lait bien constitué. Or, comme on peut substituer à l'enfant un chien nouveau-né de grosse espèce, qui sollicite aussi sûrement la sécrétion laiteuse que la bouche de l'enfant et vide peut-être mieux encore les mamelles, il est bon de recourir à ces animaux dont la succion est bien preférable à tous les moyens mécaniques proposés: quant au nourrisson, on lui don

nera une nourrice.

Le choix qu'on en fait ne saurait être in

différent, au contraire; car, si d'un côté il est des femmes qui n'ont pas pour l'enfant ces attentions et ces soins qui lui sont si nécessaires, il en est d'autres qui, mieux organisées, moralement parlant, pèchent par les conditions physiques. On préférera donc la nourrice dont le fait sera plus jeune ou plus en rapport d'âge avec celui de la mère, celle dont l'ensemble de la constitution offrira toutes les apparences de la vigueur et d'une santé robuste, dont les seins bien gonflés et bien développés, seront comme crayonnés par des lignes bleuâtres, dont le teint sera brun, la bouche bien garnie, les dents blanches et non cariées, l'haleine douce et n'exhalant du corps aucune mauvaise odeur, dont le caractère ne sera point irascible, dont les forces digestives auront une grande énergie, et en qui le lait se renouvellera promptement. Inutile de dire qu'elle doit avoir des habitudes de propreté, le sommeil léger, et qu'elle sera exempte de toute maladie contagieuse. Quant à son lait, s'il a une saveur douce, agréable, sans odeur, s'il est blanc, égal, et d'une consistance telle que si on en met une goutte sur l'ongle, elle y reste sans se déformer, oh! alors, cette femme aura toutes les conditions voulues. Si, par cas, on ne pouvait les obtenir toutes, ces conditions, et qu'il fallût se contenter d'un lait un peu vieux, comparativement à l'âge du nourrisson, on y remédierait en faisant boire abondamment à la nourrice une grande quantité d'une tisane rafraîchissante, boisson qu'on peut également donner à l'enfant, en étendant avec un peu de lait de vache. Dans tous les cas, qu'il soit allaité par sa propre mère ou par une étrangère, elle cessera de lui donner le sein si elle est atteinte d'une maladie aiguë (la fièvre de lait et les fièvres d'accès exceptées), et s'abstiendra de lui donnér à teter après une violente colère, des convulsions pour l'enfant, pouvant être la suite de cette imprudence. En cas d'emportement, dès que l'émotion est calmée, on vide les mamelles par un moyen artificiel, ou à l'aide d'un animal, et on attend qu'une autre montée de lait se soit faite pour mettre le nourrisson au sein.

L'apparition des mois et la grossesse sontelles des circonstances contraires à l'allaitement et qui forcent à le suspendre? Pas toujours; car s'il est vrai que le lait est moins bien constitué chez la femme réglée qu'alors qu'elle ne l'est point, et cela quelquefois à ce point que le nourrisson refuse de prendre le mamelon pendant toute la durée de la menstruation, il est vrai aussi que toutes les fois qu'il est fort et robuste, s'il påtit un peu pendant tout le temps que dure l'écoulement mensuel, l'enfant se refait, parce qu'il protite bien dans les intervalles; donc on ne le changera pas de nourrice. Et quant à l'enfant faible, on lui donnera moins à teter, et on le nourrira artificiellement. Il n'en est pas de même de la gestation. Sans doute on a vu des femmes enceintes continuer à allaiter leur enfant jusqu'à l'époque de la partu rition, sans que le nourrisson en ait souf

fert, mais ces cas sont assez rares, et géné ralement quand la femme est dans cet état. son lait s'altère dans sa quantité et dans sa qualité, il est moins abondant, plus séreux; il produit le dévoiement, l'enfant dépérit; il faut donc se håter de lui donner une autre nourrice, ou de lui faire teter un animal, si on le peut, sans quoi on adopte l'allaitement artificiel.

Nous disons de lui donner à teter un animál. Parmi les différentes espèces d'animaux, en est-il qui méritent la préférence? Oui : l'espèce chevrière d'abord, qui, à cause de la forme et de la grosseur de ses trayons, que la bouche de l'enfant saisit parfaitement, de l'abondance de son lait, de la facilité avec laquelle on la dresse à présenter sa mamelle au nourrisson, et à l'attachement qu'elle est sujette à contracter pour lui, présente toutes les conditions désirables. Toutefois il faut user des précautions les plus grandes jusqu'à ce que l'éducation de l'animal soit faite, et parmi celles-ci, la première c'est d'avoir un berceau peu élevé, posé sur le sol, étroit, afin de pouvoir être placé facilement entre les jambes antérieures et les jambes postérieures de la chèvre. Et, quant à celleci, il faut, quand on peut choisir, qu'elle soit jeune, ayant mis bas depuis peu, et n'étant pas à sa première portée; qu'elle soit d'un naturel doux et facile à diriger, et, s'il était possible, qu'elle eût déjà servi à cet usage. Ajoutons que, généralement, le lait de la chèvre blanche et à cornes est préférable au lait de la chèvre noire, cornue ou non, celui-ci ayant une odeur que l'autre n'a pas, et qu'en toute circonstance, on doit avoir égard à la nourriture que prend l'animal, à sa constitution, on pourrait presque dire à son IDIOSYNCRASIE (Voy. ce mot), telle chèvre étant bonne laitière et vice versa. Nous ne parlerons pas de certains avantages thérapeutiques que l'allaitement par la chèvre offre au médecin pour le grand avantage d'un nourrisson infecté; ces objets de détail ayant été traités d'une manière spéciale dans notre Dictionnaire des Passions.

A défaut de chèvre, on pourrait employerune âuesse, au lait de laquelle certains accoucheurs donnent la préférence, parce qu'il est celui qui se rapproche le plus par ses qualités de celui de la femme. Nous ne le contestons pas; mais nous ferons observer que si le lait d'ânesse convient aux enfants forts, vigoureux et sains, préférablement aux enfants chétifs, lymphatiques, scrofuleux, le lait de chèvre conviendra mieux à ces derniers, parce qu'il est plus stimulant et plus actif que l'autre.

Reste à parler de l'allaitement artificiel. Les règles à suivre pour cet allaitement sont de nettoyer tous les jours l'appareil, quel qu'il soit, et de n'y verser chaque fois que juste la quantité de lait que l'enfant doit prendre. Ce lait aura, autant que possible, les qualités sus-mentionnées, et, s'il n'était pas assez séreux, on le couperait avec une plus ou moins grande quantité d'eau, selon qu'il serait plus vieux, plus épais, ou qu'il appartien

drait à telle ou telle espèce d'animaux : ainsi, on mèle très-peu d'eau au lait de chèvre et au lait d'ânesse, beaucoup, au contraire, au lait de vache. Et comme c'est ordinairement de ce dernier dont on use, vu la facilité à s'en procurer, et son bon marché, comparativement aux autres, nous préciserons, à son endroit, les proportions du mélange, en disant que, pendant le premier mois de la lactation artificielle, le lait doit contenir les deux tiers d'eau; pendant le deuxième mois, y être pour moitié; et pour un tiers seulement, les mois suivants, jusqu'au sixième. Si à cette époque l'enfant est hien portant, on lui donne du lait pur récemment trait, non chauffé en été, chauffé au bain-marie en hiver, observant de ne mettre chauffer que la quantité qui doit être immédiatement consommée, ou, si l'on donne du lait coupé, que l'eau qui servira au mé

lange.

Nous avons nommé l'eau: il est certain que ce liquide suffit lorqu'on n'a d'autre but que d'étendre la matière caséeuse du lait; il n'en serait pas de même dans le cas où on désirerait en augmenter la saveur sucrée, afin de le rapprocher davantage du lait de la femme; pour obtenir ce résultat, le petitlait, préparé sans acide, est le meilleur excipient. Après lui viennent, au même titre, la décoction d'orge germé, qui contient beaucoup de matière sucrée développée par la germination, etc. N'oublions pas qu'il convient de renouveler le mélange au moins deux fois par jour, de le préserver, autant que possibile, du contact de l'air, et de le tehir dans un endroit frais pour qu'il ne s'aigrisse pas. N'oublions pas non plus, et c'est par là que je termine, qu'il est un préjugé ancien, non encore effacé aujourd'hui, qui porte les femmes à faire bouillir le lait dont elles nourrissent les enfants, pour lui ôter sa crudité imaginaire; on comprend tout ce que cette conduite a de ridicule, puisque, par l'ébullition, le lait perd ses parties les plus fluides et les plus délicates; il devient plus épais, plus lourd, et se digère moins bien: Voilà ce qu'on gagne à le faire cuire.

ALOES, s.m., aloe, nom générique (L.) d'un suc propre aux feuilles de plusieurs espèces d'aloès, appartenant à la famille des Asphodèles (J.). Les feuilles de l'aloès sont épaisses, et le suc qu'on en retire est d'un brun jaunâtre, d'une odeur nauséabonde, d'une saveur extrêmement amère, et qui teint la salive en jaune. Celui dont on se servait autrefois, venait des Indes orientales, de l'île de Succotora; on le nomma aloès succotrin, et ce nom lui est resté, quoique le suc d'aloès nous soit apporté des Barbades et d'autres lieux d'Amérique et d'Asie. Indépendamment du succotrin, le plus pur et le plus soluble, le commerce fournit encore l'aloès hépatique, ainsi nommé parce qu'il a une couleur analogue à celle du foie, qu'il est non transparent, plus rougeâtre que le dernier et aussi plus friable; et l'aloès caballin, qui n'est usité qu'en médecine hippiatrique (vétérinaire), Occupons-nous de la première es

pèce, la seule employée en médecine: sa supériorité sur les autres, qu'il tient de sa pureté, lui ayant fait donner la préférence.

·

Action physiologique de l'aloès. Administré à petite dose, de un à six grains par jour, pris en deux fois, l'aloès provoque de légères coliques, qui sont suivies d'une ou de plusieurs selles diarrhéiques; mais ce n'est guère que cinq ou six heures après son administration que les garde-robes arrivent, et même, chez quelques individus, après vingtquatre heures. Son action laxative est donc très-lente, quoique produisant des douleurs abdominales; aussi l'emploie-t-on préférablement, à cause de son amertume, dans les cas de faiblesse d'estomac, pour faciliter les digestions; toutefois il ne faudrait pas en continuer trop longtemps l'usage, attendu qu'il a la propriété d'attirer le sang sur les parties qu'il irrite, de congestionner les intestins et les viscères abdominaux, et d'amener des hémorragies anales, l'excitation des organes de la génération chez les hommes, et des pertes utérines, la leucorrhée, des apétits vénériens, etc., chez les femmes. A haute dose l'aloès agit comme tous les purgatifs drastiques.

Effels thérapeutiques. L'action de l'aloès étant, à titre d'amer, de fluxionnaire sanguin et de laxatif, bien et dûment constatée, les praticiens ont dû recourir souvent à ce médicament, soit dans les dyspepsies, soit dans les constipations, soit toutes les fois qu'on a voulu provoquer l'écoulement menstruel ou hémorroïdal, ete. C'est en effet ce qui est arrivé, et l'expérience de tous prouve que, dans les dyspepsies par atonie, quand l'aloès est pris pendant le repas, et à petite dose, pourvu toutefois qu'il n'existe pas d'inflammation à l'estomac, il favorise les digestions. Est-ce en stimulant directement la surface gastro-intestinale? est-ce en débarrassant mécaniquement le canal alimentaire des mucosités qui l'engouent? est-ce en augmentant la sécrétion de la bile ? C'est probablement en faisant un peu de tout cela; mais que nous importe le comment il agit, pourvu qu'il fasse du bien? De même, dans la constipation à laquelle les personnes lymphatiques sont très-sujettes, il est très-avantageux de leur faire prendre de l'aloès pendant le repas, comme dans les dyspepsies : notre propre expérience nous autorise à tenir ce langage. Elle nous autorise aussi à affirmer que dans les cas où il est utile d'établir le flux hémorroïdal, l'aloès, à petites doses journellement répétées et longtemps continuées (un mois et davantage), finit par amener la congestion sanguine et l'hémorragie qu'on désire obtenir; mais on comprend que ce n'est pas dans les cas où la suppression du flux hémorroïdal déterminerait des accidents, qu'il faudrait recourir à co médicament, à moins de l'employer comme drastique; car, saus cela, la lenteur de ses effets ne le ferait agir que comme palliatif, et, quand le temps presse, on doit le faire remplacer par des remèdes plus actifs. (Voy. HiMORRAGIES, FLUX HEMORROÏDAL.) Toutefois,

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