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mé absorption lymphatique, celle qui a pour objet de pomper et de charier la lymphe des diverses surfaces intérieures et externes du corps où le système absorbant lymphatique les aspire dans l'intimité même de toutes ses parties constitutives, pour les transporter, en passant à travers des organes d'élaboration et de mixtion, les ganglions lymphatiques, jusqu'au canal thoracique (à gauche), ou au grand vaisseau lymphatique (à droite du corps); de là, arriver aux veines sous-clavières gauche et droite qui s'abouchent l'une et l'autre avec le cœur : et absorption chylifère, celle qui a pour but le transport de chyle humé par les vaisseaux absorbants chylifères, à son passage dans les intestins, jusqu'à la citerne chylifère ou réservoir de Pecquet, qui s'ouvre, lui aussi, dans l'oreillette gauche du cœur. Je ne parle pas des veines mésaraiques ou mésentériques (supérieure et inférieure du mésentère), parce que si leur faculté absorbante a été admise par Hunter et son école, elle a été niée par d'autres anatomistes, et que nous ne voulons pas nous mêler à ce débat, la discussion à la quelle nous nous livrerions nous paraissant inutile au point de vue où nous nous sommes placé, c'est-à-dire en médecine clinique. Quoi qu'il en soit, mettant de côté toutes les divisions de l'absorption, qui ont été proposées par des physiologistes très-distingués, ces divisions nous paraissant toutes défectueuses, nous accorderons la préférence à celle que nous allons donner, comme trèspratique, et pouvant dès lors satisfaire tous les esprits.

D'après nous, on peut donc diviser l'ab sorption en trois ordres : 1° les absorptions hygiéniques, ou du chyle, de la lymphe, et de l'oxygène de l'air dans l'HÉMASTOSE (Voy. ce mot); 2° les absorptions morbides, ou celles des principes contagieux ou infectieux répandus dans l'atmosphère; exemple: les maladies pestilentielles qui se communiquent tout à la fois par INFECTION et par CONTAGION (Voy. ces mots); et 3° enfin, les absorptions médicatrices ou provoquées par l'art. Cette division présente, ce nous semble, cet avantage que, si le médecin sait profiter des expériences qui ont été faites par ses devanciers pour prouver soit l'absorption cutanée, soit l'absorption naso-pulmonaire, il pourra indiquer les précautions à prendre pour soustraire les individus aux influences fâcheuses de ces absorptions; tout comme il arrivera par la connaissance des lois de cette fonction, à la détermination des causes de certaines maladies, d'une part, et d'autre part, à celle les moyens les plus simples et les plus facides pour combattre la plupart d'entre elles. Mécanisme de l'absorption. Prenant pour type des absorptions lymphatique et chylifere celle qui nous paraît la plus importante au point de vue physiologique, l'absorption du chyle, voici comment nous en expliquerous le mécanisme. Chacun sait que les intestins grêles sont garnis de distance en distance, à l'intérieur, de replis membraneux valvules conniventes, qui ont pour usage de

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retarder la marche du bol alimentaire et d'augmenter en étendue la surface de la muqueuse intestinale: chacun sait aussi qu'on aperçoit sur cette membrane des petites ouvertures béantes qui, en ce lieu, s'offrent sous la forme de petites ampoules: eh bien, soit que ces ampoules, ces orifices, ces suçoirs aient une communication immédiate avec l'intestin; soit, au contraire, qu'il existe dans les villosités intestinales un tissu d'une nature particulière, spongieux en quelque sorte, qui est destiné à effectuer lui-même immédiatement l'absorption du chyle, et à le transmettre ensuite aux vaisseaux chylifères qui aboutissent à ce tissu sans aller au delà, etc., toujours est-il que la pâte alimentaire, alternativement comprimée ou non comprimée, suivant que les intestins grêles se contractent ou se dilatent, s'allonge, laisse échapper le chyle qu'elle contient, et celui-ci est aspiré par les orifices absorbants qui se dilatent pour le recevoir. Mais, attendu que ce mouvement d'aspiration se renouvelle à chaque nouvelle contraction de l'intestin, il en résulte que la dernière portion de chyle absorbée poussant devant elle celle qui l'a précédée, et étant poussée à son tour, la colonne chyleuse avançant toujours, il arrive, ainsi que nous l'avons déjà dit, dans le réservoir de Pecquet, qui s'ouvre par une de ses extrémités dans le cœur. N'oublions pas d'ajouter que la progression du chyle est favorisée par le battement des artères et par la dépression abdominale qui s'opère par l'abaissement du diaphragme, alors que sa marche rétrograde est rendue impossible par les replis membraneux qui garnissent l'intérieur des vaisseaux.

Nous avons dit que le chyle était aspiré par les suçoirs chylifères y a-t-il réellement aspiration vitale, ou seulement imbibition chimique, comme on l'a prétendu ? Pour ma part, je préfère admettre l'activité du système absorbant, préférablement à cette sorte d'opération chimique en vertu de laquelle le liquide le moins dense traverse le tissu dans lequel il est renfermé pour aller se mêler au liquide le plus visqueux (ce qu'on nomme endosmose ou exosmose); mais comme dire le pourquoi de cette préférence, nous entraînerait trop loin, et que d'ailleurs cette explication serait sans utilité pratique, nous allons passer outre.

Lois de l'absorption. Personne n'ignore que le sang se renouvelle par le chyle, par tous les matériaux que le système lymphatique lui fournit et par l'absorption de l'oxygène de l'air; on ne sera donc pas étonné qu'il y ait un appétit d'absorptions, comme il y a un appétit d'aliments et de boissons, et que l'un et l'autre appétit soient proportionnés au besoin de réparation que le corps éprouve. Or, comme l'appétit des aliments diffère d'individu à individu, de même l'appétit d'absorption différera suivant les sujets et suivant d'autres circonstances qu'il est bon d'énumérer. Disons toutefois que ce n'est qu'au point de vue hygiénique et thérapeutique que nous nous en occuperons.

L'absorption étant plus active chez les enfants que chez les adultes, et chez ces derniers que chez les vieillards, et moins active chez l'homme que chez la femme qui, par la délicatesse de sa constitution, se rapproche beaucoup plus de l'enfance, il doit nécessairement en résulter que moins on est avancé en age, moins on est fortement constitué, et plus on sera exposé à la contagion des maladies. Ainsi non-seulement il est contraire aux lois de l'hygiène de faire coucher une jeune personne avec une personne âgée, la chaleur vitale de l'une s'épuisant, en quelque sorte, à ranimer le flambeau de la vie. qui, par trop usé, est près de s'éteindre chez autre; mais encore il ne serait pas prudent de laisser les enfants et les adolescents exposés aux effels meurtriers de la contagion, puisqu'ils sont plus facilement atteints par elle que les adultes et les vieillards. De même en thérapeutique, lorsqu'il s'agit de faire pénétrer les médicaments par la peau (Voy. MÉTHODE IATRALEPTIQUE), il y aurait du danger à ne pas proportionner la dose des remèdes à la facilité plus grande qu'ils ont à être absorbés, tout étant pompé, rien ne se perdant dans le jeune âge, et vice tersa pour le vieillard.

Ajoutons, 1° que le tempérament lymphatique étant de tous les tempéraments celui qui est le plus favorable à l'absorption, cela explique pourquoi, dans certaines épidémies, les femmes sont plus facilement atteintes; 2° que le repos du sommeil et de la nuit augmentant l'énergie de l'absorption, il serait dangereux de reposer dans les champs, et à plus forte raison d'y dormir dans des endroits malsains, et plus encore près des marécages, après la chute du jour les miasmes ou gaz infectieux qui se répandent dans l'air pénétrant alors très-facilement dans l'économie. Que de fièvres de mauvais caractère qui ne sont dues qu'à cette cause! 3° que le manque d'une nourriture suffisante, en général, et la vacuité de l'estomac en particulier augmentant également la force de succion des bouches absorbantes externes, en dirigeant les mouvements circulatoires du dehors au dedans et de la circonférence au centre, il serait imprudent de sortir à jeun, alors surtout que le corps aura été affaibli par le défaut d'alimentation; que certaines affections de l'âme, la peur, par exemple, favorisant singulièrement l'aspiration poreuse des lymphatiques, dès qu'un individu a peur d'être atteint par la maladie épidémique régnante, il doit s'éloigner au plus tôt, etc.

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certains intervalles. Si ces intervalles sont égaux, on dit que les accès sont réguliers ; £ i au contraire les intervalles sont inégaux, les accès sont dits irréguliers Du reste, accès est une expression générique, qui équivaut tout à la fois aux mots attaque et paroxysme; ainsi on dit accès de manie, attaque ou accès d'épilepsie, accès de fièvre, etc.

Cette nomenclature peut être acceptée, en se rappelant toutefois que l'accès fébrile a. des caractères particuliers qui le distinguent font comme un état morbide à part, qui n'a entièrement des autres sortes d'accès, et en rien de commun avec eux que sa périodicité; lepsie, d'hystérie, etc., ne diffère d'un autre c'est-à-dire que tandis qu'un accès d'épiaccès de la même maladie que sous le rapport de leur force ou de leur fréquence, les accès de fièvre, suivant l'ordre de leur réapparition, forment le trait caractéristique ou typique des fièvres dites fièvres d'accès; de là les noms de fièvre tierce, quarte, etc., qu'on leur a donnés. Voy. FIÈVRES INTER

MITTENTES.

ACCOMPAGNEMENT (chir.), s. m.-C'est une expression fort singulière, par laquelle on désigne l'humeur blanchâtre, visqueuse, qui entoure le cristallin dans la cataracte, ainsi que la membrane cristalline lorsqu'elle est devenue opaque. Souvent après l'opération on est obligé d'introduire une aiguille pour déplacer cette humeur qui empêche la vision, et qui, parce qu'elle se manifeste secondairement à l'opération, a été appelée accompagnement de la cataracte.

ACCOUCHEMENT, s. m. Ce mot a une double signification, c'est-à-dire, qu'il sert à désigner tantôt l'enfantement, doxia róxOS, partus, partio, puerperium; et tantôt l'action d'accoucher une femme, de la délivrer de son fruit, pazia paieves, obstetricium, obstetricio. N'ayant à nous occuper dans ce livre que de l'enfantement proprement dit, la partie obstétricale des accouchements étant abandonnée aux accoucheurs et aux sagesfemmes, nous ferons remarquer, en passant, que le moment le plus important de la vie de la femme, c'est celui où elle donne le jour à l'être qui s'est développé dans son sein, et cela parce que non-seulement c'est le but final, le complément de toutes les tendances organiques de son sexe, mais encore, parce que l'accomplissement de cet acte forme une crise sérieuse pour tout l'organisme, qui, par sa séparation et l'expulsion du nouveau produit qui s'était fécondé et implanté en lui pour s'y développer, reprend l'équilibre qu'il n'avait plus. De là la nécessité de sur-veiller cette crise, de la favoriser, et de ne pas perdre de vue l'accouchée jusqu'à ce qu'elle ne coure aucun danger; ce qui veut dire, jusqu'à ce que sa santé soit entièrement rétablie. Ce n'est pas que nous croyions que l'art doive souvent intervenir dans l'accouch-ment, au contraire, car la nature déploie de si grandes ressources pour son accomplissement, il se manifeste alors de si sin

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gulières métamorphoses, que, malgré le péril imminent auquel la vie est exposée, il n'arrive généralement rien de fâcheux à la femme. Je dis plus, dans bien des cas, elle est bien mieux portante après qu'avant sa grossesse. C'est pourquoi, pour les soins à donner à l'accouchée avant l'accouchement et après la délivrance, il faut avoir égard à certaines circonstances que nous allons énumérer.

Etant donné que la femme enceinte éprouve les véritables douleurs de l'enfantement, il faut immédiatement, si l'on a à choisir la pièce où l'accouchement doit avoir lieu, faire le choix d'une chambre assez grande et spacieuse pour y circuler librement après y avoir placé un second lit, vu qu'il convient d'en avoir deux quand c'est possible; qu'elle soit éloignée, s'il se peut, de toute émanation fétide et de tout bruit, et modérément chauffée en hiver. Le nouveau lit que l'on dresse est ordinairement un lit de sangle peu élevé, mais pourtant pas trop bas, parce qu'il serait incommode pour l'accoucheur. Le lit dressé, on pose d'abord dessus un premier matelas complétement étendu, puis on en place un second plié en deux. Celui-ci forme alors un rebord sur lequel le siége de la femme sera appuyé. La tête du lit étant appliquée contre le mur, on relève en cet endroit la portion supérieure du matelas plió en deux, en plaçant entre un ou plusieurs coussins. La partie du matelas de dessous laissée à découvert, doit être recouverte d'une toile imperméable, et puis le lit garni comme de coutume. Pendant qu'on fait ces préparatifs, la femme doit prendre un lavement pour vider le rectum, et se vêtir de l'habillement de la femme en travail, qui doit être léger et surtout si simple qu'on puisse facilement le renouveler s'ii était sali. Généralement une camisole de nuit, un fichu plus ou moins fort suivant la saison, et une chemise très-courte de derrière (n'allant que jusqu'au bas des reins), et ouverte par devant dans toute sa longueur, voilà ce qui compose le costume de la femme quand on la place sur le lit de misère. Ces précautions prises, si l'accoucheur n'arrive pas et que la femme désire prendre un peu de nourriture, elle devra se contenter d'un peu de potage, de peur qu'une nourriture plus abondante ne provoquât des vomissements. La douleur seule les détermine quelquefois, à plus forte raison se manifesteront-ils si l'on surcharge l'estomac. Si la femme a soif, on lui donne un peu d'eau sucrée, tiède ou fraîche, légèrement acidulée (le sirop de groseilles, de cerises, etc., étendu d'eau), où rougie avec du bordeaux, et si le travail se prolonge, on lui fait faire un peu d'exercice. L'accouchement terminé et la femm délivrée, la première précaution à prendre c'est de changer la femme de linge en la dépouillant de tout ce qui a été mouillé, soit par les sueurs, soit par les eaux ou le sang qui se sont écoulés de la matrice, et de la transporter dans son lit, si elle a été accouchée sur un lit de misère, ou de l'arranger commodément et pro

prement s'il a fallu forcément l'accoucher dans son propre lit; observant de ne pas transporter l'accouchée, dans le premier cas, tant que le sang coule liquide et comme par flots. Dans tous les cas, deux choses sont nécessaires 1° que le siége ne s'enfonce pas trop, parce que les soins de propreté seraient dificiles à remplir si le lit était trop mou; 2° que les matelas ne s'imprègnent pas des excrétions. On mettra donc une toile imperméable entre les matelas, et un drap pliè en plusieurs doubles sous le siége. Quand je dis de ne pas salir les matelas, ce n'est point par économie, mais purement dans un but sanitaire, l'intérêt de l'accouchée exigeant qu'on ne la change pas trop souvent. Quoi qu'il en soit, même sans toutes ces précautions, on peut, au moyen de draps souvent renouvelés, maintenir la femme continuellement propre; sinon elle serait dans une atmosphère viciée, ce qu'on doit éviter.

Faut-il chauffer le lit, avant d'y porter l'accouchée? En général, oui, dans les saisons froides. Ce soin a même une utilité importante, vu l'état de surexcitation nerveuse dans lequel elle se trouve, et qui la dispose à des frissons et à des accidents spasmodiques plus désagréables que dangereux, il est vrai, mais qu'il faut prévenir et non favoriser. On les prévient souvent, en partie du moins, quand on chauffe modérément le lit. Ajoutons que si la femme avait beaucoup perdu, le lit doit être si peu chauffé, que c'est à peine si elle sent le changement de température: inutile de dire la nécessité de cette précaution.

La femme placée dans son lit, il faut lui serrer (ou lui faire serrer) le ventre avec une bande ou une petite nappe. C'est une précau tion que je crois indispensable, et à la négligence de laquelle on peut attribuer les accidents qui accompagnent quelquefois les couches. Hamilton a été jusqu'à lui attribuer les fièvres puerpérales qui régnaient à la Maternité, à une époque où la bande n'y était point employée. Il y a peut-être un peu d'exagération de la part du praticien anglais, mais, exagération ou non, toujours est-il que la bande a cet avantage de maintenir les parois abdominales, qui, étant très-lâches, très-élastiques, n'opposeraient pas toujours une résistance suffisante au poids des viscères abdominaux, d'où des descentes, des prolapsus de la matrice, etc. Puis, comme il est survenu quelques modifications dans la circulation des vaisseaux utérius, qui peuvent favoriser une exhalation sanguine inquiétante (perte utérine) par son abondance (Voy. HEMORRAGIES), et dans d'autres cas l'engorgement de l'utérus, un bandage modérément serré remédiant ordinairement à cette disposition organique, il faut donc s'en servir dans tous les cas.

Un point qui a préoccupé les accoucheurs et qui préoccupe beaucoup le vulgaire, est de savoir si l'on doit laisser dormir la femme qui vient d'être délivrée. Pour ma part, ayant su et vu que les hommes les plus expérimentés permettaient à l'accouchée de

s'endormir, j'ai agi comme eux et n'ai jamais ea à le regretter. Ce n'est pas que j'ignore que le sommeil dispose aux pertes utérines, et qu'une hémorragie abondante se déclarant pendant que la femme dort, elle se trouve, à son réveil, dans un état de faiblesse trèsconsidérable, qui n'est pas sans danger, Néanmoins je persiste à croire que toutes les fois que l'accouchée se trouvera, après sa délivrance, dans de bonnes conditions physiologiques, on peut lui permettre de goûter les douceurs d'un sommeil ordinairement réparateur. Dans le cas contraire, c'est-à-dire s'il y avait la moindre crainte qu'une perte utérine se manifestât, dans ce cas, dis-je, il faudrait tenir la femme éveillée en attachant son esprit par des lectures amusantes. Toutefois, il ne faudrait pas continuer ces lectures trop longtemps, attendu qu'à l'instar des visites souvent fort nombreuses que l'accouchée reçoit et qui la fatiguent beaucoup, l'état de veille entretenu par des lectures attrayantes trop prolongées pourrait se changer en insomnie, qui elle-même, devenant opiniâtre, s'accompagnerait de céphalalgie violente (mal de tête), de fièvre, etc.

Nous avons prononcé le mot visites: quelle est la conduite que l'on doit tenir à l'égard des visiteurs? Il faut les éconduire. Et les convenances? dira-t-on je sais ce à quoi eiles assujettissent; c'est pourquoi, quand la famille se présente, on doit l'admettre et la congédier immédiatement. Quand ce sont des visiteurs qu'on est forcé de recevoir, on les prie d'abréger autant que possible leur visite, qui se bornera à complimenter l'accouchée et à lui dire adieu: je n'autorise pas autre chose. Quant aux importuns, on ne les admet sous aucun prétexte.

Ce n'est pas tout: les passions vives de l'âme, en augmentant l'excitabilité du système nerveux, déjà surexcité, pouvant donner lieu à des accidents nerveux, tous ceux qui, par nécessité ou tolérance, approchent de la nouvelle accouchée, doivent user de la plus grande circonspection, ne l'entretenir que de choses agréables, et lui cacher avec soin tout ce qui pourrait l'inquiéter (la mort d'une femme en couche, d'un proche, la perte d'un procès, etc., la difformité du nouveau-né, sa faiblesse, a fortiori sa mort); ou, si on ne peut la taire, le faire avec les plus grands ménagements; si la femme est pieuse, Jui laisser croire que l'enfant a vécu assez longtemps pour recevoir l'eau du baptême. Bref, à cause de sa grande sensibilité, il faut lui éviter tout chagrin, toute colère, l'éclat du jour trop vif, le bruit, et tout ce qui peut Impressionner désagréablement.

Régime alimentaire. Il varie nécessairement suivant qu'on s'éloigne davantage de l'époque de l'accouchement, et puis selon certaines conditions qu'il faut connaître. Ainsi, le premierjour l'alimentation doit être nécessairenent restreinte; non pas que l'accouchée soit malade, mais parce que ses organes digestifs ne supporteraient pas sans inconvenients la quantité habituelle d'aliments qu'ils reçoivent. Il est sans doute quelques excep

tions à cette règle, mais elle est vraie dans le majorité des cas. Du reste, voici comment je procède. Le jour de l'accouchement je ne permets que les aliments liquides, le bouillon gras, par exemple; si la femme est délicate, et si elle ne l'aime pas, ce qui peut arriver, je le remplace par des crèmes de riz à l'eau légèrement acidulées ou seulement aromatisées avec l'eau de fleurs d'oranger, ou par des potages maigres, des panades de gruau, d'orge perlé. Cette nourriture convient encore mieux aux femmes fortement constituées, et on doit la préférer pour elles au bouillon gras. Si le second jour l'accouchée se sent bien et désire des aliments, je l'autorise à en prendre de semi-liquides (semoules, tapioca au gras et autres fécules). Le troisième jour je fais de nouveau restreindre l'alimentation, à cause de l'invasion de la fièvre de lait qui a lieu ordinairement à cette époque; a fortiori la restreindra-t-on le quatrième jour, jour de la fièvre de lait. Voy. FIÈVRES. Enfin, le cinquième jour et les jours suivants, je permets l'usage des légumes, du poisson, en un mot, des mets que la femme préfère, pourvu qu'elle n'en prenne pas une trop grande quantité.

A propos de la fièvre de lait, nous dirons, en passant, que l'usage répandu parmi les nouvelles accouchées de se garnir le sein avec une serviette mollette ou de la ouate en hiver, doit être considéré comme une sage précaution très-propre à favoriser la séerétion laiteuse en meitant les mamelles à l'abri des variations de température; il ne faudrait pourtant pas pécher par excès.

Boissons. Leur choix préoccupe quelquefois certaines femmes à ce point que le médecin a bien souvent une sorte de lutte à soutenir avec elles; à plus forte raison, la sage-femme, qui généralement a moins d'empire que l'accoucheur; les parents, qui ordinaireinent n'en ont pas du tout. Quant à moi, je conseille une infusion légère de tilleul, avec ou sans addition d'eau de fleurs d'oranger, suivant le goût de l'accouchée; on peut faire de même. Mais si la femme avait de fortes préventions contre le tilleul, on le remplace par la mélisse ou toute autre plante ayant les mêmes propriétés. L'eau d'orge, de chiendent, la réglisse, conviennent également. Après les premiers jours, et surtout après la fièvre de lait, il n'y a pas d'inconvénient à ce qu'elle reprenne sa boisson ha→ bituelle.

Nous ferons observer, à l'endroit du régime, qu'il est certains préjugés que l'accoucheur est quelquefois obligé de combattre; et par exemple: croyant que la femme qui accouche et qui perd beaucoup pendant ou après le travail, est affaiblie par ce fait et par les douleurs qu'elle a éprouvées, bien des gens s'imaginent qu'il faut soutenir les forces de cette femine, en lui donnant une rôtie au vin ou tout autre excitant. C'est une erreur grave qu'il faut détruire, en assurant que la faiblesse, quand elle existe réellement, est sans danger, et que toute stimulation interne peut être nuisible, Voici

un autre préjugé. Autrefois on pensait, et quelques personnes conservent cette croyance, qu'il est nécessaire de se servir de certaines boissons réputées propres à faire écarter le lait chez les mères qui ne veulent pas ou ne peuvent pas nourrir: telles sont les boissons préparées avec la canne de Provence, la pervenche, etc. Comme ce préjugé va en s'affaiblissant de jour en jour, il a bien moins d'importance aujourd'hui, ce qui ne doit pas cependant nous empêcher de proscrire la pervenche, qui est excitante. Quant à la canne de Provence, son usage étant sans danger, on peut l'autoriser.

Excrétion des urines. Cette excrétion doit être soigneusement surveillée, vu que beaucoup de femmes nouvellement accouchées ne s'en occupent pas elles-mêmes. Se sentant mouillées elles croient avoir uriné, ce qui n'est pas, et de là quelquefois, des accidents plus ou moins fâcheux. Dans un fait de cette nature, que j'ai observé, déjà la vessie distendue par l'urine formait une tumeur douloureuse au-dessus du pubis qui m'en aurait imposé, je l'avoue, si je n'avais déjà été prévenu que de pareils phénomènes se manifestent à la suite de la réten tion des urines. Soupçonnant donc la cause de cette tuméfaction, j'introduisis une sonde dans la vessie, et les douleurs se calmèrent dès que ce viscère eut été vidé du liquide qu'il contenait en trop grande quantité. Ce fait me rappelle avoir entendu raconter à M. P. Dubois (Clinique d'accouchements, 1842) que, chez une dame la distension de la vessie avait été portée si loin par l'inattention de l'accoucheur, que des symptômes inflammatoires très-graves s'ensuivirent: celui-ci crut à une péritonite, et fit appeler un confrère en consultation. Ce dernier, ne voyant rien dans ce cas qui se rattachât à une distension de la vessie, à laquelle il n'avait pas sougé, partagea l'avis de l'accoucheur, et ordonna une application de sangsues. On venait de les poser quand M. Dubois fut introduit auprès de l'accouchée; découvrant facilement la cause des accidents, il vida la vessie par l'introduction d'une sonde, et la malade fut soulagée immédiatement.

Lochies. Nous devons insister par rapport aux lochies (Voy. ce mo!) sur la nécessité de les examiner tous les jours avec soin pour en connaître l'odeur, la qualité et la quantité; toutes ces choses mérítant une attention spéciale, et d'ailleurs la suppression ces lochies étant une des causes les plus fréquentes de la PERITONITE (Voy. ce mo:). A cet effet, on fait placer sur les parties sexuelles de la femme les linges qui lui servent habituellement à l'époque des mois, mais sans les attacher, et on les examine journellement avec soin; si elles sont dans de bonnes conditions, on se contente de laver la femme avec une décoction de guimauve, d'orge, si l'accouchée est forte, ou avec de l'eau tiède rendue légèrement astringente par l'addition d'une eau aromatique, si l'accouchée est faible et lymphati

que mais si l'odeur des lochies est forte, infecte, on se servira d'une infusion de fleurs de camomille.

A propos de lotions, nous nous demanderons si les parties génitales de la femme récemment accouchée doivent être lavées dans tous les cas, un préjugé populaire, fondé sur l'opinion de quelques accoucheurs en renom, proscrivant ce moyen de propreté Oui, dirons-nous avec Hamilton, les parties sexuelles de la femme doivent être lavées quotidiennement, une ou deux fois par jour, mais on doit le faire avec beaucoup de précaution, c'est-à-dire qu'il ne faut pas découvrir la femme si elle est en sueur, à cause du refroidissement qui s'ensuivrait et qui pourrait devenir préjudiciable. Pour le mêine motif on élèvera la température du liquide qui doit servir à la laver, de manière qu'il soit porté à un degré de chaleur convenable, plutôt trop chaud que pas assez, à plus forte raison que froid.

Beaucoup de femmes sont dans l'usage, et elles le conseillent aux autres, de se faire bassiner les parties génitales, quelques jours après l'accouchement, avec des décoctions astringentes ou spiritueuses, pour les resserrer et leur rendre leur fermeté antérieure. Autant il est avantageux de les bas siner les premiers jours avec des décoctions émollientes, autant il serait dangereux d'employer, pendant l'écoulement des lochies, des décoctions astringentes, la suppression de l'écoulement étant la suite ordinaire de ces imprudences. Il en est de même des lotions aromatiques, des compresses trempées dans du vin chaud, avec lesquelles on bassine les parties naturelles, et que l'on y applique; elles sont dangereuses parce qu'elles augmentent l'éréthisme déjà existant, que l'on doit calmer par des émollients. Le seul cas où elles soient permises, c'est quand les grandes lèvres sont dématiées. De même les lotions astringentes ne conviennent qu'aux femmes sujettes au relâchement du vagin, à celles dont les symphyses sont mobiles et ramollies; et encore doit-on attendre pour les employer, que les lochies aient cessé de couler.

Selles. On aurait tort de s'inquiéter de la constipation qui a lieu chez presque toutes les femmes après l'accouchement; c'est chose, nous ne dirons pas nécessaire, mais avantageuse pour favoriser la sécrétion du lait. Toutefois, quand elle dure trop longtemps, on la combat les premiers jours par des lavements émollients administrés dans la soirée, et si les matières fécales accumulées dans le rectum qu'elles irritent, donnent leu à de violentes coliques, et à d'autres symptomes qui peuvent en imposer et faire croire à une péritonite, on doit immédiatement recourir à une purgation. Dans un cas de cette nature qui avait été méconnu, nous fumes assez heureux pour découvrir la cause occasionnelle des accidents, et un purgatif suffit pour les dissiper, en expulsant les

fèces endurcies.

Purgation. J'ai parlé de la purgation: ce

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