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de M Ollivier, d'Angers, l'acide prussique produit de très-heureux effets dans les 16– sions du système nerveux caractérisées par des convulsions ou des mouvements musculaires irréguliers, en un mot, par des phénomènes qui annoncent plutôt une excitation qu'un anéantissement des fonctions du centre cérébro-spinal. Des essais multipliés qui ont été faits depuis plusieurs années par des praticiens distingués en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, ont démontré que cet acide jouissait de propriétés essentiellement sédatives, et que son, action n'était pas accompagnée de l'irritation qu'on remarque en général de l'usage des narcotiques. Toutefois, les essais que l'on a tentés avec ce médicament dans le traitement de l'épilepsie sont loin d'établir son utilité dans ces sortes de cas.

Quant à son action sur le système circulatoire et respiratoire, nous devons croire avec Laennec qu'elle est très-infidèle, puisque cet habile observateur l'ayant administré dans l'hypertrophie du cœur, ce médicament a été mortel à la dose de dix gouttes après avoir été pris impunément à la dose de soixante fait qui n'est guère encourageant pour son administration. Néanmoins, ce même praticien l'a expérimenté sur des sujets affectés de catarrhe pulmonaire, et il dit en sa faveur qu'il a été utile. Ces essais ont été provoqués par un travail de M. Bouchenel, dans lequel il constate par cinq observations les bons effets de ce médicament dans le catarrhe pulmonaire chronique. L'acide qui fut employé avait été préparé par le procédé Gay-Lussac, et étendu avec six fois son volume d'alcool. M. Bouchenel l'a toujours incorporé dans une potion gommeuse dans la proportion de quatre à sept gouttes sur six onces de véhicule, dont il faisait prendre trois ou quatre cuillerées au plus dans les vingt-quatre heures, et non-sculement les malades l'ont pris sans inconvénient, mais encore ils en ont retiré un soulagement très-évident.

Je n'insisterai pas davantage sur l'emploi de l'acide prussique à l'intérieur, parce que ses effets sont si incertains, son action si énergique, que je ne voudrais pas encourager des tentatives d'aucune espèce par des mains inhabiles. Aussi me bornerai-je à constater son efficacité à l'extérieur. Voici les faits.

On lit dans la Revue médicale de l'année 1824, 2 vol., que M. Thompson déclare avoir guéri dix malades affectés de prurigo par des lotions d'acide hydrocyanique, et que ce médecin parle aussi de bien d'autres maladies de la peau qui ont cédé au même moyen. Il paraîtrait que ce mode de traitement, dit le journal, est maintenant adopté dans la plupart des dispensaires de Londres et principalement dans ceux de Chesea et de Brompton. M. Trompson assure que les registres de ces établissements ne contiennent que très-peu de cas de dartres et pas un seul cas de prurigo qui aient été réfractaires à l'emploi de l'acide prussique. Suit sa for

mule habituelle: Pr. acidi hydrocy., demionce; spiritus rectificati, demi-once; aque distill., six onces. Misce et fat lotio.

:

Depuis la publication de ce travail, M. Schneider a obtenu la guérison de dartres aux parties de la génération par l'usage de l'acide prussique chez cinquante femmes chez qui cet exanthème s'accompagnait d'un prurit extrêmement douloureux la guérison a été solide. Sa manière à lui de l'employer consiste dans l'association d'une solution alcoolique d'acide prussique (un gros et demi à deux gros) dans six onces d'alcool absolu. Ce médecin a obtenu les mêmes résultats sur d'autres femmes, en mêlant l'acide prussique avec six onces d'eau de rose.

Notre propre expérience nous a permis de constater l'efficacité et l'innocuité des lotions avec l'acide prussique uni à l'eau de rose, dans les affections dartreuses avec prurit soit à la face, soit aux mains. Aussi pouvons-nous en encourager l'emploi dans ces sortes d'exanthèmes.

ACIDES DANS LES PREMIÈRES VOIES. Se produisant très-communément chez les enfants qui y sont plus prédisposés que les adultes, ces acides se développent cependant chez ces derniers, soit par le défaut d'énergie de la bile, l'état hystérique et hypocondriaque, soit aussi et surtout par la pléthore de l'estomac et l'existence d'hémorrhoides anomales. On reconnaît leur existence chez les uns et les autres, en ce que la faim est conservée, que dis-je conservée, elle est parfois excessive (boulimie), sans soif, et s'accompagnant de rapports aigres, d'une odeur de même nature de l'haleine et des vents; souvent aussi de cremason ou douleurs d'estomac (soda), de coliques, de la pâleur du teint et de la langue, de la saleté des dents qui sont chargées de tartre; tous symptômes qui s'exagèrent après l'ingestion dans l'estomac de substances végétales, surtout du lait; ou s'améliorent, au contraire, par l'usage des aliments animaux.

Dans les cas d'acides dans les premières voies, il faut avoir recours aux moyens qui sont propres à les neutraliser ou palliatifs : soit grammes de magnésie blanche prise tous les matins pendant quelques jours de suite dans un peu d'eau sucrée; un mélange de parties égales (25 centigrammes) de racine de colombo et d'yeux d'écrevisse pulvérisés, pris trois fois par jour, une demi-heure avant le repas; l'eau de chaux, les écailles d'huître préparées, le lait de soufre, le carbonate de soude, etc.; ou bien, à ceux qui sont propres à en combattre la production, par exemple, les aliments animaux, les vins généreux, les amers, les martiaux et les autres toniques.

ACNÉ, terme adopté par les pathologistes anglais, pour désigner la dartre pustuleuse d'Alibert, la COUPEROSE de quelques auteurs et du vulgaire (Voy. ce mot).

ACONIT (aconitum) d"Axovn, ville d'Ancône en Bithynie, parce que la plante que les anciens appelaient ainsi croissait sur le territoire de cette ville. Elle appartient à la

famille des Renonculacées. J. de la Polyandrie trigyn., L.. et a pour caractères botaniques: un calice coloré irrégulier, un sépale supérieur en forme de casque, ure corolle formée de deux pétales longuement pddiculées à leur base, terminées par une sorte de petit capuchon dont l'ouverture inférieure offre une petite languette allongée : les deux pétales sont contenues et cachées sous le sépale supérieur; les capsules sont au nombre de trois ou de cinq: la couleur de ses fleurs est d'un beau bleu violet. La plante qui porte l'aconit napel, Aconitus napellus, celui dont on se sert habituellement en médecine, est grande et belle, vivace, et croit dans les pâturages des montagnes sa tige, haute de deux à trois pieds, porte des feuilles alternes, pétiolées, découpées en lobes digités, et se terminant par un long épi de fleurs.

Les effets toxiques des feuilles, de la racine de l'aconit et de ses diverses préparations, alors qu'on les prend à forte dose, ont été assez constatés, pour que nous n'ayons pas à les constater à notre tour, aussi nous préféFons dire immédiatement comment et à quelle dose elles agissent comme moyen thérapeutique, terminant notre article par l'énumésation des maladies principales dans les quelles on doit l'employer.

L'aconit se donne en poudre à la dose d'un demi-grain en commençant, que l'on porte graduellement à celle de vingt grains et au delà par jour: mais comme sous cette forme ce médicament est très-infidèle, mieux vaut ne jamais s'en servir. L'extrait dont Stoerck a beaucoup vanté les propriétés est lui-même un remède très-variable dans ses effets, par conséquent très-incertain; donc il est bon d'y renoncer aussi. Mais il D'en est pas de même de la teinture alcoolique: celle-ci est un médicament réellement energique, mais comme sa puissance d'action n'a pas été bien déterminée, nous croyons avec M. Soubeiran, qu'elle doit être administrée avec beaucoup de prudence. L'usage veut qu'on commence par 5 goutles, et qu'on monte insensiblement jusqu'à 20 et 30 gouttes et même jusqu'à un gros par jour.

Dans quelles maladies l'aconit peut-il ere utilement employé ? Stoerck, dans ses expériences, ayant constaté que pendant son administration à doses un peu élevées, ce médicament déterminait une diaphorèse abondante qui se prolongeait tant que l'on continuait à l'employer, le prescrivit dans le rhumatisme chronique, dans les affections arthritiques, les syphilis constitutionnelles, la sciatique nerveuse, dans certains engorgements glanduleux, et reconnut qu'il était efficace même dans les cas où la ciguë avait échoué. L'expérience a constaté que si l'aconit ne guérit pas toujours ces maladies, illes soulage du moins communément, donc il est utile d'y avoir recours dans les cas rebelles aux autres moyens; on a été même plus loin, puisque Barthez avait avancé que l'aconit a quelque chose de spécifique dans

les maladies goutteuses. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'usage prolongé de son extrait, quoique infidèle, passe pour avoir guéri parfaitement bien des individus, qu'une goutte cruelle et invétérée tourmentait depuis longtemps: mais était-ce bien à l'aconit qu'ils devaient leur guérison? J'avoue que la réponse n'est pas facile, puisque Fouquier et M. Récamier n'en ont pas retiré le même avantage dans le rhumatisme. C'est pourquoi, attendu que l'aconit n'a jamais été administré seul, entre gens qui aflirment et gens qui nient il est bien difficile de prendre un parti.

C'est comme pour la phthisic pulmonaire. A peine Portal, qui, séduit par les expériences de Stoerck, s'était livré à quelques essais, avait-il renoncé à ses tentatives, le succès ne répondant pas à son attente, que le docteur Rusch les reprend et affirme avoir guéri un grand nombre de malades; et plus tard M. Harel Tancrel publie une série d'observations qui déposent dans le même sens. A qui croire? Que Portal seul a eu réellement affaire à une phthisie pulmonaire, que les autres, et entre autres le dernier, n'ont eu à traiter qu'un catarrhe pulmonaire: puis que les faibles doses de sulfure de chaux qu'il ajoutait à l'aconit ont contribué à l'amélioration survenue. (M. Trousseau.)

Trouvons-nous la même dissidence d'opinions à l'endroit des propriétés anti-vénérienes de l'aconit? Oui : car tandis que Tomassini déclare qu'il n'a pas eu à s'en louer quand il l'a employé contre les douleurs qui accompagnent la syphilis constitutionnelle, bien qu'il ait porté l'extrait à des doses considérables; Brera affirme avoir associé avantageusement l'aconit au mercure dans des circonstances analogues, c'est-àdire dans les ulcères vénériens de la peau,. et Biet après lui, déclare qu'en donnant sous forme pilulaire un grain du proto-iodure de mercure et deux grains d'extrait d'aconit napel, il n'a eu qu'à se louer de cette combinaison. Mais, diront les antagonistes de l'aconit, n'est-ce pas le mercure qui a guéri la syphilis ?

Quoi qu'il en soit de ces résultats divers. affirmatifs et négatifs, il est une propriété peu contestée aujourd'hui à l'aconit napel, c'est sa propriété diurétique. Ainsi, nonseulement Decandolle nous a appris que les paysans se servent de cette plante pour se guérir de l'hydropisie; mais encore Fouquier après de nombreux essais lui a reconnu le pouvoir d'augmenter la sécrétior rénale, pouvoir qu'elle partage d'ailleurs avec tous les médicaments qui agissent énergiquement sur le système nerveux, commela ciguë, le jusquiame, le datura stramonium, etc. En dehors de cette propriété, ses effets diurétiques, fondants, etc., sont si peu marqués qu'on ne sait vraiment qu'en penser. Reste que M. Rayer, après avoir répété la plupart des expériences faites par ses confrères, déclare, dans l'intérêt de la vérité, n'avoir que des insuccès à opposer à

des résultats en apparence aussi satisfaisants que ceux qui ont été publiés; qu'il ne connaît pas une seule maladie dans la quelle l'emploi de l'aconit mérite quelque préférence. Il en est certains, il est vrai, ajoute-t-il, qui paraissent avoir été moditiés par son usage, mais chez plusieurs malades, le soulagement était évidemment dû à la confiance qu'ils avaient dans le remède. Et par exemple, une femme de l'hôpital Saint-Louis usait des pilules d'aconit: on leur substitua des pilules de gomme et leur effet fut aussi bon. On fit donc un emploi alternatif de ces pilules et on n'observa pas de sensation particulière.

Somme toute quelles sont les proprié tés attribuées à l'aconit? 1" la propriété diaphorétique; mais combien de médicaments qui la possèdent à un plus haut degré; 2 la propriété fondante; mais elle est loin d'être constatée, et nous avons des fondants plus énergiques et moins dangereux: 3° la propriété diurétique, qu'elle partage avec la digitale, la scille et beaucoup d'autres médicaments bien plus puissants, je crois: donc nous devons laisser aux expérimentateurs le soin de poursuivre leurs travaux scientifiques et rayer de notre catalogue pharmacologique l'aconit napel et ses préparations. Pour ma part, j'ai prescrit une seule fois les pilules d'aconit mercurielles de Double, dans un cas de dartre invétérée, elles ne purent être supportées dès la première dose et le malade ne voulut plus en entendre parler ce fait, joint aux dires divers des expérimentateurs, m'a fait renoncer à l'emploi dans tous les cas où il a été préconisé. ACRE, adj., acer, de üxpos, sommet d'une montagne, ou mieux de nou axis, pointe, piquant. Ainsi on dit d'une saveur qu'elle est acre, quand elle détermine au fod de la gorge un picotement désagréable joint à une certaine astriction; on dit aussi que la chaleur à la peau est acre, quand elle fait sentir à la main qui l'explore une sensation de picotement toute particulière. Enfin les humoristes parlent de l'âcreté ou acrimonie des humeurs; le vulgaire de l'àcreté du sang, etc.

ACRODYNIE. — C'est une dénomination assez impropre (elle dérive de xpo;, sommet, extrême, et adva, douleur) qui a été donnée à la maladie épidémique qui sévit à Paris et dans les environs en 1828 et 1829, et qui fut marquée comme symptôme constant et prédominant, par la douleur des extrémités. Cette maladie attaqua successivement tel ou tel hospice, telle ou telle prison, disparut et reparut alternativement ici et là avec une intensité nouvelle, pour disparaître enfin complétement pendant l'hiver rigoureux de 1829 à 1830. Elle se manifesta d'abord par une hypersthésie ou augmentation de sensibilité très-variable, s'annonçant par des fourmillements, des engourdissements et des élancements douloureux aux mains et plus constamment aux pieds, bien plus forts la nuit que le jour, ce qui occasionnait des insomnies opiniâtres; certains malades sont

restés jusqu'à vingt nuits sans dormir. La douleur avait de particulier aux jambes, qu'elle avait pour siége les pieds et ne s'étendait jamais au-dessus des malléoles: aux bras, qu'elle occupait la main jusqu'au poignet. On l'a vue néanmoins, mais rarement, s'étendre tout le long des extrémités jusqu'au tronc et même au cuir chevelu. Une autre particularité qu'on a remarquée, c'est que, au début, les malades éprouvèrent un sentiment de froid auquel succéda celui d'une chaleur brûlante aux pieds, qui les forcait à quitter le lit, pour se soulager; et c'était tout le contraire qu'ils obtenaient, car la moindre pression sur ces parties ne pouvait être supportée: la déambulation sur le sol le plus uni semblait porter sur des aspérités; ou bien, chose plus bizarre, au lieu de cailloux et d'épines, le sol paraissait être garni de coton et si doux que la terre semblait s'affaisser sous le poids du corps. Aux mains la sensibilité était également pervertie; ainsi les corps les plus polis paraissaient rugueux; un verre à boire, les draps de lit les plus fins, n'étaient pas supportables pour un malade: il en mourut. Enfin, chez certains, cette hypersthésie alla jusqu'à la rétraction, la paralysie et l'amaigrissement des membres, dans l'intérieur desquels se faisaient néanmoins sentir par intervalles des douleurs très-vives, des tiraillements que la pression augmentait instantanément, des crampes, et plus rarement des soubresauts des tendons de là, l'impossibilité de,fléchir ou d'étendre complétement les membres, le moindre mouvement augmentant les douleurs; de là aussi de grandes difficultés pour les malades de s'habiller, attacher leurs cordons ou nouer leur chaussure. Bravant la douleur, voulaient-ils marcher? leur marche avait cela de singulier qu'ils trainaient les pieds par la pointe et les appliquaient à plat sur le pavé comme pour s'y cramponner à l'aide des orteils qui étaient tenus relevés. Enfin, dans les cas extrêmes, tous les mouvements étaient abolis, les membres restaient passivement étendus dans le lit et retombaient comme des masses inertes, lorsqu'après les avoir relevés on les abandonnait.

Indépendamment de la douleur, les pieds et les mains devenaient, pendant le cours de la maladie, le siége de plusieurs phénomè nes de coloration fort remarquables. Ainsi, dès le début, rougeur érythémateuse en forme de plaques, à la face palmaire des mains; rougeur circonscrite entre le bout des pieds jusqu'aux orteils à commencer par le bord externe, gagnant peu à peu vers la plante et cessant là où la peau change de structure; formant sur le dos du pied une sorte de liseré rouge. Aux jambes les plaques étaient d'un rouge plus vif, simulant les ecchymoses; ailleurs et notamment à l'abdomen, au cou, au pli des articulations, la peau prenait une teinte brune ou noiràtre, comme si elle était couverte de crasse ; rarement cette teinte s'est-elle étendue jusqu'au visage; mais en revanche celui-ci

fut-il souvent, dès les premiers jours, le siége d'un œdème partiel, plus rarement général, occupant, dans le premier cas, les deux tiers envirou de la face; son siége le plus commun était les lèvres et les joues. On voyait aussi des gonflements démateux aux pieds et aux mains, partout. Alors il y avait une sorte de bouffissure générale peu douleureuse, conservant peu l'impression du doigt, ne changeant pas la couleur de la peau, si ce n'est dans certains cas où elle semblait plus pâle ou comme tachetée par des ecchymoses. Ajoutons que chez quel ques sujets, presque constamment au début et quelquefois plus tard seulement, il se manifesta une rougeur au bord libre des paupières et dans quelques cas une véritable ophthalmie, produísant la sensation de graviers interposés entre les paupières, phénomène qui, autre singularité, fut observé également chez plusieurs malades dont les yeux ne présentaient aucun symptôme d'inflammation.

Remarquons que tous ces phénomènes se manifestèrent sans fièvre, ou seulement avec une fièvre modérée, sans trouble dans la nutrition, chose d'autant plus étonnante, que la douleur ôte l'appétit et nuit à la digestion bien plus, que les organes digestifs furent lésés presque constamment, si ce n'est au début, du moins dans le cours de l'affection. La preuve, c'est que certains malades se plaiguirent de dyspepsie, jointe à un sentiment de plénitude ou de pesanteur d'estomac; certains autres eurent des nausées ou des vomissements surtout après les repas; ceux-ci éprouvèrent des coliques; ceux-là des selles répétées (chez quelques uns de 20 à 30 par jour) alternant avec la constipation, et, dans les cas exceptionnels, des évacuations sanguinolentes par le haut et par le bas, qui prirent bien souvent une telle ténacité, une telle force, qu'après avoir duré plusieurs semaines et cessé entièrement, elles ont reparu ensuite pour se prolonger encore. Heureusement l'épidémie fut peu meurtrière, et après quelques semaines ou quelques mois de tourments, les malades revenaient à la santé.

Les causes de l'acrodynie sont-elles connues? Non, car on a accusé tour à tour le régime alimentaire, la viciation de l'air, etc.; mais comme on remarqua que tous les individus usant de la même nour.iture, respirant le même air, ne furent pas atteints par l'épidémie ; que les hospices et les prisons les moins salubres furent plus épargnés que ceux qui étaient dans de meilleures conditions sanitaires; qu'aucun âge, aucun sexe, ni aucune condition ne furent épargrés, quoique plus commune pourtant dans lage viril et dans la vieillesse qu'à aucun autre âge, chez les hommes que chez les fem mes, dans les classes pauvres que dans les classes aisées, chacun confessa son ignorance, rien ne justifiant une indisposition inconnue, ni la contagion, ni l'infection.

Traitement. Incertains sur la cause prochaine de l'aerodynie, les médecins l'ont été

aussi sur le choix des médicaments à mettre en usage: aussi voit-on que, dans les es sais qui ont été tentés, la plupart ont eu des résultats plutôt négatifs que positifs. C'est pourquoi, si, ce qu'à Dieu ne plaise, une épidémie pareille se déclarait, nous serions d'avis, 1° que, prenant en plus grande considération qu'on ne l'a fait l'existence de l'état saburral gastrique ou gastro-intestinal, on employât les évacuants émétiques et purgatifs, ce qu'on n'a pas encore essayé, 2° que, vu Tétat hypersthésique (excès de sensibilité de la peau), on saignât les individus pléthoriques forts et vigoureux, on les mit à un régime adoucissant, on leur administrât des antispasmodiques calmants, (jusquiame, muse, acide prùssique, etc.), préférablement aux stimulants qu'on a mis en usage (les bains súlfureux ou aromatiques, la noix vomique, la valériane, la poudre de Dower, l'émétique à haute dose, le traitement de la colique de plomb); 3° qu'au lieu d'appliquer des sangsues au ventre con tre les vomissements et les selles, on s'abstint de cette sorte de déplétion des vaisseaux sanguins, la perte du sang affaiblissant sans utilité; 4° enfin, qu'on se servit non des cataplasmes émollients appliqués sur les parties rouges et douleureuses, mais bien du cérat camphré et laudanisé que j'ai employé avec un succès merveilleux contre la rougeur et l'hypersthésie de certaines fluxions goutteuses sur les membres; et aussi du vésicatoire, que chacun sait être le spécifique de l'érysípèle phlegmoneux.

ACUPUNCTURE, s. f., acupunctura, de acus, aiguille, et punctura, piqûre; opération chirurgicale qui consiste à enfoncer une aiguille en général assez fine, de 5 à 6 centimètres de longueur, représentant une tige parfaitement cylindrique, terminée d'une part par une pointe conique, de l'autre par un petit manche d'acier de 9 à 12 millimètres de long et taillé à pans. On ajoute à la partie inférieure de ce manche un petit an neau, quand on veut faire servir l'aiguille à l'électro-puncture. Il y a trois manières d'enfoncer l'aiguille: la première consiste à la poser perpendiculairement sur la peau, et à en rouler le manche entre le pouce et le doigt indicateur de la main droite, tout en ajou tant au petit mouvement de rotation qu'on lui imprime celui d'une légère pression de haut en bas, ce qui suffit pour le faire pénétrer aussi avant qu'on le désire. Pour plus de facilité, l'aiguille doit être soutenue avec la main gauche. Dans le deuxième procédé, on tient l'aiguille perpendiculairement à la peau, avec la main gauche; et avec la droite on frappe sur le manche à petits coups de maillet. De cette manière elle s'enfonce plus rapidement et sans plus de douleur. Enfin, on peut enfoncer l'aiguille rapidement et d'un seul coup, et ce procédé mérite la préférence, vu sa simplicité et sa promptitude.

Pour retirer l'aiguille, on appuie deux doigts de la main gauche sur la peau, au point où elle a pénétré, et avec les doigts on l'attire au dehors perpendiculairement.

Pour pratiquer l'électro-puncture, on décharge sur chacune des aiguilles (que l'on a introduites comme il vient d'être dit) et à plusieurs reprises la bouteille de Leyde; ou bien on les met en communication à l'aide de fils métalliques fixés aux anneaux, avec les deux pôles de la pile galvanique.

Les Chinois et les Japonais, à qui nous avons emprunté ce moyen, se servent d'aiguilles d'or et d'argent; en France on emploie des aiguilles d'acier non trempé, pour qu'elles ne rompent pas. Le maillet consiste en un petit marteau d'ivoire ou de cerne, dans l'intérieur duquel est une petite masse de plomb. La durée du séjour de l'aiguille dans les tissus est très-courte en Chine et au Japon. Chez nous on la laisse séjourner dans les tissus depuis quelques minutes, jusqu'à plusieurs heures.

Les maladies dans lesquelles l'acupuncture et l'électro-puncture peuvent être tentées, sont les névralgies atoniques, les paralysies de même nature, toute douleur chronique non inflammatoire, etc. Nous allons en énumérer quelques-unes; mais auparavant nous nous demanderons s'il y a un lieu d'élection pour l'application des aiguilles. Oui et non c'est-à-dire qu'à propre ment parler il n'y a pas de lieu d'élection pour l'acupuncture, le siége de la douleur étant généralement le lieu que les aiguilles doivent occuper, en se servant des données que l'anatomie et la physiologie fournissent, quand on n'est point guidé par les sensations du malade. Les expériences ont sans doute démontré l'innocuité des piqûres faites aux artères, aux nerfs et presque aux viscères, par des aiguilles très-déliées; cependant des accidents ont eu lieu quelquefois, et ce doit être un motif d'éviter les vaisseaux artériels et les gros troncs nerveux d'un certain volume peut-être est-il aussi de la prudence l'éviter les viscères importants, comme le cœur, la moelle épinière et le cerveau. Il est plus que certain qu'on ne sera jamais tenté d'imiter les Japonais, qui, suivant le rapport de Ten Ryhne, ne craignent pas de piquer l'utérus et le foetus lui-même de part en part, quand par ses mouvements désordonnés il cause de vives douleurs à sa mère.

Le nombre des aiguilles à employer varie suivant l'étendue du mal; toutefois il paraitrait, d'après les essais qui ont été tentés, que mieux vaut en appliquer plus que moins, en ayant 'attention de les beaucoup rap procher les unes des autres; quant à la durée de leur application, elle varie communément entre une heure et demie à deux heures, et pourtant quelquefois il suffit de cinq minutes, tandis que, dans certains cas, cé n'est qu'au bout de vingt-quatre, trente-six, quarante-huit et même soixante heures qu'on les retire. Quelle différence thérapeutique y a-t-il, quant aux effets, entre un séjour prolongé et celui de quelques heures seulement? C'est ce que l'on ne sait pas encore.

Reste que l'acupuncture a été tentée dans une foule de maladies nerveuses, mais il paraîtrait que c'est surtout dans les névral

gies et les douleurs rhumatismales qu'on a eu à se louer de l'application de ce procédé; entre autres faits que nous pourrions citer, nous emprunterons les suivants à un travail publié par M. Bertholini, dans le Recueil de médecine et de chirurgie de Turin. Voici comme il s'exprime à ce sujet :

« L'efficacité de l'acupuncture ou son inutilité sont loin d'être encore suffisamment prouvées, et cependant, ce moyen est déjà dans l'oubli où il ne devrait pas rentrer, sans, du moins, que des expériences faites avec impartialité aient prouvé qu'il est inutile. La vogue l'avait adopté d'abord et les essais heureux abondaient dans les journaux de médecine; la mode le rejette aujourd'hui, et l'on devient presque ridicule à présent quand on soutient que l'on peut obtenir de trèsbons effets de l'acupuncture. Malheureusement on n'est point assez éclairé sur les cas qui la réclament et de ceux dans lesquels on n'en doit rien attendre. » Le docteur Bertholini a observé un rhumatisme de la cuisse contre lequel les antiphlogistiques, les vésicatoires, la pommade stibiée ont été sans effet; deux aiguilles ayant été appliquées, l'opération fut suivie de la disparition subite de la douleur et de tous les autres accidents: elles ne furent laissées que vingt minutes. L'année suivante la maladie ayant récidivé, elle céda subitement à six aiguilles placées sur les parties souffrantes. Dans un autre cas qu'il rapporte, il s'agit d'un lombage survenu chez une femme de quarante-cing ans, qui éprouva un peu de soulagement du régime antiphlogistique suivi avec beaucoup de ténacité : deux aiguilles enfoncées à un pouce et quelques lignes de profondeur près du rachis furent retirées après une demiheure, la malade se sentant parfaitement guérie. Une sensation de chaleur comparée à celle produite par l'écoulement de l'eau chaude dans les parties piquées fut, dans les deux cas, la seule sensation remarquable accusée par les malades. Dans une troisième expérience les essais furent infructueux. Quant à la quatrième, elle avait pour sujet une sciatique contre laquelle douze aiguilles placées le long du nerf et laissées en place pendant une heure furent retirées sans que le sujet éprouvât le moindre soulagement; d'où Bertholini tire les conclusions suivantes: « Je pourrais, dit-il, rapporter d'autres essais infructueux dans les lombago et les rhumatismes inflammatoires, etc., toutefois l'expérience m'a prouvé que l'acupuncture, loin d'être un moyen à dédaigner, agit souvent avec célérité et avec un succès au delà de toute espérance dans plusieurs maladies, et surtout dans les rhumatismes anciens et dans les névralgies chroniques.

A la même époque le docteur Bergamaschi, encouragé par les heureux effets obtenus par le moxa, et la section du filet nerveux dans les névralgies faciales, se décida à recourir à l'acupuncture, moyen bien plus doux et qui ne laisse point après luri de fâcheuses cicatrices. Le premier malade chez qui il l'employa était un individu âgé de trente

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