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Tandis que l'Académie remplit de son mieux une partie importante de sa mission, soit en stimulant autour d'elle le zèle pour les travaux de l'esprit, soit en signalant et en récompensant les jeunes talents, ses membres ne restent pas oisifs. Nos confrères qui s'adonnent exclusivement aux sciences, MM. Deville, Person, Grenier, Bonnet, continuent leurs importants travaux, et ceux d'entre nous qui ont fait des lettres leur principale étude, amassent des matériaux pour les publier quand le calme des esprits permettra aux auteurs de trouver des lecteurs.

Il est des ouvrages qui devraient en trouver toujours: tel est celui que mon honorable prédécesseur, M. Pérennés, nous a récemment communiqué. La traduction en vers français de l'Art poétique d'Horace mérite, par son exactitude et son élégance, de figurer dans toutes les bibliothèques des hommes de goût. Vous avez admiré avec quel talent notre habile confrère a su triompher des difficultés inhérentes à un pareil travail. Notre langue ne se prête qu'avec peine à la précision de la langue latine, surtout à l'inimitable concision d'Horace; c'est ici un vrai tour de force que de rendre presque mot pour mot, vers pour vers; c'en est un plus grand encore de conserver, dans une aussi rigoureuse fidélité, la souplesse, la grâce et l'harmonie. Vous avez justement décidé que cette consciencieuse traduction serait imprimée dans votre prochain recueil, en attendant que le public la proclame l'un de nos meilleurs ouvrages classiques.

La poésie et la peinture sont sœurs ; c'est Horace qui l'a dit : Ut pictura poesis. Il ne faut pas moins de talent

pour se distinguer dans l'une que dans l'autre, et jamais les Raphaëls n'ont été plus communs que les Racines. Comme le poète, le peintre ne peut pas toujours produire; dans ces deux arts sublimes l'inspiration a son temps, malheur à qui ne sait pas l'attendre ! écrire sans elle, c'est barbouiller du papier, peindre sans elle, c'est barbouiller de la toile. Mais quand le temps ou la disposition lui manque, le véritable ami des arts ne laisse pas pour cela son talent oisif; à défaut de ses œuvres, il sait donner au public celles de ses devanciers. Et n'est-ce rien que de réunir, de restaurer et de classer habilement, pour en faire jouir toute une ville, tant de peintures et de sculptures auparavant éparses, enfouies, mutilées? telle est la tâche que s'est imposée M. Lancrenon. Grâce à son zèle, si bien secondé d'ailleurs par la générosité et le goût de nos magistrats, le musée de Besançon, qui vient à peine de naître, peut déjà rivaliser avec les musées les plus en renom des villes de province. A cette grande et belle salle, dont les parois ont été si promptement couvertes de toiles précieuses, parmi lesquelles brillent de trop rares morceaux de sculpture, trois nouvelles salles pleines de nouvelles richesses se sont ajoutées comme par enchantement. Là s'étalent des œuvres signées de noms de maîtres, comme ceux de Lemoine, Ruysdald, Achard; là aussi s'offre, dans toute la pompe royale, l'image d'un monarque qui semble appeler près de lui celle de son successeur, non moins malheureux: tant sont rapides aujourd'hui les coups du marteau des révolutions!

Le public jouit de toute ces merveilles, les jeunes artistes en profitent, et personne ne se doute des peines

qu'il en a coûté pour les rassembler, très-peu sont capables d'apprécier le talent et le goût qu'il a fallu å notre habile directeur pour les restaurer et les remettre en lumière que du moins l'Académie rende publiquement hommage à son dévouement patriotique.

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M. Marnotte, qui sait reproduire avec tant d'exactitude et de finesse les monuments antiques, s'est créé chez lui une sorte de musée composé de ses œuvres. L'une des plus récentes et des plus remarquables est sans contredit le plan d'une chapelle pour le Mont-Roland. Vous savez, Messieurs, que la ville de Dole, ou plutôt les RR. PP. jésuites, propriétaires du Mont-Roland, avaient ouvert un concours pour le plan d'une église qui doit couronner cette montagne célèbre. Notre confrère s'était mis à l'œuvre avec l'ardeur qu'inspire le désir si légitime de marquer de son nom un monument que tant de titres et de souvenirs devaient recommander. Pour vous donner une idée fidèle du travail de notre confrère, il faudrait pouvoir le placer sous vos yeux; vous y admireriez l'heureuse alliance de toutes les qualités qui distinguaient l'art ogival à son beau temps, la richesse, l'élégance et la grâce. Il était difficile de mieux marier le caractère de l'édifice avec le site, avec les souvenirs et les idées religieuses qu'il devait retracer : malheureusement des circonstances qu'il ne nous appartient pas d'apprécier ont fait que l'œuvre de notre confrère ne sera réalisée que sur le papier, à moins qu'on ne trouve dans notre diocèse une occasion de se l'approprier.

A côté de notre musée des arts, celui d'archéologie

augmente chaque jour ses précieuses collections: les médailles, les armes, les meubles et les ornements antiques, les fragments de sculpture, les mosaïques, les urnes funéraires et les tombeaux; tous ces débris d'un monde qui n'est plus se rassemblent dans cette vaste salle, où le savant et l'amateur ont aujourd'hui la faculté de les contempler et de les étudier à loisir, où les populations peuvent s'initier à la connaissance et surtout au respect de l'antiquité. La ville ne saurait trop louer le zèle de la commission qui l'a dotée de cette nouvelle source de richesses, et notre confrère, M. Edouard Clerc, doit revendiquer une large part dans la reconnaissance publique. Personne, mieux que le savant auteur de l'Histoire de la Franche-Comté, n'était à même de présider à une œuvre si utile pour l'histoire de notre pays.

Les origines de cette histoire sont depuis longtemps l'objet d'un travail aussi curieux que profond, et dont bientôt le public pourra apprécier le mérite. M. Guyornaud, que les agitations politiques n'ont point enlevé à la véritable vocation de son talent, va nous donner le résultat de ses recherches sur les premières races qui ont peuplé la Franche-Comté, sur les grandes expéditions auxquelles nos pères ont pris, pendant tout le moyen-âge, une part si active et si glorieuse. Notre jeune et savant confrère a retrouvé des noms francscomtois parmi ceux des plus illustres conquérants ou avanturiers de ces temps héroïques. Grâce à ses patientes investigations, notre province se verra restituer une des plus belles parties de sa gloire.

Les annales de notre Eglise en sont un des principaux éléments. M. Richard, curé de Dambelin, qui s'est donné la difficile tâche de les réunir dans un livre spécial, va publier sous peu le deuxième et dernier volume de l'Histoire du diocèse de Besançon.

Celle de la ville de Gray, que vous avez couronnée dans un de vos concours, et que nous devons à la collaboration fraternelle de MM. les abbés Besson et Gatin, va paraître. Un éditeur y met tous les soins que réclame cet important ouvrage, et l'Académie a voulu le recommander encore en s'inscrivant pour plusieurs exemplaires en tête des souscripteurs.

Il suffit de rappeler au public le savant Mémoire qu'a publié M. l'abbé Dartois dans notre dernier compterendu, pour signaler tout le mérite de ses recherches sur les patois de la Franche-Comté, et de quelle importance il est pour l'étude de la formation des langues, que de pareilles recherches se continuent avec zèle et avec ensemble. Les différents peuples qui, depuis les Celtes et les Romains, ont passé sur notre province pour la conquérir ou la dévaster, ont tous laissé des vestiges de leur passage, non-seulement dans les monuments et les ruines qui ont tour à tour couvert notre sol, mais encore dans les mots qui ont composé les divers patois de la FrancheComté. Rechercher les différents éléments que chaque nation a déposés dans les patois, les distinguer les uns des autres, les ramener à la langue primitive dont ils sont sortis, est un des ouvrages les plus utiles à l'archéologie et à l'histoire du pays. Tel est celui que M. l'abbé

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