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Mystérieuses voix, murmurantes haleines,

Les âmes qui sont là ne vous entendent pas !

Ces vers, malgré les fautes qui s'y mêlent, ne sont pas sans mérite. Mais la suite est loin de répondre au début; l'intérêt ne se soutient pas. L'auteur abandonne la veine féconde qu'il a rencontrée pour se jeter dans de froides généralités. Il descend de la noble gravité qui convenait au sujet, à des détails familiers et presque comiques. Enfin, on trouve dans le cours de la pièce non-seulement un assez grand nombre de rimes inexactes, mais encore de ces fautes énormes de versification qui, suivant l'expression d'Horace, trahissent une composition trop rapide, ou l'ignorance des règles de l'art.

Aut operæ celeris nimiùm curâque carentis,
Aut ignoratæ premit artis crimine turpi.

Vous avez conclu, Messieurs, de cet exposé fidèle, qu'il n'y avait pas lieu de décerner le prix, et vous avez décidé qu'un autre sujet serait proposé pour l'année prochaine. Ce jugement aurait pu me dispenser de faire un rapport si étendu. Mais j'ai pensé qu'il n'était pas inutile, en cette occasion, de justifier le choix de l'Académie, et de montrer que la stérilité du concours ne pouvait lui être imputée. J'ai essayé de prouver que le sujet désigné ne manquait ni d'intérêt, ni d'à propos, et en dépit du résultat, je persiste à dire, au nom de votre commission, ce que disait ce jeune poëte, qui regrettait, en mourant ses travaux avortés : Il y avait pourtant quelque chose là!

FABLES

PAR M. LE BARON DE STASSART,

LUES PAR M. VIANCIN.

LE MULET FANFARON.

« Je ne sais pourquoi du lion
>> Sans cesse on exalte la gloire;

» Mais sa plus célèbre action,

>> Sa plus mémorable victoire,

» Il la doit à mon père, à maître Aliboron (1);

» Nul n'en doute, je crois, et c'est un fait notoire. >> Ainsi parlait naguère un mulet fanfaron

Aux animaux qui, réunis en rond,

Fort savamment discouraient sur l'histoire.
Le fou rire aussitôt gagna tout l'auditoire,
On berna le fils du grison.

Vous dont l'orgueilleuse jactance
A tout propos se met en évidence,
Vous qui toujours tranchez du potentat,
Attendez-vous à pareil résultat.

(1) Voir la fable de La Fontaine Le lion et l'âne chassant.

LES COURSIERS ET LES ANES.

A Spa, ce rendez-vous fameux,

Où viennent s'étaler tant d'humaines faiblesses,
A Spa, ce rendez-vous des dandys, des goutteux,
Des joueurs, des escrocs, des petites-maîtresses,
Des diplomates, des duchesses,

On n'a point négligé les courses de chevaux.
Deux agiles coursiers, venus de l'Angleterre,
De la fête étaient les héros ;

A peine s'ils rasaient la terre,
Tant ils s'élançaient à propos.

Arrivés les premiers au bout de la carrière,
La tête haute, agitant leur crinière,

Ils avaient obtenu les hourras, les bravos;
Mais on n'est pas toujours juste envers ses rivaux.

Au lieu d'agir comme bons camarades,

De se traiter avec égard,

Nos Anglais font mille incartades;

Ils prennent le ton goguenard,

Se raillant l'un de l'autre.... A l'injure, au brocard Succèdent bientôt les ruades.

Quel est le fruit de cette inimitié;

Tel, qui les admirait, doit les prendre en pitié ; Et de joyeux baudets, témoins de la bagarre, Pour y mieux applaudir, montant sur le trépied, De leur plus belle voix sonnent une fanfare.

Messieurs les gens d'esprit, prodiguez les bons mots, Et querellez-vous bien pour amuser les sots.

LE DINDON AMBITIEUX.

Grâce au mérite de sa taille,

A ses airs de sultan, le Dindon, un beau jour,
Est proclamé roi d'une basse-cour.
Dès-lors l'ambition l'agite et le travaille,

Il voit, au séjour des éclairs,

Planer l'aigle; il voudrait lui livrer la bataille,
Et ravir le sceptre des airs.
Ridicule projet! vainement il le tente:
Pour s'élever du sol son aile est impuissante.
Se résigner!.... c'est le conseil

De la sagesse ; oui, mais il le commente,
Il le repousse, et toujours se tourmente.
Bientôt les nuits se passent sans sommeil....
Il ne dort plus, la fièvre le dévore;

Et sur son séant dès l'aurore,

Du

coq au matinal réveil

Il maudissait la voix sonore.........

A l'en croire, c'était ce fâcheux animal

Qui seul avait fait tout le mal.

Pour prévenir du roi la funeste sentence,
Pauvre coq! c'est en vain qu'il invoque les dieux,
Protestant de son innocence :

Le roi le fit mourir, mais n'en dormit pas mieux.

Voit-il ses plans manqués, ainsi l'ambitieux,
Dans l'aveugle transport de sa fureur extrême,
S'en prend à tout le monde, et jamais à lui-même.

DISCOURS DE RÉCEPTION

DE M. BLANC,

Premier avocat général.

MESSIEURS,

S'il est quelque chose qui surpasse à mes yeux l'honneur immérité de vos suffrages, au point de vue littéraire, c'est l'avantage d'appartenir à une société d'élite, qui réunit dans son sein les hommes de notre pays les plus distingués par l'esprit et par le cœur, et dont les travaux, tout en agrandissant le domaine de l'intelligence, s'appliquent surtout à l'étude de la condition humaine, et à l'amélioration sagement progressive de ses destinées.

Tel est, en effet, le caractère distinctif de cette compagnie; tel est le trait dominant qui la recommande d'une manière toute spéciale à l'estime des gens de bien, qu'à toutes les époques de son existence, elle s'est avant tout préoccupée de l'état moral et matériel des classes nécessiteuses.

Ce mouvement généreux de notre époque, qui entratne les esprits vers les études économiques et sociales, vous avez eu, Messieurs, l'honneur de le devancer; et plus tard, quand il s'est produit avec cette impatience irréfléchie qui distingue les moments d'agitation et de

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