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précieux, renfermés dans les cabinets des savants. Par ses soins, des écoles de sculpture, d'architecture et de peinture avaient été successivement fondées à Besançon. Ces établissements, réunis en 1781, devinrent une annexe de l'Académie.

Dans les années qui précédèrent immédiatement la révolution française, la compagnie se montra préoccupée des événements qui attiraient l'attention de la France entière. A la séance publique du mois de décembre 1783, Philippon de la Madeleine, qui la présidait, ne parla que de deux faits importants qui occupaient alors le monde de la science et le monde politique. L'un était la découverte de Montgolfier, qui semblait donner à l'homme les ailes que la nature lui avait refusées. L'autre était le secours généreux prêté par Louis XVI à l'Amérique, pour conquérir son indépendance. Le président fit remarquer avec un juste orgueil à cette occasion, que la Franche-Comté était la première province de France qui eût élevé une statue à Louis XVI, à ce roi si honnète et si bon, qui à un âge marqué d'ordinaire par de fougueux écarts, ne montrait d'autre passion que l'amour du peuple et le zèle du bien public. La statue fut érigée à Dole avec cette inscription: A Louis XVI, âgé de 26 ans.

Bientôt la voix des événements devint plus forte. Au milieu des discussions tumultueuses de la politique, les lettres effrayées se taisaient. Les séances particulières de l'Académie furent moins suivies ; à partir de 1789, il ne reste plus de trace de ses réunions. Elle fut supprimée en 1793, avec toutes les sociétés littéraires de la France.

Un membre de l'Académie française, Chamfort, avait eu le triste courage de demander l'abolition de cette compagnie, et par conséquent de toutes les autres. L'accusateur, pour le besoin de sa cause, avait fait un résumé très-malin de toutes les anecdotes qui pouvaient jeter du ridicule sur le premier de nos corps littéraires. Il avait réchauffé les diatribes de Fréron, de Linguet et de Palissot sur ce sujet. Nous sommes heureux de dire que ce fut un écrivain franc-comtois, un associé de cette Académie, qui se chargea de lui répondre. Suard, avec ce tact plein de finesse qui le distinguait, fit remarquer à son confrère l'inconvenance de son procédé. Il releva ses erreurs et ses contradictions. Il lui prouva que sa critique portait à faux, puisqu'il prêtait à l'Académie des sentiments qu'elle n'avait jamais eus et des idées qu'elle ne pouvait avoir, sous peine de tomber dans l'absurde dont elle savait assez se préserver. Quant à l'usage des discours de réception dont se scandalisait Chamfort, qui n'y voyait qu'un homme loué en sa présence par un autre homme qu'il vient de louer lui-même, en présence du public qui s'amuse de tous les deux, Suard lui fit observer tout doucement que pendant dix-huit mois, à chaque changement de président de l'Assemblée nationale, il avait été témoin de ce même scandale sans en être indigné (1).

La raison ne prévalut pas. Chamfort eut la honteuse satisfaction de voir les Académies détruites. Mais le pouvoir qui les supprima le proscrivit lui-même.

(1) Mélanges de littérature de Suard, tom. 3.

Un homme d'esprit a dit (1) : « Les choses ancienne>>ment établies n'ont quelquefois contre elles que leurs >> rides et leur vieillesse ; souvent il suffit de vouloir y >> substituer des nouveautés pour sentir ce qui les a fait >> durer si longtemps. » Ce mot est vrai des Académies. On les regretta aussitôt qu'elles n'existèrent plus. On sentit alors qu'elles étaient un foyer de lumières, une source d'émulation pour la jeunesse, d'encouragement pour les arts et un centre de ralliement pour les talents. On sentit que l'esprit d'association, qui est bon pour le commerce et l'industrie, n'est pas moins utile et moins fécond pour les travaux de l'esprit. On comprit qu'à une époque surtout où les grandes influences aristocraliques étaient détruites, où les congrégations religieuses étaient dispersées, les sociétés littéraires avaient un rôle important à remplir. Aussi qu'arriva-t-il? Les Académies avaient été supprimées quand toutes les institutions anciennes s'écroulaient; mais aussitôt que le calme fut revenu et que la société se rassit sur ses bases, aussitôt que le héros de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna, paré des palmes de l'Institut comme de celles de la victoire, une main sur le Code civil et l'autre sur son épée, put dire à la France L'ordre est sauvé, les Académies furent rétablies.

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(1) Dussault, Annales littéraires.

REMERCIMENT

PAR Mor GUERRIN.

MESSIEURS,

Ce n'est pas sans une grande surprise que je me suis vu appelé par vos suffrages, à prendre place dans votre savante compagnie; ce n'est pas non plus sans quelque confusion que je réponds aujourd'hui à cet appel honorable. Rien en effet de ce qui ouvre aux autres les portes de l'Académie, ne me désignait à votre choix aucune palme cueillie dans le champ de l'éloquence ou de la poésie, aucun de ces ouvrages, fruits précieux d'une sage critique ou d'une érudition patiente, qui enrichissent la science, l'histoire ou les arts, aucun de ces travaux littéraires où brille le mérite de l'académicien, et le vôtre en particulier. J'aurais donc vainement recherché quels pouvaient être mes titres à la distinction beaucoup trop flatteuse que vous jugiez à propos de me décerner je l'ai compris tout d'abord, il n'y en avait pas d'autre qu'une bienveillance toute gratuite de votre part.

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Je vous devais pour cela même plus de reconnaissance, je l'ai très-vivement senti. Comment se fait-il que j'aie tenu si longtemps ce sentiment renfermé en moimême, et que je vienne aujourd'hui seulement vous l'ex

primer? Veuillez, Messieurs, n'en soupçonner d'autre cause que cette délicatesse, ou, si vous le voulez, cet amour-propre, qui nous fait naturellement hésiter à accepter un honneur en échange duquel nous n'avons pas de compensation à offrir comme de siéger dans une Académie, pour n'y être forcément qu'un admirateur oisif, sans pouvoir prendre une part active à ses nobles travaux. Telle est l'unique raison d'un retard qui a dû vous surprendre, et dans cet aveu qui n'est que l'expression de la vérité, vous me permettez, Messieurs, d'espérer que je trouverai une excuse.

Au reste, je ne puis croire que, dans la faveur dont il vous a plu de m'honorer, ce soit moi que vous ayez eu personnellement en vue. Une pensée plus élevée a présidé à votre choix. En ouvrant encore vos rangs à un ministre de l'Eglise, vous avez voulu, une fois de plus, donner à la religion un de ces témoignages de respect et d'amour auxquels vous l'avez depuis longtemps accoutumée, et confirmer ainsi en quelque sorte l'alliance que vous avez faite avec elle noble alliance dont vous vous glorifiez, et qui subsistera toujours.

Oui, Messieurs, nous le savons, la religion vous est chère à un double titre : vous l'honorez et vous l'aimez, non-seulement parce que c'est dans son sein que nous avons tous puisé la vérité et la vie, mais encore parce qu'étant le principe et la règle du vrai, elle est en même temps le principe et la source du beau, et le beau n'estce pas ce qui charme vos esprits, captive votre admiration, enlève vos suffrages? N'est-ce pas ce que vous

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